Line-up sur cet Album
Helliminator : tous les instruments, chant
Style:
Black Metal AtmosphériqueDate de sortie:
22 octobre 2021Label:
My Kingdom MusicNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Il est bon de regarder en arrière, pas de se retourner.” David Katan
Vous l’auriez sans doute deviné, surtout que je ne m’en cache guère dans la rédaction des chroniques, mais je suis musicien amateur dans un groupe officiel et d’autres officieux. Récemment, à la demande de ma chère future épouse, qui est branchée ésotérisme et mythologies en tout genre, je me suis replongé dans un de mes anciens groupes. Oh, rien de fou ! C’était un projet nommé Sekhmet et qui voulait proposer un mélange subtil de death metal et de musiques orientales, avec à la clé toute la panoplie habituelle et un violon, un clavier, de la flûte et du chant féminin en plus du mien. Un truc consanguin entre Nile, le projet solo de Karl Sanders du même groupe, et une petite part de Melechesch. Voilà bon, c’était un projet qui n’était pas viable car assez mal géré, on n’a donc jamais percé les frontières de la Drôme et de l’Ardèche mais je me suis quand-même réécouté les morceaux. Bon an, mal an, j’ai bifurqué sur un autre projet, plus conventionnel cette-fois, quoique. Un groupe nommé Necr()ntyr qui avait à sa tête deux compositeurs : un qui faisait des morceaux black metal progressif, l’autre du death metal technique. Un groupe bicéphale mais sur la même thématique : les Warhammers, et particulièrement le peuple Nécron. Là encore, le groupe n’a jamais franchi les barrières des départements voisins, mais qu’importe ! Ce que je veux vous faire comprendre, et je suis certain que vous le savez déjà, c’est que parfois quand on revient en arrière, on s’attend à de bonnes surprises. Dans le fond, j’aime toujours autant ces deux anciens projets, et quand je me réécoute les albums (jamais produits), je me dis qu’il y avait quelque chose qui m’a échappé. Eh bien dans l’exercice de la chronique c’est pareil ! On reprend un groupe déjà écrit, et on se dit qu’on va forcément être content. C’est le cas de Kolossus, anciennement orthographié Kolossvs et dont j’avais chroniqué le premier album avec une note pour le moins très moyenne… J’avais fait un certain nombre de reproches, et quand j’ai réécouté ce dernier, je me suis trouvé vachement sévère. Un fan du groupe, sinon un ami du compositeur, m’avait d’ailleurs copieusement aligné et avait gratifié Soil Chronicles d’un hashtag sympathique, genre « fucksoilchronicles ». Voilà ! Alors je me dis que ce deuxième album nommé platement « K » va me faire changer d’avis.
« Le groupe, ou plutôt devrais-je dire le one-man band de l’artiste italien Helliminator, dont on n’a pour palmarès avant son bébé qu’une expérience dans le groupe T132 dont on ne connait rien. Étonnant silence pour cet artiste, qui a pourtant si l’on en croit notre « grande » encyclopédie Metal Archives fondé son groupe en 2014, et qui aura attendu six ans avant de sortir son premier album appelé The Line of the Border (« la ligne de la frontière ») qui est pléonasme à lui tout seul, bel exploit. Autrement, on retrouve un split avec le groupe italien Manon, qui est aussi un one-man band avec une activité encore moins florissante : fondé en 1995, une démo, un album en 2003 et… Le split en 2018. On est donc sur un contexte assez déconcertant de silence, de manque d’expérience de la part de l’artiste qui pourtant n’apparait pas comme étant tout jeune et de longueur sans productivité qui me laisse un peu perplexe. Doit-on en déduire un manque de motivation? De talent? Ou d’autre chose? En tout cas, je suis assez surpris que Satanah Records sorte cet album et de l’engouement que j’ai pu lire sur Facebook. » Voilà mes propose acerbes de l’époque pour présenter Kolossus. Maintenant ce dernier cumule un deuxième album cette-fois chez My Kingdom Music, du chemin a dont été fait depuis et il y a un début de constance qui apparaît enfin. Je me dis qu’avant, j’étais un peu aigri, maintenant que je repars sur des bases saines, on va probablement y trouver bien du meilleur!
Pour la pochette j’avais fustigé le manque d’originalité et le côté nordique qui me posait question surtout dans les nombreuses incohérences qui suivaient sur la musique. La partie nordique est toujours présente, le logo du groupe en atteste même si la signification n’est pas runique, juste une reproduction de l’alphabet idoine, ainsi que ce « K » de la même trempe, mais la pochette en elle-même est plus classique, ce qui dans le cas de Kolossus me réjouit. Même si d’habitude je serais déçu d’une pochette aussi fade que celle-ci, je me dis qu’au moins Helliminator (qui ne brille toujours pas par son nom de scène en revanche) joue une carte plus conventionnelle, moins mensongère qui lui sied bien mieux et surtout dans son style de musique qui reste un des plus conventionnels justement. Ainsi avons-nous en présentiel une pochette noire, avec des reflets nocturnes qui trahissent des branches d’arbres et une Lune dans un halo de nuages ou de fumée. Voilà. Bon, ce n’est pas original du tout, mais comparé à cette ancienne pochette, je me dis naïvement peut-être que Kolossus va enfin être logique dans sa démarche artistique ! Et si c’est le cas, qu’il me croit si je lui dis que je serai le plus satisfait de tous ! Notez donc que pour une fois, je loue le classicisme de cet artwork, et je ne m’attarde pas sur son côté déjà-cuisiné partout qui fait que malgré tout, cette pochette manque cruellement de contenu. Mais on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière !
Alors autant j’étais très strict sur la musique black metal de Kolossus pour le premier album, autant dans le cas de « K« , je suis beaucoup moins rentre-dedans pour la simple et bonne raison qu’il y a eu selon moi de gros progrès. D’abord, parce que le black metal proposé ici n’est pas si banal que cela. Il part souvent sur une base atmosphérique avec de grandes envolées dans les arpèges guitares, avec beaucoup de contre-chants et de jeu sur les harmoniques qui donnent un ton très aérien tout en conservant cet aspect froid, glacial et nocturne inhérent au black metal en général. Je note un léger progrès également sur les parties batterie qui ne surfent pas sur des rythmiques dignes d’un « vrai » batteur et restent sur des blast beat, mais qui se montre quand-même moins agressive, un peu plus travaillée dirons-nous. La basse, j’ai le sentiment qu’on l’entend un peu plus aussi, on ne se rend pas compte combien l’entendre donne une bouffée de satisfaction, même dans un registre sonore très nasillard et incisif comme ici. Je reviendrai sur le chant plus tard, mais en tout état de cause, « K » est un bon album. Du black metal atmosphérique intéressant, dont on pourrait noter quelques influences typiques à la Der Weg Einer Freiheit par exemple, surtout dans les longues lignes en blast beat. Après je note que les samples qui ne me plaisaient pas du tout ont presque disparu, du moins suffisamment pour moins me faire grincer des dents. J’avais insupporté d’entendre des cloches d’églises sur une thématique censée être nordisante, c’était ce qui m’avait le plus énervé avant! En fait, ce n’était pas tant la musique qui m’avait irrité, quoiqu’au vu de mes mots d’antan si. Mais c’était plus le concept autour. Là, je note que Kolossus a remis les pendules à la bonne heure, en gardant une ligne directive un peu moins bancale mais en contrepartie va sur des chemins plus « normaux ». Un black metal atmosphérique plus classique, mais qui du coup sonne bien mieux et bien plus cohérent avec ce qu’il y a autour. Mine de rien, la cohérence en musique, c’est ultra méga important. La preuve! Par conséquent, il s’agissait pour moi d’une première écoute test, et elle a été bien plus rassasiante pour moi! Je note de sérieux progrès et une vraie avancée dans la musique, donc bravo!
Bon, tout n’est pas rose non plus. Et le seul reproche que je vais accomplir dans cette chronique réside dans la production de « K« . C’est étrange parce que pour le premier album c’était l’inverse! La production sauvait les apparences selon moi. Ici, loin de dénaturer l’ensemble de manière trop radicale, il n’en demeure pas que le son est perfectible, largement. En fait, c’est principalement le chevauchement des deux guitares et la batterie qui me posent un souci. Je trouve que la partie rythmique des guitares est trop brute, on entend trop le frottement du médiator sur les cordes comme si on avait collé un microphone directement sur la zone de frottement, au lieu de repiquer la guitare. Et la batterie, c’est tout simplement le côté programmée qui me dérange. Moi j’ai toujours clamé qu’un projet solo devait obligatoirement s’accompagner d’un batteur de session, parce qu’on sent tout de suite la différence entre une batterie programmée qui est aussi plate que le ventre de Kate Moss, et une « vraie » batterie sinon des parties batterie retouchées par un mec qui s’y connait. Or, ici, on devine tout de suite que Helliminator n’est pas batteur pour un sou et ne se fatigue pas à élaborer des lignes rythmiques qui sortiraient un peu de l’ordinaire. Du coup, cela donne un son étrange, trop fort et trop brut de pomme pour moi. Par contre les lignes harmoniques à la guitare sont très belles, très aériennes. La basse est présente et amène une légère épaisseur bienvenue pour contrer le son très aigu en amont. Le chant est bizarre aussi. Mais bon! Rien de rédhibitoire comme j’aime à le dire, simplement pour gravir une marche supplémentaire dans l’ascension de ce Kolossus, il va falloir soit passer la troisième si notre ami italien continue son indépendance, soit confier le mixage à des oreilles neutres et donc lever le voile opaque de l’orgueil. Car quelque chose me dit que ce n’est qu’une question d’orgueil, encore une fois…
Pour la musique, après plusieurs écoutes, je suis capable de faire deux constats : que le manque de cohérence dans l’élaboration artistique en général était bien un problème que je persiste à désigner pour le premier album, et que j’avais été vraiment très sévère à l’époque sur le contenu musical en lui-même… Parce que, même si l’on est en droit de trouver le black metal actuel et moderne par la force des choses trop fade, il n’en demeure pas moins qu’il faut faire la part juste entre manque d’originalité et le talent qui fait que le basique demeure intéressant. Du coup je m’en veux un peu de ma précédente chronique parce que ce black metal atmosphérique sonne vraiment bien, en fin de compte. J’ai bien aimé les compositions, je trouve que par moment on s’aventure audacieusement sur du progressif qui me parle bien, avec des passages en clean hypnotiques. Kolossus a probablement bien fait de persévérer dans ce black metal là, qui est une valeur sûre et qui, bien composé, est du bonheur sentimental. On devine d’ailleurs tout de suite que ce deuxième album a un truc très personnel, avec une panoplie d’émotions qui est mise en avant dans cet atmosphère dramatique et froid qui inonde l’album « K« . J’apprécie beaucoup, aujourd’hui plus qu’hier, cette dimension intimiste et encore un peu insondable de la musique de Kolossus. Et je l’apprécie d’autant plus qu’avant, ce n’était pas le cas. C’est un brusque retour à la réalité pour moi en fait. Par contre, je persiste dans l’univers musical. Je préfère mille fois que notre camarade italien reste sur un visuel et un concept plus commun que de chercher à grappiller un peu à droite à gauche de l’anticléricalisme, du nordisme, puis bientôt du satanisme, etc. Au moins dans le cas de « K« , c’est plus clair et on s’y retrouve davantage. Voilà donc un regret que je n’ai pas mais qui permet d’aimer sincèrement ce deuxième album, au vu de ses progrès! C’est très réconfortant de voir les groupes comme Kolossus progresser et s’améliorer, vraiment je suis content!
Un tout dernier petit détail concernant le chant. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle avec l’album de Gorgoroth « Incipit Satan » et le chant qu’il y a dessus. Loin d’être un compliment, c’est surtout pour souligner encore le problème de la production. On pourrait discuter de la technique vocale pendant des heures, je n’ai pas à en juger quoique ce soit mais je suis intimement convaincu que si le mixage avait été meilleur, ou si le matériel d’enregistrement avait été meilleur, ou les deux, le chant aurait été mieux, bien mieux. Le souci est qu’encore une fois ce dernier sonne trop brut, or dans le cas du black metal atmosphérique il faut un chant beaucoup plus travaillé, retouché à l’extrême avec des effets derrière pour gonfler la voix et la rendre aérienne. Là, je trouve que cela manque assez de retouches, et j’aurais aimé avoir autre chose. Rien de grave non plus, et je suis content d’avoir par moment de la narration et du chant clair pour contrebalancer le chant principal. Ces derniers sont très biens!
Voilà donc un vrai sentiment positif qui m’anime à la conclusion de cette chronique. Kolossus était un one man band que j’avais laissé de côté depuis ma première chronique, en ayant fustigé le premier méfait de manière un peu exagérée je dois le reconnaître. L’occasion était belle avec la sortie de « K » pour remettre les pendules à l’heure. C’est chose faite! Le black metal atmosphérique est de bonne facture avec des zones d’ombres évidemment mais qui sont beaucoup moins catégoriques et catégorisantes qu’avant. Je note néanmoins que la production est à améliorer pour la prochaine fois, y compris sur le chant. Je suis toutefois fort aise de constater que ce nouvel album est très bien mené vers des cieux plus conventionnels, c’était probablement le risque à prendre pour avoir une musique qui parle à plus de public et qui ramène la démarche artistique sur un aspect plus concret et plus logique. Il fallait ainsi que Kolossus sorte un vrai album de black metal, cohérent et basique, pour enfin me satisfaire quasiment pleinement. Je suis donc content pour Helliminator, je lui souhaite encore de bonnes choses pour la suite! Et sans rancune l’ami.
Tracklist :
1. Dust 01:32
2. By The Light, To The Dark 05:10
3. Heartless Horned Kings 08:18
4. The Last of The Titans 05:19
5. Throne of Woods And Fire 06:15
6. Outsider 05:02
7. T.A.A. 06:06
8. The Mouth 08:21
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