Alunah – Strange Machine

Le 15 avril 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Jake Mason : batterie
  • Dan Burchmore : basse
  • Siân Greenaway : guitare, chant
  • Matt Noble : guitare

Style:

Stoner

Date de sortie:

15 avril 2022

Label:

Heavy Psych Sounds

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

Étrange, cette vie prêtée et aussitôt retirée. Dieu, s’il existait, manquait décidément de générosité.” Jean Lemieux

Je me suis souvent demandé pourquoi j’avais du mal avec les groupes qui officient avec une chanteuse. J’ai une vague idée mais je m’épate toujours à constater que quand je découvre via les chroniques ou par le biais de mes recherches personnelles, je n’ai pas de juste milieu. Soit j’adore, soit je déteste. Et je crois que les années passant, la maturité gagnant un peu (je dis bien un peu) de terrain, je commence à avoir un ratio de groupes au chant féminin que j’aime quasiment égal à ceux que je n’aime pas. Si vous voulez quelques exemples, j’ai toujours préféré la période avec Candice au chant que Rachel dans Eths. C’est le grand écart absolu en fait. Ensuite, j’aime beaucoup le chant de Tarja dans Nightwish contrairement à celui de Sharon dans Within Temptation. J’ai toujours détesté Evanescence à cause du chant d’Amy Lee. Des exemples comme ceux-ci j’en ai plein la besace. Et récemment j’ai adoré les groupes Splendidula, Venin Carmin, Dead Space Chamber grâce en partie bien entendu à l’apport de leurs techniques vocales féminines. J’allais même dire que les chanteuses qui pratiquent le chant saturé, j’ai bien du mal. Donc, vous voyez, cela reste très épars comme gout et couleurs, mais il n’en demeure pas moins que quand je m’apprête à faire la chronique d’un groupe dont je constate que le chant sera féminin, j’ai un petit moment d’appréhension qui s’installe. Limite je grince des dents et je ferme les yeux. Et c’est là que les secondes qui arrivent sont décisives. Si un jour un psychanalyste pourrait me dire pourquoi je suis incapable d’avoir un rapport objectif au chant féminin, je suis preneur! On va me citer tonton Freud, tata Jung et titi Lacan, mais en vérité je pense qu’officiellement mon cas est incurable… Il faut donc m’achever! Mieux que le cyanure ou le potassium, il y a peut-être le groupe Alunah et son album « Strange Machine« ! J’ai donc balancé un spoiler en chef, car oui! Le groupe officie avec une chanteuse. Voilà, ça c’est fait.

Alunah est un groupe anglais, qui sans contestation fournit un vivier de groupes foisonnant depuis des lustres, et qui continue à en inspirer plus d’un. Existant depuis 2006 après avoir été appelé Aluna jusqu’en 2008, il s’agit d’un groupe ayant connu un changement dans le line up qu’il convient de préciser parce que selon moi ça a son importance : le poste de chanteuse. Car oui, au-delà du fait qu’Alunah est un groupe qui officie avec une chanteuse, il y a eu un changement majeur dans l’histoire du groupe avec le départ de celle qui était au début de l’aventure en 2017 et qui a laissé sa place à l’actuelle chanteuse. En l’état, le groupe en est à six albums avec ce dernier donc, mais également deux démos, deux EPs et un split en 2009 avec Queen Elephantine. Voilà donc de quoi croustiller sous les dents, même si en fin de compte ces genres de rappels biographiques n’amènent pas toujours quelque chose au débat. Mais au moins, vous avez un aperçu du pourquoi du comment on en est en 2022 à sortir un album qui s’appelle « Strange Machine« . En tout cas comme quasiment tout le temps, sur le papier c’est très vendeur comme projet et le fait est que ce soit le label génial qu’est Heavy Psych Sounds qui le sorte, rajoute une plus-value indéniable à cet album « Strange Machine« . Comme quoi, le choix d’un label ça a toujours du sens selon lequel c’est.

Et si on causait un peu de la pochette? Ben oui! Pour changer pardi! Surtout que, pour le coup, cela sort de l’ordinaire. C’est carrément psychédélique dans le sens propre du terme, on dirait un effet kaléidoscope quand on prend du speed. Ou une espèce de rêve absurde où se mélangeraient des références bizarres et presque mystiques. On a donc pêle-mêle des planètes ou des satellites, ce qui ressemble à la Terre mais dans des colorations un peu désertiques, et une pyramide dont on ignore réellement ce qu’elle fout ici. Le tout est entouré d’un halo de lumières réfléchies bleues qui font franchement mal aux yeux quand on les fixe. A ne pas montrer à quelqu’un d’épileptique! En fin de compte, je ne sais pas vraiment si j’aime ou non cet artwork. Stylistiquement parlant il est pas mal on va dire, avec encore des références old school qui vont bien, mais je trouve que pour le coup, ce n’est pas tellement ce que j’aurais vu pour le style proposé. On dirait un artwork pour rock psychédélique ou un truc genre desert rock pour les tons jaunâtres des planètes et la pyramide, je ne vois pas tellement le lien avec le stoner pour le coup. C’est ce qui me laisse à croire qu’il y a une forme de hors sujet dans le cas de « Strange Machine« , même si le fait que j’aime la musique soit un facteur atténuant et limite que l’on pardonnerait. Je pense que cela me laissera plus de marbre qu’autre chose, et il vaut mieux parce que si j’étais réellement tatillon j’aurais soulevé avec verve l’incohérence de cette pochette qui ne colle pas tant avec le genre que joue Alunah. On va rester sur une note correcte.

Vous vous souvenez donc de mon introduction? Je vous affirme désormais que la première écoute a fait totalement penchée la balance du bénéfice-maléfice au versant positif! Clairement, j’ai adoré. La musique d’Alunah est donc un bon gros stoner des familles, doublé de temps en temps par un côté doomesque par la lenteur habituelle du tempo. On n’est pas non plus sur un truc à la Sons of Otis qui avait clairement été l’un des groupes de doom stoner qui m’avait scotché. On se situe tout de même plus sur un côté stoner bien gras, bien costaud, avec les riffs rock typiques et tout le bazar derrière. Sur la musique instrumentale pure, on est sur quelque chose de basique, mais en même temps on ne peut pas dire que le genre en lui-même se renouvelle des masses depuis des années. Ainsi la musique reste sur les mêmes bases séculaires et continue son bonhomme de chemin sur le paysage musical extrême. Alunah ne fait pas exception et sert la même tambouille avec néanmoins cette petite touche d’assaisonnement qui me sied énormément : le chant féminin! Mais j’y reviendrai. Ce qui fait la beauté virile du stoner c’est sa capacité à englober le rock dans une couche de sonorités épaisses et agressives, lui donnant donc une coloration que j’appelle moi vulgairement musclée, où on croirait que la musique représente une forme humaine gigantesque et écrasante. C’est le ressenti que j’ai souvent, en dehors des images américaines qui transpirent aussi par les origines du stoner. Mais ici, Alunah propose une version que je trouve un brin plus aérienne. C’est une légère originalité instrumentale qui n’élude en rien le talent des anglais, qui propose en première intention un album agréable, un peu lunaire mais sincèrement bien solidement ancré dans ses bases. C’est donc bien comme constat!

Pour la production c’est du normal aussi. J’ai l’impression de me répéter pas mal, mais on est sur quelque chose de bien rondelé, avec un son de guitares très épais et avec ce côté rebondi qui est la caractéristique principale avec les riffs rock. La basse aussi qui est extrêmement mise en avant et qui fonctionne comme un instrument mélodique à part entière, avec tout de même à côté sa fonction primaire de rythmique, mais j’ai trouvé qu’Alunah s’en servait d’ailleurs plus comme la deuxième roue du carrosse rythmique avec la batterie qui se martèle bien toute seule et amène ce tranchant qu’il convient d’avoir. En fait, je ne vais pas aller plus loin dans l’analyse de la production, tout est raccord au possible.

De même que la fatigue me pousse à aller vers le chant féminin directement, qui est selon moi l’atout phare du groupe sur « Strange Machine« ! Mais alors, d’une force incommensurable! J’ai trouvé la voix incroyable, très puissante et très prenante en même temps, avec ce timbre de voix un peu saturé et la tonalité typiquement féminine, cela donne un aspect incroyable. J’ai été tantôt bouleversé par les instants un peu plus tranquilles mais surtout pris aux tripes par le côté agressif qui transparait dans les riffs idoines des compositions. Alunah joue la carte du chant féminin mais sans tomber dans la redondance agaçante du lyrique, proposant une voix plus virile, plus balèze et j’ai envie de dire, plus sexy en fin de compte. Je ne pensais pas que l’on pourrait durablement associer un chant féminin avec du stoner bien bourrin, et « Strange Machine » est un album qui me charge de changer d’avis vite vite. Il y a une réelle osmose entre la musique et le chant, qui pourtant me semblait tellement aux antipodes que j’en suis resté sur le cul. Je crois que c’est un des chants féminins que je préfère désormais, et je suis prêt à mettre au placard les chanteuses mainstreams qu’on connait tous. C’est extraordinaire cette puissance et aisance vocale!

Je vais conclure en disant qu’Alunah présente un nouvel album nommé « Strange Machine » et qui s’avère être d’une belle qualité. Pléonasme. Un album estampillé stoner, parcimonieusement doom metal sur les bords mais avec en tout cas ce véritable élan de bestialité et cette rondeur sonore que j’aime toujours autant entendre dans mon casque. Sur la musique même, ce serait mentir que d’affirmer que le groupe anglais fait progresser la science et ainsi amène un album fort original, puisque le style stoner en lui-même ne se renouvelle qu’à grande peine. Mais le chant féminin est incontestablement l’argument numéro un pour aller se feutrer sur l’album « Strange Machine« ! Un chant féminin marqué par l’obédience avec des timbres féminins mais la puissance et l’entaillage d’une voix rock et rauque bien masculine, ne laissant que peu de places au doute! C’est donc un album qui amène enfin un brin d’originalité pour un stoner qui fait dans la routine et l’usure. Chouette découverte donc!

Tracklist :

1. Strange Machine 04:59
2. Over the Hills 03:54
3. Fade into Fantasy 06:14
4. Broken Stone 05:15
5. Psychedelic Expressway 04:13
6. The Earth Spins 05:09
7. Silver 03:36
8. Teaching Carnal Sins 05:01
9. Dead Woman Walking 03:56

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