Line-up sur cet Album
- Jay Briscoe – Chants, Basse
- Joe Cantamessa – Guitares (lead)
- Alec Pezzano – Guitares, Orchestrations
- Paul Cole - Batterie
- Guests : Ben Karas (Thank you Scientists, Windfaerer) - violon sur pistes 1, 4, 5, 8 / Jake Superchi (Uada) – Chant sur piste 8 / Jorgen-Munkeby (Shining, Emperor) – Saxophone sur piste 2 / Zach Strouse (Burial In The Sky) - Saxophone sur pistes 3,7 / Daryl Baker – Solo guitare sur piste 3
Style:
Black / Death Metal ProgressifDate de sortie:
27 mai 2022Label:
Black Lion RecordsNote de la SoilChroniqueuse (Migou) : 9/10
Les aventures de Mémé, dans “Mais où l’ai-je donc bien foutu ?”
Plongée dans la contemplation d’une vanité peinte par de Gheyn, Mémé est en pleine réflexion intérieure. A-t-elle trouvé sa propre pierre philosophale ? Vaste question… Pourtant son corps a commencé sa transmutation. Petit à petit, Mémé se transforme… en vieille femme ! Une ride après l’autre, comme on applique des bains de solvants pour ôter les scories, Mémé découvre sa propre réalité du moment. Elle vieillit ! Sans coup férir, la voilà qui se retourne et part à la recherche d’un élixir de longue vie, à défaut d’éternelle jeunesse.
Elle fouille…
Elle fouille, Mémé !
“Mais où l’ai-je donc foutu ?!”
Et son regard s’illumine (elle a déjà perdu 10 ans rien qu’avec cette lumière intérieure !) quand elle extrait enfin de sa médiathèque un bout de carton. A l’intérieur, un CD. Le plaçant sur la “platine numérique “(oui, rien que d’utiliser le mot platine, elle fait encore un nouveau bon de 10 ans en arrière), elle avance jusqu’à la piste 4… le Graal, un bout de “Elixir of Immortality” ! (bim ! 15 ans de moins ! Au compteur, on en est à 35 ans ! Une Vraie jeune fille, Mémé, désormais !)
Une p’tite dose du Grand Oeuvre de IATT, Magnum Opus, et Mémé se sent déjà régénérée…
Les 4 loulous de Philadelphie ont suivi un processus similaire. Ils ont poncé chaque titre de leur album pour en extraire la matière première, le mercure alchimique, hermaphrodite, celui qui porte en son sein tous les possibles, au même titre que ce que nous propose IATT avec les différentes voix/voies, les multiples genres qui fusionnent et créent cette musique qui lui est propre : entre black progressif, death, jazz, et bien d’autres.
IATT avait, en 2019, clôturé le précédent album, Nomenclature, portant sur la médecine du XVIIème Siècle, par “Arsenic Ways”. Avec Magnum Opus, on remonte entre le Moyen Âge et le XVIIème Siècle, aux heures fastes bien que nimbées de mystère de l’Alchimie.
On navigue (n’oublions pas que IATT était précédemment connu sous le nom de I Am The Trireme, dont il en devient l’acronyme) sur les flots ( que dis-je, Les flows !) du Grand Œuvre. Les titres sont évocateurs et l’ambiance directement posée par “Servitude, Subjugate”, qui ouvre ledit opus. Pas de doutes, on nage en plein Post Black Death : au violon succèdent les riffs tournant à l’infini des guitares avant que la batterie n’accélère le tempo. C’est ensuite que les voix entrent en piste, une voix Death, grave, pas complètement growl, et l’autre plus criarde, une voix de sorcière hyper vénère, une voix Black Metal, quoi ! Ah oui… là-dessus, des samples de chœur
Et bim ! “Ouroboros”, deuxième titre… Le serpent musical ouvre grand sa gueule et dégueule l’univers dont il sera partie intégrante. De son corps sort son propre corps. C’est œuvre divine, cycle de la vie, dont le venin, acide comme cette voix Black Metal qui vous happe d’entrée de jeu, dissout les notes à coups de tremolos pickings propres au genre jusqu’à en retrouver la pureté originelle. Un saxo viendra poursuivre le cycle de la renaissance en proposant un break plus progressif auquel la basse va s’unir. On ne sera pas étonné de retrouver la colère Black Metal en fin de morceau, Ouroboros se mordant la queue en un cycle de re-création. Dani Filth a trouvé le fiston à mettre dans son berceau !
Le titre suivant touche à la “Prima Materia”, si importante dans le processus alchimique. On y retrouve du piano, des chœurs, du Death Black et de la double pédale, alors que le break nous plonge dans un Doom low tempo sur lequel un saxophone incruste son solo jazz.
Mémé a bien compris le cycle. Magnum Opus évolue au fil du Grand Œuvre. Au fil également de l’évolution du groupe IATT. Ainsi que l’avance Jung, “l’alchimie psychologiquement parlant tient de l’Individuation, du perfectionnement de l’individu dans sa dimension la plus profonde, mais au travers de son inconscient.” Chacun des membres apportera son écot pour faire évoluer le groupe, titre après titre. Et pour les seconder dans cet ouvrage, de nombreux guests venus sublimer les titres. Mémé a bien compris le cycle, mais à la fois, rien n’est écrit d’avance. Ses mimiques, à l’écoute des 9 titres, sont parlantes.
On croit déceler un schéma composal, mais IATT nous balade d’un coin à l’autre sans crier gare. Sur “Elixir Of Immortality”, on entendrait presque tinter les tubes à essais se percutant.
Dans “Exculpate, Exonerate”, la douceur s’invite au menu. Sur fond de pluie, les sanglots longs du violon de l’automne de notre vie (bon, c’est aussi le violon de Ben Karras…) s’épanouit sur la basse qui doum doum… doum doum… les battements d’un cœur amoureux.
Et que dire du titre “Seven Wandering Stars”, avec ces 7 parties différentes (bon, n’allez pas compter non plus, c’est plus pour la licence poétique que je dis ça), dont ce double chant : un “chœur” façon Grégorien qui double la voix Black Metal ? Une petite merveille !
Pour autant, la merveille, c’est bel et bien l’aboutissement, la pierre philosophale, qui permet la transmutation, le changement des matières viles en matières nobles, la “Chrysopoeia”, dernier titre qui nous laissera en suspens jusqu’au prochain album.
En attendant, IATT sort son 3ème album, Magnum Opus, une symbiose de genres, un syncrétisme de dogmes Death, Black, Prog, Post, Jazz sur fond de pierre philosophale. Un pur plaisir qui nous ballotte et nous perd dans les limbes du Grand Œuvre.
Mémé tutoie désormais Benjamin Button !
Tracklist :
1. Servitude Subjugate (5:07)
2. Ouroboros (5:54)
3. Prima Materia (7:35)
4. Elixir Of Immortality (6:10)
5. Exculpate Exonerate (6:01)
6. Demiurgos (Architect Of Disaster) (5:49)
7. Planes Of Our Existence (5:59)
8. Seven Wandering Stars (6:04)
9. Chrysopoeia (BONUS TRACK FOR CD) (6:28)
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