Shovel – Shovel

Le 27 mai 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Kostis Benning : guitare, chant
  • Yorgos Anagnostopoulos : guitare, chant
  • Pier Favia : basse
  • Fotis Logothetis : batterie

Style:

Sludge Metal / Post-Metal

Date de sortie:

27 mai 2022

Label:

Argonauta Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.25/10

« Nettoyer une maison pleine d’enfants est aussi efficace que de dégager une allée à la pelle pendant une tempête de neige. » Phyllis Diller

Bon, je vous l’avoue, je me suis basé idiotement sur le nom du groupe, sa traduction en tout cas, pour vous sortir cette citation du chapeau. Après les deux jours que je viens de passer, avec un enfant malade mais dans un genre rarement atteint (une gastro bien carabinée), je n’avais pas le cœur de fouiller dans mes lectures. Vous me direz, est-ce-qu’on pourrait trouver de bon à raconter quand on voit une pelle? On peut s’amuser à le faire tiens, pour l’introduction! Moi, je revois mes années d’enfance, où je jouais au bac à sable, à assommer mon frère de temps en temps aussi (maintenant je suis passé au modèle haut de gamme, bien solide pour lui secouer les neurones), voire il faut bien le dire à aider mes parents et grands-parents à faire du jardinage. Une pelle, c’est quoi? C’est un outil composé de deux parties, le godet et le manche, qui sert à soulever et déplacer des matières ameublies. Il existe plusieurs sortes de pelles, le savez-vous? Les voici : l’escoupe, une pelle de fer dont on se sert dans les fours à chaux et qui à l’époque servait comme arme de défense des forteresses, la pelle ronde de maçon, la pelle savoyarde, la pelle italienne, la pelle carrée, la pelle à ensilage, la pelle US avec son manche court, la pelle à neige, la pelle-traîneau, la pelle à neige électrique, la pelle de ménage ou pelle à ordures, la pelle en plastique pour la plage, la pelle vendéenne, le transplantoir et la pelle à pain, ou à pizza c’est selon les gouts. Ma préférée, en bon guerrier du dimanche, c’est l’escoupe. Je me vois bien dans une vie antérieure foncer dans le tas non pas avec Excalibur ou Marmiadoyse, mais avec ma putain de pelle badass en train de hurler comme un dément sur mes adversaires! Dans la vraie vie, je me contenterais probablement de quelques colibris, des taupes ou peut-être même le chat du voisin, ce sera amplement suffisant pour me forger une destinée glorieuse! Mais après avoir parlé de récits légendaires autour de la pelle, il y en a sûrement une que vous ne connaissez pas, et je vais vous la présenter ce soir. Son nom est saxon, on l’appelle Shovel. Et cette pelle qui s’avère être en fait un groupe, vous l’aurez deviné j’espère, sort un album éponyme demain. Et c’est le moment de dire pour clôturer cette introduction foireuse : « pelle qui roule n’amasse pas mousse. »

Il y a apparemment pas mal de groupes qui s’appellent Shovel. Ou qui ont le nom dedans. Référence sûrement à la pelle qui enterre j’imagine. En tout cas c’est un nom que j’entends pour la première fois et qui me questionne sur le sens que le groupe itou met derrière. Celui qui nous intéresse ce soir nous vient tout droit de Berlin en Allemagne. On n’a pas la date exacte de fondation du quatuor allemand, mais il semblerait que même si « Shovel » est le premier album du groupe éponyme, il y a une démo sortie en 2019. Encensée par le label Argonauta Records qui sort ce premier album sur son roster, on sent en tout cas que le groupe transpire le potentiel. Ce qui est un peu difficile c’est que comme le genre qui est présenté ici est à cheval entre la présentiel sur Metal Archives et l’absence, on ne sait rien. Mais heureusement, le label qui est très sérieux et très professionnel m’a tout fourni pour cette chronique. Shovel le groupe sort donc « Shovel » l’album. Premières armes officielles du groupe, c’est parti!

Et malheureusement, la pochette ne met pas vraiment l’auditeur que je suis dans de bonnes bases. Franchement, je m’excuse de le dire tout de go, mais elle est franchement moche. Désolé, je suis honnête mais je trouve l’artwork grossier et trop chargé. Alors j’ai fait mes recherches puisque le nom de l’entreprise qui a fait cette pochette s’appelle drôlement « étions formidables ». Un nom aussi présomptueux, même si j’imagine que ce n’est pas fait exprès, quand on voit le résultat et le prix que cela a dû couter, je suis goguenard seul dans mon canapé. Non mais après, il faut savoir que l’entreprise est spécialisée semble-t-il dans les tatouages… Tout s’explique! Parce que le style de dessin fait effectivement beaucoup penser aux tatouages. Mais je trouve d’abord cet amoncellement de représentations divines grecques ou romaines, qui finissent par s’éloigner dans une sorte de tourbillon raté, le tout enveloppé dans des espèces de fumées ou d’exhalaisons verdâtres et blanches, particulièrement mauvais. Et puis, sincèrement, je ne comprends absolument pas le lien avec une pelle, ou avec le nom des morceaux. Là, il y a véritablement un sentiment fort d’incompréhension pour moi, mais à un niveau rarement atteint. Les bras m’en sont tombés lamentablement parce que rien ne fait sens. C’est non seulement moche, mais en plus ça n’a aucun sens… Et en plus, on n’a pas le nom du groupe ou celui de l’album puisque c’est le même. Bref… Passons, et vite parce que je vais être de plus en plus méchant. Et ce n’est pas le but ni notre intérêt.

Sur le papier, le label ou le groupe nous a balancé un large panel de styles différents, collés les uns aux autres. Alors moi, quand je vois ça, c’est pareil. Je freine mon enthousiasme des quatre pieds parce que je connais le processus emphatique des labels, mais quand il y a trop de styles, ça m’inquiète. Shovel, ne leur en déplaise, ne fait « que » du sludge metal avec de petites bribes doom metal et post-metal. Mais de là à m’évoquer qu’il y a tantôt du psychédélisme (où? Quand? Comment?), du black metal (où? Quand? Comment?), et je crois de mémoire de l’atmosphérique, il y a un gouffre. Bon, étant estampillée post-metal, la musique est « obligatoirement » atmosphérique de base. Enfin, ce que je veux dire, c’est que quand on a tendance à en faire trop comme ici pour « Shovel« , on tombe de haut. Et c’est ce qu’il s’est passé durant les premières minutes pour moi. Je me suis dit un truc style « ouais… Ok. C’est tout con comme musique en fait. » C’est heureusement loin d’être le cas je vous rassure. « Shovel » est un concentré bien sludge metal avec des sonorités qui frisent le post-metal, très atmosphérique donc et très aérien, avec la sensation de faire le yoyo tant les montées en puissance et les redescentes en accélération sont rapprochées. Le côté doom metal réside principalement sur le tempo bien sûr, majoritairement lent et lourd comme l’association avec le sludge le suggère. L’ensemble musical demeure toutefois assez simple dans le sens où il n’y a pas ou peu d’incorporations autres que la base instrumentale typiquement metal, donc on est sur un album qui goute peu à l’étayage. Par contre, sur les compositions, les rythmiques sont bien travaillées, avec comme je disais une alternance de moments très lents et d’autres plus tranchants, donnant en association avec ce son caractéristique du post-metal, un côté oppressant et planant à la fois, ce qui est rare et stylistiquement parlant normalement opposé. Mais pas ici. Shovel réussit ce petit exploit. Maintenant comme je l’explique, la musique n’est pas du tout mauvaise, loin de là! Elle est juste bien plus simple sur le concret qu’elle ne l’est sur le papier. On est bien sur du sludge metal ponctué de doom et de post-metal, mais cela s’arrête là. Et tant mieux parce qu’au final, l’album en première intention s’écoute bien, vraiment bien même.

L’autre truc bien vanté par le label, c’est le son. Alors je reprends les mots pour que vous compreniez que par moment, c’est un poil exagéré quand-même. Voici : « Émergeant de la boue du sludge, du doom et du post-metal, leur musique voyage à travers l’ouverture et la liberté des textures psychédéliques pour finir par ramper dans la claustrophobie et le désespoir du black metal avec un son non conventionnel et distinct. » Bon, comme ça vous avez aussi un aperçu de ce que je disais en termes de styles pompeux. Pour le son, nous aurions donc un son « non conventionnel et distinct. » Je n’ai pas bien compris où ils voulaient en venir pour tout vous dire. Parce que le son de l’album « Shovel » est tout ce qu’il y a de plus conventionnel pour le genre sludge metal en fait… C’est à dire un son boueux effectivement, rebondi comme j’aime dire avec de l’épaisseur, des cordes distendues à l’extrême et une basse omniprésente qui fait un travail colossal pour englober le tout et accentuer encore plus la lourdeur et les mélodies des riffs. La batterie est bien frappée aussi, j’ai noté d’ailleurs quelques petites notes bien sludge metal à son époque d’accointance étroite avec le post hardcore, limite punk même. Après, je suis sarcastique ce soir mais cela n’enlève pas que le son est très bon hein! J’aime beaucoup cette dimension extrême d’atmosphérique, où les deux jeux de guitares se mêlent ensemble dans des arpèges pour apporter cette touche planante et dérangeante qui fait tout ici. Et tout est raccord sur le plan même moderne pour avoir un sludge metal bien foutu et racé. Non! Sincèrement, la production est très bonne. Mon seul reproche, hormis l’hyperbole pour décrire le son qui nous a été offerte, c’est que parfois les guitares envahissent trop l’espace sonore et on n’entend pas correctement la basse qui pourtant est primordiale! La batterie aussi est un peu étouffée. Le chant un poil trop en avant. La production n’est donc pas excellente loin de là, mais elle est bonne. C’est pas mal pour un premier album!

La musique est donc globalement bonne, intéressante en tout cas, et loin de donner son bout de gras aux lions. J’aime inventer des expressions! Mais il y a juste un truc que je déplore pas mal, c’est qu’en fait « Shovel » est un album creux dans le concept. Ou alors insondable, ce qui n’est pas pareil et qui relève du pathologique et ainsi peut potentiellement servir d’excuse au groupe. Mais je ne cerne pas vraiment où le groupe allemand veut en venir. On a cette pochette comme je disais qui est fade au possible, la musique qui est très bonne dans son rapport avec des ambiances et dans une musique lente et lancinante, une production pas mal du tout, mais le concept derrière sonne creux. Normal! Le groupe nous explique que les pistes ne sont en fin de compte qu’une collection d’états d’âme puisés au hasard, durant cette période compliquée qu’on connait tous. Sujet relativement banal et insipide puisque les états d’âme, tout le monde le fait et le plus souvent de manière littéraire, ce qu’on appelle (tadaaaaaaaaaaa) une métaphore filée! Classique car dans le sludge metal, on parle souvent de ses ressentis, et généralement ils ne sont pas bons. Mais ici, même si j’admets qu’il y a une part importante d’intimité qui n’est pas à oublier, et qui rend empathique n’importe quel chroniqueur, c’est trop. Trop insondable comme intimité. On n’a pas une once d’accroche possible, même les titres n’amènent rien d’autre que du banal. C’est franchement dommage parce que derrière on sent que les mecs sont doués. La musique, bien sludge metal et post-metal, est suffisamment bonne pour que l’on s’y attarde volontiers. Mais derrière, on ne ressent rien, que le néant d’un groupe qui n’a fait que créer des compositions pour en créer quoi. Rien de plus. D’ailleurs, cela ne m’étonnerait pas d’apprendre que l’album « Shovel« , qui porte donc le nom du groupe, ne serait pas un « simple » recueil de chansons histoire de présenter le groupe en quelque sorte. Mais cette démarche, je ne la valide presque jamais. C’est un peu facile de se réfugier derrière cette soi-disant envie de faire dans le conceptuel après! Il faut le faire tout de suite pour capter l’auditoire, sinon c’est fichu. Pour moi en tout cas, Shovel a raté assez magistralement son entrée dans la cour des grands. Enfin, je nuance. Il n’a raté qu’une seule marche! Libre à lui de savoir s’il aura la force de se rattraper et sauver son corps, ou s’il va gouter aux pavés avec son être tout entier jusqu’à le faire voler en éclats. C’est moyen tout ça… Dommage.

J’ai quand-même envie de parler du chant qui est très bon! Une technique vocale qui se situe quant à elle sur une démarche sludge metal mais aux balbutiements, quand elle prenait la tétée au post hardcore. Cela va plaire à Migou ça! On a donc un chant bine hurlé, et donc avec peu d’articulations, ce qui est toujours un peu dommage là encore mais c’est le jeu ma pauvre Lucette. En tout cas, ce que j’ai bien aimé c’est que ce dernier est entouré de quelques effets au micro qui lui donne la sensation d’être très lointain et très profond. Un côté enférique indéniable qui va bien avec la musique oppressante et mélodique de Shovel. N’ayant pas eu les textes je ne saurais dire de quoi il en tourne et si la technique vocale est à propos. Mais en tout état de cause, je n’ai pas grand-chose à redire sur le chant qui fait largement le boulot, sauve quelques meubles de la déchetterie et en prime pourrait même les restaurer si les prochains albums jouent la carte de donner des billes au chant pour faire vivre, voire même exploser vocalement un concept bien construit et bien prenant. En tant que chanteur, c’est que je recherche systématiquement. Alors, j’espère que le chanteur ne s’est pas trop ennuyé dessus. Parce que sinon, il va partir et c’est un atout important pour ce premier album. Alors méfiance et boule de gomme!

Bon allez! On va mettre les traits sur les T et les points sur les I. Cette chronique devait vous présenter en sortie du jour l’album « Shovel » du groupe du même nom. Groupe allemand, quatuor qui propose avec ce premier album d’abord une chance de cocu d’être signé tout de suite chez un bon label comme Argonauta Records. Ensuite un premier album d’un bon acabit si on reste stricto facto sur le registre technique. A savoir une musique sludge metal bien lourde, accouplée avec du doom metal par moment et de forts reflux de post-metal bien aérien, bien noir, qui donne à ce premier album une nette présentation et un bonne surprise. Mais le problème selon moi, c’est que ce Shovel là n’a aucun argument ou presque d’un point de vue conceptuel pour donner envie. On a l’impression que cet album fonctionne plus comme une sorte de recueil de morceaux, sans sujet précis ni accroche de quelconque manière. Et moi, je trouve que quand un CD n’a pas cet objectif d’accompli, seul la moitié du boulot est fait. Voilà pourquoi ce soir, il me sera difficile de dire que l’album est bon. Il l’est indiscutablement sur la musique simple, mais il est vide sur le sens, le message à faire passer est illisible voire absent ou alors il a autant d’intérêt que le charisme d’une pelle, ce qui serait finalement raccord avec le nom du groupe. Et pour moi, ce n’est pas du bon boulot. Shovel va donc devoir rattraper cette bévue s’ils veulent que je revienne les écouter un de ces quatre. Mais pour ce premier album, j’en resterai là. Désolé.

Tracklist :

01. VII. Havoc
02. V. Mære
03. VI. Scars of a Dark Past
04. I. The Void
05. III. The Fall of the Sun
06. IV. A Case Against Optimism
07. II. The Lake (feat. Vassilis Avgoustakis)

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