Line-up sur cet Album
- Guido Richini : chant, guitare
- Stefano Righele : basse
- Marco Gelmi : batterie
- Erik Cimenti : guitare
Style:
StonerDate de sortie:
03 decembre 2021Label:
Argonauta RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
« Les morts ne connaissent pas la honte, mais ils puent horriblement. » Anton Tchekhov
C’est fou comme le choix d’un groupe pour en faire la chronique révèle quelquefois de sacrées surprises ! Je ne sais pas comment mes confrères et consœurs choisissent leurs groupes, si le nom joue beaucoup, si c’est le style qui prédomine, s’il faut connaitre le groupe pour faire son choix, en ce qui me concerne c’est un peu tout à la fois. Par moment c’est le style, parfois c’est la surprise de voir un groupe que je connais, mais souvent ce sont des choix centrés sur la diversité. Faire une chronique, c’est d’abord et avant tout une rencontre avec un groupe. On apprend à mieux se connaitre, on s’apprivoise et, tranquillement, on tombe dans une intimité certes platonique mais tout de même passionnée et passionnante. La différence entre le coup de foudre et l’appréciation d’un album est que l’on tombe beaucoup plus rapidement sur les imperfections, les défauts et les égarements qu’avec une femme ou un homme. Gary Chapman disait dans son livre « Les cinq langages de l’amour » que le coup de foudre dure environ deux ans, puis c’est la fameuse déconvenue où l’on s’aperçoit que notre partenaire a des défauts. Cela semble totalement idiot mais c’est prouvé ! Et il arrive parfois qu’écouter un album la première fois fasse le même effet qu’un coup de foudre mais sur un laps de temps bien plus court que les fameuses deux années de roucoule. Pour cette nouvelle chronique, je ne suis pas allé jusque-là, autant vous prévenir tout de go, mais c’est lorsque j’ai fait mes recherches que je suis quelque peu tombé des nues. D’abord parce que cet album que je m’apprête à chroniquer porte le nom de créatures que l’on trouve dans le film « Tremors », une sorte de navet culte, comme « Les raisins de la mort » (avec Brigitte Lahaie, svp !), et de voir que l’on mentionne les graboïdes, rien que cela, cela me donne envie ! Après quand on farfouille la vie du groupe, c’est là qu’on ressent une forme de sentiment amoureux qui se développe et qui devient même gargantuesque rien qu’en lisant le pedigree du dit groupe en question. Voilà pourquoi ce soir, je fais référence à l’amour et tout ce qui est rose paillette ! Et c’est ainsi que j’ouvre le bal des hostilités avec la chronique de l’album « Graboid » du groupe Jena. Cœur sur vous les ami(e)s! Kissou <3
Sans surprise, le groupe Jena est italien. Je dis cela par égard à son label, que j’adore, je me répète, Argonauta Records, qui donc est aussi italien. Le label fait souvent honneur à la scène nationale, donc c’est toujours une demi-surprise de constater qu’un groupe de son roster est italien. Plus précisément, comme j’aime le faire à chaque fois, le groupe vient du Nord de l’Italie sans mentionner la ville. Ce que l’on sait également, c’est que le quatuor existe depuis 2012 et a proposé à ce jour une discographie bien faiblarde si j’ose dire. Deux albums seulement. Un en 2016 et donc ce dernier, « Graboid« , qui est sorti l’année dernière soit en 2021. C’est très peu ! Il n’y a même pas de singles, pas de promotion particulière, rien. Et cet album est le premier du label, l’autre étant sorti chez un autre. On pourrait considérer que ce second album est une progression pour Jena, mais je me réserve un peu le droit à l’emphase, sous prétexte de ne pas être déçu trop vite. Je pars sur de bonnes bases mais je reste sur mes gardes. Au moins ne serais-je pas déçu ! A voir.
En tout cas, pour ce qui est de la pochette, le groupe Jena part bien. Alliant la modernité avec l’imagerie bien effective d’un graboïde, sorte de ver géant avec une bouche énorme qui vit dans la terre et surgit pour dévorer les humains quand il les entend marcher, le style me sied beaucoup. J’aime particulièrement ce jeu de couleurs très bande-dessinée avec le rouge et le gris foncé, permettant de donner une véritable forme vivante à ce graboïde figé pour l’occasion. Le décor derrière est sympa aussi, très western pour le coup, et on se dit qu’au vu de ce graphique Jena aime montrer ses références cinématographiques. Un choix étonnant mais payant pour cet artwork. On pourrait d’ailleurs se dire sans trop couiner que cette pochette fait penser à un poster de films et cela ne m’étonne pas quand on sait le lien étroit qu’entretiennent les groupes du genre doom metal et ses cousins et cousines pour ce genre de nanar. Mélange subtil de science-fiction, d’horreur et de comédie, on pourrait donc avoir une sorte d’orientation musicale en avance pour parler de cet album « Graboid« . Quoi qu’il en soit, une pochette digne de ce deuxième album, avec pas mal de références possibles dont la plus évidente pour permettre une corrélation avec le nom de l’album. Référence que moi-même j’adore, considérant le film « Tremors » comme l’un des plus ridiculement drôles que je connaisse, je ne peux qu’aimer cette pochette. Musicalement parlant, on verra, mais déjà sur le plan visuel c’est un oui massif pour moi !
Alors, quelle tambouille Jena va nous proposer pour parler de créatures graboïdes ? Ah ah ! Difficile ! C’est véritablement le genre de concept qui m’épate parce que je suis toujours curieux de savoir comment un groupe peut mettre en musique un truc aussi abstrait, aussi absurde que culte. J’avais le groupe Pachiderma du même label qui m’avait offert un truc complètement barré pour parler de son concept. Jena fait plus dans le consensuel, le politiquement correct si j’ose dire puisque la musique est très exactement stoner. Après avoir lu que Jena faisait dans le desert rock, le sludge et je-ne-sais-quel autre genre, je peux vous affirmer qu’il n’en est rien. Ce n’est que du stoner, bien bourrin et bien viril. La musique n’a pas franchement de fioritures et s’amuse à faire dans le genre violent et costaud, un peu comme le graboïde, le côté burlesque en moins. L’avantage de ce genre d’album, c’est que la première écoute passe aussi vite qu’une lettre à La Poste (enfin bon…). On ne s’ennuie pas du tout, l’analyse étant relativement rapide du fait du manque d’expérimentation et de sophistication, on ne peut qu’apprécier l’écoute. D’ailleurs, ce genre de groupe se targue parfois d’avoir peu d’instruments dans la calebasse pour composer. Or, étonnement ici, Jena est un quatuor à cinq instruments, la base normale donc. Alors que d’ordinaire, l’ajout d’une deuxième guitare peut empêcher la basse, si prépondérante dans ce style, d’exister, ici ce n’est absolument pas le cas ! J’ai même cru qu’il n’y en avait qu’une de guitare. Mais non ! Je déterminerai s’il s’agit d’un bon point plus tard, mais quoiqu’il advienne, je pourrai déjà affirmer que « Graboid » est un très bon album du genre. Soit à prendre avec le recul nécessaire pour ne pas être désappointé du manque de touche technique on va dire. C’est un album brut de pomme, voilà tout. Et certains adorent, d’autres non, c’est ainsi. Mais pour ma part, première écoute remportée !
La production risque donc, vous l’aurez compris, d’être le seul sujet épineux de cette chronique. J’ai été en fait surpris par le son. Je n’irais pas jusqu’à dire « désagréablement » dans la mesure où cela ne m’a pas empêché d’aimer l’album « Graboid« , mais j’ai trouvé le son étrangement peu épais. J’ai l’habitude d’un stoner très gras, qui fleure bon la bombance et la bamboche si j’ose dire, et j’ai été frappé par le son aigu et peu en avant de cet album. Comme si Jena avait voulu moderniser à l’extrême les sonorités stoner toujours bien old school il faut le dire, pour se démarquer et proposer autre chose. Sauf que, manifestement, cela sonne comme un petit hors sujet. Je veux bien que l’on expérimente, mais je trouve que le son n’est pas adéquat pour ce genre de musique. J’ai d’ailleurs été troublé au point de croire qu’il n’y avait qu’une guitare, alors qu’il y en a deux. La basse est présente mais pas franchement épaisse non plus. La batterie n’envoie pas du pâté, pareil. Trop en retrait, pas assez mise en avant et donc pas assez épaisse. C’est troublant comme sensation. Alors, il faut se rappeler que mon interprétation de la musique m’a conduit à affirmer qu’il s’agissait de stoner, peut-être fais-je erreur. Mais j’ai très nettement ce sentiment, le groupe lui-même s’étiquette comme tel, alors je me dis pourquoi je me gourerais ?… Bon. Ceci dit, le son très moderne de ce mixage n’enlève pas pleinement le charme somme toute rébarbatif de cet album, et j’aime bien quand-même ce dernier. Donc mon constat est en demi-teinte on va dire.
Honnêtement, je ne vois pas tellement ce que je peux dire de plus sur l’analyse de l’album. Ce genre qui t’arrête net dans ton élan par son manque de sens. Après, on conviendra que le concept ne pouvait pas spécialement se baser (et encore !) sur une créature graboïde pure, alors le groupe emprunte d’autres références comme la Montagne de Crâne. Mais j’en reste à une musique très décoffrante. Aussi vais-je passer directement au chant pour votre plus grand plaisir ! Je plaisante. Pour le coup, ce dernier apporte la touche de brutalité que j’attendais, et qui manquait au mixage. Cela sauve littéralement les apparences ! Parce que ce dernier est techniquement très bon, très porté sur l’aspect viril inhérent au genre stoner, et que l’on sent que l’intensité demeure importante pour ce dernier, permettant à la musique, si elle avait été meilleure, de se sublimer. Le rôle du chant étant, dans son côté organique, de sublimer le mixage, ainsi sur « Graboid« , le chant apporte une touche supplémentaire d’âme. On reste toutefois sur quelque chose de spontané, peu retouché et donc encore une fois ma thèse sur la portée stoner de cet album de Jena ne fait pas franchement place nette au doute. Mais au moins, le chant est très bon, ce qui est favorable à l’album.
Pour terminer ma chronique, Jena sort un deuxième album qui répond au doux nom pour les nostalgiques de « Graboid« . Un album étonnant sur le papier mais beaucoup moins sur la vérité. Doté d’une musique stoner aux antipodes de la sophistication, ce dernier a le mérite de tenir la barque fièrement sans se démonter face à ses défauts sonores et son côté redondant qui, de mon côté, lui confère un charme minimaliste fou. Je crois que l’on peut considérer que ce type d’album est le cauchemar de n’importe quel chroniqueur qui aime se la jouer fin analyste, dans la mesure où il n’y a pas énormément d’éléments pour construire une analyse chiadée et intéressante. Aussi me contente-je de vous dire que si vous aimez la brutalité pure, le viril et les gros vers qui sortent de terre pour bouffer la population, alors allez-y. Sinon, veillez à prendre votre pilule de recul. Pour moi, c’est un oui !
Tracklist :
1. 1K Riffs Man 02:18
2. Ice from the Sky 03:43
3. Slave No More 03:39
4. Skull Mountain 03:29
5. At the Bottom of the Cosmic Trench 10:10
6. Seventh Sun of a Seventh Sun 03:23
7. Graboid 04:07
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