Line-up sur cet Album
- Sofia TK : chant, guitare, programmation
- Jack Wendy : piano, claviers, programmation
- Christian Gjelstrup : basse
Style:
Shock Rock / Rock / Metal IndustrielDate de sortie:
04 juillet 2022Label:
Wave RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“La course du guépard est superbe ; c’est un spectacle inoubliable mais fort rare car, généralement, on court devant.” Jean L’Anselme
On a quand-même un lien très fort avec la Nature. N’en déplaise aux plus sceptiques, nous avons tous aimé nous retrouver dans un lieu de villégiature sans civilisation, ou en tout cas beaucoup moins! De fait, notre Grand Patron Céleste Chris Metalfreak aime se promener dans nos montagnes iséroises (si un jour vous le croisez, ne vous imaginez que cet homme musclé puisse être le yéti, il n’y en a pas par chez nous), en ce qui me concerne j’aime retrouver les paysages sauvages d’un bord de mer désert, ou de mes campagnes drômoises ou ardéchoises. Bon, je m’égare! En fait, je me suis simplement interrogé sur cette potentielle symbolique avec le guépard. On connait tous le livre éponyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, probablement une de mes expériences de lecture les plus douloureuses, puisque non content de l’avoir eu en étude littéraire en terminale, j’ai dû le lire entièrement alors que c’est une purge. Et souvent, je me suis demandé en quoi le guépard avait une valeur symbolique quelconque. Outre le fait que c’est un animal superbe, un des plus beaux félins, c’est surtout un redoutable prédateur. D’après le blog Luminessens, le guépard représente les choses suivantes : « Poursuit agressivement son but ; Courageux ; Franchise ; Insaisissable ; Empathie ; Flexibilité ; Concentré ; Indépendant ; Intelligent ; Instinct pour tuer, N’est pas intimidé ; Savoir-faire ; Rapidité ; Furtif ; Force ; Amour ; Sévère ; Vitalité. » Voilà. Je vous passe les détails mais en tout cas, je suis tout de même un peu étonné de voir une figure de ce félidé magistral dans un groupe de musique. J’ose croire que le groupe en question n’a pas choisi le guépard pour les fameuses tenues SM, ou les manteaux en fausse fourrure et imitation guépard. J’en doute un peu, mais on ne sait jamais. En tout cas, me voici aux prises avec un groupe extrêmement singulier, et pas uniquement dans son choix d’animal totem pour sa musique. Un groupe auquel je ne m’attendais pas à me voir aussi mis en difficulté dans l’analyse et mon ressenti général sur cet album. Le groupe, le voici : il s’agit de The Black Cheetahs et de l’album Slow Doomed Fever. The Black Cheetahs qui signifie, vous l’aurez compris, « Les Guépards Noirs« …
Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ils ne sont ni évadés du zoo de Vincennes, ni expatriés d’Afrique ou d’Asie du Sud-Ouest. Loupé! Ils nous viennent tout droit de Berlin, capitale bien connue de l’Allemagne. Un trio de musiciens qui proposent donc un premier album, projet dont finalement on ne sait pas grand-chose. On suppose qu’elle est récente, mais en fin de compte ce n’est même pas certain puisque beaucoup de projets existent depuis plusieurs années sans rien sortir, avant de faire enfin une entrée remarquée et remarquable, dans tous les sens du terme. Je tricote un peu parce qu’on n’a réellement presque rien. Le site officiel du groupe détaille plus le style de musique que la biographie du groupe. En tout cas, le premier album s’appelle Slow Doomed Fever qui signifie « fièvre lente maudite » et je dois admettre que si le groupe ne nous a pas offert beaucoup d’informations, au moins le site officiel et tout le folklore Internet autour de cette sortie sont très professionnels! Ce qui est gage de bonne découverte, du moins sérieuse d’autant qu’il sort chez Wave Records. Allons-y!
Et quand je vous disais que l’enrobage visuel autour de l’album était de qualité, voyez par vous-mêmes! L’artwork est véritablement superbe! Moderne, avec des tons de couleurs du plus bel effet. Le style est dans un mélange étrange de modernité et d’ancien avec un côté abimé qui ne fait pas tout neuf, forcément, et un style graphique moderne, presque relevant de la science-fiction, le tout mélangeant des références loufoques entre elles. Vous avez ce fameux guépard, qui d’ailleurs n’est pas noir, qui a les yeux brillants comme un cyborg, et qui se retrouve posant fièrement dans un triangle retourné qui symbolise soit la féminité, soit l’instabilité. Je gargarise un peu, sinon on pourrait déblatérer sur le symbole du triangle encore longtemps. Mais ce que je préfère dans tout cela, c’est le logo du groupe! La couleur choisie, très lumineuse, permet de sublimer ce dernier. Déjà que je le trouvais fort attrayant, avec ce rendu présent, on a vraiment l’impression d’un bel ouvrage! Je trouve l’artwork dans sa globalité très cohérent sur les tonalités de couleur, et ce côté mi-futuriste, mi-vintage, donne une sensation de complexité et d’originalité qui va totalement en adéquation avec la musique. Cette dernière suivra exactement le même processus, vous verrez après. Il s’agit donc d’un premier artwork totalement cohérent avec la musique. The Black Cheetahs a mis les petits couverts dans les grands avec cette pochette absolument sublime. Tout est présent pour que le rendu soit au rendez-vous, et il me tarde désormais d’écouter la musique de Slow Doomed Fever. Le seul petit truc à redire est qu’il n’y a pas de lien évident entre l’imagerie, et le nom de l’album. Mais cela, dans le cas présent, et contextualisé sur l’idée d’un premier album, c’est anecdotique.
C’est la musique qui va m’offrir le plus difficile exercice d’analyse que j’ai eu à accomplir depuis un petit moment. Sur le papier, The Black Cheetahs m’a été vendu comme un groupe de dark wave, genre musical que j’adore secrètement et dont le nom me fait frémir la protubérance pelvienne. Honnêtement, si dark wave il y a, je ne vois absolument pas où. Sur la définition même de la dark wave, on devrait avoir du bon Sehnsucht et des influences gothiques, sinon un peu fantastico-onirique, avec de la musique un peu mystique ou carrément techno qui sent bon les années 70 ou 80. Mais dans le cas de Slow Doomed Fever, rien de tout cela mais alors, rien du tout! Quand je pense dark wave, je pense à Antivote ou Hekate quoi, mais pas The Black Cheetahs. En revanche, même si ce primo constat me laisse un peu sur ma faim, étant déçu de ne pas touché du doigt un nouveau projet du genre, je dois surtout dire que j’ai eu énormément de mal à identifier le style. Voilà de quoi se revendique le groupe sur son site officiel, traduction : « Leur musique porte l’empreinte du garage rock sudiste combiné à l’électronique post-moderne : un son doom profond de bpm lents et une sensation bluesy sombre avec un bord (? je n’ai pas trouvé mieux…). Leur spectacle punk-hypnotique et leur son immersif profond leur font gagner des adeptes du rock sombre et des scènes expérimentales. Une bande-son cathodique qui rappelle et célèbre l’esprit du sexe, de la drogue et du rock’n’roll de son côté obscur. » En gros, je n’ai rien compris du tout. Alors j’ai décidé, dans un élan très audacieux et un brin présomptueux de me faire moi-même ma propre définition de la musique de ce premier album. Après une première écoute globalement satisfaisante, j’ai fini par arrêter l’étiquette de shock rock avec des attraits de musique industrielle moderne, avec un rock très doomesque sur les bords d’ailleurs avec des tempos très lents. Je ne vois pas tellement où se situe le blues ni le garage rock sudiste là-dedans… Si vous, vous en avez l’éclair de lucidité, prévenez-moi, mais j’en doute fort. C’est agaçant ces groupes qui vous pondent un descriptif mensonger comme cela. Ceci dit, la musique n’est pas mal du tout! J’ai eu rapidement en tête l’impression d’écouter un Marilyn Manson qui aurait eu une voix plus efféminée, tant les tonalités vocales et les samples derrière faisaient penser à ses premiers albums. Désolé au passage pour la référence, je n’avais pas mieux et même si le personnage est certainement sulfureux et un peu pervers, les premiers albums restent des références pour moi et d’autres. J’ai en tout cas trouvé la musique très attirante, pas forcément exaltante puisque le tempo lent mélangé à ce côté sombre et cette sonorisation moderne ne m’ont pas emballé plus que cela. Je pense que la difficulté que j’ai eue pour identifier la musique m’a quelque peu refroidi dans mon enthousiasme. Mais on ne va pas non plus tirer des plans sur la comète ni crier au vice : la musique est très bien produite, les compositions sont un peu longues mais plante des atmosphères très sombres et l’album sonne finalement comme une sortie qui ne laisse pas de place à l’extase. La lenteur et les samples couplés à cette voix si singulière donne en tout cas plus envie de fondre de désespoir que de réellement s’enjailler sur un dance floor, même si la voix laisse un peu de piquant et de provocation, voire de séduction et d’excitation! Objectivement parlant, c’est clairement un très bon album, riche dans sa conception notamment sur les samples et atmosphères des pistes, avec une musique rock qui va surtout accompagner ces fameux samples et va donc suivre un rôle plus de rythmique, voire de sample, que de réel apport mélodique. Toute la question va être de savoir pourquoi, alors que tout est réuni, je ne m’enthousiasme pas franchement sur Slow Doomed Fever.…
La production est en tout cas impeccable pour le style mystérieusement difficile à identifier. On partait donc sur des bases un peu inconnues dirons-nous et l’exercice du sampling demeure toujours un peu périlleux quand il est prédominant. Comprenez que le principe de l’échantillonnage dans la musique est surtout d’accompagner quelque chose. Or, la mode actuelle consiste à faire du sampling un truc dominant et qui se voit accompagné par du rock, ou du metal. Dans le cas de ce qui ressemble à du shock rock, ou de la musique industrielle, c’est exactement cela! On prend donc un gros travail de sampling pour laisser ensuite arriver les éléments rock ou metal, et vous avez un mixage qui se base essentiellement sur l’occupation du spectre sonore par les samples. Les instruments rock ne sont là que pour accompagner l’ensemble. D’ailleurs, l’instrumentation rock se base, si j’en crois le site officiel, sur une basse et une guitare. Le reste vient de la programmation, sous-entendu une boite à rythmes. Il y a aussi pas mal d’effets, que ce soit sur le chant comme sur la guitare, qui permet comme je disais plus haut de créer des atmosphères à la fois sombres, mais aussi un peu langoureuses et provocantes qui sont si chères à un shock rock ou une musique wave quelque chose, notamment sur la cold wave avec Venin Carmin qui me vient tout de suite en tête pour illustrer cette provocation sensuelle. C’est donc une production idéale avec une utilisation des instruments et de la programmation tout aussi idéale, qui permet à ce Slow Doomed Fever, premier album je le rappelle du trio The Black Cheetahs, de se hisser sur les productions les plus impeccables de l’année. Sur ce point précis, en tout cas, je n’ai rien à redire de méchant ni de rédhibitoire. l’album est très très bien produit!
En somme, cela reprend ce que je disais en parlant de l’artwork : l’album Slow Doomed Fever allie à la fois la nostalgie et la modernité. Nostalgie parce que même si la production est très moderne, on sent les influences des années lointaines dans le rock, et sa période provocante au possible. La musique se situe principalement dans cette sphère-ci, et l’on devine quand-même que The Black Cheetahs a voulu allier la modernité et cet élément « historique » si j’ose dire. Maintenant, ce qui ne m’a pas forcément vendu du rêve se situe justement dans cet alliage. Moi, j’aime la vieille période wave, le shock rock de début 90 avec un son plus tranchant, plus incisif. Je suis habitué à cela, et cette habitude délétère me colle à la peau. Et quand j’entends un groupe qui veut faire de même mais avec des tonalités modernes, des samples derniers cris et pour couronner le tout un chant féminin qui va sur du rock moderne, puissant, il y a comme une sorte d’antithèse chez moi. Je n’adhère pas spécialement non plus à cette thématique un peu trop provocante, basée sur ce que disait le groupe, à savoir toute la partie sombre et malaisante du « drog sex and rock’n’roll ». Disons que cette provocation, digne justement d’un Marilyn Manson par exemple, m’attirait quand j’étais un adolescent timide et discret. Histoire de me donner un genre! Maintenant, j’admets qu’il me faudrait surement tomber dans la nostalgie de cette période pour que je trouve un intérêt personnel à ce premier album des allemands, mais comme cette dite période n’était pas ma préférée et de loin… Bref. C’est, je crois, la raison qui fait que Slow Doomed Fever restera pour moi un bon album, mais pour les autres. Il a de nombreux atouts, se pare d’une production impeccable, mais l’esprit général ne m’attire pas des masses. Ce qui n’enlèvera en rien une bonne note finale, j vous rassure, car je sais être objectif quand je veux.
Après, je dois tout de même reconnaître une chose : j’ai bien aimé le chant. Sur l’aspect justement trop moderne, le chant se démarque un peu mieux que le reste par sa présence et son côté provocateur qui, étant du genre masculin, ne me laisse guère indifférent. De fait, la voix est singulière dans la mesure où elle reste sur un côté bien rock, mais sur des tonalités plus calmes et langoureuses. Je trouve notamment une technique qui lui ressemble chez Blóð par exemple, qui fait dans le doom sludge metal. Et du coup, c’est probablement le seul élément qui me rappelle plus sérieusement l’époque wave que j’adore tant. Avec cette sonorité qui fait un peu old school, les arrangements à outrance et ce côté rocailleux et froid, j’aime beaucoup! C’est le liant, se contentant du minimum syndical je précise, qui manquait à cet album et qui fonctionne très bien! Pour le reste, j’aurais bien vu un regain d’énergie pour booster certains morceaux résolument trop lents. A voir pour la prochaine étape!
Pour en finir avec cette nouvelle chronique, on pourrait se dire que le groupe The Black Cheetahs, qui sort son premier album nommé Slow Doomed Fever, s’embarque dans un exercice périlleux et donc qu’il convient de mettre en lumière! Une musique qu’on a un peu de mal – enfin surtout moi – à identifier clairement, mais qui demeure selon moi sur du shock rock pour la provocation, une composition essentiellement axée sur la musique industrielle et quelques relents rock ou metal qui, si j’oserais le crier, serait sur un peu de doom metal. Le reste, c’est certainement ce croisement un peu casse-gueule entre la nostalgie de l’hégémonie du shock rock dans toute sa provocation et son amour de la noirceur, et la modernité qui rend ces fameuses époques rêvées un peu fadasse. Résultat des courses : si je trouve à ce premier album de très nombreux atouts car oui, objectivement c’est un très bon album plein de richesse et doté d’une voix unique, cette alliance ne me semble pas la meilleure et j’ai eu du mal, personnellement, à digérer Slow Doomed Fever. Peut-être que je me trompe, mais je vous laisse volontiers ma part du gâteau. Mais la note parle d’elle-même et n’engage que ceux qui veulent bien croire en ce Slow Doomed Fever! Alors, à vous de voir.
Tracklist :
1. Feathers and Filth 07:01
2. Rails Of Rust 06:41
3. Gold Gold Gold 03:56
4. Funnel Of Love 08:48
5. So Long A Line 08:49
6. Hiss And Curls 09:13
7. School 05:40
8. Here´s The Light 04:57
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