Raum Kingdom – Monarch

Le 27 janvier 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Mark Gilchrist : batterie
  • Andrew Colohan : guitares
  • Dave Lee : chant
  • Niall Gregory : basse

Style:

Sludge Metal / Post-metal

Date de sortie:

27 janvier 2023

Label:

Argonauta Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.25/10

La république est le seul remède aux maux de la monarchie et la monarchie est le seul remède aux maux de la république.” Joseph Joubert

Raum Kingdom est un groupe qui nous vient tout droit d’Irlande, de plusieurs endroits différents à vrai dire, que j’ai renoncé à écrire par fainéantise. Et puis, ce n’est pas comme si le pays en lui-même était tout petit… Bref! Loin de faire la nique à tous les groupes qui proviennent de ce pays, dont  mes préférés resteront Cruachan et Soothsayer, la formation composée d’un quatuor de musiciens sort ce jour son deuxième album, le premier datant de 2018. D’ailleurs, quand on sait que le groupe existe depuis 2013, on compte au passage deux albums live et un EP, ainsi qu’un split sorti avec le groupe All We Expected de Belgique et qui a splitté, à mon grand regret. Grosse progression pour cette sortie puisque le premier album était sorti en totale autoproduction, et pour ce « Monarch« , Raum Kingdom collabore avec un label de choix, que je ne présente plus si vous lisez mes chroniques puisque dans les styles que je m’efforce de représenter, il excelle désormais tant dans ses choix que dans sa promotion : Argonauta Records. Normalement, quand on produit une musique estampillé doom metal et tout ce qui gravite autour, ce nom de label est gage de bonne sortie! Mais sait-on jamais, comme je le dis toujours, cette sortie pourrait bien être celle qui me fera dire le contraire. C’est le risque! Alors, on le prend, et on chronique noms des Dieux!

Comme toujours dans un premier temps, on va s’atteler à la pochette. Le graphisme est plutôt joli, même si de prime abord on a un peu de mal à savoir de quoi il s’agit. On reconnaît bien une éclipse solaire totale en bas, et on voit bien distinctement une sorte de personnage suspendu à un fil par le pied, qui semble servir plus ou moins d’appât ou de repas pour cette éclipse qui finalement ressemble à s’y méprendre, dans une sorte de paréidolie, à un trou noir ou un truc de ce style. Ce sont plutôt les contours blancs autour qui me surprennent, je n’arrive en effet pas à savoir ce dont il s’agit. On dirait soit une sorte de couloir sous une voute immense, soit comme si ces filaments provenaient de l’éclipse et se rejoignaient sur un point commun en haut de la pochette sans pour autant préciser de quoi il s’agit vraiment. C’est étrange, interrogateur un peu. Je pense que c’est comme souvent dans ce genre de musique, une sorte de métaphore autour de la condition de l’Homme, mais rien ne nous oblige à partir de cette hypothèse non plus. D’ailleurs, dans l’histoire musicale, ce ne serait pas la première fois qu’un groupe prenne à contre-pied son auditoire en explorant d’autres horizons conceptuels dans un style qui est plutôt bien ancré dans ses racines, en tout cas dans tout ce qui gravite autour de l’univers post-musical. Le label et le groupe n’apporte pas de grands éclairages sur cela, à mon grand regret, parce que j’aurais bien aimé percer le mystère de cet artwork qui, ma foi! N’est plutôt pas si mal que cela, somme toute un brin facile et qui manquerait de recherche selon moi, mais qui fait le job. En tout cas, sommairement.

Raum Kingdom s’aventure sur les pistes sinueuses et boueuses du sludge metal, à ceci près qu’il y a tout de même quelques éléments post-metal. Encore que ce dernier est parfois communément appelé sludge metal atmosphérique, parmi les nombreux surnoms qu’on lui donne. Pour ma part, et dans le cas de cet album « Monarch« , je dirais qu’il y a réellement une distinction notable entre le sludge metal et le post-metal. Le sludge metal est principalement représenté par cet aspect très rebondi dans les sonorités générales, et le côté un peu lent que l’on retrouve souvent sous une appellation tronquée de doom sludge metal, mais qui est surtout inhérente à des ancêtres post-hardcore, la lenteur servant ici à rompre avec la monotonie du doom metal. Donc, le sludge metal est indéniablement représenté sous sa face la plus ancienne dans sa structure composale et ses sonorités générales, et je dirais même qu’il s’agit du style prédominant les débats. Sauf que! Le post-metal transparait surtout dans les dissonances qui sont présentes entre les deux parties guitares, et qui rappellent notamment le post-rock ou éventuellement, de plus près, le post-black metal. Vous rajoutez quelques incorporations distinctes notamment en début de piste, qui rappelle soit quelques parties shoegaze, soit post-rock, et vous avez donc une dissonance à la fois sonore et à la fois manifeste dans la composition qui font de « Monarch » un album qui s’écoute avec plus de légèreté qu’un sludge metal bien lourd l’imposerait. Cela donne un hybride que j’ai pour ma part déjà entendu auparavant, qui ne me fait surprend guère mais qui continue inlassablement de me fasciner à chaque écoute. Je trouve que parmi les nombreux accouplements que l’on peut trouver dans le milieu metal, l’alliance entre le sludge et le post-metal fait partie des meilleurs. Et Raum Kingdom a non seulement bien compris qu’il a tout à gagner à composer ce genre de musique, mais qu’en plus il l’exécute avec brio! Ma première écoute fut assez extraordinaire, pour ne pas dire convaincante au maximum!

Et la production joue un rôle capitale dans cette approche convaincante. Parce que, parvenir ainsi à une certaine quintessence dans l’atmosphérique, avec un soupçon de lourdeur qui n’est pas en trop du tout pour contrebalancer l’extrême légèreté du post-metal. Mais il faut pour cela, je crois, trouver un équilibre sonore idoine et difficile. Ce que Raum Kingdom est arrivé à faire à la quasi perfection! Les guitares et la basse jouent donc un rôle prépondérant. Vous allez me dire que bien entendu! Étant donné que ce sont des instruments primordiaux. Mais quand on parle de sludge metal, et à fortiori couplé avec le post-metal, on va bien au-delà de la simple utilisation lambda. La basse en particulier se situe dans un objectif d’accompagner la lourdeur et la rondeur du sludge, tandis que les guitares dissonantes sont mises en avant pour amener cette touche atmosphérique importante. La batterie joue son rôle, j’allais dire somme toute assez normal, mais permet une certaine cassure dans ces deux aspects pour aller quand-même vers une rythmique frappante et saisissante. Le chant jouit du même constat! En tout cas, la production est un modèle du genre. Vraiment. Un régal à la fois pour les oreilles et pour l’esprit. « Monarch » se pare d’une des meilleures productions qui m’aient été données de découvrir depuis le début de l’année.

N’ayant hélas que peu de temps avant que le jour ne change, travail oblige, je me vois donc contraint de passer directement au chant. Ce dernier me laisse un brin plus dubitatif. Pas forcément dans le registre sludge metal, puisque la voix hurlée est excellente et joue son rôle parfaitement pour nous enfoncer dans une sorte de noirceur terrifiante, avec une voix qui trahit une immense souffrance. Mais c’est surtout le chant clair que je ne trouve pas particulièrement opportun, du moins pas comme cela. Je me doute que ce dernier est une sorte de reviviscence de ce qui est nécessaire pour accentuer le post-metal, encore que non, pas spécialement ; mais je n’arrive pas à l’intégrer pleinement dans l’harmonie globale de ce « Monarch« . J’aurais vu un chant moins shoegaze, moins post-rock, plus une sorte de voix doom metal par exemple. Mais cela reste du ressort de mon interprétation. En tout cas, je suis un peu plus partagé sur le choix de ce chant clair qui casse un peu le rythme et l’ambiance. Mais pour le chant sludge, c’est excellent!

Pour conclure, Raum Kingdom sort son deuxième album nommé « Monarch » chez Argonauta Records. C’est encore une nouvelle fois un sans-faute pour ce label qui ne cesse de me fasciner. Son roster déborde d’excellents choix! Et le groupe irlandais ne me fera pas dire le contraire, loin de là! Surfant sur un sludge metal ponctué d’éléments manifestement post-metal, Raum Kingdom propose un excellent deuxième méfait. Méfait qu’il reste toutefois à comprendre pleinement, tant le concept n’a pas pu être sondé plus que cela. Mais déjà, au vu des éléments que je vous ai rapportés, il ne peut pas se passer un seul instant sans que vous zieutez de près ou de loin cet album fantastique dans sa conception et son élaboration! On frôle l’excellence!

Tracklist :

1.     Red Admiral     07:20
2.     Hairstreak     06:34
3.     Swallowtail     09:02
4.     Comma     06:09
5.     Gatekeeper     05:23
6.     Pieris     08:51

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