Photos + report : Mémé Migou

Le glas résonne… il est temps d’entrer dans le sanctuaire pour communier et expier…
C’est en l’église Bonjour Minuit des musiques actuelles de Saint-Brieuc, quelques jours avant la Saint-Valentin que Saint-Vincent et ses apôtres nous ont conviés à la messe en l’honneur de la « Morsure du Christ » pour panser les « Blessures de l’Âme ».

Mémé s’était mis en tête de mener à bien une mission : se faire bénir par le chantre du Black Metal français, le pape du « Metal Noir ». Elle s’y était préparée. Son discours bien rôdé, si tant est, seulement, qu’elle ose enfin approcher le Non Père qui n’est pas aux cieux.
C’est Muriel ( de la salle Bonjour Minuit) qui lui a annoncé la bonne nouvelle : « oui ! Mémé sera accréditée ! Elle pourra venir shooter ! » Ni une ni deux la voilà à affûter ses objectifs et ses crayons.

Pour une fois, ce ne sera pas en petite voiture bleue, mais en covoiturage sympathique qu’elle parcourra les quelques 180 bornes en excellente compagnie de metalheads pointus. Sur place, Muriel vient présenter les desiderata des groupes quant aux photos : y en a pas ! Qu’à cela ne tienne, on fera comme d’hab ! C’est-à-dire shooter en tout respect du public et des artistes. En gros, il n’y a aucune raison de prendre toute la place. Mais quand même… Mémé essaie de se placer là où ses collègues le lui ont suggéré : à gauche toute !

Allez, passons rapidement aux choses sérieuses, il paraît que Mémé parle trop… beaucoup trop !
Mütterlein !
Ah… C’est un moment très étonnant que nous avons vécu là. Mémé savait ce qui l’attendait car elle avait préparé son concert. Mais vivre cette expérience en live, en vrai de vrai, en sens et sensations, c’est encore autre chose.
Mütterlein !
Tout est dans l’atmosphère enfumée, et les rythmes hypnotiques. Et Mémé ne peut passer sous silence tout le visuel qui sera également celui qui accueillera les communiants du soir.

Un pupitre, un cercle de serpes dressées et de la fumée. Ça, de la fumée, il y en a. Par jets. Par paquets. Les gouttes de sueur perlent sur le front de Mémé. Comment va-t-elle s’en sortir avec son appareil photo ? Mais au bout de quelques minutes, elle a compris. Il ne sert à rien de vouloir percer le mystère qui nimbe Mütterlein, cela fait partie du show, du visuel, de l’ambiance, de la grâce du projet.

Marion Leclercq (ex-Overmars, entre autres groupes) s’affranchit du diktat des autres et du consensus pour nous livrer une œuvre d’une introspection magistrale. 5 ans après premier album « Orphans of the Black Sun », elle offre un split avec Limbes et un second LP, « Bring Down the Flags » qu’elle nous délivre sur scène.

Mütterlein fait tout toute seule, elle chante, elle joue, elle sample. Que dire du set de près de 45 minutes, si ce n’est qu’elle ne laisse pas indifférent ? Si certains sont restés hermétiques, d’autres ont eu besoin des 45 minutes pour laisser la musique infuser et finalement être partie prenante de la cérémonie ; et à contrario, certains pris dans l’émotion dès le départ ont trouvé un peu long. Et il y a ceux qui ont vécu un moment d’une intensité folle. Ils ont découvert, ils ont été émus. Des avis partagés, mais des avis tranchés.

Mütterlein… c’est être convoqué un soir de pleine lune (les serpes sont là pour nous la rappeler) à la célébration des forces telluriques qui nous traversent et qu’on appelle émotions. Un Witch Wave, mélange de Doom, de Dark Wave Ambiant, d’Electro dans lequel Mémé entend également un peu de Noise et de Drone. Et au milieu de l’ambiance dark, la voix de Marion qui déchire le voile en une supplique qui fait se hérisser les poils.

Mütterlein, une expérience sensorielle qu’on aura soin d’apprécier le soir, chez soi, dans le noir… ainsi qu’en live, dans cet espace temps enfumé, où Marion nous embarque dans son univers torturé. Un déferlement de violence et de douleur qu’on ne peut exprimer autrement que par la musique. Merci pour ce moment magique !
« Tu rentres dedans et tu n’en ressors qu’à la fin du concert ! » – Raphaël
« Pas mal. Un peu de peine à rentrer dedans. Un style un peu compliqué, mais intéressant. Il y avait des moments où j’étais dedans, c’était hypnotique. Et d’autres complètement différents. C’est intéressant d’avoir un set différent du reste. A creuser. » – Fred
« Finalement assez trippant. Ca s’écoute plus que regarder en concert. L’intérêt de la voir en vrai, c’est de voir comment elle va réaliser sa musique. J’ai passé plus de temps les yeux fermés. C’est plus une énergie. » – Nathël
« Un peu déstabilisé quand même. C’est pas le genre de musique que j’écoute. J’ai bien aimé malgré tout. » – François

Set List : l’album « Bring Down the Flags »

L’inter plateau nous invite à monter nous désaltérer. L’ambiance est très sympa, on échange sur ce qu’on vient de vivre. Bien entendu, on ne pourra passer sous silence la non venue de Delivrance, qui devaient se produire également ce soir-là. Dommage, on fera sans eux !
Petit mot, au passage sur le son de la salle qui est très soigné. Sur le set de Mütterlein, même tout devant la scène, c’était impeccable !

Maintenant, il est temps de lever les bras au ciel, joindre les mains et prier Saint-Vincent qu’il vienne nous offrir la messe tant attendue. Seth entre sur scène et on sent la salle frémir. Le sang est en ébullition. Il faudra faire attention, car le vampire n’est pas bien loin. Et ce ne sont pas 1 ou 2 actes de l' »Hymne du Vampire » que le groupe nous offrira, mais bien les 3, trinité sanglante !

Quand on regarde les visages tournés vers la scène, on les voit tous attentifs, plongés dans les affres de « la Morsure du Christ » et des « Blessures de l’Âme ». La cérémonie est lancée, et le public est en osmose avec le groupe. Pour autant, ils nous diront plus tard, dans la soirée, que le public n’a pas bougé comme dans d’autres villes. Le public breton est comme ça, paraît-il. Ça n’a pas empêché qu’il soit à 100% avec Seth.

Pour avoir vu Seth au Metallian Birthday Party, Mémé a pu noter une forme de similitude dans la cérémonie, ce qui est tout à fait normal. Mais également une différence de taille : la dame ! Cette madone qui vient se donner sur scène, offrant un corps de rêve aux yeux de tous, n’était pas là. Ah ! J’en connais qui ont dû être bien déçu.e.s ! Mais j’avoue que cette absence a coloré le set d’une autre aura, plus brutale, hargneuse. Quelque part, plus dans le partage avec le public que dans le cérémonial, bien que celui-ci soit bel et bien présent.

A mes côtés, un grand gaillard qui lève le poing, chante à s’en faire péter les cordes vocales. Il dira à l’oreille indiscrète de Mémé, un peu plus tard, que c’est lui qui a prêté l’épée utilisée sur scène par Saint-Vincent. D’où les nombreux checks et échanges de regards entre les deux hommes.

Mémé est heureuse d’avoir pu revoir Seth. Et finalement dans une ambiance toute autre. Deux sets à quelques mois d’intervalle, mais deux sets différents dans l’ambiance et le ressenti. Et deux sets parfaits !

La cérémonie s’achève sur  » Le Triomphe de Lucifer » . On en redemande. Encore ! Encore ! Nous sommes tous baignés du Mal-Saint Esprit, en attendant la prochaine messe, nous devrons nous contenter de nos souvenirs.

« C »était génial ! C’est déjà fini ? Bon spectacle, bon show, plus intimiste en salle, ce soir. » – Guillaume
« Public assez statique. Mais c’est le public breton. Il était vraiment dedans, hypnotisé par la musique. » – Heimoth C Krueger

Set List : La Morsure du Christ, Métal Noir, Hymne au Vampire – actes I, II et III, La Quintessence du Mal, Les Océans du Vide, … A la Mémoire de nos Frères, Le Triomphe de Lucifer

On doit rentrer. On n’en a pas envie. Mais c’est ainsi. Nous débrieferons dans la voiture, le temps de rentrer dans nos pénates. Et… vous voulez savoir si Mémé a réussi à mener à bien sa mission ? Sachez que oui ! Saint-Vincent a, de sa bière, béni la casquette noire de soil chroniqueuse d’une Mémé à genoux devant lui. Mais pour preuve, il faudra vous contenter de sa bonne foi. Il existe une photo… qui restera privée !