Bad Tripes – La Vie la Pute

Le 15 juillet 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Hikiko Mori - chants et textes
  • Seth - guitare et samples
  • José Jordisson - batterie
  • Sir Mac Bass - basse

Style:

Shock Rock / Metal

Date de sortie:

23 janvier 2023

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

« Et toutes les putes et les politiciens lèveront la tête et crieront : « sauvez-nous ». Et dans un murmure je dirai « non ». » Watchmen

Il fut un temps, pas si lointain que cela, où mes introductions étaient moins longues. Où ma diatribe pouvait encore rentrer dans maximum trois pages A4 (si si, je vous jure les gars!). Où j’évitais de construire des phrases pompeuses, de longues tirades sans but autre que de meubler finalement le peu d’esprit d’analyse que j’ai. Je me suis rêvé de la taille d’un cumulus dans l’immense ciel terrestre, perdu au milieu d’un océan bleu de bravades et d’inconnus. J’ai même rêvé avoir un attribut plus petit qu’Antirouille et Metalfreak réunis, ce qu’en l’état actuel des choses et grâce au Viagra, n’est plus un miracle Lourdais, mais plus une hypothèse désormais ! Mais non. Je me suis réveillé après une nuit d’orage, transpirant de sueur, comprenant que le Quantum serait pour toujours mon Goa’uld psychique. Cette créature mystique qui guide ma main dans une transe onirique, alignant les lignes d’écriture aussi inutiles que dédaigneuses. Bref, j’ai voulu suicider Quantum pour redevenir Quentin, un peu comme Renaud essaye de chasser le Renard dans ses chansons, ou un peu Donnie qui essaye de réprimer les propos de Franck le lapin bleu terrifiant. Mais il me faut bien me rendre à l’évidence, l’amour qui m’unit à Soil Chronicles dépasse tout cadre fortuit de la raison. La passion coule dans mes veines comme l’encre imaginaire de l’ordinateur, et cette immonde police de caractère « Courrier New » qui m’anime désormais depuis cinq ans. J’ai mis de côté la musique et l’activité de chroniqueur, espérant trouver un nouveau souffle à une sorte d’épuisement général, pas que dans le milieu d’ailleurs. Mais après deux semaines de grosses coupures sous le soleil balte (plutôt agressif d’ailleurs, en témoignent mes reliquats de coups de soleil plus que du bronzage), mon implication dans un nouveau projet musical, le retour au quotidien finalement pas si terrible que cela, bien au contraire, les retrouvailles avec beaucoup de mes amis y compris au sein de Soil Chronicles, avoir endossé de nouveau mon uniforme de guerre (la blouse infirmière) et me voilà de retour ! Frais comme jamais ! Le Quantum n’est pas mort, il va revenir hanter vos soirées de lecture avec sa perfidie habituelle car oui, le Quantum est sale, pervers, malsain, mais diaboliquement sexy ! Un peu comme Bad Tripes et son dernier album nommé **censure** La Vie la Pute. Un conseil : allez coucher vos enfants.

Bad Tripes est un groupe qui nous vient de la belle ville de Marseille (à prononcer avec l’accent, peuchère !) et qui pose ses bases rocambolesques et burlesques depuis 2009, rien que cela ! Et c’est fort de ce constat que le groupe, porté par sa frontwoman charismatique et un brin fofolle Hikiko Mori, distille cette musique qui a forgé son identité sous l’étendard plein de vomi, de foutre et de luxure, de quatre albums en comptant ce dernier. Alors, autant vous le dire, avec Bad Tripes, je brise une énième fois mon serment inviolable, comme dans Harry Potter, et je risque donc de mourir prochainement d’une mort idiote, à la hauteur de ce principe que je me force à respecter depuis le début, mais qu’en fait non. Et ce serment consiste en ne jamais chroniquer deux fois le même groupe… Qui ose rire dans la salle ??? Je vous vois ! Bon… J’ai en effet écrit quelques lignes sur l’album « Les Contes de la Tripe« , et me revoilà plongé de nouveau dans mon affliction. Mais vous savez quoi ? Je m’en fiche ! Chroniquer Bad Tripes est un gage de sécurité, et pour reprendre les affaires, rien de mieux que se poiler sur ce La Vie la Pute qui s’annonce énorme ! Go.

Et comme à chaque pochette, le groupe marseillais met les bouchées double. Véritable œuvre qui parfait davantage la musique, en se fondant dans ce décorum d’horreur et de grotesque, le tout rempli d’un folklore sanglant et dégueulasse, c’est une première patte maitresse de Bad Tripes. Premier petit changement toutefois : la pochette est ici sur un graphisme plus cartoon si j’ose dire, enfin en tout cas dessin animé. On y voit une jeune femme en train d’écouter de la musique, innocemment assise au bord d’une voie ferrée, femme probablement jeune au regard de son style adolescent, dont on pourrait voir poindre des références à Watchmen avec ce smiley ensanglanté par exemple. On se situerait sur ce qui ressemble selon moi à un station de métro, plutôt classique, comme on connaitrait dans des banlieues parisiennes, si j’ose cet exemple réducteur et surfait, avec des graffitis, un style un peu désaffecté. Et bien entendu, comme la vie est une pute, cette jeune femme est à deux doigts, et c’est fortement suggéré si l’on se fie au regard éperdu du chauffeur de métro, de se faire écraser, cette dernière n’ayant manifestement ni vu, ni entendu, le métro arriver. Typiquement le genre de situation qui nous ferait penser qu’effectivement, sans faux col, la vie est une pute. Clairement ! Sur le style, je n’ai rien à redire tant le graphisme est impeccable, avec un certain soin accordé aux détails qui, sans tomber dans l’exagération, est en tout cas suffisamment remarquable pour que l’on s’attarde sincèrement dessus. Loin d’être dans la lignée de ce que Bad Tripes avait proposé auparavant, ce renouveau, tout en conservant son style propre, démontre une forme de résilience qui me fait très plaisir. Et franchement, si vous n’avez pas envie d’aller écouter la musique avec un tel support visuel, je ne sais plus quoi vous dire. Excellent choix, les amis !

Et quand j’évoque une sorte de résilience, je ne pensais pas en dire autant et avec autant de conviction en parlant de la musique. Habituellement, j’aurais coutume de présenter Bad Tripes comme un groupe de shock rock avec quelques teintes de metal bien placées. Mais j’ai eu l’impression, assez rapidement, que c’était l’inverse qui s’était produit dans mes oreilles ébahies. Que le metal avait légèrement pris le dessus, sans pour autant que le groupe ne perde de sa verve et de sa gouaille légendaire. La musique m’a, en effet, semblé plus agressive, plus épaisse dans le mixage, offrant donc une touche plus metal qui n’est pas dénaturante du tout, même pas désagréable du tout. J’adorais en revanche le côté shock rock quand il transpirait dans les riffs moins rythmiques, et j’ai eu honnêtement un peu plus de mal à m’emballer comme je l’avais fait dans ma voiture, en écoutant « Les Contes de la Tripe« . Mais après un temps d’adaptation, force m’est de constater que musicalement, cet album sonne comme une forme de maturité, qui prend la place d’une certaine innocence coupable qu’il y avait dans l’avant-dernier album. La Vie la Pute sonne comme un album qui allie habilement la brutalité du metal à la provocation extrême, scénographiquement compris, du shock rock et de quelques accentuations punk qui sont à propos pour aller encore plus fort dans le burlesque. Les compositions comportent toujours ces ingrédients Bad Tripes, le sale, le gore, l’horreur et le circassien ! Le groupe marseillais propose un large panel de samples, d’extraits de films ou de séries, le tout pour planter un décor avec les superlatifs que j’employais plus haut ! En tout cas, la musique de Bad Tripes a la particularité de se vivre. Pas besoin, pour cela, de faire chauffer ses méninges. La musique est tellement parlante et imagée qu’on ne peut que se fabriquer nos propres clips dans nos têtes. C’est en cela qu’en première écoute, La Vie la Pute est un album dantesque, vivant et pétillant. Et la musique ne peut que convaincre un public probablement averti, mais aussi les plus curieux. Excellent !

La production joue, selon moi, un rôle capital, voire central sur ce nouvel album. Là où, comme je disais, la musique de Bad Tripes sonnait un brin plus excitante et pétillante sur le précédent méfait, sur ce dernier, la production est clairement plus en faveur de la brutalité et du cru. Avec des passages metal qui sont majoritairement rythmiques mais épais comme le serait par exemple un metalcore moderne, en tout cas un style plus actuel, on sent que pour cette fois, le metal joue un rôle plus prépondérant. Ce qui n’enlève en rien l’importance des samples et ce chant bien particulier, si cher à mon cœur. Mais si vous écoutez les deux albums, vous sentirez tout de suite la différence. Moi, je pense que c’est un choix risqué, étant donné que l’avant-dernier album avait eu un beau succès, et faire le pari de changer quelques éléments de production pour aboutir à ce résultat final, peut sembler un peu présomptueux. Néanmoins, je pense que chaque album de Bad Tripes racontant une histoire différente et situant des univers conceptuels parfois opposés, il faut le prendre comme il est, presque comme une entité isolée et unique. C’est un peu comme si on cherchait à comparer des jumeaux hétérozygotes, en quelque sorte. En tout cas, la production change, mais la production fonctionne très bien. Cette touche moderne, plus brutale, m’offre un nouveau regard sur cette formation qui depuis longtemps fait le bonheur des petits et des grands curieux.

Je passe désormais au chant qui est, selon moi, en dehors de l’aspect scénique, absolument à voir au moins une fois dans sa vie tant elle se donne à fond, l’atout numéro un de Bad Tripes. Mais vraiment ! D’abord parce que le chant est en français, et que cela, chroniqueur chauvin que je suis, c’est important. Ensuite parce que les textes sont tout simplement extraordinaires. Mais que ce soit sur cet album ou les autres, par ailleurs ! Les textes sont juste exceptionnellement bien écrits, avec un coercition folle entre le chant et ces derniers, dont chaque syllabe ressort transcendée, sublimée. Rien que pour les textes, je vous dirais d’aller écouter Bad Tripes. Et c’est un parolier qui vous le dit. Enfin, parce que Hikiko Mori est une chanteuse incroyable. Charismatique même en version studio, vivant totalement sa musique, jouant des rôles à la perfection, tantôt flippante, tantôt clownesque, tantôt sombre, toute la panoplie de ce Cirque de Mort y passe ! Et non contente de jouer des rôles, la voix est singulière. Eraillée, parfois grave, parfois en narration, tout y passe encore. Et pour cette richesse vocale et scénique, Hikiko Mori mérite un immense cœur de OUI dans l’âme ! Elle qui, parfois, a du vague à l’âme, il suffirait qu’on lui envoie tous notre reconnaissance et admiration pour que son muscle cardiaque gonfle de bonheur ! Régale-nous encore, tu es juste géniale.

Pour conclure ce retour aux affaires, nouvelle chronique au compteur pour Bad Tripes. Quatrième album (déjà !) pour la formation marseillaise, qui nous régale encore et encore de sa luxure, son goût prononcé pour l’emphase dégueulasse et le burlesque circassien. Musique se situant, selon moi, sur un mélange détonnant de shock rock et metal moderne, le groupe peut se vanter de réaliser à chaque album la prouesse de se renouveler, tout en conservant cette identité propre qui est la sienne. Le renouvellement passe par la production plus brutale, et un concept album encore bien différent des précédents. Portée fièrement par sa glorieuse frontwoman, qui mettrait Nina Hagen sur un perchoir de moineau, Bad Tripes sort un quatrième album génialissime et encore bien dantesque. Un album mature probablement, mais avec la drôlerie d’un enfant pervers. Magnifique.

Tracklist :

1. La Madrague des Macchabées 03:46
2. Les Yeux sans visage 03:16
3. La Vie la Pute 03:50
4. Schlass et Paillettes 04:03
5. Afro Girl 04:35
6. Brûle-moi si tu peux 03:50
7. Apocalypse Now 05:03
8. Jusqu’à la lie 03:56
9. Supermasochiste 04:00
10. La Cadavéreuse 03:58
11. Valya 03:32

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