Line-up sur cet Album
Tim Winson : claviers, batterie programmée / Dave Coppola : chant, guitares, basse / Tim Donovan : guitares
Style:
Doom / Death MetalDate de sortie:
13 janvier 2023Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 5.25/10
“Les hommes manquent plus de conquêtes par leur maladresse que par la vertu des femmes.” Ninon de Lenclos
Vous êtes-vous déjà demandé quelle est la frontière entre la maladresse et l’incompétence ? Le mot est fort, mais j’entends par là, quand vous découvrez un nouvel album et que vous tiquez tout de suite sur la production par exemple, ou d’autres points de discorde, où se situe la frontière entre ces deux paradigmes ? Et a fortiori, entre l’excusable et l’inexcusable ? Soyons clairs, il est bien question de rédhibitoire quand on écoute de la musique. Sauf exercice de la chronique, il est en effet rare que l’on revienne sur un album qui ne nous sied pas, et surtout, j’allais préciser, quand on n’a pas d’attente particulière. Car, contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas la déception qui nous fait reculer quand on écoute un album attendu, mais plutôt le désarroi. Et quand il s’agit d’une découverte provoquée, ou fortuite, on n’en demeure souvent plus sec quant à la décision de revenir dessus ou pas. Il est vrai que je me pose cette question ce soir, parce que ma chronique précédente – celle de 1782 – m’a quelque peu échaudé le cerveau, concernant cette incapacité notoire parfois à pouvoir discerner la maladresse de l’incompétence. Et certainement que je n’aurais jamais de réponse à cette question, puisqu’il est difficile, même en étant objectif, de fonder un raisonnement clair et précis sur cette hypothèse. En tout cas, au plus je fais des chroniques, au plus cette question me revient à l’esprit. Je me dis que certains ou certaines de mes camarades en sont capables. Moi, en toute modestie, j’en suis le plus incapable du monde et souvent cela m’agace. Voire cela m’empêche d’écrire une chronique correctement. Alors, je passe à autre chose ! J’essaye d’autres groupes, et je laisse certains de côté jusqu’à les oublier. Voilà sûrement pourquoi, en dépit de ma bonne volonté, je me retrouve d’ailleurs avec pas mal de retards. Mais en vérité, maintenant, vous connaissez une des causes possibles du dit retard, et j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. D’ailleurs, il est fort possible que je préfère qu’un groupe m’en veuille pour mon récital acerbe sur son album que sur mon retard. Bien ! Vous aurez sûrement compris que cette chronique part sur de mauvaises bases. J’ai bien peur que cette dernière ne soit pas aussi dityrambique qu’elle ne devrait être. Mais essayons quand-même de tirer profit de l’album « Through the Black Bubble » du groupe Invertia.
Invertia est un groupe qui nous vient des Etats-Unis, et du Massachussets, ce qui sur le papier ne pouvait qu’être prometteur, vu l’émergence des nombreux bons groupes, et pas forcément que metal, qui nous viennent de là-bas. Généralement, quand je vois le Massachussets, je jubile ! Je ne sais pas pourquoi, peut-être mon fanatisme assumé pour les Dropkick Murphys. En tout cas, on partait d’emblée sur de bonnes bases. J’ai découvert par la suite une discographie intéressante, avec quatre albums en comptant « Through the Black Bubble », deux EPs, un split avec Denata, Zerfallmensch et Seetyca, et un single. Pas mal, quand-même ! Et puis, tout doucement, en grattant un peu le vernis, on s’aperçoit notamment de deux éléments importants, qui dénaturent un brin le cadre idyllique. A commencer par l’écart entre l’avant-dernier album et lui : sept années. C’est un brin long, même si les deux EPs sont sortis entre temps, je trouve que symboliquement, c’est parlant. Et surtout, un détail m’a frappé, voire inquiété : le changement d’orientation musicale. Ou plutôt LES changements. Sur Bandcamp, le groupe mentionne être passé du black metal au… attention, c’est dans le texte : du « death/punk industriel » pour au final atterrir sur du doom death metal ! Celle-là, je crois qu’on ne me l’a encore jamais faite. Mais alors, le coup du « death/punk industriel », je ne l’ai pas vu venir et je crois que j’ai éclaté de rire, ce qui n’est jamais un bon présage. Sincèrement, ce constat de changement d’orientation m’a vraiment inquiété. Cela démontre une forme croissante d’instabilité et d’indécision qui m’effraie un peu quand-même… Je ne suis plus très sûr de ce que je vais trouver pour Invertia, qui finalement porte bien son nom.
La pochette sent bon l’autoproduction, ce qui est le cas. D’ailleurs j’ai oublié de mentionner que toutes les sorties du groupe sauf le split se sont faites en autoproduction. Détail important ? Probablement que non, mais c’est bien de remettre l’église au centre du village, comme on dit. Dire que la pochette ne m’inspire pas grand-chose serait un bel euphémisme. Je n’ai rien contre l’idée de mettre un champignon atomique en noir et blanc sur une pochette pour illustrer, sans que l’on comprenne comment il évoque une « bulle noire », probablement un sens trop chiadé pour moi (suivez mon ironie…), mais je trouve que cela démontre un manque cruel de goût et de recherche. En fin de compte, cela sent la non-prise de tête criarde et une certaine désinvolture devant l’inintérêt possible qu’engendrerait ce genre d’artwork à l’emporte-pièce. Enfin, sincèrement, même rapporté à l’échelle d’une autoproduction, on ne peut pas s’en satisfaire. J’aurais vraiment aimé que le groupe peaufine plus cette délicate recherche du bon artwork parce que, hormis discréditer la musique d’Invertia, ce dernier ne sert absolument à rien d’autre. Il est juste inintéressant, insipide et grossier. Voilà, rien à dire de plus. Cela soulagera mes correcteurs au moins…
Vous vous souvenez de mon laïus sur la maladresse ou l’incompétence ? Cela mériterait presque une fable dans le cas de « Through the Black Bubble ». Parce qu’on est complètement dedans. Vous vous souvenez également que je vous exposais le changement d’orientation musicale qui m’avait fait tilt ? Eh bien, sachez qu’Invertia fait exactement ce qu’il ne convient de ne pas faire quand on se revendique d’une étiquette musicale, en l’occurence du doom death metal dans le contrat. Parce que cela ressemble à tout… Sauf à du doom death metal. On est d’accord que, quand on parle de doom death metal, on attend de l’énorme lourdeur pachydermique? Ici, faites en le constat vous-même, la lourdeur est tout simplement inexistante. A la rigueur, si j’étais de bon office, je dirais qu’on serait sur du doom metal très minimaliste et sans fioriture, un truc bien old school et qui sent bon l’ancien temps. Mais même pas. Parce que le doom metal a toujours été paré, normalement, de cette production Black Sabbath qui fait qu’on reconnait le genre partout, sans se forcer. Or, ici présent, Invertia semble s’égarer dans une musique étrange, lente il est vrai, mais avec un son indicible, j’y reviendrai. Sur la composition, en première écoute, je dirais que cela m’en soulève une sans soulever l’autre. Je pourrais objectivement trouver l’album « Through the Black Bubble » intéressant dans son minimalisme puisque j’aime cela en temps normal. Mais il y a cette fameuse maladresse sonore qui casse tout. Et du même coup, ce côté « je tourne en rond mes riffs » finit par me lasser rapidement en première intention. Me laissant sur un semblant de faim, car la réelle satiété ne s’est même jamais réellement manifestée, je dirais qu’en première écoute « Through the Black Bubble » n’est pas intéressant du tout. C’est un album qui n’amène rien de spécial, qui reste simple mais peu efficace pour le coup. Il n’y a pas grand-chose de croustillant à se mettre sous la dent et le tympan. J’y reviendrai mais cela sent le soufre qui émane de l’album de trop.
Et on en arrive donc au gros point noir, à défaut de bulle, de cet album. La production. Elle est, pour vous la faire courte, complètement ratée, selon moi. Du moins, si l’on se fie à la revendication identitaire musicalement d’Invertia qui affiche ouvertement ses ambitions de doom death metal. Mais il vous suffira d’écouter l’album pour comprendre qu’au final, il est raté sur toute la ligne d’un point de vue sonore. Aucune lourdeur, aucun riff qui se détache efficacement via un espace sonore qui demeure faiblement occupé par des instruments fatigués, faméliques. Une batterie qui fait le minimum syndical mais plus à l’échelle du petit local de village qu’une succursale de mégapole. Les guitares sont faiblardes et même totalement nasillardes. La basse ? On ne sait pas où elle est, pourtant elle devrait être prépondérante dans le rendu final. Et le chant se démarquerait un brin plus si on était gentil, mais au final il demeure évidemment bien insuffisant pour sauver le navire. En fait, je ne crois pas que ce soit de l’incompétence sur ce cas de figure. Invertia a simplement le malheur de se revendiquer d’un style et maladroitement, de ne pas avoir proposé un rendu logique et idoine pour pleinement porter son étendard. Cela sent fortement la maladresse. Enfin… Sauf si j’apprends que, comme l’artwork, il y a un côté « je n’en ai rien à cirer » qui est assumé, ce qui ferait chavirer mon opinion. Mais je préfère me dire que la production, qui est un échec cuisant, relève plus de l’erreur de maladresse que d’une réelle nullité. Invertia ne pourrait donc que, par conséquent, s’améliorer. Bonne nouvelle, non ? Et puis, c’est évident que quand on change de style comme de chemise, on ne peut pas durablement paraître beau et charmant.
C’est malheureux, mais cet album ne m’ayant rien inspiré de précis, je vais passer au chant qui est, selon moi, la seule raison à peu près valable de « Through the Black Bubble », et encore. Une technique vocale qui se rapproche de ce que l’on attend, en grunt grave ou growl medium, avec une mise en avant qui habituellement me ferait bondir, mais qui ici sauve les apparences à peu près désastreuses sur le plan instrumental et sonore. C’est étonnant d’avoir porté un soin au chant plus qu’au reste… Cela me questionne. Mais encore une fois, ce dernier ne m’inspire pas grand-chose d’exaltant. Cela manque encore une fois d’épaisseur, d’importance. On reste sur du basique en mixage quoi. Un chant mis en avant certes, mais qui n’occupe pas énormément d’espace dans le spectre sonore. Un truc pauvre.
Eh bien… Moi qui me réjouissais de reprendre les chroniques… Pour conclure, Invertia sort donc son quatrième album nommé « Through the Black Bubble » , le tout en autoproduction. Le moins que l’on puisse dire, et avec une forme masquée d’euphémisme, cet album des américains ne restera pas dans les annales des chroniques. Sur le papier, un doom death metal. Mais le dit papier a vite pris la flotte dès les premiers accords retentis. En fin de compte, sans rentrer dans des détails foireux, on ne peut pas franchement identifier de genre autrement qu’avec la lenteur habituelle du doom metal, mais comme la production est totalement ratée, et que la musique demeure minimaliste au possible, on finit bien malgré nous par se lasser de ce « Through the Black Bubble » . Un album qui ne m’a tristement rien inspiré de particulier, aussi bien d’un point de vue visuel, sonore, que riffique. Et au jeu du chat et de la souris, la maladresse a pris le dessus sur l’incompétence, ce qui excuse tout de même un peu Invertia de cette erreur de casting. J’espère que ce n’est pas l’album de trop, avec toute mon empathie sincère… Désolé.
Tracklist :
1. Through the Black Bubble (6:04)
2. Preaching to the Fire (5:34)
3. What We Will Never Be (5:07)
4. A Spokesman for No One (6:27)
5. The Old Suckers (5:42)
6. Vitriolic Tide (4:30)
7. A Fragment of Father Time (4:50)
8. Super Morbidly Deceased (7:40)
Deezer
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