Satanas Ebrietas Conventus (Bois-Jérôme-Saint-Ouen, Brasserie de l’Apoca ...
Photos + report : Le Marquis Arthur
Tout événement metal qui se respecte a toujours de la bonne bière, alors imaginez un festival de Black Metal organisé par une coopérative de 7 brasseries qui ont fondé l’association Ifern En Ti Feurm (organisatrice de l’événement) avec le très réputé label Les Acteurs De L’Ombre Productions. C’est exactement le but du Satanas Ebrietas Conventus : de la bonne musique accompagnée d’une bonne bière et une ambiance conviviale chaleureuse très appréciable, que cette année, votre dévoué marquis se fait un plaisir de vous conter.
Cette année est la deuxième édition du festival, et si j’ai bien compris, chaque année c’est l’une des brasseries partenaire du fest qui accueille l’événement. Et pour cette deuxième édition, c’est donc la Brasserie de l’Apocalypse en Normandie qui aura servi de cadre. Un cadre très agréable dans lequel on pouvait retrouver au bar les brasseries Osseus, Couilles de loup, Jugement Dernier, Ouroboros, Sabotages, et Blast ‘n’ Beer. Autant dire de bien bons breuvages à déguster sur ces deux jours, et en effet la bière a coulé à flots !! (boire avec des amis c’est plus sympa qu’avec modération, on ne le connaît pas après tout). Et pour ceux qui ont trop bu, il y avait les lugubres commodités (les WC quoi).
Jour 1 :
Pour ce qui est des réjouissances de l’événement, nous avons eu des groupes ô combien intéressants : ACOD, Moonreich, Les Chants De Nihil, Cataèdes, Mòr, Haiku Funeral, Créatures et Houle. Tout ces concerts étaient ponctué d’interludes intéressants avec les contes de Quentin Fourreau et Julien Delgrange, les sessions de piano de Alan Horner, le spectacle ‘Lucifer par lui-même‘ de Yannick Cotten et Romain Bertrand, une conférence sur la bière, et une animation sur la fabrication de la bière en méthode traditionnelle. Un programme des plus divertissants donc. Hélas, je n’ai pas pu tout voir, mais j’imagine que beaucoup d’autre participants ont dû être dans la même situation.
C’est Quentin Fourreau qui a inauguré le festival avec ses contes, et à peine a-t-il fini que le voilà qu’il se prépare pour passer sur scène car c’est Cataèdes qui sera le premier groupe pour le festival.
Cataèdes est né de Quentin Fourreau et Dorminn (Antiq Label), ce sont des contes sublimés par de la musique folk parfaitement propice à l’atmosphère des contes, ça les rends encore plus captivants, j’aime beaucoup. Pour ce soir ils nous ont fait le choix de trois contes sur des légendes de femmes : sur une femme piégée par un loup-garou, une sur la croix de la peste dans les vieux pays bretons, et la troisième sur une femme vampire qui tuait ses ‘gardiens’. Des histoires maléfiques certes, mais fascinantes. Souvent c’était Dorminn avec sa voix rauque qui clamait les dialogue ou qui créait de l’écho sur certain mots, ce qui a donné encore plus de profondeur à l’ensemble. C’est la première fois que je les voyait et franchement une très belle découverte, et j’aimerais bien les revoir !
Après un interlude pianistique d’Alan, ce sont Les Chants De Nihil qui montent sur scène. C’est un Black Metal français sur une thématique d’une méta politique et son dictateur controversé. En fait leur thématique a vraiment une ambiance de pièce d’opéra extrême, assez riche musicalement, et leur dernier album « Le tyran et l’esthète » de 2021 rencontre un bon succès. Ils nous ont joué une setlist assez similaire à celle de leur prestation du Rise & Fall fest (Niort) en 2021, mais elle reste toujours aussi plaisante avec entre autre les chansons ‘Le tyran et l’esthète’, ‘Rouge comme tes lèvres’ et ‘Lune rousse’ tirées des premiers albums.
Bien sûr, il était impensable qu’ils passent à côté : ils ont joué ‘Ma doctrine, ta vanité’ tiré du dernier album. C’est sans doute leur chanson la plus populaire (et c’est ma préféré également), c’est vrai que le départ on dirait un chant militaire qui fait magnifiquement partir la chanson. Et pour un final plein de beauté, ils ont terminé sur ‘Dame Silence’, un très bon choix en effet pour conclure leur prestation. J’attends avec curiosité leur prochain album !
Après la seconde session pianistique d’Alan, les festivaliers, avec une excitation survoltée (qui bien sûr était justifiée), se ruent vers la scène pour le dernier concert de la soirée, très attendu : ACOD ! Il faut dire que depuis leur arrivé chez LADLO l’an dernier, la popularité de ce trio marseillais ne cesse de croître, et ce n’est pas moi qui en dirait le contraire. Un Black Metal nuancé de Death Metal sur une thématique d’une mythologie fantastique, avec une grosse puissance qu’ils savent à merveille retranscrire sur scène. C’est vrai qu’un concert d’ACOD reste toujours spectaculaire. Il est vrai que leur dernier album ‘Fourth reigns over opacities and beyond‘ est un franc succès, pas étonnant donc qu’ils ont joué sur la Temple du Hellfest cette année. Dans une pâle lueur bleutée, les voilà qui arrivent sur scène, en pointant le ciel du doigt, sur l’intro acoustique ‘Sur d’ancien chemins’ qui fonctionne très bien pour débuter un concert, mais pas le temps de niaiser, les voilà qui commencent rapidement sur ‘Genus Vacuitatis’, et ainsi ils emportent tout le monde avec une rage aussi infernale que plaisante. Je leur décerne la palme d’or du meilleur pogo de tout l’événement, c’est bien avec eux que ça a été le plus déchaîné des concerts ! Pour mon plus grand plaisir, ils continuent sur ‘The prophecy of agnony’ et son rythme aussi épais qu’un cuirassé de Brashoffer. Bien qu’ils majoritairement jouer des titres de leur dernier album, il y a quand même eu un souvenir de l’album précédent ‘The divine triumph‘ avec notamment ‘Broken eyes’, mais j’aurais aimé revoir en live ‘Road to nowhere’ qui est ma préféré de l’album, tant pis, pour une prochaine fois peut-être. Petite mention pour leur chanteur Fred qui a headbanger tellement vite qu’on aurait dit le décollage d’un hélicoptère. Et comme somptueux final, ils ont joué ‘Empty graves’, avant de quitter la scène sur l’outro. Un de mes concert préféré du SEC de cette année, et qui a admirablement clôturé cette première soirée.
Jour 2 :
Après une nuit fraîche et sûrement bien courte pour les campeurs qui ont dormi sur place, tout le monde commence à se préparer pour ce deuxième jour de la SEC.
Et les réjouissances de la journée ont commencé à 14h avec le spectacle ‘Lucifer par lui-même‘ de Yannick Cotten et Romain Bertrand. On voit donc un décor sur scène avec un fauteuil ancien, une table recouverte de bibelots, et une tringle avec différents costumes dessus. Et là, Yannick arrive habillé en costume moderne, et nous narre l’histoire de Lucifer, exactement comme une biographie, comme s’il était « lui-même » Lucifer justement (d’où le nom du spectacle j’imagine). Mélangeant humour et réflexions rhétoriques dans lesquelles il évoque les sujets philosophiques et inhérents des différentes époques en changeant de costumes et même qui font encore écho de nos jours. Ce qui était drôle c’était sa façon de dire quand Lucifer est devenu « le malin ». Mais la scène la plus surprenante reste quand il s’énerve contre Jésus, Yannick est sorti de la scène en caleçon avec un crucifix dans la main qu’il s’est mis à injurier de plus en plus fort, j’imagine bien la stupéfaction des festivaliers restés dehors quand ils ont dû le voir arriver quasiment nu en colère contre son petit Christ, c’est sûr que la scène était bien drôle. En tout cas c’était un spectacle très original et surtout bien travaillé, qui me donne bien envie de le revoir !
Après une longue pause, 16h arrive, et pour le goûter c’est moules frites ! Enfin m’Houle si j’ose dire car c’est Houle, tel un raz-de-marée, qui s’empare de la scène avec un sample d’orage qui s’accentue de plus en plus jusqu’à ce que la première chanson démarre : ‘Le Continent’. Et là, ils embarquent tout le monde dans leur Black Metal mélodique ô combien plaisant avec leur thématique sur l’univers des marins. Alors qu’ils n’ont qu’un Ep seulement de sorti, leur succès est unanime, en à peine un an, ils se sont développé une popularité fulgurante. Moi je suis fan depuis ma première écoute. Surtout que pour les concert ils ont le visuel parfait : les marinières tachées, les manteaux de pluie recouvert d’algues, les vielles lampes de marins qui s’animent au gré de leur magnifique, que dis-je, sublime chansons ! Et la chanteuse Adsagona qui arrivent en titubant à l’instar de la vague qui ébranle le navire, ça entraîne dans leur univers dès le début. Ils ont bien sûr joué les chansons ‘Au loin la tempête’ et ses riffs déchaînés, la superbe chanson ‘La dernière traversée’ et son chant clair des plus captivants. Et pour notre plus grand plaisir, ils nous ont même joué deux titres du futur album comme ‘Mère Nocturne’ qui nous démontre bien que l’album sera aussi bon en qualité que l’EP, peut-être même encore plus qui sait. Et comme digne apothéose de leur concert, ils ont fini sur ‘Sous l’astre noir’, j’adore l’incroyable puissance que dégage cette chanson. En clair : un excellent concert, encore et encore, comme toujours avec eux, j’espère avoir le plaisir de les revoir bientôt !
Alors que l’atmosphère enthousiaste du concert de Houle commence à retomber, C’est un autre groupe qui se prépare pour ce qui a été leur premier concert. Cinq silhouettes toutes de noir vêtues et encapuchonnées (cliché Black Metal ho ho ho), c’est Créatures qui est désormais sur scène. Un premier concert assez tardif certes, sachant que l’album est sorti en 2016, mais j’imagine que ce n’était pas prévu d’être live au début. En fait premier concert décalé car au départ il était prévu qu’ils jouent à la Noz al Alkimiour en juin dernier en Bretagne. Mais c’est pas grave, la SEC était une bonne occasion de découvrir ce groupe de Black Metal experimental. Certains ont peut-être trouvé étrange qu’un groupe signé chez Antiq soit présent à un événement LADLO, mais pas du tout pour moi, cela démontre la bonne complicité entre les deux labels. Pour ce premier concert, ils ont donc joué l’album ‘Le noir village‘, sur l’histoire d’un village médiéval en proie aux pires tourments maléfiques : magie noire, créatures fantastiques, l’angoisse et l’horreur qu’ils retransmettent avec notamment les sons de clavier, et la voix particulière de Sparda qui d’ailleurs me rappelle celle de Dorminn dans la technique. La première chansons qu’ils ont joué était ‘L’horreur des lunes pleines’, un nom plus qu’équivoque pour parler des loups-garous. Ils enchaînent avec ‘Cadavre abandonné’ et ‘A l’orée du mal’. C’est vrai que c’est une ambiance particulière mais pas forcément déplaisante, je pense qu’il faut juste plusieurs écoutes pour comprendre. Et comme final de leur prestation, c’était ‘Sous le village avenant de la mort’, c’est la fin de l’album, fin de leur histoire, et ainsi fin de leur concert.
Nous avons eu ensuite la conférence sur la bière et d’autres contes de Quentin Fourreau et Julien Delgrange, Et bien sûr nous avons retrouvé Alan et ses sessions pianistique qu’il a joué quasiment entre chaque concerts jusqu’à la fin de la soirée. J’ai beaucoup aimé sa reprise de ‘Par delà les noires glaces et brumes sinistres’ de Crépuscule d’Hiver, c’est un groupe que j’apprécie beaucoup et sa reprise est très bien faite.
La soirée battant son plein, c’est avec une odeur d’encens sous la faible lueur tamisée des chandeliers qu’un nouveau groupe monte sur scène : Haiku Funeral. Ce duo marseillais a fondé son groupe un soir d’haloween, ce qui a dû être inspirant pour la thématique et le nom du groupe. Il vrai que l’atmosphère qu’ils donnent avec le clavier fait un peu penser au Dungeon Synth mais ça reste tout à fait cohérent avec leur style, c’est une musique que je qualifie de »rituel atmosphérique », car il y a certes l’inspiration des poèmes japonais, mais ça parle quand même de mort, une fascination mise en valeur grâce à leur texte poétique justement. Ils ont bien sûr présenté quelques chansons de leur album ‘Drowns their moons in blood‘ sorti en 2021. Ce que j’ai trouvé très original, c’est qu’ils ont utilisé un archet de violon sur une basse électrique, créant ainsi un son particulier. Ce n’est peut-être pas mon concert préféré du festival, mais une découverte intéressante tout de même.
Alors là on pourrait le dire, c’est presque un OVNI qui arrivent sur scène. De qui je parle ? Mòr bien sûr. Il est vrai que c’est un groupe très secret : pas de réseaux sociaux et très peu d’infos en générale. Pourtant ils sont réputé pour leur concerts (qui sont donc leur seules apparitions), et je suis bien d’accord : quelle incroyable puissance ! Un Black Metal très violent qui en a décoiffé plus d’un, et ce n’est pas moi qui suis resté sur la touche, j’ai bien accroché à leur sublime agressivité. Il semblerait qu’il nous ont joué leur live album ‘MMXXI‘, en tout cas pas déçu de la découverte, c’est un groupe qui vaut le détour, et qui n’est fait que pour être vu semblerait il, pas grave ça me plaît. Sachant qu’ils était là pour remplacer The Great Old Ones qui n’ont pas pu venir, c’était un bon changement.
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, la soirée s’approche doucement du dernier concert, cependant pas le moindre, car c’est à Moonreich qu’est revenu la prestigieuse mission de clôturer le festival. Bon choix, c’est un bon groupe de Black Metal traditionnel comme on l’aime. C’est souvent meilleur en concert avec eux c’est bien vrai. Surtout que leur dernier album ‘Amer’ est sorti il n’y a seulement que quelques semaines. Un bon album travaillé, plus profond, presque philanthropique je dirais, et qu’ils ont pu mettre mettre en avant ce soir. Un concert qui m’a rappelé de bons souvenirs de leur passage au LADLO fest II l’an dernier.
L’alternance de beaux passages et confrontation avec d’autres plus violent est vraiment plaisante chez eux, valable sur tout leur album d’ailleurs. Ils nous ont donc offert un beau final pour l’évènement.
Comme toujours avec LADLO, ce festival fut mémorable, j’ai beaucoup aimé l’atmosphère conviviale, les discussions de retrouvailles avec des connaissances, de belles rencontres, les concerts, les animations, la restauration, les stands d’artistes, le lieux, tout était très bien.
Je salue l’association Ifern En Ti Feurm pour l’organisation avec LADLO, et également mes collègues de la Nuée Des Ombres, car nous étions bien présents.
Au plaisir de vous revoir sur un prochain concert.
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