Opera Multi Steel – Les passions tristes
Line-up sur cet Album
Patrick L Robin – Chant, Claviers / Franck Lopez – Chant, Claviers, Guitares, Flûte / Catherine Marie - Claviers, Voix.
Style:
Synthpop / ColdwaveDate de sortie:
17 février 2023Label:
Wave RecordsNote du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 9,5/10
Quarante ans, quand même !
Depuis quatre décennies, Opera Multi Steel nous déverse son hybride coldwave / electro / synthpop sur un rythme régulier digne d’une horloge de cathédrale, avec un univers qui lui est propre et au son identifiable dès la première seconde.
Pendant ces quarante années, inutile chercher un mauvais album d’OMS : y a pas !
Découvert, pour ma part, en 1988 avec “A contresens”, j’avais de suite été séduit par leur univers.
Et ce ne sont pas quelques albums suivis aléatoirement par la suite qui avaient changé cette impression avec comme point d’orgue “La légende dorée” (2010), qui reste un des albums du trio que j’ai le plus écouté… et adoré. Des titres comme “Karma sous trame”, “Au sein de l’essence même”, “Sainte So”, et surtout les merveilleux “Perdre connaissance” et “Homélie mélodique” font encore partie de mes playlists.
C’est aussi à ce moment là qu’il y a eu une prise de conscience concernant la richesse, tant de leur textes, que de leur musique : fortement influencée par le Moyen-Âge, autant que par la religion, Opera Multi Steel puise son inspiration dans des références culturelles, religieuses ou historiques, avec un sens du jeu de mot subtil bien présent, pour un certain décalage humoristique bienvenu, au milieu d’une mélancolie, certes impalpable, mais bien présente.
Jusqu’à “La légende dorée” (premier album sorti sur l’excellent label Wave Records), titre d’un ouvrage en latin écrit entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine (dominicain et archevêque de Gênes), qui raconte la vie d’environ 150 saints ou groupes de saints, saintes et martyrs chrétiens, et certains événements de la vie du Christ et de la Vierge Marie (pour les curieux, voir >> ici <<), je n’y voyais qu’un groupe à classer à côté des excellents Trisomie 21 et qui nous proposaient une vulgaire coldwave à la boîte à rythme et au chant monocorde. Bien qu’aimant ce concept, je n’approfondissais pas mes écoutes, me contentant d’écouter avec plaisir comme on s’écoute machinalement un album de tout-venant à classer entre le précédent et le suivant. Putain, quel con je fus !
Mais depuis, le regard et l’écoute ont bien changé.
C’est avec un autre état d’esprit que les albums entre “Mélancolie en prose” (2013) jusqu’à “D’une pierre deux tombes” (2021) ont été appréhendés, me rendant compte d’une richesse – définitivement un des mots-clés pour décrire au mieux la musique d’Opera Multi Steel – insoupçonnée jusqu’alors.
Et c’est aussi là que le trio montre qu’il est capable d’évoluer niveau musical : c’est à compter de “D’une pierre deux tombes” que sa musique s’enrichit considérablement d’éléments plus électro qu’avant, certes sans pour autant verser dans un dancefloor qui contrasterait trop avec la solennité religieuse habituelle, avec en prime quelques petits samples disséminés un peu partout. Et surtout, cette capacité de créer des couplets et des refrains imparables, addictifs dès la première écoute.
En treize titres pour plus d’une heure de musiques, OMS poursuit son évolution amorcée sur “D’une pierre deux tombes”, sans pour autant se révolutionner : faire du neuf avec de l’ancien, du changement dans la continuité ?
Un peu de tout ça : si le trio évolue, il ne se renie pas, loin de là.
Mais ces changements ne risquent pas de faire fuir les anciens fans et pourraient en grapiller de nouveaux : tout en restant fidèle au son particulier qui le caractérise, OMS l’enrichit de rythmiques plus électro auxquelles nous n’étions pas habitués. Les titres ont un tempo plus enlevé que d’habitude aussi, même si le groupe aime se faire plaisir avec des titres plus intimistes, aux ambiances plus sombres, voire recueillies, qu’il affectionne depuis ses débuts.
Cet album est une pure réussite de la part d’Opera Multi Steel, sans doute aussi le plus varié et le plus ambitieux, et toujours d’une richesse musicale et textuelle remarquable.
Même l’artwork fait preuve d’une recherche élaborée : réalisé une nouvelle fois par Hernan Czauski à partir du tableau “Marguerite au Sabbat“ du peintre Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929) réalisé en 1911 (toujours pour les curieux, c’est >> là <<), lui-même inspiré du mythe de Faust et, pour la petite histoire, le clip du titre “Le Soleil est parti” comporte des scènes au film “Faust” de Friedrich Wilhelm Murnau tourné en 1926 (encore pour les curieux : this way please !.
Jusque là, “La légende dorée” restait pour moi l’album référence d’Opera Multi Steel, ce “Les passions tristes” pourrait bien le détrôner.
En clair, indispensable !
Tracklist :
01. Dites-nous (5:46)
02. Le chant des Signes (4:36)
03. Tout en Tous (4:36)
04. À nos Moments perdus (5:01)
05. Tombés à Terre (4:06)
06. À la Messe ou aux Vêpres (4:54)
07. Au grand Jamais (4:34)
08. Le Soleil est parti (5:20)
09. D’Arborescences (5:09)
10. Triomphale (6:10)
11. État de Grâce (4:54)
12. Obscur Recueillement (4:46)
13. Les Toiles (5:19)
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