Note du Soilchroniqueur (Seblack) : 9/10

Né en 2014, Nornír n’est peut-être pas le groupe le plus prolifique en termes de sorties ; par contre, quand il sort un disque, on sait que celui-ci va être de qualité. « Skuld » n’est, en effet, que le deuxième album de cette formation allemande, il sort une nouvelle fois chez Northern Silence Productions, ce qui est très souvent aussi un gage de qualité. Pensons à l’album de Faidra récemment sorti et à bien d’autres.
Ce disque marque aussi la fin d’une trilogie dédiée aux trois Nornes de la mythologie norvégienne, en l’occurrence : Urd  (pour le premier EP de 2017), Verdandi (pour le premier album de 2019) et donc maintenant Skuld.

Alors que Urd représente le passé et Verdandi le présent, Skuld, elle, incarne ce qui va advenir. Avec cet opus, Nornír aborde donc la chute d’un monde voué à disparaître. Ce sont d’ailleurs des sonorités prophétiques qui ouvrent cet opus avec de forts accents folk et nordiques. Des passages ou des pistes plus atmosphériques, que l’on retrouvera à plusieurs reprises et qui s’imbriquent avec un ensemble plus foncièrement black metal. Loin d’être de simples interludes d’ornement, ces ambiances se fondent parfaitement dans le tableau général dépeint au travers de cet opus ; un peu comme une sorte d’aller-retour entre le ciel des Nornes et la terre des hommes. « Helvegen » qui est l’un des titres mêlant ces sonorités, est une reprise de Wardruna. Très réussie, cette composition comporte une première partie acoustique assez fidèle à l’originale, et une seconde beaucoup plus hargneuse.

Musicalement, Nornír continue d’évoluer dans un black qui transpire la Scandinavie par tous les pores, avec un riffing glacial et des motifs mélodiques virevoltant comme des cristaux de glace aiguisés. Assez classique dans sa forme, ce black metal s’avère millimétré avec des compositions à la fois variées et homogènes. Sauf à jouer les blasés, il est assez difficile de ne pas succomber à ces sonorités, tant elle sont efficaces et impitoyables.
Là où le groupe se détache probablement le plus des autres formations, c’est une nouvelle fois au niveau de la voix de sa chanteuse, Lethian, dont la rage emporte tout sur son passage. Du high scream en passant par les tonalités plus rauques ou solennelles, c’est un doux euphémisme que d’affirmer qu’elle habite littéralement l’album. 

Avec « Skuld », Nornír propose donc un album des plus aboutis et à l’intensité remarquable. A l’image de l’artwork, la tonalité est résolument très sombre, très agressive tout en se parant de nuances nordiques folk superbement intégrées à l’ensemble. Il serait dommage de passer à coté de cet album, et plus généralement de cette trilogie.

Tracklist :

1. Vígr (01:39)  
2. Krigsrop (04:35)  
3. Hel’s Postulate (07:15)  
4. Dedicated to the Night (07:12)  
5. Helvegen (Wardruna cover) (05:52)  
6. Galdr (01:44)  
7. Høst, du ville kraft (06:28)  
8. Pest (06:48)  
9. Ere the World Falls (08:37)  
10. Valr (01:25)

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