Photographes / reporters : Melissa / Carole

Si le Dark Medieval Fest nous était conté, il dirait que …

Par ces temps pluvieux de l’an de disgrâce 2024, deux voyageuses ont pris part à des festivités non pas pour chanter les complaintes « d’Hudebert Le Braillard », ni pour parler de fadaises mais pour se porter témoin d’un événement musical qui restera gravé dans les pages du temps : Le Dark Medieval Fest ou disons plutôt le Rassemblement des Grands Seigneurs venus célébrer les victoires et les défaites ou bien en quête de spiritualité.

En arrivant sur les lieux, nous ne pouvions pas manquer le marché des artisans qui exposaient fièrement leurs objets façonnés de leur main. Quelques dames s’attardaient devant les parures en rêvant peut-être du collier qui égayerait leurs tenues mondaines. Tandis que les brasseurs de bières accompagnaient quelques participants dans leur dégustation mais les tenanciers ne sont pas assez sots pour dévoiler leurs secrets de fabrication qui perdurent depuis des millénaires !

S’il revenait à The Klovers d’ouvrir les festivités et de faire résonner leurs chants et leur musique celte, les premiers arrivants s’étaient déjà appropriés les lieux bien avant nous, une bière à la main et le sourire aux lèvres, nul doute que le combo avait transmis sa joie et sa bonne humeur dès les premières heures.

Sous la bannière du Dark Medieval Fest la compagnie Lamhes du Val d’Azergues et leurs regards de défenseurs n’étaient point là pour congédier quiconque oserait s’inviter sans laisser-passer mais pour susciter des vocations auprès de celles et ceux pour qui le combat à l’épée fascine encore de nos jours.

Puisque le rassemblement et la convivialité étaient les maîtres mots d’une journée qui s’annonçait épique, elle était remarquable par la présence de ces Grands Seigneurs réunis avec les convives, dans la grande salle d’apparat, pour leur plus grand bonheur.

Vosegus érige pour la troisième fois son emblème sur la scène du Dark Medieval Fest. Le combo puise son inspiration dans la culture Black Pagan Metal et la transmet par des rythmes lents et ténébreux que l’on retrouve dans des marches funestes. Tels des guides spirituels, Vosegus nous emmènent vers de lointaines contrées sombres et mystiques où ocsillent les chants avec des intonations claires et gutturales qui couvrent un rythme musical à tendance hypnotisant. Attendaient-ils un ennemi pour le piéger dans cette ambiance mélancolique et oppressante ou bien étaient-ils, ce soir-là, les messagers des dieux pour honorer les esprits protecteurs ? Qu’à cela ne tienne, Vosegus reste traditionnel dans les origines musicales du Pagan Metal et le public se laisse facilement séduire.

Vient au tour d’Hellixxir d’envahir la scène et d’élever son étendard. Formé en 2001 sous l’égide du Seigneur Matthieu Laforêt (Rythm and Lead Guitars), il a formé sa garnison avec Romain Charbonnier – Drums, Alexandre Moulin – Bass, Laurent Couarraze – Guitars, Alexandre Manin – Vocals, lineup stable et solide depuis 4 ans. Hellixxir se place parmi les groupes emblématiques de la scène grenobloise et n’a de cesse d’exceller dans un registre alliant Thrash Metal, Death Metal, voire même Black Metal « Oxymoronic Way Of Life ». Hellixxir nous ouvre les portes de sa forteresse noire avec notamment « The Black Fortress », leur dernier album en date, sorti en 2019 chez Music Records. Leur musique nous guide vers une ambiance sombre et agressive associée à des textes qui nous plongent dans les méandres des âmes tourmentées. Ne vous y méprenez pas, Hellixxir ne cède aucune place à l’ennui : on y trouve volontiers des changements de mesures, des riffs acérés et des mélodies entêtantes, dans des compositions complexes. Le groupe sait captiver l’attention du public comme sur « Wolf Behind Bars », morceau dont le vidéoclip est visible en ligne sur leur chaîne Youtube où le chanteur se met dans la peau du personnage sombre et mystérieux décrit tout au long de l’album « The Black Fortress ». Pour la première fois, Hellixxir a profité de son passage pour présenter deux de leurs nouvelles compositions à paraître sur leur prochain album : « An Overview Of The Great Beyond » et « Birth Of The Goodness » ; nous attendons avec impatience la sortie de ce nouveau disque, qui semble prometteur et dans une forme de continuité de leur précédente galette.

Laissant place aux Tourangeaux, Drakwald, est un groupe de Pagan/Folk Metal qui associe des riffs de Death Metal Mélodique avec des instruments traditionnels telles que des cornemuses écossaises et des flûtes irlandaises. Le combo s’inscrit parmi les groupes phares de la scène locale depuis 2012 ; il s’est produit sur des scènes illustres telles que le Mfest, le Cernunnos Pagan Fest, Motocultor et se pare au côté d’Ensiferum lors d’un périple à travers la France en 2015. Revenus triomphants de ces victoires, ils sont acclamés au-delà de nos frontières (Belgique et Allemagne). Ces messagers nous rappellent que la domination de l’être humain sur son environnement prend des proportions telles qu’il en oublie qu’il fait partie de cette terre au même titre que la nature qui l’entoure. Si nous gardons les yeux fermés face à la colère des dieux la fin de l’ère des hommes est annoncée. Drakwald nous emmène dans l’univers païen où la dévastation prend une ampleur terrifiante que l’on retrouve dans l’album « Black Moon Falls »

Entendez-vous le son du cor de guerre ? Les vents ont poussé les langskips jusque dans nos fleuves avec à son bord des vikings venus d’Espagne. Icestorm brode un Death Metal Mélodique/Historique sur les thèmes issus de l’ère viking ou la lutte des chevaliers teutoniques contre les païens d’Europe du Nord. Si les récits des anciens temps vous inspirent, ils vous apprendront que les héros, avec leur soif d’aventure, étaient souvent confrontés à un destin funeste où les épreuves les poussaient vers des quêtes périlleuses pour la gloire et les honneurs. C’est ce qu’Icestorm résume dans ses compositions ….

Le froid et la pluie avaient ouverts les appétits et un repas chaud était plus que bienvenu. Pour nourrir les convives nul besoin de piller la nourriture dans les villages voisins, le Maître-Queux dit « Le Ventre Plein » avait suffisamment de réserves et avait assuré ses services jusqu’à son dernier plat. Il ne fallait pas espérer une deuxième fournée de joue de porc ; il n’en restait que le nom gravé sur l’ardoise. Après ce fastueux banquet, il fallait regagner les rangs pour écouter les deux dernières batailles qui s’annonçaient impitoyables.

Véritable référence dans le Black Death Metal Symphonique, Sangdragon suscite l’engouement auprès d’un public déjà conquis depuis la trilogie mystique Daemonium-Akhenaton-Sangdragon et fait naître de nouveaux compagnons de route. La raison ? Le double album « Hierophant » « The Black Dragon » pour la partie métal et « The White Dragon » pour la partie médiévale/folk sorti en 2023. Cette année-là, les messagers et les autres rapporteurs avaient sans réserve annoncé cette bonne nouvelle digne d’intérêt, ils n’avaient pas non plus tari d’éloges sur ce joyau musical qui se révèle être sculpté avec un savoir-faire d’exception ; nul doute que cette année Sangdragon marquera encore de son empreinte sa présence imposante et son talent incontestable. C’est en terre beaujolaise que nos guerriers ont fait une halte et pris possession des lieux pour une heure de spectacle qui fût aussi intense que prodigieux. Si la crainte de tomber dans une embuscade nous avait effleuré l’esprit, il n’y avait pas, ce soir-là, la nécessité de dégainer les armes car les épées étaient rangées dans les fourreaux. Sangdragon c’est un voyage dans une période de l’histoire bien lointaine où se mêlent des textes tantôt profonds, tantôt dramatiques que l’on retrouve dans « Deep Dark Descent » c’est un enchainement de riffs puissants ……Sangdragon est bien plus redoutable sur « Front of Steel » chargé en rythmes frénétiques…«Under My Stigmata» mélodique, lent, …. ensemble associé aux chants lyrics. C’est dans cette communion où l’harmonie règne en souveraine : elle ouvre la porte à l’expressivité et à l’émotion ; une symphonie orchestrée avec précision et habileté par Lord Vincent Urbain.

Bien que nous fûmes sous de bonne garde, la présence indésirée des spectres malveillants se faisaient ressentir. Seul un allié de taille était en mesure de chasser ces indérisables. La lignée des dragons est éteinte depuis très longtemps et nul ne sait par quel mauvais sort ils ont été enfermés pour l’éternité dans les récits des légendes. Mais cette absence a fait place aux cracheurs de feu, dignes héritiers de ces créatures fantastiques que Les Péregrins d’Ycelieu ont fièrement rendu hommage, en cette nuit ténébreuse, par leurs flammes ensorcelantes et sous les regards émerveillés des curieux.

Après un raid chez les helvètes, les runes ont guidé le clan viking de XIV Dark Centuries de la région de Thuringe en Germanie jusque dans nos terres. Après des échanges visant à protéger nos biens les plus précieux, un accord solennel fût trouvé : celui d’épargner nos vignes et nos villages en échange de notre hospitalité. Ce temps de repos fût l’occasion d’écouter leur histoire. Nos guerriers évoluent dans un Black Pagan Metal et plus précisément « metal païen » de Thuringe » d’où ils sont originaires. Ils nous embarquent avec eux dans leur épopée fantastique à travers les temps anciens mais toujours aussi vifs dans nos âmes. Tel un skali décoré de boucliers, étendards et autres effets, XIV Dark Centuries prend place comme les jarls d’autrefois et nous content leurs sagas. Celles-ci nous emmènent sur les champs de bataille, dans les ténèbres, en passant par les salles froides ; on se remémore le temps de Jul avant de nous replonger dans les profondes et denses forêts germaniques tant redoutées par les romains.

XIV Dark Centuries est surprenant par sa richesse musicale, mélangeant des riffs puissants et des mélodies guerrières propres à l’univers viking.

Encore une nouvelle aventure pour ces deux voyageuses qui ont pour habitude d’arpenter les petites salles de concerts ou les festivals depuis plusieurs années et d’y découvrir des musiciens aussi talentueux que généreux dans leurs prestations. Il a été difficile de décrire précisément ce que le Dark Medieval Fest peut représenter dans l’esprit des fans de Death Metal, de Pagan Metal… tant le programme était de grande qualité. Mais une chose est sûre, il a fait travailler leur imagination débordante pour écrire ces lignes !

Nous remercions l’ensemble des musiciens dont leur talent n’a d’égal que leur gentillesse. Leur accueil au

merch a été plus remarquable. Nous saluons au passage Alexandre Manin « Le brave » chanteur d’Hellixxir, qui n’était pas au mieux de sa forme et qui a épuisé tout ce qui lui restait d’énergie pour assurer le show jusqu’à la fin.

Nous remercions Nathaniel Reynaud, le Grand Maître des Lieux, nous gardons de cette 4^e édition un souvenir inoubliable. Nous te félicitons pour ton engagement dans la promotion de la scène locale et pour tout le travail que tu as mis en œuvre jusqu’à présent pour faire vivre notre passion commune. Nous serons donc au rendez-vous l’année prochaine pour la 5^e édition afin de lever nos verres sous ta bannière, sans oublier la présence de ta super équipe de bénévoles, avec un public encore plus nombreux car ce festival a tout le mérite de perdurer dans le temps.