Deathtoberfest III (Fleron – B -, 12 octobre 2024) ...
Photos + report : Manu Caron
Troisième édition du Deathtoberfest, initiative associative locale – Primitive Music / Tempo Ardent – qui réunit plein de copains dans un lieu insolite. Nous sommes dans les anciens locaux désaffectés des charbonnages Belges. Un lieu d’histoire transmet en lieu culturel et artistique, dédié pour ce jour à la gloire du death metal et du grind.
La salle, certes petite (ce qui fait aussi son charme) est franchement conviviale. Jadis les mineurs y prenaient leurs repas, déposer leurs effets personnels avant de descendre à la mine. Aujourd’hui pas de gueules noires mais des gueules enchantées pour fêter le métal extrême.
On y découvre des jeunes talents locaux et des vieux briscards, et pour certains cultes.
Côté son et lumière, ça assure. C’est parfait !
Pour ce qui est du mosh, c’est une version belge sans doute avec une chorégraphie qui semble bien rodées et qui fédère les habitués, dont la main droite s’agite en l’air comme pour dire « parle à ma main ». C’est bon enfant mais attention ça bouscule !
A partir de 12h30, les groupes et les prestations vont se succéder jusqu’au bout de la nuit.
C’est la scène locale qui commence avec Soil Of Fear qui a la lourde tâche d’animer un public pas encore au complet et de chauffer la salle. Et ce jeune combo s’en sort très bien. Originaire de Louvain-La-Neuve, formé en 2021, le groupe délivre un metal groovy de belle facture. Un bon avant-goût de ce qui va suivre.
Senttura prend le relais de ce marathon de l’extrême. Ce groupe Liégeois formé en 2020 nous percute avec son death metal, thrash et heavy à souhait. Les compositions sont belles et variées. Les riffs nous prennent à la gorge, le chanteur crache sa colère et la rythmique est écrasante. Le bon cocktail pour emmener le public dans des mouvements de foules qui bouscule.
Un bon moment de metal avec Senttura qui devrait sortir prochainement sa nouvelle galette.
La prestation suivante est donnée par des musiciens qui s’emparent de la scène déguisés en bananes. Philippe Katerine ? Non, c’est Bluewaffle Sauerkraut. Le groupe est manifestement très attendu. Le mosh va reprendre de plus belle.
Mais arrêtons nous rapidement sur le nom étrange de ce groupe des Pays-Bas.
« Blue Waffle », littéralement la « gaufre bleue ». Une légende urbaine ou un canular qui circule sur internet, prétend qu’il existerait une maladie ne touchant que les femmes et sexuellement transmissible. C’est la maladie du sexe bleue (on connaissait la « Blue Touffe » avec la schtroumpfette). Si vous en avez l’image, vous avouerez que c’est plein de poésie ! Non ? Non mais passons.
Sauerkraut, veut dire choucroute en allemand. L’image est encore plus belle, « Choucroute de pépettes bleues ».
Pour ce qui est de la musique, nos artistes envoient un goregrind sanglant, hyper rapide, sans concession. Le chant, j’ai du mal à le décrire. Je ne sais pas ! Un cochon à qui on écrase les couilles, sans les arracher pour faire durer le plaisir des oreilles ? Mais comment fait-il ce « chanteur » ?
Dans la salle, accrochez vous ou éloignez vous si vous ne voulez pas finir contre un mur, au sol ou la tête dans une enceinte. Bref, un bon moment d’égarement sommes toutes bien cadré.
Les Luxembourgeois de Inhuman Rampage ne vont pas calmer les esprits. Leur deathcore et ses riffs/rythmiques/chants de grosses brutes met le feu et décollerait presque les affiches.
De musique brutale il est toujours question avec Obsolete Humanity, autre groupe de Liège avec à la guitare Simon, le sympathique organisateur et Monsieur Loyal du Deathtoberfest. Les musiciens délivrent une musique puissante, de bonnes compositions dark, death… c’est bien bon tout ça !
Le voyage au cœur de la brutalité se poursuit avec Gore Force 5 qui nous bourrine le crâne d’un death metal dans la pure tradition, old school à réminiscences modernes, saupoudré de grind. Les gars d’Anvers crachent leur colère depuis 2007. Le chanteur depuis son fauteuil roulant, sur scène, nous montre comment se dépasser et aller au-delà de soi et du handicap. Son énergie, sa seule présence font plaisir à voir et à vivre. Ce soir-là j’ai perdu une oreille et il en ai pour partie responsable. Mais bravo monsieur.
Jusque-là, je me dis « mais quelle putain de scène musicale ». C’est que de l’amour et du partage. Le plaisir d’être là.
Place maintenant à un groupe culte et quatre enfoirés qui nous tirent la langue nous les deux minutes. Fidèles au poste, les Valenciennois de Putrid Offal crachent leur death grind à la gueule depuis 1989 !
Des papis ? Possible. Mais sur scène, quelle présence et quelle technique. Quelle haine de la part de ces gars gentils comme des poulets (le volatil, pas le flic) ensanglantés.
Ils sont là, ils assurent, ils sont au rendez-vous eux. Pas comme le public qui est dehors (temps froid, maussade, gris, humide) à s’encrasser les poumons. Public, tu ne connais un groupe mais fait lui l’honneur de l’écouter, tu as payé pour cela !
Bref, public aux abonnés absents mais prestations à la hauteur.
Leng Tch’e, autre maître du grind death, la face cachée, sombre et coléreuse de Gand, n’a de cesse depuis 2001 de brutaliser les enfants et les personnes âgées passe amicalement sur scène. Serge Kasongo, le chanteur, est content d’être là. Il est venu pour s’amuser et partager sa joie même si semble être en colère quand il chante. Le pari est réussi haut la main. Ça dépote, c’est bon, ça bourrine, la musique est audible. Belle prestation.
Le mot de la fin pour les Allemands de Cytotoxin. Ces gars là sont radioactifs, toxiques, cytotiques, death et techniques, enfumés et enfumants, et ne sont pas là pour rire.
Pas de quartiers, le chanteur nous arrache la tête avec ses growls, les guitaristes nous découpent de leurs riffs, le bassiste nous donne la force de nous relever et de résister quand le batteur nous enfonce six pieds sous terre. Prestation de dingues.
Cette troisième édition du Deathtoberfest fut d’une grande qualité par les groupes qui se sont succédé, les prestations délivrées et par le gros son/bon son produit par des ingénieurs qui savent y faire. Il y a du beau monde dans cette contrée, de bons et beaux artistes qui nous donnent le mieux d’eux-mêmes sur scène.
Un beau festival en résumé que l’on doit à l’omniprésence de Simon, et des bénévoles. Merci à eux. Merci aux groupes. A l’année prochaine.
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