Line-up sur cet Album


  • Rachid Trabelsi : batterie
  • Yves Pene : guitare
  • Tarik Usciati : guitare
  • Brice Moreau : chant
  • Thomas Humbert : basse

Style:

Death / Thrash Metal

Date de sortie:

29 novembre 2024

Label:

GreyveStorm Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

Le plus corrosif des acides est le silence.” Andreas Frangias

J’avais fait un gros monologue avec moi-même et finalement, puisqu’il était advenu que je l’écrive, avec vous, sur la question de sortir de sa zone de confort quand on est chroniqueur. Il est vrai que nous sommes tentés d’aller sur des styles de metal, et plus généralement sur des genres musicaux que l’on maitrise par notre expérience et nos attraits. Néanmoins, je ne pense pas du tout de la même manière. Je considère que la grande force d’un chroniqueur est de pouvoir mettre à plat ses acquis et compétences pour s’essayer à d’autres styles, voire même à aller sur de nouveaux sentiers dans son errance critique. C’est ce que je souhaitais faire en parlant du genre speed metal que je n’ai, pour ainsi dire, jamais écouté ; du moins, pas volontairement en tout cas puisque je ne m’en souviens pas. C’est l’exemple le plus précis que j’ai et que je ne désespère pas un jour d’aborder, j’avais personnellement proposé le challenge au webzine qui est resté lettre morte. Comme quoi, on reconnait les courageux… Ce ne sont ni les alsaciens, ni les isariens, etc. Mais plutôt les pécores ardéchois ! Bref, revenons à nos moutons. Je m’occupais jusqu’à présent des sorties Les Acteurs de l’Ombre Productions en lien avec l’agence de promotion Solstice Promotion qui m’avait envoyé, très curieusement (mais pas tant que cela au final) l’album de Blóð sorti chez Talheim Records Germany à faire en chronique. Fort aise de cette confiance, Noémy avec qui je suis en lien pour ce partenariat exhaustivement constructif, m’a proposé d’étendre ce dernier avec les autres groupes qu’elle a sur son roster. Et notamment donc cet album dont je vais vous parler ce jour ! Cela a donc relancé mon questionnement sur l’idée de sortir de sa zone de confort et de s’essayer à d’autres styles. En même temps, je compare régulièrement l’exercice de la chronique comme un voyage. On ne connait pas le pays, on l’idéalise parfois à l’excès, et on part sur des bases neuves pour s’allier à d’autres cultures, d’autres personnes, d’autres paysages, et j’en passe. Pourquoi cela ne pourrait pas être le cas en chroniquant un album qui n’a presque rien à voir avec mon état d’écoute basal ? J’ai donc décidé d’accepter l’offrande qui m’a été donnée en vous proposant une chronique non pas en release du jour comme je suis censé le faire, mais avec un peu de retard, ayant traversé des semaines un peu turbulentes sur la santé et le travail. Alors non ! On ne parlera pas de speed metal ce soir, mais on va aborder l’album fraichement sorti de Corrosive Elements nommé « Cut the Serpent’s Head« . Tout un (beau) programme, je vous le dis !

J’ai souvent fait les louanges du leader du groupe Conviction, ex-Temple of Baal, il est temps pour moi de faire l’éloge de son acolyte batteur dans Conviction, et l’un des membres originels de Corrosive Elements. J’ai nommé Rachid Trabelsi ! Mais Corrosive Elements est d’abord un groupe français, de la ville de Paris qui brille sur le monde depuis que les cloches de Notre-Dame sonnent à nouveau ! Oui, je tape ma chronique en ayant en fond sonore le live de l’ouverture de Notre-Dame. Je pensais entendre « Cut the Serpent’s Head » dans la cathédrale, ou peut-être Gojira, mais ce ne sera pas pour ce soir… En découvrant la discographie du groupe parisien, j’ai été surpris de constater qu’en bientôt vingt ans d’existence – les débuts datent de 2005 – il n’y avait « que » deux albums en comptant ce dernier. Sans compter un EP en 2008 et un live album en 2016, il n’y a en effet que deux albums, le premier étant sorti en 2015, soit dix ans après les débuts du groupe, et il faudra attendre neuf longues années pour voir naître « Cut the Serpent’s Head« . Surprenant ! Il faudrait demander la raison de cette discographie famélique, mais qui ne rime pas nécessairement avec de mauvais augures. Bien au contraire ! C’est peut-être le gage d’une qualité rare, ou d’une rareté qualitative. On y va ?

Avant d’aborder la musique, je vais dans un premier temps donner mon point de vue et mon analyse sur la pochette qui m’a donné un peu de fil à retordre. Je suis tombé sur le clip où l’on voit l’élaboration de l’artwork étape par étape, ce qui m’a permis de découvrir que l’image qui sert d’artwork est en fait coupée en deux. Une partie que vous verrez plus bas d’ailleurs. Ici, nous avons un format très graphique, avec des couleurs intéressantes dans l’harmonie de l’image, plutôt inattendu comme mélange. On pourrait avoir un énième décorum sombre au vu de l’ambiance qui règne ici, et ce choix d’employer un nuancier qui va du orange clair au violet est franchement intéressant ! Maintenant, sur l’image en elle-même, je suis un peu plus sceptique. Dans l’idée, cela me fait penser à un projet de bande-dessinée dystopique mais qui irait sur des iconographies mythologiques avec notamment l’hydre de Lerne qui me semble être bien représentée ici même, et surtout la présence des tripodes de la Guerre des Mondes. En fait, c’est ce mélange de références qui n’ont pour ainsi dire rien à voir entre elles qui me laisse perplexe. Ensuite, le fait que des humains se mettent en position de prière, peut-être pour implorer pour survivre la dite hydre, mais peut-être aussi comme une forme de divinité. C’est là que je me perds beaucoup finalement. Pour moi, il y a trop de références d’un coup, cela en devient maladroit et surtout trop chargé inutilement. J’ai regardé s’il y avait un lien apparent avec le nom des morceaux par exemple et je n’en ai pas trouvé particulièrement. Je suis un peu à cheval sur le principe de cohérence entre le visuel et l’univers musical revendiqué, pas forcément le style d’ailleurs ! Mais là, il y a quelque chose d’assez incohérent qui me maintient dans une indécision. Je pense qu’il n’y a pas mieux que d’avoir un premier abord clair et précis, sinon il faut aller sur un concept poussé jusqu’à un certain paroxysme artistique, comme le fait de développer son univers entièrement. Il ne suffit pas de proposer un artwork superbe, ce qui visuellement est largement le cas ici, et je salue le style de la nommée Anaïs Mulgrew pour le travail de sape qu’elle a accompli ici pour ce « Cut the Serpent’s Head« , mais il manque cruellement de la cohésion pour moi. Dommage.

Allez ! On va enfin connaître quel genre j’aborde ce soir que je n’aborde quasiment jamais. Corrosive Elements propose en effet du bon thrash / death metal, ou du death / thrash metal c’est selon les gouts. Moi, je trouve que d’avoir le choix de la dénomination résulte d’une très bonne composition puisqu’ici, alors que je suis plus rompu à l’exercice du death metal que du thrash metal, je trouve que l’équilibre des styles est excellent. On a en effet cette lourdeur caractéristique du death metal mais bien amené par les riffs acérés du thrash metal, qui groovent bien et qui amènent cette énergie supplémentaire qui manque souvent au death metal. La musique de « Cut the Serpent’s Head » est bien ficelée, je trouve les compositions plutôt old school dans l’intention, avec des sonorités pas si modernes que cela, ce qui paradoxalement me plait bien puisque, loin d’être un initié du thrash metal (ayant débuté dans le black metal des années 90), je suis toujours sensible à l’approche old school dans le metal. Pour vous dire, la modernité, j’ai du mal. Alors, Corrosive Elements m’amène dans un style de metal qui se meut très bien, qui n’a pas d’autres prétentions selon moi que de faire un death / thrash metal qui défoule les foules, je suis satisfait. Avec du recul, sur cette première écoute, je pense que si je l’ai trouvée agréable et satisfaisante, cela vient du fait que je trouve que le mélange entre les deux genres nommés ci-contre me semble être le meilleur pour agrémenter le thrash metal tout seul. Vous me parleriez d’un thrash metal avec du black metal par exemple, je ne serais pas aussi content. On ne va pas se mentir, les meilleurs groupes de thrash metal sont ceux qui accompagnent leurs sonorités originelles d’une certaine lourdeur. L’exemple qui me vient en tête tout de suite, qui n’est pas à cent pour cent du thrash metal mais qui s’en rapproche, c’est Debauchery. Son morceau « Monster Metal » est extraordinairement lourd quoi ! Ici, le groupe parisien va sur ce terrain groovy et lourd, ce qui apporte un soupçon d’agressivité à sa musique, et je me suis prêté étonnamment au jeu des mouvements corporels qui ne trompent pas. Enfin, voilà où je voulais en venir pour parler de cette première écoute instinctive et intuitive. « Cut the Serpent’s Head » proposé par Corrosive Elements m’a proposé un bon moment, bien sympathique, pas forcément plus extatique que cela mais avec au moins le mérite de m’avoir donné la patate pour faire mon ménage en temps de pluie. Ce n’est pas rien quand-même pour quelqu’un qui a du mal à arpenter les arcanes du thrash metal, vous en conviendrez. C’est donc surement très prometteur pour les amateurs du genre !

Je parlais en haut de sonorités old school. Je pense en effet que la volonté du groupe est de faire dans le côté vieux son bien « thrash » comme on dit vulgairement, tout en ayant bien évidemment une petite touche de modernité mais somme toute suffisamment légère pour être à peine perceptible. En tout cas, j’apprécie beaucoup l’effort de Corrosive Elements sur ce point précis, de ne pas tomber dans l’hyper modernisme sonore qui gangrène pas mal la scène depuis quelques années. Je connais toutefois moins les productions de ce genre, donc ma comparaison va s’arrêter à de simples impressions éphémères. Je trouve qu’il y a effectivement quelques petites améliorations à apporter sur le son, plus dans le ressenti au casque, dans l’envahissement du spectre sonore. Il y a selon moi la basse un peu trop mise en avant qui noie parfois, sur certains riffs plus lourds, l’ensemble instrumental derrière. Les guitares sonnent un peu trop inégalement entre elles aussi, la batterie restant l’instrument le mieux amené au mixage. Mais comme je le disais, je suis novice dans le genre thrash metal donc je ne peux pas apporter de vraies comparaisons. On va retenir que le son m’a plu dans son approche old school, moi qui en suis très attaché naturellement. C’est donc un bon point !

Je ne peux pas dire que Corrosive Elements m’ait offert un album qui me parle et m’inspire une quelconque réflexion particulière. Je m’interroge souvent sur les conceptions, sur les univers artistiques et sur les intentions. Mais j’admets que ce «  »Cut the Serpent’s Head » n’offre pas spécialement d’émotions autre que le côté amusement violent que l’on a dans le metal. Ce côté décalé et un peu enfantin, naïf presque, qui transparaissait des époques d’antan et qui fleure bon la nostalgie, mais sans la souffrance. On recherche parfois des émotions dans la musique, mon éducation musicale m’a amené à régulièrement laisser place à cette interrogation précise. Or, je dois reconnaître qu’il existe des styles de musique, voire de metal, qui n’offrent pas plus d’émotions autre qu’une sorte de défouloir global, une remontée de l’énergie corporelle et une sorte de bombe dans la tête. En gros, c’est un album qui ne se réfléchit pas plus que cela, c’est un album qui se vit pleinement par la musique et non le concept. On n’a pas besoin d’être cérébral pour l’aimer. C’est probablement la force du thrash metal au final, je le vois bien quand je lis les chroniques du patron céleste et divin Metalfreak, il a ce côté enfantin qui ressort de ses écrits. Voilà pourquoi je n’irai pas plus loin dans l’analyse de « Cut the Serpent’s Head » parce qu’il n’y a rien de plus à redire. C’est un album qui s’écoute bien, qui procure des émotions inhérentes au metal en général, et de mon côté on en restera sur ce constat simple mais efficace.

Et pour finir, je vais aborder le chant qui reste mon gros point de doute sur ce deuxième album de Corrosive Elements. J’assimile souvent le chant death metal à une lenteur rythmique, même si parfois certains chants sont rapides et bien accompagnés par le growl. Mais je constate que le chant ici a la rapidité – et c’est normal – du thrash metal avec donc, l’impossibilité d’aller sur un « vrai » growl death metal bien lourd. Cela contraste donc un peu trop avec l’ensemble instrumental qui est rapide certes, mais aussi par moment bien lourd. Du coup, il y a un décalage évident pour moi. Après, je me doute bien que cela ne doit pas être simple de trouver un juste équilibre entre le caractère incisif du thrash metal et l’épaisseur du death metal. Mais sur le cas présent, j’aurais vraiment apprécié plus de chant death metal. Certains morceaux s’y prêtent par ailleurs très bien, tandis que d’autres font l’éloge de mon constat. Après, j’aime quand le chanteur monte dans les tours comme le ferait John Tardy d’Obituary par exemple. Donc, je pense que pour le prochain album, il serait de bon aloi que le chant ne soit pas dans cette sorte de faux entre-deux, entre un growl bien lourd et un chant à la John Tardy. Il faudrait soit l’un, soit l’autre, soit les deux mais pas de juste milieu maladroit et pas opportun du tout comme sur certains passages ici. Mais je le redis, cela demeure mon point de vue.

En conclusion donc, je vous ai présenté avec grand plaisir comme toujours, le deuxième album du groupe parisien Corrosive Elements qui s’appelle joliment « Cut the Serpent’s Head. »  Tout un programme qui s’annonçait alléchant sur le papier pour le curieux maladif que je suis, et qui avait l’opportunité pour une fois, sous l’égide de ce travail de confiance que l’on entamé ensemble avec Solstice Promotion, de me faire aller sur un genre que je maitrise, ma foi ! Bien moins que les genres plus extrêmes. A savoir que le groupe va sur un death / thrash metal bien old school, avec peu de sonorités modernes, ce qui me ravit au plus haut point pour un genre que je n’écoute pas souvent. Moi qui suis sensible à tout ce qui est transpire les pages jaunies, je suis enchanté. En revanche, il me semblait évident aussi de dire qu’il y a quelques petites incohérences qui sont à déplorer, sans tomber non plus dans le rédhibitoire, comme le visuel joliment exécuté mais qui manque un peu de logique ; le chant qui veut trop équilibrer la balance et qui se perd un peu parfois, et quelques petits soubresauts sur le son mais cela, encore, ce n’est rien de méchant du tout. Je crois que ces interrogations peuvent être mises sur mon ignorance quasi total du genre thrash metal, nous retiendrons donc que « Cut the Serpent’s Head » est un bon album qui ravira, j’en suis certain, tous les amateurs du genre. Pour moi, ce sera un « oui ! » mais pas non plus clamé sur tous les toits.

Tracklist :

  1. Conquering the Divine 04:28
  2. Ignorance Is No Longer Bliss 03:43
  3. So Long Sucker 03:49
  4. The Unseen 05:40
  5. An American Hero 03:39
  6. Cut the Serpent’s Head 04:02
  7. Enter the Final State 04:04
  8. The Right to Remain Poor 04:02
  9. Among the Casualties 04:38
  10. Fascistalism 04:35

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