Note de la Soilchroniqueuse (Gwenn): 8/10

La Suède n’est pas en reste quand on parle de Black Metal. Le milieu des années 90 regorge de formations nouvelles dont certaines se casseront le nez avec le temps, d’autres pas. Plaçons ce phénomène sous le nom de sélection naturelle, cela sied si bien au Black Metal et sa loi du plus fort. Craft fait partie des dinosaures survivants bien que cette formation soit bien moins médiatisée que certains autres tyrannosaures du même pays… Dark Funeral, Dissection, Marduk et j’en passe.

Craft n’est pas très prolifique, mais qu’importe, le quatrième album voit le jour dans les flammes du mois d’Août et c’est une « surprise » de qualité, même si Craft ne manque pas à l’appel des groupes reformés, restructurés et débordant de projets nouveaux. Une quatrième vague de Black Metal, en quelque sorte.

L’essence thématique proposée par le groupe ne fera pas dans une originalité qui casse des briques. Antichristianisme, paganisme et destruction restent le cheval de bataille du Black Metal surtout en cette fin de décennie où le goût du « raw » est de rigueur. La pochette de  Void  s’inscrit dans un esprit brut conformément aux codes relatifs au Black Metal : Un homme seul, les bras levés vers un ciel qui accueille les flammes d’un incendie digne de ceux qui ont ravagé les Eglises en bois debout norvégiennes. Le tout en noir et gris clair.

Après une Intro simple constituée d’un son, « Serpent Soul »  déverse son venin dans mes oreilles et pour mon plus grand plaisir, je trouve effectivement comme lu ailleurs, des influences satyriconniennes sans que cela soit comparable pour autant, attention. Le chant est terriblement efficace et aiguisé et les riffs, marteleurs, sont posés, ne cherchant pas l’ultra technique afin de se concentrer sur la création d’une atmosphère tout à fait Black Metal. C’est un morceau classique en deux parties dont l’intro relève de la puissance quand le final s’inscrit dans un aspect plus spirituel. « Come resonance of Doom » emprunte des structures minimalistes mais arrangées de manière plus complexe en reprenant les outils sonores actuels plus variés. Le résultat est intelligent et efficace. Fans de Darkthrone… « The Ground Surrender » ensuite reste dans le classicisme plaisant d’un bon vieux Black Metal et sans déconner, je préfère écouter du « déjà vu » que de pâles copies masterisées à la va-vite. On sent cette volonté de recréer le «raw » mais en l’intégrant dans l’époque actuelle. Craft, ou comment vivre avec son temps…

« Succub to Sin », direct et lourd, moins intéressant dans son Introduction que dans ses breaks où l’on peut trouver des sonorités entre Marduk et Carpathian Forest, et toujours ces cris dévastateurs… « Leaving the Corporal Shade » vient ensuite percer la couche terrestre jusqu’à l’enfer à l’aide de sa rythmique et de son final envoûtants tandis que « I Want to Commit Murder » renverse son godet de sang au sol avec une alliance entre lourdeur de la guitare et dissonances Black Metal. Quelques solos purement Death viennent ponctuer l’ensemble qui tient toutefois debout. « Bring on the Clouds » exploite de manière plus complète toutes les capacités techniques du groupe. Exactitude, précision, atmosphère morbide et mélodies mineures, noires.

Le titre éponyme qui clôture l’album  Void , introduit de la même manière que le début d’un show, rappelle certaines ambiances puissantes qui auraient pu être composées par le groupe 1349 lui-même. Un superbe final donc les éléments auraient même pu être exploités encore plus dans cet album. A lui tout seul ce morceau ajoute un point entier à ma note globale.

Longue vie à Craft.

Myspace: http://www.myspace.com/craftblackmetal