Note du Soilchroniqueur (Bodom):
8 / 10

Amis œnologues chevelus (ou pas), parmi la multitude de groupes défrayant quotidiennement l’actualité de notre musique favorite, Rage figure certainement, vous en conviendrez, parmi ceux pouvant être le plus facilement assimilés à un bon vin. Et pour cause, se bonifiant en vieillissant, sans cesse innovant, rarement décevant, les papys teutons nous prouvent à chaque album qu’ils peuvent encore nous surprendre. De leurs débuts purement thrash, le trio à su développer, au fil des années, son propre style sachant personnaliser sa facette heavy, en y incluant sans cesse de nouveaux éléments. L’énorme « Unity » (chroniqué en ces pages), lors de sa sortie, avait bluffé son monde. « Soundchaser« , son successeur, ne déroge pas à la règle, poursuivant cette tendance au bourrinage-de-luxe amorcé avec classe sur les albums précédents.

Ce « Soundchaser » s’inscrit donc directement dans la lignée de son prédécesseur, proposant un heavy-thrash puissant, relativement nuancé et aux refrains terriblement accrocheurs. Le concept (superbement illustré par Joachim Luetke) s’articule cette fois-ci, autour des soundchasers, ces entités biomécaniques crées par les Anciens et qui … Bref, ce concept (somme toute assez classique) servant de lien entre les compositions, ne serait certes rien sans la qualité intrinsèque de ces dernières. Suite à une courte intro inquiétante, les hostilités (le terme est on ne peu plus adéquat) commencent, quatre titres, quatre bombes ; un peu similaires et classiques dans les structures mais tellement réussies. Je vous parlais précédemment des refrains accrocheurs, ces titres en sont la parfaite démonstration (oserais-je dire leçon ?). Peavy Wagner (basse-chant) est très en verve et aborde même quelques passages par un chant écorché (bon, on a connu plus convainquant dans ce registre, c’est sûr), renforçant le coté glauque des textes. De légers changements interviennent à partir des morceaux suivants, comme « Secrets in a Weird World« , surprenant par ses ambiances plus lourdes paradoxalement renforcées par l’ajout de piano sur l’intro et les refrains, conférant au tout une atmosphère dramatique et sombre. Un topo d’ailleurs assez similaire pour le mid-tempo « Flesh and Blood » aux faux airs de ballade, plombé à la double dans ses parties les plus heavy (le sieur Terrana (batterie) assurant le show comme à son habitude) et au final onirique et troublant.

Suite à cette excellente première moitié de CD, arrivent deux titres plus anecdotiques (bons, mais aussi plus convenus) mais surtout l’impressionnant « Falling from Grace » qui ne cessera de surprendre du long de ses douze minutes divisées en deux parties bien distinctes, alternant passages acoustiques, solos flamboyants et sonorités plus familières au groupe. Le tout prend parfois des allures d’Helloween nouveau cru (la production de Charlie Bauerfeind et l’apparition d’Andi Deris (Helloween) aux backing vocals n’y sont certainement pas anodines) mais cette griffe si caractéristique à notre trio allemand reste cependant aisément identifiable. Bref vous l’aurez bien compris, il s’agit d’un véritable petit chef d’oeuvre, clôturant ce « Soundchaser » de la plus convaincante des manières. Reste une chanson inédite pour les heureux détenteurs de l’édition digipack, à savoir la célèbre « French Bourrée » du non moins célèbre J.S. Bach, réarrangée pour l’occasion par Victor Smolski (guitares). Cette relecture heavy-metal, mise en parole par Peavy Wagner et sublimée par la touche néoclassique de Smolski, nous donne au final une version concluante, sans en être pompeuse pour autant.

Voilà, concernant ce « Soundchaser« , rien de plus à ajouter si ce n’est que nous tenons entre les mains du « grand » Rage, puissant, racé et … destructeur ! La bande à Wagner est en grande forme et gageons que cela ne soit pas prêt de s’arrêter … vivement le prochain !

« The soundchaser, is soundchasing, raging, killing you ! »

Bodom_Michelin