Note du Soilchroniqueur (Bodom):
7 / 10

Skitliv, vous connaissez ? Pas encore, peut-être ? N’ayez crainte, vous n’êtes pas les seuls, et qui pourrait d’ailleurs vous en blâmer puisque le groupe suédo-norvégien, avec ce « Skandinavisk Misantropi« , n’en est qu’à son premier véritable album (après un EP et un CD de prises live, dont nous retrouverons ici certaines versions studios). Et pourtant, malgré son jeune âge, ces géniteurs sont loin d’être à proprement parlé des débutants, encore moins des amateurs, dans le microcosme black-metal. Avec en son sein, Kvarforth(guitare) de Shining dont la réputation n’est maintenant plus à faire et Maniac (guitare et chant) anciennement chez Mayhem, vous conviendrez que nous tenons là une paire plutôt détonante. Étonnante et surprenante : car à ceux qui craindraient, ou au contraire, se réjouiraient d’une telle collaboration, la paire impie, sans distinction aucune, prendra un malin plaisir à brouiller les pistes, à se jouer de l’auditeur, Skitlivne conservant au final que quelques lambeaux de ces apparats black-metal, troquant sa noire étoffe pour un long et ample voile, plus terne, plus sale, mais aussi plus sombre.

Avant même d’entrer dans le vif du sujet, un goût douteux plane déjà sur l’œuvre : un artwork particulièrement laid et une introduction très dispensable d’une demi-dizaine de minutes de chuchotements et de discours ambiants, ne manqueront pas de faire sourciller l’auditeur. En guise d’entrée en la matière, peut mieux faire … et va mieux faire ! Car dès ‘Slow pain coming‘, le ton, mais surtout le tempo est donné. Lent, répétitif, presque minimaliste, le martellement rythmique, enrobé de guitares angoissées agonisantes, nous permet de lentement cerner les réelles accointances du combo, à savoir un metal down-tempo, à quelques encablures seulement des frontières mouvantes du doom. Son approche vocale torturée et ses guitares ultra-saturées, ramènent irrémédiablement la musique du groupe au rang des œuvres sales, extrêmement malsaines et oppressantes, se plaisant à croupir dans leur marasme ambiant, boueux et fétide.

Mais Skitliv, c’est bien plus que cela. Toujours crade, le groupe sait pourtant, au détour de certains titres (‘Hollow devotion‘), se faire plus rock, limite stoner par moment (gros stoner bien lancinant tout de même), une facette qui n’est pas à négliger, d’autant plus lorsque les guitares se risquent dans des parties solistes bien ficelées (‘A valley bellow‘). Ces parties plus atmosphériques se fondent à l’ensemble, ne détériorant d’aucune façon l’homogénéité du tout, la poussière suppléant simplement à la boue. De même, de hurlés, les vocaux s’adapteront en un flot plus posé et presque parlé pour l’occasion (‘Skandinavisk misantropi‘).

Skitliv, pour sa première ‘vraie’ réalisation, nous offre donc une œuvre noire très cohérente et de qualité indéniable, qui s’adresse tout de même à un public averti, cette noirceur pouvant décontenancé les oreilles sensibles. Un bémol cependant, outre une introduction dispensable, frôlant les soixante dix minutes, ce disque est long, trop long, si bien que les moins persévérants peineront à l’écouter dans sa totalité (les deux derniers morceaux en faisant les frais en passant souvent à la trappe).