Eryn Non Dae : derrière ce patronyme mystérieux se cache un groupe toulousain qui sort en ce moment un des albums les plus intéressants depuis longtemps.
Post hardcore ? Metal ? Doom ? Avantgardiste ? Expérimental ?
Surement tout ça à la fois mais l’écoute de « Meliora » est une expérience aussi intéressante qu’éprouvante et surtout hautement recommandée par votre serviteur et qui pourrait bien avoir un impact dans le paysage metallique hexagonal.
C’est par mail que le guitariste / chanteur Franck Quintin s’est plié à l’exercice de l’interview.
– Peux-tu présenter le groupe ?
Franck : Eryn Non Dae s’est formé en 2001.Nous avons sorti un EP en 2005 « The never ending whirl of confusion » en auto prod et quasi épuisé. Ensuite, en 2009, est sorti « Hydra lernaia » chez Metal Blade Records, ce qui a grandi considérablement la notoriété du groupe. Nous voici en 2012 avec « Meliora » qui vient tout juste de sortir chez M&O Music.
– Quelle est la signification de Eryn Non Dae ?
Franck : Eryn Non Dae n’a pas de signification particulière. C’est un regroupement de mots elfiques et latins
– Quelles retombées aviez-vous eues pour « Hydra Lernaia » de 2009 ?
Franck : Elles ont été excellentes et dépassant toutes nos attentes ! « Hydra Lernaia » a été élu plusieurs fois « album de l’année » par la presse mondiale. Que demander de mieux ? Les chroniques ont été unanimes sur la qualité et la personnalité musicale du groupe. Ce qui est plus important à mes yeux que tout le reste.
– Étaient-elles conforme à tes attentes ?
Franck : En terme médiatique, complètement. Au niveau de sa promotion sur scène, on espérait sincèrement jouer plus. Ce fut un échec. Nous avons fait de plus belles dates et nous avons été pris plus au sérieux auprès des organisateurs avec l’étiquette « Metal Blade » mais jouer si peu pour un tel album fut assez frustrant.
– Toulouse semble avoir une scène musicale assez vivace mais hormis Sidilarsen, peu de groupes de metal à se mettre sous la dent : comment E.N.D. arrive-t-il à se faire une place avec son univers qui sort encore des sentiers parfois trop banalisés qu’il peut y avoir dans notre musique à Toulouse d’une part et sur l’ensemble de la scène française en particulier ?
Franck : Tu veux dire que tu ne connais qu’eux (ndMFK : non, mais c’est toujours sympa qu’un artiste m’en fasse encore découvrir d’autres, ce qui est le cas à la suite de sa réponse) !?? Que fais-tu de Zubrowska, Nojia, Manimal, Ethersens, Drawers, Emia, Fleshdoll, I Pilot Daemon et j’en passe. Ces groupes sortent des albums et jouent un peu partout en France et même à l’étranger pour certains.
– Êtes -vous conscients que la musique proposée par E.N.D. fait de vous un groupe à part dans le paysage musical en général, et dans le metal hexagonal en particulier ?
Franck : Oui et c’est tant mieux ! En tant qu’artiste je trouve que le but à atteindre est de proposer quelque chose d’un peu original et de faire des chansons qui restent, qu’elles soient intemporelles.
Alors c’est flatteur pour le côté artistique, mais d’un point de vue promotionnel, booking, c’est plus un handicap pour le moment. Certaines personnes ne comprennent pas notre musique et donc des portes se ferment. Peut être faudra t-il du temps pour imposer notre musique…
– « Meliora » semble être un concept album, tu peux nous le raconter ?
Franck : « Meliora » est un mot latin qui signifie « meilleur« . Mathieu s’en est servi pour l’appliquer à l’être humain. Le fait de tendre vers quelques chose de meilleur, une évolution personnelle visant à trouver une certaine sérénité intérieure.
– Que ce soit pour mettre en place l’univers et l’ambiance de l’album ou pour sa composition, il a du se passer un laps de temps : quelles ont été les étapes entre le moment où vous vous êtes dit « on va créer le concept de « Meliora » » et « l’accouchement du bébé » ? Le précédent album date quand même de trois ans…
Franck : Le concept de « Meliora » résulte du travail de Mathieu qui écrit beaucoup donc il nous en a parlé assez tôt, même avant de se remettre à composer. « Hydra Lernai » est sorti certes en 2009 mais nous avons joué pour le promouvoir. Ensuite nous avions besoin de respirer un peu pour se remettre au travail. Important pour repartir avec de l’envie et de l’inspiration. Donc 2 grosses années de composition pour « accoucher du bébé « Meliora« »
De nos jours,si tu sors pas un album tout les 2 ans,tu passes pour un branleur ?
Réflexion étrange…
– Cet album s’avère extrêmement fouillé et intéressant, mais également relativement complexe : cependant, il est assez facile d’accès, on ne perd pas le fil pendant les sept titres : comment avez-vous réussi à combiner ces deux aspects pour le moins paradoxaux, là où bon nombre d’autres concept albums sont des labyrinthes musicaux ?
Franck : euh… Je ne sais pas… Ce n’est pas du tout calculé. On compose sans se poser de questions de cet ordre. On se questionne par contre beaucoup sur la qualité de chaque passage et cela suffit à nous donner de grosses insomnies ou des réflexions aliénantes quand tu galères sur un morceau.
– Qui s’est chargé de la pochette ? Peux-tu me la décrire ? As-tu donné des directives pour sa création ?
Franck : les ébauches viennent de Mika (basse) et aucune directive n’a été prise en interne.
C’est un visage avec une expression très inquiétante, je trouve. Les couleurs, le rouge en particulier, apportent un aspect massif à la pochette.
De plus le rouge retranscrit bien le mot « passion » et c’est ce mot qui pourrait traduire cet album.
Les deux faces du digipack suivent le concept de « Meliora » et adhèrent complètement au sens du titre de l’album: un recto sombre, négatif et un verso plus lumineux et positif.
On laisse libre les personnes qui se chargent du visuel de l’album, du merch, ou website,…
On aime à se dire : « laissons lui faire le truc » et quand on reçoit les propositions, il faut que ça nous surprenne, nous fasse vibrer nos sens intérieurs.
– Quel studio ? Quel producteur ? Et pourquoi ?
Franck : Cette fois ci,nous avons enregistrés « Meliora » à Toulouse et non à Bordeaux comme nous avions l’habitude de faire depuis le EP. Donc toujours avec Mobo qui est devenu un ami avec les années. C’est une personne attachante et un tueur niveau enregistrement. Il connaît Eryn Non Dae sur le bout des doigts et il intervient dans les arrangements.
Il a apporté tout le matériel nécessaire et nous avons enregistré la batterie et les sons de guitares clairs/crunchs dans un studio du centre ville : Produc’Son que tient Cyril. Un type adorable avec un équipement de malade. En plus l’acoustique du lieu est parfaite.
La suite s’est faite chez Yann. Nous avons construit un caisson, que nous avons testé en amont pour les guitares et la basse
– Au risque de me planter royalement, je trouve que cet album est un bon compromis entre Zatokrev et Gojira : ces deux groupes vous ont-ils influencé ? Si oui, jusqu’à quel stade ? Et de quels autres groupes vous sentez-vous proches ?
Franck : je connais seulement de nom Zatokrev donc impossible. Gojira ? J’adore ce groupe mais il ne et nous influence pas pour composer
Neurosis et Meshuggah sont deux groupes que l’on apprécie dans Eryn Non Dae.
– J’avoue que la première écoute de « Meliora » m’a pour le moins mis sur le cul de par sa richesse, sa diversité et son intensité, faisant de lui une excellente surprise et un des albums les plus intéressants qu’il m’a été donné d’écouter cette année : mais cette richesse et cette complexité ne risque-t-elle pas de ne pas être du goût des auditeurs parfois trop pressés pour rentrer dans un univers comme le vôtre ?
Franck: Merci pour le compliment ! On sait qu’avec notre musique on demande de l’attention à l’écoute donc les pressés de la vie passeront leur chemin ou y reviendront plus tard… Cela ne nous pose aucun problème.
– Voici le track-by-track des sept titres de l’album : pouvez-vous donner les secrets de fabrications les plus inavouables concernant chacun des titres suivants ?
– « Chrysalis »
Franck : On a pensé à un moment de soit mettre des instruments à cordes type violon, violoncelle sur le pont du milieu ou encore de demander à Ez3kiel de meubler cette même partie mais au final nous avons été satisfaits du résultat avec nos seules guitares
– « The great downfall »
Franck : L’intro a été trouvée dans sa forme définitive en studio. Nous avions l’ambiance de celle- ci avant mais Mika a pris le temps d’explorer une pédale avec son archet et le résultat fut bien meilleur. Yann a joué du bottleneck sur son solo. C’était super cool comme idée !
– « Scarlet rising » :
Franck : pour le final,si nous étions un groupe extrêmement riche,nous aurions invité les chœurs de l’armée rouge ! Mais nous nous sommes résolus à faire ces voix nous même… Des chœurs occitans quoi !
– « Ignitus »
Franck : mon cauchemar à enregistrer… J’ai haï sur le coup Yann d’avoir trouvé ce riff du couplet de malade et lui ai demandé d’enregistrer cette partie à ma place d’ailleurs.
– « Muto »
Franck : Je me souviens avoir bu beaucoup de thé et fait des pauses sur ce morceau… (rires) J’ai enregistré l’album dans l’ordre ,c’était mon challenge personnel et arrivé à Muto. Ouch… pas facile non plus après « Ignitus »
– « Black obsidian pyre »
Franck:Facile à enregistrer en studio mais un des morceau avec « The great donwfall » où on a galéré pour trouver sa structure et feeling final en répète. J’avais mis pas mal de e bow sur la longue plage d’intro pour au final en mettre 20 secondes… (rires)
Yann joue sur une pédale de reverb qui s’appelle Wet Reverb sur toute l’intro. Incroyable ce qui en sort !
Merci à Rudi de Nojia pour cette excellente découverte ! Depuis, nous nous en sommes procuré une.
– « Hidden lotus »
Franck : Rien de spécial à part qu’on a demandé à nos amis de Emia (Manu) de nous prêter sa wahwah. Elle s’entend sur le dernier plan du morceau
– Dans quel état d’esprit le groupe a-t-il composé l’ensemble de ces titres ?
Franck : bien que notre musique soit complexe et sombre,l’ambiance au studio était zen et bonne ambi’ comme on dit dans le sud. Nos breuvages se composaient de thés ou tisanes bio. Rock’n’roll, hein ? (rires)
– Les morceaux sont tous très longs, entre 6 et 12 minutes pour une heure de musique : comment reproduire tous les petits détails de l’album en live ? Et est-ce qu’un titre est dissociable de l’autre tellement « Meliora » semble former un tout ?
Franck : A part de 2/3 passages, tout l’album a été enregistré dans l’optique d’une retranscription fidèle pour la scène. Les ambiances et subtilités sortent de nos pédales d’effets.
Après, les intros de « Chrysalis » et de « The great downfall » sont lancées sur scène par CD.
« Meliora » forme un tout oui. C’est un peu comme la BO d’un voyage imaginaire pour chaque auditrice et auditeur..
– Le mot « torturé » est-il une description suffisante pour définir l’album ?
Franck : c’est un des mots qui peut le décrire et je pourrais ajouter « planant » ainsi que « passion », comme je te disais plus haut
– Une tournée en prévision ?
Franck : des dates isolées pour le moment.,rien de plus .
Mais on ne demande que ça de tourner !
– Je te laisse conclure.
Franck : Merci pour tes questions et rendez vous dans 3 ans ! (rires)
NdMFK : on va même prendre rendez-vous avant, je tiens à les voir en concert…
Merci à Angélique de M&O pour les photos.
Liens :
Site officiel : http://end.1.free.fr/
Facebook : http://www.facebook.com/pages/Eryn-Non-Dae/355648971624
Twitter : http://twitter.com/ErynNonDae
Myspace : http://www.myspace.com/end1freefr
« Hidden lotus » : http://www.youtube.com/watch?v=IlWUFNhL9fM
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