Line-up sur cet Album
Arjen Lucassen : Guitare, Basse, claviers, mandoline, chant
Jasper Steverlinck : Chant
Chris Maitland : Batterie
Lori Linstrusth : Guitare
Style:
Rock metal progressifDate de sortie:
31 aout 2009Label:
Mascot RecordsDans le monde du métal progressif, bien connu est le nom d’Arjen Lucassen, prolifique Multi Instrumentaliste, véritable Midas de la musique dont la patte musicale bien particulière est reconnaissable à des kilomètres. Ambeon et Star One, deux projets qui ne remémorent pas grand chose à beaucoup de monde, le hollandais est pourtant à la tête de ces deux formations. Effectivement, on connait plus l’homme grâce au chef d’œuvre qu’est l’aventure Ayreon, sorte d’Opéra du métal progressif où Lucassen laissait sa fougue créative déborder. Ayreon, aventure de science fiction sous forme de plusieurs concepts albums où se réunissaient plusieurs chanteurs et musiciens, le tout brillamment orchestré par l’artiste. Mais voila, Arjen avait annoncé que l’envie d’un nouvel Ayreon se faisait de plus en plus lointain, certainement l’appel du nouveau.Sortait alors le Timeline, retrospective de la discographie d’Ayreon dont le seul morceau original était /Epilogue : The memory Remains/ interprété au chant par un certain Jasper Steverlinck. La sortie d’une telle boite ne pouvait que signifier une certaine fin, la fin d’on ne sait pas vraiment quoi. La fin d’un cycle d’Ayreon ? Ou l’aboutissement complet du projet d’Arjen ? Le mystère reste entier et la frustration des fans se fait grandement sentir. A partir de ce moment là tout va très vite. Tout comme sa future manager, Lori Linstruth, Arjen décide de quitter les Stream of Passion qui avaient été créés à la base pour dévoiler les talents de la mexicaine Marcela Bovio. C’est en février 2009 qu’elle est annoncée pour la première fois, cette fameuse nouvelle ébauche. La publication dévoile bien sur le nom, Guilt Machine, mais se montre très explicite pour les détails, ainsi on apprend le nom des musiciens qui ont participé à l’œuvre.
Lori Linstruth, nouvelle manager de Lucassen et ex Stream of Passion s’occupe des textes et de la lead guitare tandis que l’ex Porcupine Tree, Chris Maitland s’emploie à la percussion, derrière les futs de sa batterie. Arjen, on le sait, a une sorte de don pour dénicher les nouveaux talents. Il persuade ainsi un certain Jasper Steverlinck, chanteur du groupe pop rock belge, Arid, d’interpréter les textes deLori. Vous vous souvenez que le bonhomme avait auparavant participé au sus cité /Epilogue : The memory Remains/. Il faut savoir que Jasper n’avait aucune connaissance du monde du progressif et refusait, la persuasion semble aussi être une qualité chez le maitre Hollandais puisqu’on retrouve la magnifique voix de Jasper sur cet album. Quand à Lucassen, il se propose à la fonction moindre de bassiste-clavieriste-vocaliste-guitariste-mandoliniste, la routine quoi ! Et puis c’est tout ? 4 musiciens ?! Lucassen a totalement fait l’impasse sur son « Prog Opéra », maintenant, il travaille dans un vrai groupe.
C’est donc avec un certain regret de ne pas avoir affaire à un nouvel Ayreon que je met enfin la main sur ce Guilt Machine /On this Perfect Day/, mais d’un coté je suis assez confiant, je n’ai pas l’habitude d’être déçu par l’homme. Le CD bouffé par le mangedisque, quelqu’un compose un numéro, on entend le téléphone sonner derrière un bruitage effrayant. /Twisted Coil/ vient d’être lancé et déjà le ton est donné : on ne nous promet pas des fleurs et des mélodies joyeuses. Cette guitare claire trainante en arpège doux, ces nappes de clavier continuelles, ce ravissant swing à la batterie mettent en valeur la mélancolique et douce voix de Jasper, c’est la formule de ce début de morceau qui m’enchante dés la première écoute. La musique s’intensifie pour changer totalement de route, d’atmosphère, c’est le même clavier qui se pince pour aboutir à une guitare massive. Toujours cette voix de Jasper qui se corse, prend de l’ampleur et qui parvient à nous faire perdurer sous l’état de charme : Refrains et couplets interprétés à la perfection.
Verdict de cette première approche : La musique se joint réellement à ce qu’a pu faire Arjen dans ses antécédents, et si le hollandais affirme que le projet est totalement à l’écart d’un certain Ayreon, on ne peut que sentir son influence, celle que l’on appelle « La griffe Lucassen« . Soyons tout de même scrupuleux, la différence se sent, que ce soit dans la longueur des pistes ou dans l’ambiance à la fois taciturne et puissante.Ce climat est d’ailleurs encore présent sur /Leland Street/, chant dramatique, sons graves, parties calmes planantes et envolées transcendantes à la clé. A l’image de cette piste, on remarque la cohérence avec laquelle sont reliées chaque partie sur chaque musique de l’album. Ce qui est d’ailleurs le gros point fort de la suite /Green and Cream/, la plus progressive, qui musicalement semble plus optimiste, plus difficile d’accès aussi avec ses chants en longueur, ses montées ascendantes qui aboutissent à une explosion de riffs acérés et puissants, son panel de sons et de détails, ses différentes parties s’engrangeant à l’idéal. On poursuit /Season of Denial/, plus posé, moins mouvementé mais toujours aussi mélancolique, avec une nouvelle prestation éblouissante de Jasper.
/Over/, chanson plus classique qui revient à un schéma moins complexe et des sons moins recherchés que ses prédécesseurs n’en reste pas moins scotchant. Excellent refrain et sympathique solo sont de mise, mais le titre demeure néanmoins le moins intéressant de cet album, bien qu’il soit relativement bon. Sixième et dernière musique, /Perfection?/, l’apparence tragique prend le dessus avec une guitare acoustique pressée et autres sonorités oppressantes. Vient alors un avant gout du final, un jeu de guitare tout en puissance accompagné d’harmonies grandioses qui choppent aux tripes. Retour à l’introduction pour préparer l’ultime chapitre, imposant, éléphantesque, grandiloquent et passionnant. Cette musique ne démord pas et fait vibrer jusqu’à la moelle.
Après avoir fait le tour des 6 composantes de l’album on remarque une homogénéité constante, tant dans le son que dans l’ambiance morose et prenante. Guilt Machine se crée une identité personnelle définie et divergente de Stream of Passion ou Ayreon, n’en déplaise aux fans de ce dernier, les influences, notamment de Universal Migrator, y sont palpables sans pour autant abonder. On note une maitrise parfaite des musiciens qui s’associent dans une parfaite osmose, soulignée par un jeu de batterie adéquate à l’univers du groupe. Un swing sans équivalent qui se prête tant bien aux parties calmes qu’aux montées en puissance. La guitare de Lori, outre les multiple somptueux solos relativement disparates, est génératrice de solis planants à la base de l’atmosphère si particulière de la machine à culpabilité, si bien en acoustique qu’en électrique.
Concernant le chant, je ferais court sur ce qui une des meilleures performances vocales 2009, le timbre vocal à la fois léger et puissant de Jasper a su être acteur d’une prestation pour la moins fantastique. Quand à Arjen, on ne peut se permettre de l’oublier tant son travail à tous les étages (D’orchestration à la basse en passant par le clavier) est riche, fouillé, détaillé et d’autres adjectifs qui montrent une fois encore une prouesse dont on ne se cache pas de vanter les mérites justifiés.On ne peut espérer étudier ce CD sans passer par la case thème ! Car qui dit Lucassen dit concept, surOn This Perfect Day, c’est plus une idée générale qui est traitée, les idées représentatives de cette fameuse ambiance, culpabilité, regret, auto déception … L’écriture, fortement inspirée par les tristes périodes de dépression d’Arjen et Lori, ne pouvaient manquer de tourner autour de ces sujets sans pour autant tomber dans l’autobiographie. Et si l’on veut perdurer dans l’analyse profonde du Disque, il faut bien sonder l’artwork ainsi que les illustrations emblématiques du concept et du décor musical : Photographies cafardeuses de Christophes Dessaigne.
Guilt Machine est une surprise qui ravira les oreilles de quiconque aura fait l’effort d’aller au delà des trois écoutes initiatiques. Car du Lucassen reste du Lucassen, le visage de chaque piste ne se dévoile pas instantanément et l’adaptation est nécessaire. Par dessus ces contraintes se trouve certainement l’un des albums les plus plaisants de 2009, en haut de mon top personnel, il est compréhensible que On This Perfect Day obtienne toutes mes faveurs à la coquette notation : 9/10
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