Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 6/10

Mon écoute et analyse de Calea du groupe roumain Ashaena m’ont confirmé que je n’étais vraiment pas amateur de folk/pagan, quelle que soit la mixture métallique avec laquelle on tente de le fondre. Cet avis et chronique seront donc très subjectifs : aux lecteurs mécontents, je m’en bats la cornemuse, une chronique étant un avis et n’ayant pas vertu de vérité absolue.

Ce que j’ai aimé : non pas paradoxalement les éléments folkloriques, parce que les cultures musicales internationales/mondiales m’intéressent grandement – on peut être metalleux sans être une des briques d’un mur de stupidité crasse et d’ignorance sciemment orchestrées… et heureusement. En effet, j’ai particulièrement apprécié la retranscription du folklore musical roumain et slave en général, par les techniques vocales en duo, l’instrumentation qui se veut calquer les timbres des instruments de cette culture (la balalaïka entre autres, même si celle-ci est davantage l’apanage de la musique typiquement russe), la flûte qui vient apposer sa mélodie et son mode de jeu…

Ce qui m’a gavé : tout le reste ! La fusion des deux se fait relativement mal… et surtout est extrêmement lassante… Les morceaux durent des plombes au point qu’on ait hâte qu’ils se terminent. Une répétitivité qui endort et qui ennuie à force de structure « thème et variation », comme si les compositeurs – je dirais ici plutôt « arrangeurs » – n’avaient aucune ambition de créer un contenu, mais vaguement une ambiance… Certains y seront réceptifs, moi pas : l’absence de diversité et d’évolution d’un morceau a une fâcheuse tendance à me donner envie de zapper. Et ce n’est vraiment pas la question de la longueur – size does matter – mais davantage ce qu’on en fait : des morceaux peuvent durer dix ou même vingt minutes sans que je m’y emmerde comme un rat mort. Alors qu’au final, ces morceaux de Black atmo typé folk/pagan n’apportent rien qu’une volonté d’ajouter un élément personnel qui n’est qu’une sorte de valeur ajoutée sans âme, quand certains savent en faire quelque chose de plus constructif. Je vais prendre l’exemple de Caladan Brood – car c’est beaucoup à ce groupe que j’ai pensé en écoutant Ashaena, surtout à cause de la similitude des chœurs à l’unisson, souvent faux, dans des teintes barytonantes/basses : quand Caladan Brood pond un morceau-fleuve, il nous emmène petit à petit dans un univers ; ici, on n’avance pas… mais on a la sensation de se faire agresser par une flûte sauvage qui vient crisser sa mélodie à l’oreille. La faute au mix ? Possible, mais dans ce cas, pourquoi le reste est autant bien balancé ? Oui, je sais qu’il n’est pas simple de fondre ces foutus flutiaux dans un équilibre de fréquences… mais un petit effort soit de réflexion de la mélodie, soit de l’ingé son eut été le bienvenu.

Le groupe tombe donc dans ce qui me révulse et me fait fuir le genre : une banale volonté de mettre des instrus trad et des influences folkloriques sans qu’elles n’illustrent un propos créatif, juste pour soit « faire comme », soit « sonner comme », soit « se distinguer de », mais sans valeur ajoutée autre qu’un grain sonore. J’attends donc LE groupe qui essayera de créer du contenu avant de créer du contenant pour me réconcilier avec ce genre musical (même si certains groupes tentent désormais d’éviter de tomber dans cet écueil barbant de barbus, mais ce n’est pas la question du jour).

A écouter avec l’idée récurrente que « de toute façon, ce Willhelm est un sale con qui n’y connait rien en musique : moi j’aime les flûtes et le folk… »

Tracklist:
1. Tapae 87 (5:38)
2. Calea (7:22)
3. Tara Berladnicilor (7:24)
4. Crapat di Cer (6:10)
5. Spirit-Sageata (8:54)
6. Zbor Insetat (7:40)
7. Mos Urs (5:40)

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