Line-up sur cet Album
Junior Figueroa : chant / guitare lead Billy Bob : guitare rythmique / slide guitare Matt Fraga : basse Nicko Cambiasso : batterie
Style:
AC/DC ArgentinDate de sortie:
23 Juin 2017Label:
Steamhammer/SPVNote du Soil Chroniqueur (SlyTale) : 6,5/10
L’Argentine est un pays étrange. Non, c’est vrai ! C’est un pays qui accueille les pouilleux de tout poil fuyant un pays qui ne leur sied plus guère (nazis et fascistes après la deuxième guerre mondiale quand ça commençait à pas sentir bon pour eux, Florent Pagny – on ne saurait d’ailleurs dire qui est le plus nocif pour l’humanité… On me dit dans l’oreillette que cette vanne me vaut d’être fiché « Individu dangereux pour la diversité de la Pensée Unique » par l’AAOESTPCE (Association des Artistes Ouverts d’Esprit Si Tu Penses Comme Eux)), qui nous met la misère au rugby (faut dire que pour les sports de ballons qui se jouent à la main, c’est dans leur culture depuis Maradona), et où le terme « Gaucho » désigne un cow-boy quand chez nous il désigne un pue-la-pisse en sarouel, dont les cheveux dégueulasses bougent au rythme de son djembé qui résonne sous les ponts où les mecs bourrés en sortie de boite vont épancher leurs fluides urinaires (Ah ? On frappe à ma porte, je vous prie de m’excuser, je vais voir qui c’est – et j’ai ma petite idée de qui ça peut être). OUI ! OUI ! J’arrive !
– Monsieur SlyTale ?
– Oui…
– Bonjour, Yannick N. et Josiane B. de l’AAOESTPCE…
– Oui… Je vous offre un café ?
– Non. Nous venons suite aux propos que vous venez de tenir et qui sont contraires aux valeurs de solidarité républicaine et citoyenne, éco-responsable et non stigmatisantes définies dans le cadre d’une société démocratique plus progressiste qui…
*bâillement sonore*
– CA VOUS INTERESSE PAS CE QU’ON VOUS DIT ?
– En fait, non. Je m’en branle. Je chie sur Hitler, je chie sur les Nazis, et sur toutes les formes de totalitarisme de la pensée en général, que, ne vous déplaise, vous représentez aussi. Sur ce, bonjour chez vous. *porte qui claque*
Donc, disais-je, l’Argentine est un pays étrange dont finalement nous ne connaissons pas grand-chose au niveau musical à part le tango. Mais soyons honnêtes, leur scène rock ne nous est pas familière et si je suis capable de vous citer Babasonicos, Luis Alberto Spinetta, Soda Stereo ou Gustavo Cerati, c’est uniquement parce que je me suis connecté à wikipedia. Or, c’est de là-bas que nous vient un petit combo nommé 42 Decibel qui sort son troisième album, Overloaded, après Hard Rock N Roll (2010) et Rolling in town (2015).
42 Decibel, c’est pas compliqué, c’est du AC/DC. Voilà, cherchez pas, notre quatuor revendique plusieurs influences telles que Rose Tatoo, Thin Lizzy, Lynyrd Skynyrd, Chuck Berry et autres rockers d’antan, mais leur créneau à eux, c’est AC/DC, période Bon Scott plus précisément. Et ils s’y sont employés les bougres, pour se rapprocher de nos Australo-Ecossais préférés, que ce soit au niveau du son (très proche dans l’esprit de celui fourni par Harry Vanda et Georges Young mais en plus gonflé), du jeu de batterie ou des riffs de guitare. Mais là où la ressemblance est la plus troublante, c’est dans la voix de Junior Figueroa. Elle est tellement proche de celle de feu Bon Scott qu’on se demanderait presque si le natif de Kirriemuir (Écosse) n’aurait pas mis en scène sa propre mort pour aller, lui aussi, se réfugier en Argentine où il aurait batifolé avec des belles femmes locales et eu un rejeton (vu sa réputation ce n’aurait pas été impossible).
Le seul souci, c’est que si Junior Figueroa a un timbre particulièrement proche de celui de Bon, il est assez loin de lui dans l’art subtil du chant. Déjà il est assez souvent à la limite du faux (c’est un genre me direz-vous, Johnny Rotten et Jean-Louis Aubert aussi, y en a à qui ça plaît) et puis il donne l’impression de pas être des plus sobres dans la prononciation. Je veux bien que 42 Decibel chante le rock et ses dérives éthyliques, mais quand t’as la prononciation pâteuse et embrumée du metalleux Lyonnais en fin de soirée au Rock n’ Eat qui a fêté comme il se doit la fin du week-end prolongé de l’Ascension chez cette bonne Grand-tante Yvonne de Bouzon-Gellenave (Gers, 32) qui ne lui a servi que de l’eau puisée dans le Petit Midour alors qu’elle habite en plein pays de l’Armagnac, ça fait pas hyper pro. Encore une fois, y en a à qui ça peut plaire, qui trouveront ça roots et tout ce que vous voudrez, moi, je n’adhère pas plus que ça.
Pour le reste, Nicko Cambiasso n’a rien à envier à Phil Rudd dans le jeu direct (pour dire qu’il n’y a rien d’extraordinaire, mais que c’est très costaud, et bien carré), et il est bien en place avec Matt Fraga qui, lui, à la basse, surclasse Mark Evans ou Cliff Williams (à qui l’on peut, je pense, délivrer le titre honoraire de fonctionnaire du rock). C’est un très bon bassiste dont la classe discrète est la vraie clef de voûte du groupe. Niveau guitares rythmiques enfin, la session est en place et alterne le bon et le moins bon, en fonction des titres. Notons au passage l’utilisation régulière par Billy Bob d’une slide guitar, peu communément utilisée dans le hard et qui apporte un peu de personnalité aux Argentins qui, sans ça, en manqueraient totalement.
Par ailleurs, l’attrait d’AC/DC c’est surtout la présence scénique et musicale de Angus Young. Que valent les soli de Figueroa ? Sincèrement, ça va. Je peux pas dire que je préfère ceux d’Angus, il est bien dans le même style, mais pas complètement pareil. Ce qu’il nous propose, ce sont des soli toujours inspirés, alternant pentatoniques blues à la cool et passages hyper speedés très appréciables.
Et les titres dans tout ça ? Franchement, je trouve 42 Decibel (hors chant) parfois hyper à l’aise et intéressant dans les chansons mid-tempo et beaucoup moins quand ils accélèrent le rythme.
A titre d’exemple, Overloaded s’ouvre sur « Whisky Joint », très rapide, très brouillonne, que la slide guitar de Billy Bob n’arrive pas plus que ça à rendre pêchue (dans le sens efficace) et dont le solo est à la limite de l’inaudible. Pour une entrée en matière, c’est raté.
« Dangerous Mess », qui suit, s’ouvre au contraire avec un vrai putain de bon riff de gratte qu’une basse hyper groovy vient faire vrombir. Mais qu’est-ce que c’est que cette accélération sur le refrain ? Ça n’apporte rien, c’est pas beau et ça gâche tout. Autant la deuxième fois, sur le très bon solo ça sonne vraiment, autant la première fois… Non, quoi ! C’est pourtant le même riff ! C’est peut-être dans la nature de ce riff de mieux sonner sur un solo de gratte que sur du chant.
Et puisqu’on parle du chant, laissez moi vous dire que les vocaux sur « Brawler » me hérissent le poil. Vous voyez ce clochard du métro qui s’appelle Michel, qui a 32 ans depuis une bonne dizaine d’années et qui en est réduit à faire la manche à cause des incidents de la vie et qui va se permettre de passer parmi nous pour demander une petite pièce ou un ticket restaurant pour pouvoir manger, se laver et rester digne, et s’il y en a qui ont un emploi à proposer il est preneur, il remercie ceux qui fouillent au fond de leur cœur et pour les autres il leur souhaite bonne chance ? Généralement, quand il passe dans le premier métro du matin, il est déjà bien chargé au blanc et son élocution s’en ressent. Ben là, vous le prenez, vous le mettez dans une cabine d’enregistrement, vous lui faites chanter « Brawler » et le tour est joué ! C’est pas beau, ça ruine un morceau qui aurait pu être vraiment pas mal et vous vous dites que si 42 Decibel a décidé d’appeler leur album Overloaded parce que Figueroa était surchargé, ils auraient mieux fait de l’appeler « Super sober Rock », ça lui aurait peut-être laissé une chance. A moins bien sûr que la raison soit toute autre. Je sais, pour avoir vu une interview de Junior Figueroa qu’il n’était pas destiné à être chanteur et que c’est Cambiasso, le cerveau du groupe, qui l’a encouragé dans cette voie. Dans ce cas, je ne saurais que trop conseiller soit à Figueroa de prendre des cours de chant (première option, vivement recommandée) parce que son potentiel est indéniable (surtout quand on a un timbre aussi proche de Bon Scott et qu’on aspire à jouer du AC/DC), soit à Cambiasso de se pencher sur la question du recrutement d’un vrai chanteur.
Parce que si « Brawler » ne vous a pas suffit, « Roadkiller » vous achève. Bonnes guitares, excellent groove, ça démarre vraiment bien, et bim ! Michel Dumétro revient. Michel est venu quémander une pitance et on lui sert un soufflé qui se dégonfle quand on le pique. C’en est frustrant. Parce que cette chanson se pose sur une excellente base musicale. Tiens, imaginez le tableau : un homme et une femme font connaissance au cours d’une soirée. Elle est belle, il est beau. Ils discutent, échangent d’abord des banalités avant de parler de choses plus profondes (la sortie du nucléaire et la transition énergétique, la beauté des paysages en Irlande, la performance de Di Caprio dans The Revenant, la dernière vidéo de chats qui fait le buzz – non, pas ça. Ça, c’est con comme sujet – l’envie de laisser un monde plus beau à leurs enfants si un jour ils trouvent la bonne personne – Tiens au fait ! En parlant de ça, j’en ai une bien bonne ! Un homme demande à une femme « Vous aimez les enfants ? » Comme elle répond que oui il enchaîne « Vous en voulez une gorgée ? » MWAAAAA HA HA HA HA désolé hein ? Il est bien évident que c’est pas le genre de blague à sortir au premier rencard, si vous le faisiez néanmoins je déclinerai toute responsabilité et nierai vous avoir connu), ils boivent des cocktails raffinés, le courant passe merveilleusement bien, les inhibitions tombent les unes après les autres. Elle rit de ce beau rire qui s’envole vers les étoiles, il laisse échapper des demi-sourires de mâle protecteur sûr de son charme. Il est galant, prévenant et drôle, elle est charmante, intelligente et pétillante ; ils se rapprochent, il la raccompagne chez elle, elle l’invite à boire un dernier verre, il accepte. L’émotion devient excitation palpable, et se termine par un effeuillage sensuel des vêtements dans les règles de l’art, les corps se frôlent, les sourires se perdent dans la contemplation des deux regards qui se noient l’un dans l’autre et… l’un des deux s’endort comme une merde sur le clic-clac du salon. Voilà : « Roadkiller ». Alors bon, je force le trait, mais c’est l’impression que ça me laisse. Donc forcément, j’en arrive à faire une fixette sur cet aspect là des choses (un peu comme un gars dont on vous dévoile un toc que vous n’aviez jamais relevé et que, une fois révélé, vous ne faites que voir).
Et a chaque morceau qui passe, c’est le même adjectif qui vient napper mon appréciation : « dommage ». Voyez plutôt : « Hot shot », c’est une chanson très rythmée, sur laquelle Matt Fraga s’en donne à cœur-joie, et sur le refrain de laquelle la slide guitar amène un vrai plus, un titre sinon savoureux, à tout le moins rafraîchissant et Plouf! Un chant moyennasse (avec en sus des chœurs qui ne dégagent pas de puissance). Dommage.
« Half Face dead », une nouvelle fois très rythmée, cette chanson limite speed dans le riff (qui me fait penser à « Let there be Rock » dans le côté nerveux) propose une batterie tribale sur les couplets, un très bon solo, bref, une chanson vraiment sympa mais le chant, sans être complètement catastrophique n’en tire pas moins le morceau vers le bas. Dommage (bis).
« Lost Case », une chanson mid-tempo qui fait la part belle à la slide, avec une approche très blues assez réussie, des soli fournis (surtout celui, sous-jacent du break de presque deux minutes, ce qui peut parfois sembler long mais qui là glisse tout seul, comme un doigt dans un cul, pardonnez moi l’expression) et plouf encore! Des parties vocales quelconques, dont la justesse titille l’oreille sur les refrains, qui laissent un arrière goût d’inachevé. Dommage (ter).
« Cause Damage », ma préférée. Sur un mid-tempo énorme, l’intro à la slide puissante est EX-CEL-LENTE, l’arrivée de la basse et de la batterie sonne monstrueusement « bien en place » et enfin, ENFIN ! le chant est juste dans les notes et dans les intentions. Ni trop, ni trop peu. Ajoutez à ça l’espace solo qui est génial, avec une montée en puissance très bien organisée et vous obtiendrez ce que l’on aurait voulu entendre depuis le début.
S’ensuit « Double Itch Blues », assez lente, elle ne peut que faire penser à « Born on the Bayou » de Creedence Clearwater Revival sur le deuxième riff de l’intro, qu’on retrouve sur le pré refrain. Un pur blues très réussi là encore. Et puis surtout Figueroa se stabilise à peu près dans le juste. Ça va. Surtout quand il ne force par sur cordes vocales pour essayer d’obtenir une voix éraillée. Il a vraiment du potentiel, il faut juste qu’il arrête de forcer autant, sa voix est bien mieux quand elle est plus claire. Parce que s’il arrive à être aussi bon au chant qu’à la guitare solo, ça va déchirer! Les soli, sont tous énormes. Le premier fait penser à Billy Gibbons (ZZ Top), le deuxième aux plus grands nom du blues, et le troisième à un Chuck Berry en feu. Ceci dit, je l’aurais bien vue finir à cet endroit cette chanson. Le quatrième solo sonne « de trop » et n’apporte pas grand-chose. Dommage (on en revient aux « dommage », on les avait presque oubliés…).
Quant à « Cannon Fodder », la dernière, elle attaque avec un riff assez agressif surprenant à ce niveau là de l’album. Une agressivité que l’on retrouve dans les couplets, presque Heavy Metal mais avec un son rock. Intéressant. Très intéressant même! Et le refrain n’est pas en reste : c’est AC/DC qui joue du Manowar. Ou l’inverse. Instinctivement on secoue la tête. Un premier solo à équidistance du heavy metal et de Angus, et un deuxième (de 1mn20) qui se termine de façon totalement déjantée et finit à l’emporte-pièce.
Alors, comment dire ? Je ne sais pas si je recommande cet album. D’un côté y a du bon, voire du très très bon, surtout au niveau purement musical (y a quelques riffs dispensables mais dans l’ensemble, y a pas beaucoup à mettre à la benne), mais d’un autre, le chant… Arf ! S’il prenait des cours, Figueroa pourrait certainement apporter à 42 Decibel la classe vocale qu’il mérite, et gagner ainsi beaucoup de fans, à commencer par moi.
Site officiel : http://www.42decibel.com
Myspace : http://www.myspace.com/42decibelrocks
Facebook : http://www.facebook.com/42decibelofficial
Youtube : http://www.youtube.com/user/42decibelrocks
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