Interviewer : Willhelm von Graffenberg
Interviewés : Mick (chant), Alain et Geoffroy (guitares)
No Return nous sort un nouvel album le 17 Novembre et le promeut en jouant avec Angelus Apatrida lors d’une tournée française. Retour sur une année remplie d’enregistrements et de concerts avec Mick (chant), Alain et Geoffroy (guitares).
• La dernière fois qu’on s’est croisés, ici même, vous étiez sur le point d’enregistrer votre nouvel album, The Curse within. Comment s’est passé l’enregistrement ?
– Mick : Super bien. On est retournés chez Jacob Hansen au Danemark – on connait bien la maison maintenant – et on a procédé comme d’habitude ; on a enregistré les guitares en amont, qu’on a ensuite réampées au Danemark, puis on a enregistré la batterie, la basse, les voix. Ça nous a permis d’économiser une semaine, c’est quand même des gros studios. On a des bons prix mais ça nous fait économiser : une semaine, ce n’est pas à négliger. Mais surtout comme y a énormément de lead et de travail sur les harmonisations sur les guitares, c’est vrai que c’est plus simple : ils peuvent travailler tranquillement à la maison et on gagne du temps.
• Vous êtes restés en résidence ?
– Alain : Oui, on est restés une quinzaine de jours là-bas.
• Comment ça se passe un enregistrement chez Hansen ? Un seul à la fois et les autres regardent et avisent ? Chacun est appelé l’un après l’autre et attend son tour pendant que l’ingé son/producteur donne son avis et fait refaire si nécessaire ? Vous avez eu combien de temps ?
– Mick : En fait, y a tout ce qui précède : t’arrives avec tes guitares témoins, ce qu’on avait puisqu’on les avait faites pour l’album, il les mets a tempo dans son dossier dans son Mac et ensuite on commence à enregistrer avec la batterie, après il fait la basse, il réampe les guitares et on arrive aux voix. Ensuite, quand il mixe, c’est là où il met en général les arrangements et les claviers.
• C’est quoi le secret du son de No Return, cette précision, cette harmonie dans le chaos ? Des pistes doublées, une technique spéciale, un truc d’ingé son que le commun des mortels ne peut appréhender ?
– Alain : Non, cette empreinte No Return, c’est qu’il y a beaucoup d’harmonies de guitares, qui sont travaillées en amont, puis après c’est aussi l’art de fabrique de Jacob Hansen qui a bien boosté la prod’.
– Mick : Ce n’est pas forcément « nous » : on va dire que l’on va chez lui pour ça, ce genre de production qui est quand même assez énorme et moderne, c’est ce qu’on recherchait aujourd’hui. Ca n’aurait pas de sens de jouer le style qu’on joue avec le son d’un premier album, qui était très bien produit par ailleurs et que j’apprécie énormément d’écouter. Ce genre de production de Jacob Hansen, en Europe, c’est vite une évidence.
– Alain : On recherchait à la fois un mix entre l’agressivité et la mélodie et puis là, avec tous les groupes qu’il a à son actif, pour nous c’est vraiment la référence ultime.
• Du début de l’idée jusqu’au produit fini, combien de temps vous a pris The Curse within ?
– Alain : Ça s’étale sur plusieurs mois, entre six et dix mois. Parce qu’on maquette beaucoup, après on fait les arrangements ensemble…
– Mick : Et puis surtout les dates entre temps, parce qu’on ne veut pas lever le pied : y a des dates, y a de la demande… On n’aime pas s’enfermer, si les conditions nous vont, on sera sur scène.
– Alain : Globalement, on compte un an, pas tous les jours de suites.
– Mick : Faut le temps, même psychologiquement ; je le vois par exemple la manière dont j’aborde les textes. Là par exemple, c’est bien trop tôt, je ne pourrais pas écrire un texte. Je ne saurais même pas quoi raconter parce que je suis tellement content pour la sortie qu’il faut que je le vive, ce truc ! Cette histoire, pendant six mois, un an, et pour Alain, c’est pareil, hein ? [Alain approuve] Je pense que c’est un peu pareil pour tous les artistes, les mecs qui font des peintures… T’imagines…
• Pour avoir eu la chance de pouvoir y poser une oreille, je trouve ce nouvel album plus varié que Fearless Walk to rise. Ça faisait partie d’un cahier des charges ou c’est un heureux hasard ?
– Mick : Ce n’est pas un hasard. Dès le début avec Alain…
– Alain : On voulait vraiment plus de variété. Là, on ne s’est pas vraiment posé trop de questions, j’ai pris ma guitare et…
– Mick : On en a beaucoup discuté quand on était sur la route et, effectivement, on s’est dit que ce serait bien de mettre un peu plus de relief dans l’album et je pense qu’on y est bien arrivés.
– Alain : Des morceaux mid tempo…
– Mick : C’est intéressant parce qu’on n’en avait pas fait avant. L’album, tu peux l’écouter d’une traite sans en prendre plein la gueule : au bout d’un moment tu perds un peu le fil, là c’est un peu plus comme une histoire, avec des reliefs…
– Alain : … Des pauses, un petit peu de respiration qui permettent à l’auditeur de ne pas saturer…
• Vous allez bientôt tourner avec Cannibal Corpse (et sans passage en France, un peu un comble) qui sort également un album en novembre. Est-ce que c’est un accomplissement pour vous ?
– Mick : Moi non.
– Alain : Le but, c’est surtout de promouvoir l’album.
– Mick : C’est probablement parce qu’on a déjà fait beaucoup de tournées mais pour nous, c’est avant tout choisi, une évidence qu’on voulait l’Allemagne parce qu’on y est beaucoup allés depuis deux ans avec Fearless, on a fait beaucoup l’Europe de l’Est aussi. Le Danemark aussi où on a commencé à mettre les pieds, on y est très bien distribués. C’était une évidence pour nous de tabler sur ces pays là, avec la Suède… La France, on peut y jouer relativement facilement. Même le label qui nous aide pour rejoindre ces plateaux, ils voulaient vraiment qu’on fasse cette partie là. Ça doit faire quinze-vingt ans que je n’ai pas acheté un album de Cannibal Corpse donc, oui, je ne vais pas dire que je ne suis pas content évidemment, mais ce que je regarde, c’est tourner avec un bon support, un bon groupe qui ramène du monde et que ça fasse de la promo derrière.
• Quel serait ou aurait été LE groupe avec qui vous auriez aimé tourner ?
– Mick : J’en ai plusieurs, mais on va rester dans le raisonnable… Slayer évidemment, là par contre c’est le trip de la vie, mais remettons les pieds sur terre : Dark Tranquillity, At the Gates qui sont chouettes, parce que je suis client…
– Alain : Moi, Testament !
– Mick : Ou même Kreator, en Europe… Je n’ai pas peur de jouer avec du Death ou autre, c’est même parfois mieux. Par expérience, j’ai connu une tournée avec Deicide et c’était un carton. Probablement que là, ça va faire pareil… Trois groupes qui sont dans le même style, c’est usant sur une soirée, trois groupes de Brutal Death. Alors oui, il va y avoir des fanas de ça qui vont être comme des dingues mais globalement dans la salle… Là, je trouve que c’est un chouette plateau avec Black Dalhia Murder qui est plus mélodique, c’est plus cohérent et intéressant, et je pense d’ailleurs que c’est pour ça qu’il va y avoir du monde. C’est sur…
• Comment s’annonce cette tournée ? Lyon, Florence, Nice, Narbonne, Montpellier, Nantes… Rouen ce soir… Ca s’est passé comment, ces derniers jours ?
– Mick : Eh bah écoute, c’est mortel !
– Alain : Une super bonne ambiance, on est vraiment content. En plus, on est avec nos potes d’Angelus Apatrida avec qui on avait déjà tourné deux ans en Europe, ça se passe super bien.
– Mick : Et puis, y a du monde, des gens cool de partout, on a déliré… Y a des endroits où c’était tellement le bordel ! Je pense notamment à Montpellier [Rires] et Nantes où ils étaient bien chauds…
– Alain : Lyon aussi : la première !
– Mick : Pour l’instant, c’est vraiment super.
• Pour ces dates avec Angelus Apatrida, vous faites bande à part et vous retrouvez sur les lieux de concerts ou vous voyagez en commun ?
– Mick : Sur cette tournée, c’est une petite tournée quand même, faut relativiser, remettre dans son contexte : on fait des 200… On ne peut pas se permettre de rouler en tourbus, évidemment, sur ce genre de plateaux. Du coup on a deux vans, on s’est un peu dispatchés… L’ambiance est très bonne. [Rires]
• Geoffroy, tu as eu le droit à ton interview récemment sur Guitariste.com. C’est une sorte de consécration que de passer du testeur à l’interviewé ?
– C’est sympa, du coup ça me permet de parler d’autre chose que de matériel. Guitariste.com, c’est aussi un peu la famille : ça fait, je pense, pas loin de dix ans à travailler ensemble régulièrement. Du coup, ça s’est fait naturellement : ils ont su qu’il y avait tout le boulot qu’on faisait autour de No Return et que ça tournait pas mal. Ils me l’ont proposé naturellement et on l’a fait, et ça fait vachement plaisir parce que pour une fois, j’ai pu leur parler d’autre chose que de câblages, de têtes d’amplis, de pédales. [Rires] après dans No Return, on n’est pas des gros consommateurs de matériel comme peuvent l’être certains groupes de Prog, ou des mecs qui jouent avec cent cinquante pédales, trois amplis et tout… Ce n’est pas la même chose mais c’était une partie agréable. J’aime bien parler aussi de ce qu’on fait, et c’est vrai qu’on voit beaucoup d’interviews d’Alain, de Mick… C’était aussi un moyen pour moi de pouvoir exprimer mon ressenti par rapport à ce que je fais – non qu’ils ne m’interdisent de le faire, hein ! [Rires] Souvent, c’est eux qui le font parce qu’ils ont une vision très large de la chose. Et puis c’était une façon de dire merci aux gens, de dire que je fais ça aussi, de parler un petit peu de nous sur le coté musical et extra-musical, et la petite aventure qu’on vit avec la sortie de cet album.
• Quelques mots de fin pour vos fans et nos lecteurs ?
– Alain : N’hésitez pas à écouter cet album et venir nous voir, parce que ça se vit vraiment en live, c’est là où il y a vraiment une interaction…
– Mick : Je rajouterais qu’on en a rencontré pas mal déjà puisqu’on a déjà fait quelques dates. On en aura beaucoup d’autres qui vont être annoncées donc venez nous voir sur 2018, n’hésitez pas à venir nous voir, partager une bière avec nous… Et merci à tous !
Line up :
Alain Clément – Former and lead Guitars
David Barbosa – Bass
Joël Barbosa – Drums
Geoffroy Lebon – Guitars
Mick Caesare – Vocals
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