Line-up sur cet Album
- Elsa Thouvenot : chant, violon
- Jordan Lavaut : basse
- Kévin Keiser : batterie
- Bruno Giglio : violon
- Sylvère Jandel : guitare (lead)
- Tristan Bor : guitares
Style:
Folk MetalDate de sortie:
18 Janvier 2019Label:
IndépendantNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
“L’histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s’incarne.” (André Malraux)
Curieux destin quand-même. Cela faisait un moment que j’étais attiré par le groupe Fenrir, que je suis sur Facebook et dont je peux contempler avec assiduité le parcours depuis mon arrivée sur le réseau social. Et pourtant, pas l’ombre d’un moment, l’idée ne m’était venue d’écouter ce groupe nancéien. Peut-être pour une raison assez simple : le nom du groupe ; moi qui suis très attaché à la culture viking et à la mythologie nordique, de voir qu’un groupe de Folk Metal porte le nom du célèbre loup sans proposer de lien avec les contes de l’Edda me laissait perplexe. Il est vrai que le choix du nom de ce groupe a le désavantage notable d’être inapproprié avec le contenu musical. Mais bon, comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, il fallait bien conjurer le sort et ôter définitivement de mon esprit ce préjugé débile. C’est avec un sentiment mêlé de mea culpa et de curiosité presque infantile que je plongeais tout droit vers le second album de Fenrir, appelé Legends of the Grail. A noter que le groupe emmené par Elsa Thouvenot au violon et au chant (membre originelle du groupe) avait sorti un premier opus répondant au doux nom de Echoes of the Wolf.
Nous voici en présence d’un album vaste, douze morceaux au menu. Et que dire de plus sur la pochette, si ce n’est qu’elle est très belle ? L’artwork respire l’aventure chevaleresque à travers un décor très médiéval. On peut y voir un bateau voguer vers une île d’où domine un château, le tout dans un environnement brumeux. Typique comme décor, mais pas dénué pour autant de charme. Je dois admettre que cette pochette avait déjà, par le passé, piqué ma curiosité au point de couvrir d’éloges le travail fourni par le groupe pour proposer une belle entrée en matière. Je trouve qu’il transpose bien l’idée de quête, dans ce paysage de navigation vers un lieu secret. Les légendes arthuriennes regorgent de contes mystérieux mais il nous faut bien reconnaitre que la quête du Saint Graal est probablement la plus connue et la plus énigmatique. Nous voilà derechef parti pour cette fameuse quête avec l’album, et la musique nous guidera tout droit vers elle.
Comme je disais, Fenrir propose un Folk Metal à grand renfort d’instruments traditionnels comme le violon et la flûte. On y trouve bien évidemment des parties metal mais plus en fond, Metal qui s’apparente au style death voir thrash par moment. En tout cas, la part belle est faite aux parties folk ce qui non seulement est logique mais en plus bien exécuté. Cette mise en avant du traditionnel me plait fortement.
Pour entrer dans le détail, le Metal est en accompagnement mais se montre assez varié dans sa forme rythmique, avec des passages linéaires et posés (« Brocéliande » pour illustrer), mais d’autres plus agressifs selon les morceaux (exemple avec « Conquest of Britain »). Les instruments font le boulot : tantôt ils sont là pour apporter sur de courts instants des parties purement metal, tantôt et majoritairement pour appuyer l’aspect dansant, épique ou conté des morceaux selon les besoins. Difficile toutefois de donner une place de choix aux guitares et à la basse car ces derniers sont plus là pour amener une ligne rythmique très simple. Je ne dis pas qu’ils ne sont là qu’en second plan mais on sent que la volonté du groupe est plus de mettre l’accent sur les mélodies proposées par les instruments folkloriques. Cependant, certaines parties font exception comme sur le morceau « The Son of the Pendragon » où une guitare nous gratifie d’un solo très bien réalisé, tout comme « La Dame du Lac » !
En revanche, j’adore la manière dont sont utilisés les instruments traditionnels : s’ils sont peu nombreux, comme cités plus haut, il n’en demeure pas moins qu’ils ont pris une place prépondérante dans la composition de l’album. En appui avec des passages à la guitare acoustique et nous voilà immergé vers les contes du roi Arthur ! Quand je ferme les yeux, je m’imagine au milieu d’un film de chevaliers, partant sur mon destrier vers de nouveaux horizons. Plus communément, l’album me fait penser à un groupe de ma région drômoise appelé Le Clan qui proposait des reprises celtiques mais aussi des compositions de cet acabit. Je suis naturellement donc directement touché par les parties folkloriques de Fenrir. Les gros groupes devraient d’ailleurs se remémorer ce qu’est l’authenticité dans la tradition, car cela se perd vite quand le commercial domine…
J’ai été époustouflé par les morceaux acoustiques. « Mists of Avalon » est tout simplement un morceau magnifique. Pour tous les amateurs de ce genre, vous devrez largement être satisfait. C’est le plus beau de l’album et c’est celui qui le clôture. C’est ce que j’ai souvent adoré chez les groupes de folk : les introductions et les conclusions, souvent acoustiques. Et là, celle qui met fin à Legends of the Grail est… exceptionnellement belle. Je recommande vivement ! Et je finirai par l’introduction pour une fois car elle a le mérite de planter le décor de manière efficace et splendide. Non, vraiment : les morceaux acoustiques valent le détour !
Fait rare pour être souligné, j’adore le chant. Je l’expliquais dernièrement, je ne suis pas misogyne du tout, mais j’ai énormément de mal avec le chant féminin dans le Metal. Qu’il soit clair ou guttural en plus ! Tout simplement parce que le chant féminin a du mal à se transposer avec des parties agressives que l’on retrouve dans le Metal extrême en général. Il faut tâtonner un moment avant de trouver l’alchimie… et dans le cas de Fenrir ; je suis impressionné non seulement par la qualité mais aussi par la diversité des chants proposés. Il faut une sacrée maitrise vocale pour arriver à varier à ce point le chant. Je note que l’utilisation de la quinte est récurrente et est loin de me déplaire. J’aurais adoré, comme tout groupe folk, lire les textes des morceaux mais cela m’a été impossible… Tant pis !
C’est sur une note très positive que je mets fin à ma chronique. En parcourant l’œuvre de Fenrir, je me dis que le Folk Metal en France n’est pas mort, bien au contraire. On assiste au maintien de cet esprit musical qui fait très « feu de camp », avec toute sorte de contes qui se dégustent par les instruments et ce chant très narratif.
Plus qu’une embellie, l’album Legends of the Grail est un voyage dans l’Histoire, une invitation à prendre place à la Table Ronde, à écouter les incantations de Merlin, être bercé par les contes du roi Arthur et le suivre dans ces escapades légendaires vers sa propre gloire ; le genre de voyage que l’on aime se remémorer inlassablement puisqu’il nous fait rêver. Alors, si vous aimez le médiéval et les contes, permettez à Fenrir de devenir l’un de nos dignes représentants français en matière de Metal et de tradition !
Tracklist :
1. A Legend begins (instrumental) 01:23)
2. A red Sun rises (04:36)
3. Camelot (04:09)
4. Sir Gawain and the Green Knight (04:46)
5. Conquest of Britain (04:54)
6. The Fisher King (04:23)
7. Brocéliande (03:39)
8. The Son of Pendragon (04:47)
9. La Dame du lac (03:48)
10. Morgane (03:45)
11. Mordred (03:55)
12. Mists of Avalon (instrumental) (02:12)
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