Line-up sur cet Album
Kaspar Luke : basse Philip Morthorst : batterie Stefan Krey : guitare Peter Bjørneg : chant
Style:
Sludge Metal progressifDate de sortie:
1er Mai 2020Label:
IndisciplinarianNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Mon cœur craint de souffrir, dit le jeune homme à l’Alchimiste, une nuit qu’ils regardaient le ciel sans lune. » (Paulo Coelho)
Je me suis souvent demandé, parmi les nombreux questionnements que je peux me avoir sans pour autant y trouver un sens précis : à partir de quand un groupe atteint-il son apogée ? Est-ce lorsqu’un stade est rempli à ras-bord de spectateurs ? Est-ce que le nom du groupe suffit pour qu’un zigoto de consommateur achète le CD parfois sans l’écouter, juste parce que c’est tel groupe ? Ou est-ce par exemple lorsque l’on croit reconnaître un groupe quand on en écoute un autre ? Sans compter les fois où ce même groupe est cité comme référence artistique par plusieurs autres. C’est vraiment une question à deux-francs-six-sous, mais elle a le mérite d’être posée de temps en temps. Parce que beaucoup d’artistes balancent leurs références et elles sont intéressantes à étudier pour comprendre la genèse. Ou simplement il suffit parfois d’écouter la musique, de fermer les yeux et de se dire : « bon sang mais c’est bien sûr ! » Et puis on peut lourdement se tromper, trouvant une référence totalement erronée et parvenir tout de même à sortir la déliquescence de ce dernier. C’est ce qu’il s’est produit avec le groupe que je vais amidonner avec une bonne couche de motivation comme toujours : Alkymist.
Alors, des groupes portant le nom rappelant l’alchimie ou l’alchimiste, j’en connais un bon paquet ! Mais orthographié ainsi, j’en connais deux : un canadien et celui-ci donc, que je découvre aujourd’hui. Ce groupe nous vient tout droit du Danemark, de la capitale Copenhague et existe depuis 2016. Jeune formation composée de quatre membres, tous uni-instrumentiste et ayant déjà sorti un EP en 2018, un album éponyme la même année et donc ce deuxième CD qui s’appelle sobrement mais avec tout de même une certaine prestance « Sanctuary« . Je me suis renseigné et il semblerait, à ma grande surprise, que le groupe n’ait jamais franchi ses frontières danoises pour des concerts. Quelle hérésie ! Mais il faut dire qu’il évolue dans un style un peu « fermé » mais néanmoins palpitant : le Sludge Metal.
Mais avant d’aborder l’aspect musical de l’album, faisons d’abord un petit crochet (je sais que ça va faire rire mes camarades) sur l’artwork. Mais encore avant, j’aimerais revenir brièvement (ça va encore plus faire rire mes camarades) sur le logo du groupe qui n’est pas reproduit à l’identique sur la pochette qui nous intéresse. Alkymist s’écrit comme une pyramide, avec le A en tête, « LKY » en deuxième ligne, « MIST » en plate-bande et une couronne retournée. Assez originale pour aiguiser ma curiosité, j’ai l’impression qu’il y a une sorte d’ironie dans ce logo. « LKY » me fait obsessionnellement penser à « Lucky », comme s’il était écrit « A LUCKY MIST ». Bon cela se traduirait par « un brouillard chanceux », mais bon ne me demandez pas pourquoi j’ai cette image en tête, en fait je n’en sais rien.
Pour le reste, l’artwork est bien fait, sauf que je n’arrive pas à savoir s’il s’agit d’un paysage pris d’en haut, comme un paysage lunaire, ou d’une pierre prise en gros plan avec un effet de rouille qui me fait penser à l’album « Live in Gronigen » d’Aborym. Mais en lui-même c’est un artwork assez vague, dont je ne vois pas trop de corrélation avec le mot « sanctuaire ». Ce qui n’enlève en rien la beauté de ce dernier, je le répète, mais la curiosité d’écouter la musique est pour une fois plus forte naturellement qu’induite par l’artwork, ce qui est rare chez moi !
Parce que le style présenté partout est nommé ici « Sludge progressif / Doom Metal« . Je dois avouer que le sludge en lui-même je le trouve particulièrement magique et prenant comme style de Metal, alors si en plus on incorpore du progressif, mon avidité légendaire est triplée d’intensité ! Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’Alkymist a réussi son entreprise de me combler de bonheur. Quelle musique intense ! Et l’intensité réside bien dans l’atmosphère que ce CD renvoie à notre inconscient : un mélange de désolation et de noirceur. Ce n’est pas un album pour vous trémousser, je vous mets tout de suite en garde. Ce n’est pas non plus un album qu’il faut écouter en étant penché au-dessus du vide pour admirer le paysage, sinon un raptus d’en finir viendrait soudain vous envahir ou vous ferait vous jeter gracieusement dans l’air pour vous écraser plus bas. Voilà comment résumer la musique d’Alkymist en une phrase !
Ce que je trouve de véritablement intelligent dans la composition de l’album, c’est que les trois ingrédients que sont le Doom, le Sludge et le Prog sont présents et de fort belle manière. Le Doom et le Sludge étant étroitement liés, il était certain de les croiser, la subtilité étant dans le son que j’évoquerai plus bas. Mais là où il fallait réussir à mettre du Prog dans le tempo des morceaux, lents et lourds, et y arriver avec brio ! C’est chose faite avec des passages dont une guitare nous envoie des passages plus aigus, plus mélodiques aussi, voire carrément des soli, rajoutant à la lie de la mélancolie qui tapisse ce CD un vrai poison de noirceur pour le remplir ! J’adore vraiment ce mélange qui me semblait détonnant mais qui sonne tellement juste que j’en crierais au génie si je le pouvais sans incommoder mes voisines ! Car réussir à mettre des passages mélodiques encore plus sournois dans un ensemble lent et lourd, il fallait le faire.
Le son est juste parfait, franchement ! Pour les amateurs du style sludge vous boirez tous, comme moi, du petit lait tellement le son est génial. Il y a énormément d’effets sur les guitares sans que cela soit pour autant ampoulé, l’ensemble est auréolé d’une reverb’ profonde mais là encore sans exagération – ou si c’est le cas les instruments s’emboîtent entre eux parfaitement pour que cette dernière ne soit pas choquante. Puis, c’est aussi la clé d’une noirceur importante dans la musique que de faire résonner les sons, de telle sorte que tout résonne en nous. N’oublions pas qu’en plus, comme souvent dans ce style, il n’y a qu’une guitare. La batterie est peut-être un poil trop en retrait mais rien non plus de choquant. Bref, c’est un vrai bonheur pour mes oreilles, je me régale à passer cet album dans mes différents supports d’écoute. A noter toutefois qu’il y a, sur huit morceaux, deux instrumentaux et un plus court avec du chant mais qui fait office d’interlude.
Mais alors THE point fort de l’album, pardonnez-moi, mais c’est le chant. Mais alors, vraiment, quelle bombe ! J’adorais déjà le growl plein d’effets que je trouvais sur des groupes comme Atavisma ou Venomous Skeleton mais alors ici, on prend encore plus d’ampleur d’autant que le chant est plus dans une veine de growl medium ou aigu qu’un vrai grunt grave. On croirait des rugissements et le summum intervient dans la durée des fins de phrases, impressionnante parfois. Franchement, gros gros point fort que le chant qui porte énormément la puissance de l’album.
Allez, pas besoin de tricoter davantage, cet album est une tuerie, un point c’est tout. Enfin pas tout à fait parce qu’une fois de plus je vais tricoter un peu (vous l’avez pas vue venir celle-là hein ?)
Sérieusement et pour conclure, je crois que cet album mérite d’être porté au grand jour tant la qualité est au rendez-vous et ce mélange subtil de noirceur et de technique est juste époustouflant ! Je ne sais pas si le Sludge a beaucoup d’amateurs mais, en tout cas, le deuxième album d’Alkymist en ravira plus d’un et pas qu’eux ! Je pourrais citer les amateurs de Doom, de Prog et peut-être même de ceux qui ont adoré les albums de Triptykon car il y a indéniablement quelque chose. Et ce quelque chose m’avait déjà charmé pour les Suisses, alors concernant les Danois et leur album « Sanctuary« , je crois que le contrat est rempli ! Grosse découverte de l’année pour moi !
Tracklist :
1. Oethon
2. The Dead
3. S.O.Y.
4. Draugr
5. Gust of War
6. Desolated Sky
7. Astral Haze
8. Warkeeper
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