Line-up sur cet Album
- Line up -(16)- :
- Bobby Ferry : guitare, chant
- Barney Firks : basse
- Dion Thurman : batterie
- Alex Shuster : guitare
- Line up Grime :
- Cougar : basse
- Chris : batterie
- Tubo : guitare
- Marco : guitare, chant
Style:
Doom Metal / Sludge MetalDate de sortie:
26 février 2021Label:
Heavy Psych Sounds RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
« On appelle duo une musique à deux voix, quoiqu’il y ait une troisième partie pour la basse continue, et d’autres pour la symphonie … » Jean-Jacques Rousseau
Deuxième fois que je dois m’atteler à un duo. Ma première expérience ayant été quelque peu moyenne, j’y vais un peu sur le reculoir. Pourtant tout devrait attirer mon regard et mes oreilles! S’associer entre deux groupes, pour n’en donner qu’un et produire un album « à quatre mains », cela relève d’une prouesse digne d’une mise en couple. Avec un nombre probablement considérable de concessions, d’habitudes à proscrire (comme péter au lit?…), d’un quotidien à instaurer pour éviter de s’étrangler mutuellement. Vous voyez le morceau « Ton Invitation » de Louise Attaque? Ben, un peu un truc du genre. J’imagine sans peine les groupes en train de se désarticuler un à un les neurones en essayant de se mettre d’accord sur la production, le son, l’artwork, etc. Un joyeux bordel qui parfois aboutit à un résultat intéressant, parfois non. Il faut que l’osmose prenne, et ce n’est pas toujours évident. Ma première chronique d’un collectif musical donc, avait été un peu une déception. J’espère pouvoir me rattraper un peu en prenant ce nouveau duo de groupes, formé par -(16)- (oui oui, on l’écrit comme ça! Mon ami correcteur, ne viens pas me réveiller au saut du lit, à 14h, pour me susurrer vertement dans mes esgourdes que j’ai fait une faute!), et Grime. Deux entités pour n’en former qu’une, et sortir ce premier album appelé Doom Session Vol.3. Sobre et efficace.
Il va donc falloir présenter les deux formations qui ont décidé non pas de se disputer le bout de gras, mais de le partager. -(16)- n’est donc pas un bouton d’ascenseur, mais bien un groupe de metal, de Los Angeles aux États-Unis, et qui existe depuis… 1991! Punaise, la claque, j’avais un an les copains. Et étonnamment, des albums, il n’y en a pas eu tant que cela! Du moins, autant qu’on s’attendrait à avoir avec un groupe d’une telle longévité, soit trente ans. Huit albums, neuf splits, six singles, et trois EPs, on est sur un ratio général correct, mais autant de splits pour un nombre plus restreint d’albums, c’est assez rare. A croire que nos américains préfèrent cet exercice. Pour ce qui est de Grime, c’est nettement plus récent! Le groupe existe depuis 2010 et a vu le jour en Italie, à Trieste. Le groupe a sorti entre 2011 et 2015 deux albums et un EP, avant d’attendre six années de vide pour sortir ce split avec -(16)- . Un soudain frein à leur existence que je n’explique que par des hypothèses toutes aussi scabreuses et indolentes. Simplement, je suis très surpris de l’écart générationnel entre les deux groupes : vous avez d’un côté l’ancienneté, le pionnérisme en quelque sort de -(16)- , et de l’autre vous avez l’innocence et la légèreté immature de Grime! Étonnant mélange donc pour ce split, surtout quand on se remémore l’écart géographique et culturel entre les deux groupes. D’ailleurs, si certains avancent l’idée d’un split, les groupes présentent leur Doom Session Vol.3 comme un collectif musical. C’est à n’y rien comprendre! Bon, quoiqu’il advienne, on ne façonne pas une chronique sur des hypothèses et des jugements, passons donc à l’analyse si vous le voulez bien.
Et il est aisé de constater que l’artwork est vraiment chouette! Il me fait penser à ces vieilles couvertures de livres que l’on trouve essentiellement en chinant sur les brocantes, avec les pages bien jaunies par le temps et l’érosion. Je pense d’ailleurs que cet artwork est un détournement, ou une réutilisation d’une image déjà existante, vu la qualité très authentiquement réalisée. On y voit diverses références religieuses et macabres, avec cette cérémonie aux allures de satanisme, cette croix inversée, ce moine qui fait la prière les mains posées sur un cou décapité, la tête reposant toujours sur ce qui ressemble un peu à une potence. Il y a trop de symboles, donc je ne vais pas tous les détailler, mais on reconnaît bien une cérémonie religieuse, avec un détournement hyper provocateur sur le satanisme, ou du moins sur l’inverse du christianisme puisqu’une croix inversée n’est pas un symbole net du satanisme mais plus une négation totale du christianisme. Franchement, il n’y a pas grand-chose à redire de négatif sur la pochette hormis peut-être s’il est avéré que cette image est un simple détournement artistique, et vous savez depuis le temps, si vous me lisez, que je déteste le principe de prendre une image déjà existante et de s’en servir idiotement de couverture d’albums. On va donc rester sur un constat simple de beauté. Même si, petit spoil : au vu de la musique proposée, c’est très surprenant et limite totalement antithétique.
En fin de compte, je me suis totalement lourdé sur l’intention du groupe. Les trois premiers morceaux sont en fait ceux de -(16)- et les deux derniers sont ceux de Grime. Il s’agit donc bel et bien d’un split… Mille excuses.
En tout état de cause, deux styles de musique vont très vite se démarquer ici : d’un côté le doom metal très old school avec un chant parfois teinté de sludge de -(16)-, et un sludge metal beaucoup plus énergique de Grime. Metal Archives ne m’avait pas menti même si au départ j’étais dubitatif de lire que -(16)- était un groupe de sludge metal et non de doom, puisqu’au vu de la première écoute, on se rapprochait quand-même bien plus de ce dernier. Et puis je me suis souvenu de l’ancienneté du groupe, et comme j’expliquais que l’approche de la musique entre un groupe de trente balais et un de dix n’était pas la même, la musique prend tout son sens ici. C’est d’ailleurs assez beau de constater à quel point la musique dépend non pas parfois de l’étiquetage musical, mais de son expérience. -(16)- est donc plus tourné sur une musique doom metal old school avec juste un peu de chant sludge de temps à autre, et Grime est beaucoup plus sludge metal moderne. Deux planètes musicales qui tournent autour du même orbite sans parvenir à se piétiner ni entrer en collision irréversiblement, je trouve que c’est un très bon choix d’alliance artistique. Étonnant, mais payant donc pour ce split qui se pare de cinq morceaux accrocheurs, tantôt planants tantôt violents, avec juste une intention commune de servir une musique provocatrice mais pas forcément malsaine. Je suis bluffé en tout cas, même si ma préférence va vers l’un des deux, nettement.
Qui dit deux groupes, dit forcément deux techniques de production différentes. Autant -(16)- fait la part belle à un son moderne et envoutant, oscillant entre lourdeur et lenteur, typiquement old school donc ; autant Grime est plus tourné vers un son là encore peu surprenant d’un sludge crade et cru, avec donc une recherche de violence plus présente. C’est probablement ce clivage trop important à mon gout qui va me laisser un gout amer. La production doit être un peu cohérente quand-même, or on a deux groupes diamétralement opposés musicalement. Je détaillerai plus bas pourquoi, mais pour ce qui est du son, il faut au moins quelque chose qui les relie entre eux. Et j’ai l’impression d’avoir deux EPs différents avec moi, plus qu’un split commun. Du coup, j’ai du mal à m’extasier sur le sludge de Grime qui me paraît trop agressif pour coller avec la lourdeur hypnotique de -(16)-. Il y a donc selon moi ici le point faible principal (et à ce stade, le seul) que je relève pour ce Doom Session Vol.3 : on n’a pas UNE production, mais DEUX. Et donc, pour un split c’est dommageable. On ne s’y retrouve pas entre les deux groupes et je nourris le clivage avec une boulimie que je ne devrais pas avoir en temps normal. Dommage.
Je vais faire un truc que je ne fais jamais d’ordinaire : je vais passer au chant parce que le paragraphe qui sert de conclusion était au départ celui qui concerne ma partie préférée : celle d’après les innombrables écoutes. Il résume tellement bien ce que je pense du split que du coup, il fera d’une pierre deux coups.
Je passe donc au chant que je trouve dans les deux cas d’assez bonne facture. J’ai une nette préférence pour le chant pluridisciplinaire de -(16)- avec une alternance intelligente de chant clair, de narration et de chant saturé à accent sludge, avec une belle expérience au compteur qui ne laissait planer aucun doute sur le rendu final. Certains trouvent qu’un surplus d’expérience installe trop le musicien dans un abus de confort, moi, je trouve que c’est souvent le confort qui amène l’expérience. Et -(16)- le démontre avec rigueur sur ce chant vraiment très bon. Celui de Grime est plus net : un chant saturé sludge, de fort belle technique, qui fait froid dans l’échine et qui rajoute la violence supplémentaire que l’on attend dans ce style. Néanmoins, je le trouve un peu trop linéaire et trop peu variable comparé à -(16)-, du coup j’apprécie moins. Nettement même.
Et donc, comme je disais plus haut, c’est le moment de conclure avec ce paragraphe détourné joliment pour une fois : il y a un proverbe très connu qui dit « les contraires s’attirent« . C’est exactement ce qu’il s’est passé entre -(16)- et Grime : ils sont les contraires quasiment parfaits! Selon moi, -(16)- produit un doom sludge metal old school, tandis que Grime propose un sludge doom metal moderne. Vous scindez en deux le split, trois du côté des américains et deux du côté des italiens, et vous avez le négatif / positif d’une pile alcaline! C’est presque fou d’être arrivé à trouver deux groupes qui sont comme les deux côtés d’un miroir à ce point. J’allais écrire « qui se complètent » mais pour les raisons évoquées dans la production, ils ne se complètent pas. Ils se suffisent. C’est différent et suffisant pour ravir deux publics différents! En tout cas, les quelques écoutes effectuées pour la chronique m’ont permis d’établir une préférence très nette pour -(16)-. Je m’y retrouve bien plus dans ce doom old school que dans l’agressivité exagérée de Grime. Je plaide donc l’erreur de la jeunesse et je loue l’expérience pour ce split qui décidément ne me laissera pas indifférent du tout! Maintenant, lecteur(e), tu es averti : il va falloir choisir parce que ce split Doom Session Vol.3 est trop clivé pour rassembler. Il va donc falloir trancher : quel groupe vas-tu préférer?…
Tracklist :
Side A
1 16 – Tear It Down (05:39)
2 16 – Death on Repeat (04:08)
3 16 – Nachzehrer (04:10)
Side B
4 Grime – A Piece of Meat (05:43)
5 Grime – Sick of Life (06:01)
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