La Nausée – Battering Ram

Le 14 juillet 2021 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Jelle de Bock : tous les instruments, chant

Style:

Sludge groove

Date de sortie:

07 mai 2021

Label:

Spectral Hound Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

 

La consommation de pets-de-nonne ne garantit pas une mort en odeur de sainteté.” Patrick Heuschen

Ce soir, je m’avance vers une chronique hommage un peu particulière. L’hommage est à la fois simple mais nécessaire puisque méconnu alors que nous y sommes tous confrontés. Je pense que l’on atteint le stade ultime de cette phase orale quand on a des enfants, j’en fais actuellement les frais quand je vous écris. Outre donc le fait que ma chronique sera un peu hachée ce soir, il n’en demeure pas moins que je prends toute l’entière mesure de la tâche qui nous incombe, nous, pauvres êtres humains prisonniers de notre corps et de ses caprices. Je mesure toute la responsabilité qu’un tel déferlement, une telle marée nauséabonde, cause sur notre vie de tous les jours. Aussi vais-je pousser un coup de gueule bien mérité ce soir : les parents qui déposent leurs PUTAINS de marmots malades à l’école sans qu’ils ne se soucient des conséquences sur les autres enfants, JE VOUS CONCHIE !!! Traduction : ma fille dégobille tous ses boyaux et sa bile – puisqu’au stade où on en est à 22h, il n’y a plus rien dans le bide – depuis 14h et je me retrouve noyé jusqu’aux genoux dans des miasmes difformes et puants de vomis d’enfants ! Donc, comprenez bien que ce soir j’ai La Nausée ! Quoi ? Oui je l’ai vraiment mais on ne parle pas de cela en fait. J’ai La Nausée à faire en chronique ! Oui, je vous assure. Noooooooooooon je ne me suis pas reconverti en infirmier en service de chirurgie viscérale ou dans de la vente à domicile de sacs en papier étanches ! C’est juste que je trouve cocasse de faire la chronique du groupe La Nausée et de son premier EP « Battering Ram » alors que ma fille de quatre ans est souffrante d’une gastro-entérite bien carabinée. La vie et ses connexions… Voilà ! Je dédie cette chronique à tous les parents qui baignent dans le dégueuli de lait-fraise régulièrement dans l’année. Pour le reste, nous allons donc parler de La Nausée. A déguster pour les scatophiles et émétophiles, avec modération svp.

D’ailleurs, on comprend bien le nom du groupe mais « Battering Ram » veut dire « bélier » en anglais. On se rapproche bien d’un univers de puanteur donc. Mais en fait non ! La Nausée est un groupe formé cette année, soit 2021 ! Cela, c’est pour la première surprise, je crois que c’est à ce jour le seul groupe auquel je dois une chronique qui va l’avoir l’année de sa création ! C’est très drôle ! On l’aura donc deviné, « Battering Ram » est le premier EP du groupe et premier fait d’armes. Mais ce qu’il faut savoir et qui est très important c’est que La Nausée est l’œuvre d’une seule et même personne : un one-man band créé par Jelle de Bock, un multi-instrumentaliste belge, de Gent. Ce qui est pas mal, c’est que sur les photos du groupe en live qui sont fournies dans le dossier presse – fort bien mené d’ailleurs – c’est que j’ai reconnu le logo de Splendidula sur la batterie en arrière-plan. J’ai cherché et je n’en ai pas trouvé. Je pensais donc qu’il faisait partie du groupe mais même pas ! Bon, j’arrête ici les présentations. On part donc sur des bases toutes neuves et si j’en crois le dossier presse (très ampoulé comme toujours), on va avoir du très lourd !

Bon, on ne va pas se mentir, l’artwork aurait mérité un meilleur habillage. C’est du tout cru, du très simple et du réchauffé. Alors, je ne doute pas forcément qu’il y ait un sens derrière étant donné que, pour une fois, la présence de cette tête de bélier ensanglantée fait directement référence au nom de l’album, « Battering Ram« . Je me suis attardé un peu sur la symbolique générale du bélier qui reste globalement la même dans n’importe quelle mythologie, à savoir la force de la Nature. J’ai donc compris pourquoi avoir usité le bélier comme figure d’imagerie principale par l’explication suivante, sur le Bandcamp de La Nausée : « Notre musique parle de l’endroit où nous pouvons nous placer dans ce monde, dans cette vie. La force de la nature est incomparable. L’esprit est trop petit pour saisir l’image entière. L’essence précède l’existence, mais pas pour nous. Nous devons décider de notre état d’être et nous rendre entiers. Une autre source d’inspiration est la dichotomie entre l’individu humain et des forces telles que le marketing d’entreprise, les gouvernements ou les médias qui tentent de les influencer et de les biaiser. » On a donc une vision très « sludge metal » de la société et de ses turpitudes qui ne me laisse pas indifférent. Je suis loin de partager le marasme ambiant du genre musical précédemment cité mais au moins j’adhère à la métaphore. Elle pouvait être mal vue mais finalement elle prend tout son sens. J’ai bien fait de creuser, du coup j’apprécie l’artwork. Je ne l’adore pas attention ! Mais au moins lui trouvant une signification la pilule passe beaucoup mieux dirons-nous.

Mais il est vrai que la musique de la première écoute – car les autres sont toujours différentes – a eu le mérite non dissimulable de me surprendre totalement. Je suis habitué en effet au sludge metal dans sa forme soit punkisée à fond avec des riffs rapides mais plutôt reconnaissables, ou un sludge metal doomesque au possible avec cette lenteur qui donne envie de se prendre tant elle pue le pessimisme à outrance, mais ce que propose La Nausée dépasse tous les pronostics. Vraiment ! D’abord parce que le sludge metal de son EP est très bien foutu, assez crade dans la production à la limite du raw, avec un son subtilement boueux mais aussi aiguisé comme des lames de rasoirs. Mais ensuite et surtout, par le côté groove. Et là j’avoue que je ne m’y attendais pas du tout. Qu’un tel mélange soit possible, puisque le groove est plus estampillé optimiste selon le genre auquel il est associé, alors que le sludge metal ne brille pas par sa joie d’opérer. C’est déroutant, dans le bon sens du terme. On devine que Jelle de Bock a diverses influences et qu’il cherche à en faire une Bouillabaisse du meilleur effet. « Battering Ram » a vraiment une couleur originale ! Les quatre morceaux passent en plus de cela très vite car contrairement à ce qui se fait, les pistes sont courtes. Je dirais que l’avantage considérable de ce premier EP est que dès la première note entendue, il se passe un truc. Une connexion entre l’auditeur et La Nausée qui opère comme l’eau se mélange avec le sirop pour produire un doux nectar fruité. En tout cas, ce mélange de sludge metal et de groove est non seulement fantasque mais aussi saisissant. J’ai été complètement désarçonné, et le résultat n’en est que meilleur dès que le glas de l’EP retentit. Belle, très belle découverte !

Avide de productions caca-beurk, vous allez vous régaler ! Vos élans scatophiles les plus enfouis vont se réveiller dans un fracas gargantuesque de gargarisme ! En deux mots, c’est sale ! Un bon sludge metal peu boueux, parfois presque dans sa lignée ancestrale de hardcore, mais avec cette touche un peu raw qui sent bon la production maison, tranquille, au chaud pendant un confinement propice au vague à l’âme. C’est un son bien agressif, limite nasillard, avec une batterie qui à mon avis est soit bien désaccordée, soit programmée à l’ordinateur puisque le son est purement électrique. Difficile de repérer dans ce raffut une basse quelque part, on va partir de l’hypothèse qu’il n’y en a pas. Par contre on entend bien la ou les guitares, c’est un fait ! Le chant aussi mais je reproche cette retouche inutile pour donner un effet radio assez insupportable avec le reste. Je trouve que ce choix de production est risqué mais relève presque du génie tant les riffs s’accordent bien avec le style de son établi. Ce n’est pas habituel du tout, l’album en lui-même est décrit par mes soins comme déroutant, mais j’avoue que la production y joue un rôle démentiel de confusion sensorielle. En tout état de cause, il convient de prévenir que cet album « Battering Ram » n’est pas à mettre dans les esgourdes de n’importe qui. Il convient donc de dire que la production peut prendre à revers l’auditoire inexpérimenté. Pour le reste, je valide sans concession !

Il va donc de soi que les autres écoutes m’offriront un bel aperçu du talent de Jelle de Bock. Je pense qu’il parvient avec une aisance folle à marier un genre plutôt empreint à la simplicité, à l’absence de concession, avec des riffs très thrash, groovy en tout cas, et rien qu’en cela le mec est bon, c’est une évidence. Je me suis réécouté l’EP avec grand plaisir, en me disant que je venais de trouver un truc totalement hybride mais efficace. Ce qui n’est pas rien quand on sort sa première galette après seulement quelques mois, voire quelques semaines d’existence. C’est gage de génie artistique et le moins que l’on puisse dire c’est qu’au travers de « Battering Ram« , La Nausée n’en manque pas du tout. C’est donc un grand oui que je brandis fièrement après trois ou quatre écoutes intensives. Les quelques défauts de note ou de production sont futiles et ne méritent même pas que l’on s’y attarde dessus.

Le chant est en revanche le seul défaut de l’EP. Se situant entre le « moyen » et le « gros », quand-même. Parce que vraiment, ce type d’arrangement sonore qui consiste à masquer les lacunes techniques du mec, je n’aime pas cela du tout. En vérité, c’est un peu moins tranchant que cela : j’aime ce type d’arrangement qu’en de rares occasions dans un morceau. Cela peut effectivement apporter quelque chose, encore que l’apport reste très modeste selon moi… Mais quand en plus cet effet se généralise sur TOUT un EP, non. Vraiment non ! Ce n’est pas possible quoi… Sincèrement, cela n’amène absolument rien de constructif dans l’ensemble instrumental. Je ne comprends pas du tout ce choix artistique. Hormis la probable dissimulation de manque de technicité au chant, peut-être. Mais dans ce cas, quelques cours de vocalises et le tour est joué ! Enfin bon, je trouve donc que le chant est entièrement à revoir. De fond en comble. D’abord parce que cet arrangement est nul et non avenu, et qu’en plus le placement rythmique est hasardeux. C’est presque un défaut rédhibitoire pour moi…

Bon ! Je ne voulais pas finir ma chronique sur une mauvaise note mais le sort ne m’en a pas laissé le choix. La Nausée mérite certainement pour ce premier EP qu’on lui accorde quelques conseils et quelques gageures. Parce que sur le travail artistique et le talent de composition, on est véritablement sur un très bon musicien multi-instrumentaliste. Capable d’ordonner ensemble deux styles plutôt distincts, avec une aisance qui pousse au respect et à l’admiration. « Battering Ram » est typiquement un EP de curiosité, un peu comme la comète qui arrive tous les cent et quelques années quoi. Une sorte d’EP expérimental qui mérite que l’on s’y penche dessus. Maintenant, il faut que notre ami Jelle de Bock travaille son chant avec assiduité et arrête ses arrangements à deux balles pour qu’enfin la puissance artistique de La Nausée explose. Passé ce moment d’égarement, je suis convaincu que le premier album, dans le futur, sera plus que prometteur. J’attends donc notre camarade belge au tournant car ce « Battering Ram » est bon mais souffre de ces quelques défauts majeurs.

 

Tracklist :

1. Like Coin (02:43)
2. Controlled (03:23)
3. Lighted by a Torche (02:32)
4. Mass Drown (03:14)
5. Split (02:49)

 

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