Line-up sur cet Album
- Seidemann : basse
- Ravn : chant
- Archaon : guitare
- Frost : batterie
Style:
Black MetalDate de sortie:
18 octobre 2019Label:
Season of MistNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. » Albert Camus.
Faisons un petit bond en arrière si vous le voulez bien, du temps où la musique n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui, où la musique métal n’était que le méandre futuriste inaccessible à cette époque. Nous sommes au temps des grands rois scandinaves, de Håkon VI très exactement. Oslo devient à ce moment-là un ville très puissante, qui atteindra même une apogée économique exceptionnelle pour l’époque. Puis vint l’année 1349 et l’arrivée de la Peste Noire qui causa son déclin aussi exponentiel que l’était sa puissance. Un coup d’arrêt soudain dans l’hégémonie de ces grandes familles royales qui durent affronter la disette, la famine, la mort. Cette terrible année restera une année noire pour peu d’entre nous certes mais pour les Norvégiens assurément. Au point que 670 ans plus tard, cette tâche historique reviendra au grand jour. Comme une nouvelle peste qui envahit de nouveau le monde mais musicalement cette fois-ci. Vous l’aurez compris, le Mal a encore frappé, trouvant son écho dans le nom macabre de 1349.
J’ai fait ce rappel historique qu’en fait beaucoup d’entre vous doivent connaitre puisqu’il fait directement lien avec le groupe norvégien de brutal black metal qui sévit depuis l’année 1997. 1349, c’est donc tout d’abord un nom singulier. Ensuite, ce sont sept albums depuis 2003 et l’arrivée de Liberation comme une bombe atomique, cinq démos qui ont eu moindre écho, mais surtout des prestations scéniques extrêmes et d’une violence rare. Ett tusen tre hundre og førti ni sonne depuis comme l’un des groupes phares du black metal, se démarquant comme je le citais plus haut par sa brutalité si singulière dans le black metal. Difficile de présenter un groupe qui a déjà depuis longtemps son noyau dur de fanatiques; aussi allons directement à l’essentiel, son dernier rejeton d’enfer : The Infernal Pathway.
Bien sûr, on ne peut occulter (jeu de mots !) que 1349 joue sur l’icônerie (et non l’e-connerie, on n’est pas dans Star Trek !) satanique et donc l’artwork dudit album ne déroge pas à la règle. A un détail près : la modernité de la pochette donne une impression assez belle. Contrairement aux précédents albums dont les pochettes ne m’avaient pas emballé plus que cela (on ne reviendra pas sur le bide Massive Cauldron of Chaos d’ailleurs), mais celle-ci me réconcilie volontiers avec le travail fourni pour proposer un artwork de bel effet. On a toujours la représentation de Satan, si chère au groupe, mais exit le côté « on hellfire » du groupe! Le fond est noir, il y a des dorures autour qui font un peu penser à Batushka et la curieuse étoile à sept branches est très réussie. Je dis « curieuse » parce que c’est un symbole qui va à l’encontre des préceptes anti-chrétiens, l’heptagramme étant le symbole qui représente les jours de la semaine et qui éloignerait le Mal. C’est assez profane de mélanger deux symboles antithétiques comme cela, ou carrément audacieux ! On a le sentiment que le groupe va explorer un peu autre chose et je ne vous cache pas qu’au stade de décortication du design, je suis plutôt impatient de découvrir la musique !
J’étais en effet resté sur une mauvaise note (pour ne pas dire très mauvaise) pour Massive Cauldron of Chaos. C’est simple : je ne l’ai jamais compris, cet album. Si l’on restait stricto facto sur cet album comme étant sans descendant, je dirais que c’est une grossière erreur de calcul. A contrario, Demonoir m’avait remué les tripes comme jamais un album de 1349 n’avait réussi jusque-là ! Je sentais une légère différence dans le son, dans la composition qui se démarquait des précédents albums qui étaient incroyablement bestiaux. Demonoir avait ce soupçon de mélodie et de noirceur supplémentaires qui m’avaient subjugué. Mais le suivant m’a tout simplement laissé de marbre. Une grosse déception qu’en fait, après écoute de The Infernal Pathway, je vais comprendre. Et cela va me faire l’effet d’une bombe dans le cerveau !
Parce que, si vous êtes des inconditionnels des premiers albums, que vous les citez tout le temps quand vous parlez de 1349, alors deux solutions s’offrent à vous : soit vous allez rester campés sur vos positions et détester cet album, soit vous allez radicalement changer d’avis ! Parce que le black metal proposé n’est plus aussi brutal, mais… thrash ! Ou heavy, enfin je ne sais pas exactement. Mais il vous suffit d’écouter le premier morceau « Abyssos Antithesis » pour comprendre, il est en-dessous.
Et c’est précisément cette touche inattendue qui va me faire bondir ! En fait, Massive Cauldron of Chaos était la transition ! Une expérimentation d’une musique remaniée, repensée pour sortir des sentiers battus du groupe. Et The Infernal Pathway est selon moi une forme d’aboutissement. Cet album, en deux mots, est une tuerie. Une monstruosité qui laisse un peu de brutalité quand il faut mais qui amène de la mélodie, des blasts changeant d’harmoniques, et un son qui colle parfaitement avec le nouveau côté martial du groupe. Exit la noirceur de Demonoir, place à la grandeur d’un groupe qui renaît par la grande porte !
Dans l’ensemble, l’album est excellemment réalisé, le son est propre, il a une épaisseur nouvelle qui contraste avec un Liberation ou un Hellfire et je retrouve les mêmes musiciens qui font cette osmose parfaite. Vraiment, 1349 continue de me régaler ! Je retiendrai le premier morceau qui démarre comme une procession funeste, « Stand Tall in Fire », que j’ai trouvé très profond, avec sa touche dramatique assez peu commune au groupe, et mon préféré est incontestablement « Enter Cold Void Dreaming » qui résonne comme un cauchemar plein de pièges au milieu d’une nuit tranquille. Tous ces changements de composition sont partout ! Il n’y a pas trace de musique que je reconnaisse parmi toutes les autres. Mais je maintiens mon premier opinion sur « Dødskamp » dont je ne reconnais pas la trempe d’un single, et qui restera un morceau banal comme on en trouve dans n’importe quel album. Pour illustrer mon propos, un exemple : le morceau « Eradication Instincts Defined » dans l’album Death Cult Armageddon de Dimmu Borgir, bon morceau mais supplanté par « Progenies of the Great Apocalypse » ou « Blood Hunger Doctrine ». Eh bien, « Dødskamp » est du même ressort selon moi.
Les instruments sont toujours aussi bons mais on ne pouvait pas en douter. Rien que le batteur est l’un des meilleurs dans le milieu black metal… Le chanteur a toujours cette bestialité que j’adore, même si sur cet album – et depuis Demonoir – elle est plus posée, un peu comme le chanteur d’Urgehal (RIP Trondr Nefas). Bref, toujours aussi bons nos Norvégiens du feu !
Ma seule nuance dans ce torrent de compliments, c’est cette incorporation inutile de morceaux ambiants. J’avais déjà pointé ce souci dans Demonoir… Je ne comprends pas pourquoi, hormis un intérêt de combler les trous, le groupe fait cela. Surtout que ce sont exactement les mêmes ingrédients que l’on retrouve chaque fois. Non seulement c’est redondant, ronflant et oiseux, mais en plus ça n’a aucun intérêt : qui met cela dans sa chaîne hi-fi ?
Je n’ai pas réellement de défauts à trouver à cet album mais, en même temps, venant de la part de quelqu’un qui adore 1349 et qui a toute la discographie chez lui, comment pourrait-il en être autrement ? C’est donc une chronique courte que je rends pour Soil Chronicles. Cet album est dans le jus de 1349 : innovateur et surprenant. La musique est fabuleuse, ces incorporations nouvelles de passages thrash ou heavy m’ont fait incroyablement plaisir. Je crois que s’il y a bien un groupe qui assume ses changements, c’est bien lui. Aussi, ai-je peur des critiques venant des puristes qui sont restés bloqués aux premiers albums mais, franchement, ce serait très bête de se priver d’un tel chef d’œuvre ! 1349 est digne de son ancêtre la Peste Noire : en plus de dévaster le monde, il le fait avec brio. Cet album est une arme de guerre, tout simplement !
Tracklist :
1. Abyssos Antithesis 05:30
2. Through Eyes of Stone 03:24
3. Tunnel of Set VIII 00:47
4. Enter Cold Void Dreaming 03:58
5. Towers upon Towers 04:50
6. Tunnel of Set IX 01:06
7. Deeper Still 04:13
8. Striding the Chasm 06:11
9. Dødskamp (album edit) 05:01
10. Tunnel of Set X 00:53
11. Stand Tall in Fire 08:09
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