Aanod – Yesterday comes tomorrow
Line-up sur cet Album
- Jay : Chant
- Alex : Guitare
- Jordan : Guitare
- Tom : Basse, Backing vocals
- Raph : Batterie
Style:
Melodic Death Metal/DeathcoreDate de sortie:
19 septembre 2016Label:
DooweetNote du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8/10
La première impression est toujours importante. Elle est même déterminante sur l’empathie (que ce soit de la sympathie ou de l’antipathie) qu’on va développer avec autrui, empathie qui évoluera en fonction du degré de relationnel qui s’exercera par la suite. S’il [le relationnel] est récurrent, cette première impression influera sur l’évolution de la relation envers autrui, d’où la volonté en général de « faire bonne impression », quitte parfois à se renier ou mentir – « everybody lies » pour reprendre le gimmick de Gregory House. Et ceci se joue dans tous les cadres courants, que ce soit la rencontre amoureuse, l’entretien d’embauche, l’autopsie du légiste, la tronche de belle-maman, et ceci quel que soit le vecteur de relationnel… Au hasard total, bien sur, parlons de la découverte d’une œuvre musicale, ce qui va me permettre d’introduire ma chronique de Yesterday comes tomorrow d’Aanod.
Hormis quelques heureux élus, les chroniqueurs font avant tout ce travail – car oui, ça demande du temps, de la recherche, de la patience, du déni et de l’abnégation des fois – de manière bénévole, par hobby ou passion. Ce qui fait qu’à défaut d’être rémunéré, on aime être chouchoutés (logique, non ?) ou au moins considérés, car si on nous envoie des albums, que ce soit LP, EP, Maxi CD ou autre, c’est souvent pour qu’on en dise du bien – à part peut-être deux-trois masos, keupons dans l’âme, qui tenteraient de faire un buzz inutile, puisqu’il est plus aisé pour nous de ne pas perdre de temps, de recherche, de blablabla-je-l’ai-dit-au-dessus et donc ne même pas en parler. Nous évoquions récemment lors d’une discussion, mon collègue Metalfreak et moi-même, notre regret de ne plus recevoir que des « trucs à télécharger », assez impersonnels et dématérialisés, tel que votre boss vous enverrait le « dossier Cogioscus-Thibaud » pour faire « les stocopies » comme un bon petit stagiaire bien gentil qui chercherait à se faire un place au soleil sorti de ses piges, en grappillant de l’échelon. On est de la vieille école, on aime aussi l’objet : un album, ce n’est pas que des données numériques, c’est une œuvre d’art en elle-même, ou du moins pour tout musicien qui se revendiquerait de manière extrêmement prétentieuse comme « artiste », un tout qui se compose d’audio et de visuel. Même ceux qui trouvent ça « encombrant », ne me dites pas que vous n’aimeriez pas avoir en votre possession un coffret collector édition +++ digipack numéroté de votre musicos/groupe préféré, je ne vous croirais pas un instant. Ceci vaut pour n’importe quelle forme de sensation de possession, dans n’importe quel domaine : film, bouquin, musique, jeu vidéo, instrument, voiture et j’évite de vous dérouler la liste exhaustive, vous vous reconnaitrez à un moment ou l’autre… On aime l’objet, parce qu’on se sent à la fois propriétaire et privilégié de quelque chose qui a vocation à nous faire nous sentir « unique » (même si on sait très bien que c’est faux, sur le fond…)
Voici donc que j’ai reçu Yesterday comes tomorrow. Certes, je n’ai pas trop à me plaindre : d’aucuns auraient envoyé un lien de téléchargement des pistes, sans même un explicatif ou renvoi vers leur pressbook ou d’autres infos utiles pour creuser un peu leur musique, leur raison d’être, le pourquoi ils composent ainsi, etc. Là, j’ai reçu une édition promo CD en pochette cartonnée. L’artwork est franchement inexpressif, sans personnalité, comme si une sorte de neutralité artistique ou de ton neutre devait surpasser une identité visuelle… Admettons, pourquoi pas, ça peut être un choix délibéré, donc passons… Mais voila que j’en reviens à ma notion de première impression : recevoir un CD-R Verbatim gravé, comme si vous aviez fait une compil’ comme autrefois pour vos potes, ça met pas trop en condition pour bien démarrer.
Entrons maintenant dans la musique à proprement parler. Heureusement que je ne me suis pas arrêté à la première impression, parce que l’impression d’être considéré comme une sous-merde peut venir très vite si tant est qu’on soit un tant soit peu susceptible. Heureusement parce que c’est un EP de 7 titres, pas ultra décapant au niveau de l’originalité, mais ayant pour mérite d’avoir un son instrumental d’une qualité assez étonnante et donc remarquable pour un groupe français. Le quintette parisien d’Aanod, groupe créé en 2009 qui se revendique metalcore, fait à mon sens un croisement entre le Sweddeath (on pense de nombreuses fois à In Flames et Soilwork, que ce soit dans la compo ou le grain même de l’ensemble dans son mix) et le Deathcore (c’est ce pendant-ci qui m’a le moins intéressé pour le coup, mais j’y reviendrai plus tard), le tout dans des teintes qui évoquent les très français Hacride.
Ce qui est assez étonnant et donc détonant, c’est cette qualité de mix assez inédite pour un groupe français. Ça ajoute d’autant quand la maitrise instrumentale suit, tranchante et pointue, et que les idées ne sont pas simplement naïves. Là je parle donc de l’aspect death mélodique, qui à mon sens vaut le coup. Mais je crains pour l’autre pan musical, l’aspect deathcore. J’en reviens à ma première impression : même sorti de la prime mésestime engendrée par le CD gravé, le premier titre, « Gambler », tout intrigant dans le sens positif soit-il au niveau instrumental, au niveau vocal, c’est pas franchement ça ! Avoir l’impression qu’un groupe de mecs bourrés tente de faire du growl sur le refrain… Ouch ! Sans entrer précisément dans le détail, je dirais que la partie vocale est le parent pauvre de cet EP : soit elle est de qualité mais sous-mixée, soit elle manque de maitrise, en particulier la voix claire, qui n’a aucun relief et parait totalement fade en comparaison de l’énergie déployée pour la puissance des growls (qui, eux-mêmes, passent à la trappe dans le mix à partir de « Pariah », c’est un peu ballot, Madame Chombier). C’est clairement le manque de maitrise vocale et son déséquilibre – mieux vaut peu mais très bien que beaucoup et moyen – qui me fait tiquer parce que musicalement, c’est assez prenant, en particulier « Starvation » et toute sa coda finale, mélodique, harmonisée aux guitares avec ce contrechant lancinant de clavier qui (m’)évoque certains moments à la croisée de Scar Symettry et Silent Descent.
Un EP pas Aanodin empli de tubes, pas très cathodiques, qui font envoient le jus pour électrolyser les neurones. Ce n’est pas le premier opus du groupe (le précédent, au format EP également, date de l’an passé), mais certainement pas le dernier ; il ne leur manque plus qu’à se trouver une vraie patte distinctive et distinguable pour prendre une place totalement méritée dans cette scène brutale, le tout avec un album, de plus de 27 minutes. Mais, s’il vous plait messieurs, la prochaine fois ou à l’avenir, faites juste attention à ne pas faire « mauvaise figure » avec un objet non fini, et continuez à envoyer sous ce format que personnellement je vénère, au moins autant que les anciens vénéraient le dieu vinyle.
A écouter après avoir reçu un exemplaire… en physique – histoire que le courant passe mieux.
Tracklist:
1. Gambler (3:47)
2. D.N.A. (3:38)
3. Resource (3:25)
4. Pariah (4:30)
5. Starvation (4:37)
6. Cubes (4:10)
7. Crafting (3:46)
Facebook: https://www.facebook.com/AanodOfficial/
Deezer: http://www.deezer.com/artist/8191654
Youtube: https://www.youtube.com/channel/UCiMS_J … XovzdnwJaw
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