Note du SoilChroniqueur (Antirouille) : 10/10

Casque sur les oreilles, les yeux rivés sur l’écran pour rechercher diverses informations. L’attitude classique… Mais cette fois ci, les doigts se sont arrêtés de taper. Les yeux se sont fermés, la tête s’est relevée dès les premières notes cristallines. Une basse nous fait quelques clins d’œil. Tout est doux, mélancolique. On est pris. Je suis prisonnier d’Abduction, et ce dès cette première minute : moi le bourrin que le bruit d’un marteau piqueur excite, le deathmetalleux de premier ordre, je suis charmé par ces notes envoutantes.

Arrivent des blasts en parfaite opposition, une voix détestable de blackeux mais celle-ci est mélodieuse, encore une antithèse. Je bloque de nouveau mais cette fois ci sur les textes. En français et audibles, dans une diction parfaite. Encore une dissemblance, de l’agressivité naitra un passage progressif, tout en pesanteur, où même la voix de François sera claire, charmante et charmeuse. Ces passages rapides puis lents, ces oppositions jalonneront les 13 minutes de « Sous les cendres et la pierre », procurant ce que je traduirai par… des émotions. Mélancolie, colère, tristesse, joie, surprise, peine…

« Les visiteurs du soir » est un intermède musical de moins de deux minutes, petite pause avant le très bon « A l’heure du crépuscule » qui, comme le titre précédent, sera fait d’antinomies mais sans aucune redondance, loin de là, car Abduction à cette intelligence d’écriture qui nous pousse à l’écoute, qui nous invite au cœur de son histoire, plus encore, à en être acteur. Un titre court mais intense, vitrine de leur savoir et de leur savoir-faire. Voix claire, voix criée, agressivité, douceur.

Avec « Souvenir de lierre », tendez l’oreille, fermez les yeux, chaque instrument a une âme, une histoire. La basse de Mathieu est mordante puis pesante. Morgan rend sa batterie fulminante puis bienveillante. La guitare de Guillaume est tour à tour incisive puis mélancolique. Chaque instrument cohabite, pas un ne prend le dessus sur l’autre.

« La grande illusion » joue de même avec nos émotions et nous transporte à livre ouvert dans un conte. L’un des contes d’Abduction, groupe de Versailles formé en 2006. Leur premier album, Une ombre régit les ombres [Lien vers la soilchroniques], voit le jour en 2016. A l’heure du crépuscule parait cette année, comme le précédent sous le label Finisterian Dead End. Ils nous proposent un Black Metal abrasif entrecoupé de parties progressives, la voix criée s’efface pour un chant clair haut en couleur. Tout est contradiction et ceci sera la force de cet album. Cette alchimie nous prend aux tripes, joue avec nos émotions, nous plonge pendant 48 minutes dans leur univers.

L’instrumental qui clôt cet album n’est qu’invitation à un prochain tome. Mais en attendant cette future histoire, plongez-vous dans l’interview accordée à Soil Chronicles [lien ITW].

Album coup de cœur, riche en émotions et en voyages. « Et je vous assure qu’une fois le rideau tombé, aucun de ceux qui sont mort ne se relèvera pour saluer ».

Tracklist :

01. Sous les cendres et la pierre (13:58)
02. Les visiteurs du soir (1:46)
03. A l’heure du crépuscule (6:30)
04. Souvenir de lierre (10:05)
05. La grande illusion (11:41)
06. Les ailes du temps (3:54)

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