Line-up sur cet Album
Zach Gibson : Batterie Ken Sorceron : Chant, guitares Ian Jekelis : Guitare Griffin Wotawa: Basse
Style:
Black Metal AmbiantDate de sortie:
23 Janvier 2012Label:
Candlelights RecordsNote de la soilchroniqueuse (Gwenn): 8/10
C’est avec un plaisir sans nom que je me permets de vous présenter une nouvelle fois une excellente formation, décrite comme étant l’emblème, l’étoile, le phare, la cerise noire du Metal extrême américain, Abigail Williams. L’exception confirmant la règle qui affirme que seul le Death a une chance de survie outre atlantique. Afin de créer des remous internationaux sur les terres du Metal et notamment du Black Metal, la situation actuelle oblige les formations à dépasser les attentes du public. Savoir susciter le sentiment de surprise grâce à la faculté même de pouvoir se dépasser complètement, musicalement parlant. Maître en la matière depuis leur premier opus sorti en 2008 « In the Shadow of a Thousand Suns », le groupe nous avait ensuite complètement conquis avec « In the Absence of Light » sorti en 2010, l’exemple même d’une passion délurée pour le Black Metal, mais menée au millimètre par Ken Sorceron que l’on devine être un excellent technicien. Comme si la précision du Death envahissait le Black Metal, il ne manquait rien à ce dernier album qui se déguste encore morceau après morceau en boucle.
Abigail Williams va cette fois encore plus loin. Il intègre l’atmosphère si particulière du Black Metal dans des riffs parfaitement tenus. Moins de morceaux, un style plus épuré, mais sans retirer les ingrédients essentiels qui ne composent que les très bons albums. Pourtant vous me direz, ça n’est pas évident, de créer quelque chose d’extraordinaire avec six plages alors que le dernier opus en contenait dix. L’artwork est tout à fait dans les tons musicaux de l’ensemble. Un vitrail rouge, constitué d’un camaïeu de coloris élégamment disposés et mettant en valeur un personnage que je qualifierais de monastique. Le logo, placé dans le milieu de la partie basse de la pochette, garde la même couleur, la même forme.
Becoming, autrement dit, devenir. « Ascension sickness » débutera dans un univers aérien sur fond de harpe. Superbe intro qui offre une suite ambiante d’où ressort l’ample voix de Ken, toujours aussi torturée. L’évolution du morceau est simplement magistrale, le travail autour de la variation des sonorités est réalisé avec un esprit de cohésion parfaite. Le milieu du morceau reprend l’atmosphère de l’intro et fait planer l’auditeur dans des dissonances quasi rituelles. Quelques voix claires s’expriment dans une langue imperceptible et le voyage se poursuit dans un gouffre de mystères. « Radiance » démarre sur les bases de la fin du premier morceau, tel une suite logique. De plus en plus véloce, le riff de base s’emballe sans se perdre, le plongeon dans un Black Metal technique, pur, est amené ici de main de maître. L’alliance entre ce Black Metal radical et l’Ambiant est intelligente et fine. « Elestial », dans un calme olympien de circonstance, fait danser une guitare nonchalante au sein de ses harmonies avant de virevolter dans la marque de fabrique du groupe, à savoir la parfaite tenue d’un tempo des plus rapides. Les contrastes sont saisissants, agréables, virant presque dans des longueurs nostalgiques n’allant pas non plus dans l’ennui. « Infinite Fiels of Mind » intègre dans son introduction l’assourdissante ambiance sonore du bord d’un océan avec le son saturé des guitares mais cette fois aussi beaucoup plus claires, ressemblant presque aux sons d’un piano. D’où ensuite un brusque effet de contraste avec une évolution aussi sombre qu’un morceau de charbon ardent. Le Black Metal, agissant par définition par la mise en valeur des opposés, se trouve alors clairement illustré par la structure de ce morceau. La présence de dissonances inquiétantes dans un calme déchiré ajoute encore à l’atmosphère glaciale du thème. Clin d’œil aussi au Thrash par quelques riffs évocateurs intéressants et si finement placés.
« Three days of Darkness » marque un break formé de sons métalliques et spaciaux, sorte d’introduction à la longue et impressionnante dernière œuvre, « Beyong the Veil » offrant directement des images de chevauchées incroyables dans des temps médiévaux, le son du violon et la batterie martiale aidant. L’effet est vite prenant et l’unique tonalité du morceau permet à l’imagination de voyager à l’intérieur de toutes les possibilités sonores et de couleurs qui peuvent s’y exprimer. Les sons s’additionnent et se mêlent en un tout orchestral de toute première qualité.
En conclusion, Becoming, qui sort dans les bacs ce lundi sous la couverture de Candlelight records, se devra d’être sur les étagères de tout amateur de bonnes choses qui se respecte. Il est assez rare, de nos jours, de constater qu’un groupe est encore capable, marche après marche, d’avancer sans se planter. Persuadée également que c’est encore une affaire à suivre, le groupe paraît encore détenir une multitude de poules aux œufs d’or…
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