Line-up sur cet Album
Fabban: Voix, basse, synthé Hell:lO:Kaballus: Guitare, synthé, programmation Bard G. Eithun: Batterie
Style:
Black Metal avant-gardisteDate de sortie:
8 Novembre 2010Label:
Season of MistNote de la Soilchroniqueuse (Gwenn): 9/10
Aborym, un nom connu dans le milieu Black Metal depuis déjà 1992 où Fabban lui-même monta la formation. Entrés dans le genre Industriel, ou encore Electro, ou si vous voulez, « Funeral expérimental Electro Alien Black metal Industriel Progressif Death »… Il y a moment où il faut arrêter deux minutes, la moutarde au Wasabi me monte au pif. Pleine d’appréhensions en ayant choisi cet album à chroniquer… Psychogrotesque se trouve finalement tout à fait dans mes goûts de « gonzesse » amatrice de Black Metal. Sans être tout à fait objective lorsque j’apprécie quelque chose, mon but ici est de prouver pourquoi et comment cet opus est orchestré. C’est une chronologie de morceaux variés qui OSENT, mauvais, sournois, surprenants, déroutants, étonnants, et le tout dans un environnement sonore d’une qualité époustouflante.
Deux trois petites choses historiques auparavant pour mettre dans le bain de sang. Si Fabban a monté le groupe il y a maintenant 18 ans, cela ne fait que depuis un an environ qu’il en a repris les rennes. Aborym a compté dans ses rangs (et compte encore) de nombreux musiciens, chanteurs et pas des moindres, puisqu’ayant fait partie de groupes comme Carpathian Forest, Emperor, Crisis, Dissection, Mayhem et j’en passe, mais il était utile de les préciser.
Derrière un Art Work marqué par le regard d’un homme visiblement épris d’une certaine souffrance psychologique, le poids d’un message apparent, celui d’une société qui bouffe simplement tout ce qui pense. Sous cet homme apparemment sujet à l’insomnie, des bâtiments dont seule une fenêtre reste illuminée par… probablement cette angoisse de devenir le mouton, à l’image de ses voisins qui ne se posent pas la question de comprendre comment ils se trouvent sous la coupe du dictat « Metro-Boulot-Dodo-Conso » imposé par la société des temps modernes. Eux dorment sur leurs deux oreilles. Tout l’album joue sur l’histoire de cet homme, pris de panique du jour au lendemain.
Les néons sautent, une sale ambiance entre prison et hôpital dont les couloirs blafards sentent mauvais… et des cris, tout au fond. L’infirmière accoure, derrière son attirail de pilules. Évidemment le mal est bien installé, la camisole chimique n’est qu’un soulagement temporaire. Musicalement le premier morceau oscille entre black metal classique, passages expérimentaux, riffs hétérogènes, Fabban encadre cette structure d’une voix black authentique et l’ensemble est bien coordonné, et ponctué de surprises comme la transition avec le troisième morceau, tout est techniquement précis, et semble vouloir marquer l’auditeur de l’angoisse que vit la personne hospitalisée, qu’on imagine se tordre dans son lit. Aucune peur d’aller dans des tempos un peu électro, certes, mais avec intelligence et finesse. Si vous avez déjà goûté à Death Design de Diabolical Masquerade , voilà à quoi Psychogrotesque me fait penser par moments.
Le quatrième morceau est un flot de paroles susurrées, un réel délice ambiant qui semble expliquer les raisons pour lesquelles l’homme se retrouve seul… enfermé, psychologiquement mort. Une voix délicieusement black, et l’Italien ici, que je ne peux traduire, est une réussite.
La suite est surprenante car partant sur des cris, un saxophone au loin représentatif peut-être de souvenirs d’une vie lointaine, Fabban ici se fait plus incisif et comment ici ne pas penser à Mayhem… Si les riffs au départ ont des tendances électro, hors de question de rester dans l’ennui du genre, le black malsain refait surface avec ses ambiances bizarres et ses souffrances pleines de visions torturées. Enchaînement sans respiration sur des riffs beaucoup plus rapides, un black classique virant dans l’expérimental ambiant de circonstance et on remerciera ici la parfaite production, le son cristallin indispensable ici pour marier un saxo, une voix claire, puis classique, black… croyez moi le tout est cohérent.
Dans cet hôpital la mort est loin d’être la pire des finalités. On a l’impression d’une torture réelle encadrée dans la durée. Transition épique vers une autre marche qui achèvera de nous attacher à Aborym. Tout en lenteur, on imagine sans mal une marche vers un coma sans fin, et surtout la lutte contre cet état. La guitare s’emballe brusquement, la batterie ne marque plus de pause, tout est orchestré de manière hallucinante. Puis des breaks, des surprises rythmiques, une voix simplement extraordinaire. On en critiquera certainement la propreté maniaque, et peut-être la nouvelle transition vers des rythmes électro, pourtant parfaitement placés, encore un clin d’œil peut-être à une vie en boîte de nuit, au boulot, dans les moyens de transport, n’est on pas environnés de ces sons qui martèlent sans cesse, présents partout ?
La suite n’a rien à voir et se montre tout à fait expérimentale, comme pour calmer une tête endolorie. A nouveau une voix hésitante, chuchotant l’accompagnement peut-être vers la mort, presque un soulagement. Une boîte à musique rappellera l’enfance, la naissance. Comme si toute sa vie venait de passer à l’envers.
Enfin, une conclusion ultime, un morceau d’un quart d’heure qui remet les pendules à l’heure, Aborym est résolument black, posé, et riche de sa patte originale et surprenante. Au premier qui vient me dire que la nouvelle vague de Black Metal n’est qu’industrielle, Electro, trop propre ou je ne sais quel qualificatif, c’est qu’il n’a pas saisi la réelle essence du Black Metal. Sans vouloir donner de leçons étant mal placée pour cela, je dirai simplement que le Black Metal se doit de respecter une structure musicale, mais également une ambiance, une certaine atmosphère particulièrement porteuse de messages, de secrets, de profondes angoisses révélées, de luttes. Aborym est tout à fait là dedans, et amplifie ses qualités musicales…sans complexes.
Rare, mais je réécoute Psychogrotesque sans attendre.
Myspace: http://www.myspace.com/aborym666
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