Abstract Rapture – Hollow Motion

Le 30 mars 2019 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Nol : Guitars
  • Drittt : Vocals
  • Boltthorn : Drums
  • Maksym Tomczyk : Bass
  • Alex Carre : Guitars

Style:

Death Thrash Metal

Date de sortie:

15 Décembre 2018

Label:

Indépendant

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

Ah ces Luxembourgeois, ils ne cesseront jamais de me surprendre. Au plus j’en apprends sur cette petite principauté, au plus je trouve des trucs rigolos ! Par exemple, en cherchant une ouverture à cette chronique, je suis tombé sur les proverbes de là-bas et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y en a des pas mal du tout ! En voici quelques-uns :

« E Schlappepater » : Un moine à pantoufles (un drôle de type, un fantaisiste suspect)

« Hei sinn op meng Mëscht » : Je suis sur mon fumier (Je suis chez moi)

« En ass fett wéi en Axestiel » : il est gras comme un manche de hache

« En huet Männercher gesinn » : il a vu des nains (il délire)

Vous voyez ! Certaines personnes vous feraient découvrir un chouette pays avec des photos, des articles, des livres ou des anecdotes… En ce qui me concerne, et confronté au groupe Abstract Rapture qui sera beaucoup moins grivois, j’ai choisi de vous faire partager le sens de l’humour et de la formule de nos amis frontaliers ! Croyez-moi, après l’écoute de l’album Hollow Motion, cela fait un bien fou !

Le groupe, luxembourgeois fortuitement, existe depuis 2001 tout de même. Une belle longévité ponctuée de trois albums en comptant celui-ci, une démo en 2003 et un EP en 2006. Une bonne matière à étudier donc, et déjà un joli pedigree. Seuls le chanteur et l’un des guitaristes demeurent les membres fondateurs depuis 2001, le line up ayant évolué et dernièrement depuis 2014. Ce dernier changement se ressent particulièrement dans les sept ans de « vide » qui ont précédé la sortie de Hollow Motion. Si beaucoup d’entre vous connaissaient déjà le groupe, j’imagine qu’il y avait de votre part une attente toute décidée car sept ans d’abstinence si je puis dire, ce n’est pas rien. Alors sans plus tarder, je vous invite à vous plonger avec moi sur le contenu de ce CD.

Si la version physique m’a été confiée, je l’ai en partie choisie pour son artwork époustouflant. En fait, mon regard a été porté sur l’arbre qui est présent sur le devant et qui m’a fait penser à Yggdrasil. Que nenni, je suppose, mais les tons bleus en toile de fond avec cet arbre aux reflets blancs, le tout dans un style graphique un peu dégradé n’ont fait que renforcer la belle appréciation que j’éprouvais sur l’artwork. L’ensemble est d’un bel effet avec le logo du groupe en haut et le nom de l’album entre le tronc de l’arbre en question. Non content d’avoir offert un visuel magnifique sur le devant, le groupe récidive d’une manière toute aussi belle si elle n’est plus avec un cœur bleu à l’arrière qui rajoute encore davantage de cachet. Seul petit échec à mon sens, mais qui est commun à beaucoup de CD en ce moment : le manque de cohérence entre le titre de l’album et l’artwork. « Hollow Motion » signifiant « mouvement creux », difficile de trouver une corrélation directe avec le style de visuel proposé. Mais franchement, sur ce coup-là, mon côté tatillon sera vite balayé comme un tas d’ordure inutile par la beauté du tout. Et c’est à l’aide d’un verdict sans appel, mesdames et messieurs les jurés lecteurs, que je déclare que l’artwork d’Abstract Rapture est le plus beau que j’aie rencontré dans ma petite carrière de chroniqueur amateur ! De quoi donner l’eau aux oreilles pour la suite…

Et quand il est question d’eau avec Abstract Rapture, ce n’est pas un petit filet qui coule de nos oreilles alléchées mais les chutes du Niagara ! Nous avons affaire à du bon Death/Thrash Metal, bien old school, bien gras et d’une violence redoutable ! Mais la force de nos plus proches voisins, petit pays du Benelux, c’est d’avoir incorporé beaucoup de lignes mélodiques au milieu de cette brutalité bestiale. A tel point que le groupe donne l’impression de vouloir explorer un peu tous les styles de Metal en les imprégnant de ce son très death et avec des mélodies thrashy à souhait. Dans une moindre mesure, la démarche supposée me fait penser à l’album Omnivium d’Obscura où les rois du Metal technique donnaient aussi le sentiment qu’ils revisitaient tous les genres en ajoutant leur touche personnelle sur un album entier. Exemple : le morceau « Inner Plague » a des influences black metal sur les riffs, c’est flagrant.

Il est difficile de faire des pauses en écoutant l’album tant chaque morceau tient une place précise dans le déroulé du CD. Les onze morceaux forment une ligne logique entre eux qui ne peut pas être interrompue. C’est assez rare pour être souligné, d’autant plus qu’une telle fluidité dans un CD n’amène que du bon.

Niveau instruments, il serait impossible de douter de la qualité des musiciens tant la recherche de passages mélodiques, voir techniques, est abondante. J’ai particulièrement apprécié la justesse des guitares qui se superposent très bien entre elles pour ajouter encore plus de connivence. Seul petite déception qui me vient : la basse est beaucoup trop noyée dans le mastering et ainsi parait inexistante sur pratiquement tous les morceaux (si on fait exception du morceau « The Fear Industry » où la basse occupe une ligne musicale à elle toute seule). Et j’ai cru déceler par de courts moments une difficulté pour la batterie à rester carrée notamment sur le deuxième morceau, « The Cancer in your Soul », où la grosse caisse était assez inégale. Mais bon, n’oublions pas que l’album est issu d’un label indépendant donc quelques circonstances peuvent être atténuantes.

En revanche, j’ai trouvé que la composition était d’une intelligence assurée. C’est probablement ce qui rend l’album écoutable d’une traite, sans pause et ça, c’est excellent ! Les riffs sont variés mais toujours intelligemment placés de tel sorte que les morceaux, s’ils partagent la même logique musicale, paraissent tous aussi différents les uns que les autres, d’où ma suspicion de vouloir faire plusieurs styles éloignés. Je prends en exemple le morceau que j’ai A-DO-RE et de loin : « Inner Plague » : les bases font très black metal avec ce passage un peu plus lent cher à ce style (qui me fait penser à du Thulcandra) mais la musique partage toujours le même son que les autres ce qui rend le morceau extrêmement efficace. Je l’ai écouté au moins quatre ou cinq fois d’affilée celui-ci tellement je l’ai aimé. En tout cas, les morceaux sont très bien construits !

Le chant, quant à lui, me laisse dubitatif. D’abord parce que je suis admiratif de la qualité du chant majoritaire, à savoir un mélange de guttural et de clair très difficile à maitriser et qui traduit un réel talent vocal du frontman. Mais aussi et surtout parce qu’il utilise des variations que je trouve peu appropriées ; le fait d’utiliser du chant clair pur n’est pas franchement le choix que j’aurais privilégié, par exemple, de même que le guttural pur est loin d’être maitrisé comme le premier. Il y a peut-être eu une volonté de continuité dans les variations des instruments avec le chant mais qui, pour le coup, ne me laissera pas un grand souvenir… C’est probablement le point faible de cet album et je le regrette, par solidarité pour mon camarade chanteur.

On peut en conclure assez aisément que l’album Hollow Motion est une franche réussite. Il mérite d’être exploré par sa qualité générale et le talent des musiciens qui l’ont fait naitre. Avec tout de même quelques points à améliorer mais somme toute assez minimes, nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’un CD très intéressant et qui mérite, de surcroit, d’être répandu un peu partout jusqu’à atteindre vos esgourdes. « Ne tombez pas dans l’ornière la plus profonde » ; telle serait la devise à retenir grâce au dernier album du groupe Abstract Rapture, ou, comme ils disent au Duché : « D’Aarbecht huet eng batter Wuerzel an eng séiss Fruucht ». Je vous laisse traduire !

Tracklist :

1. A Promise from the Ghouls (05:15)
2. The Cancer in your Soul (04:54)
3. Dance of the Hanged Men (00:48)
4. Endless Chapter (05:17)
5. Blood-red Revolt (04:38)
6. …And Winter comes (01:04)
7. Inner Plauge (05:39)
8. Venom Skies (06:56)
9. The Fear Industry (05:12)
10. Hollow Soul (05:19)
11. Ego non te absolvo (A drunken Conclusion) (05:20)

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