Note des SoilChroniqueurs : Arno (6,5/10), Metalfreak (8,5/10)

Arno :

Lorsque j’étais plus jeune, en 1997, il y a un album qui m’a profondément marqué : « Shadow’s Blood » de Cultus Sanguine.

Il était lugubre, inspiré, porté par des claviers envoûtants et une espèce de pesanteur théâtrale, vampirique même, qui en faisait l’un de mes disques de chevet.

Environ dix ans plus tard, d’autres Italiens débarquent : Abysmal Grief et son dernier en date, « Reveal Nothing ».

Je sais, officiellement, la formation existe depuis 1998 et a déjà sorti quatre LPs.

Et après ?

Je parle souvent d’épigones et là, on en a un bon. Quelque part entre My Dying Bride ou les débuts de Moonspell pour ce qui est du chant (« Sepulchre of Misfortune ») et Cultus Sanguine donc en ce qui concerne l’inspiration musicale globale, je ne peux décemment pas affirmer qu’Abysmal Grief déborde de personnalité.

De plus, comme « Reveal Nothing » est particulièrement long (tous les titres font a minima six minutes, avec une pointe à treize pour « Exsequia Occulta »), l’auditeur peine à rester intéressé tout du long du fait de l’absence totale de variations de rythme ou d’ambiance. C’est mortuaire du début à la fin, les claviers sonnent un peu cheap, le tout manque de puissance mais je pense qu’il s’agit d’un vrai parti pris de la part du groupe de sonner ainsi car cela colle bien à l’esprit des compositions.

Cela dit, quand on connaît les glorieux aînés, on a du mal à s’émerveiller face au dernier rejeton d’un genre pourtant en déclin. Je reconnais néanmoins que l’album fait son petit effet car non conventionnel voire atypique.

Metalfreak :

Vingt ans, ça se fête !

Et pour se faire, les Italiens d’Abysmal Grief ont mis les petits plats dans les grands.
Après avoir sorti deux démos, deux singles, quatre splits, quatre EPs, une compilation et surtout quatre albums pour le moins réussis, il était temps de les voir faire une belle surprise à leurs fans les plus fidèles : un coffret en bois comprenant une compilation de titres rares issus de sorties plus ou moins passées inaperçues hormis par les fans, un nouveau titre inédit, un t-shirt exclusif crée pour l’occasion, un poster, un badge, un sac et une cassette, le tout signé par le groupe… et limité à 100 exemplaires.

Concernant le CD, le premier titre « Cursed be the Rite » est un inédit enregistré en mai 2016 au Crimson Studio (Gênes, Italie), les titres 2 et 3 sont issus du single « Exsequia Occulta » (2000), les 4 et 5 du single « Hearse » (2002), les 6 et 7 respectivement des splits « Creatures from the Grave / Le entità della salvazione » (2004) et « Resurrection of the Damned / Brides of the Goat » (2009), les 8 et 9 de l’EP « The Samhain Feast » (2009), et les 10 et 11 de l’EP « Celebrate what they fear » (2012).
Quant à la cassette, les deux faces comprennent chacune la démo « Mors te audit » (1999).

Musicalement, c’est du bonheur : Abysmal Grief, au fil du temps, a su peaufiner son doom metal horrifique, à grand renforts d’arrangements, de claviers solennels, de chœurs féminins, le tout sur une rythmiques tantôt d’une lourdeur pachydermique, tantôt un rien plus soutenu (on se comprend, on parle de doom quand même), mais toujours dans une sorte d’excès de grandiloquence faisant que la musique des Italiens confine souvent au grandiose !

Ce n’est pas avec le premier titre que le choses vont changer : Abysmal Grief, qui avait sorti son dernier album full length l’an dernier avec l’excellent “Strange Rites of Evil”, montre qu’en 2016, il n’a pas changé d’un iota sa formule.
Toujours ancré dans sa formule proposant un doom metal particulièrement dark, parfois teinté d’un gothique propre à celui du The Sisters of Mercy de “First and last and always” voire Cultus Sanguine et du doom metal propre à Death SS (de qui ils se fendent d’une reprise de “Chains of Death” de l’EP “Evil Metal” de 1983), Pentagram, Saint Vitus, Paul Chain, Type O Negative et bien entendu Black Sabbath, avec un côté expérimental qui, bonus, rappelle le Celtic Frost de “Into the Pandemonium”, le tout avec une théâtralité qu’on peut retrouver actuellement chez Ghost et ces groupes qui cherchent à envoyer une musique occulte et (anti)religieuse, renforcée par cet orgue funèbre omniprésent.

Les onze longs titres de ce CD (appelé “Reveal nothing”), bien que tirés de nombreux supports différents éparpillés sur toute la carrière du groupe, forment malgré tout un ensemble très homogène d’une profondeur abyssale et extrêmement riche, rendant l’ensemble indispensable à tout fan du genre, et tend à être pris pour un nouvel album à part entière tant la cohérence du début à la fin est grande !

Il serait de bon ton de ressortir par la suite ce “Reveal nothing” en tant que full length, personne n’y trouverait quoi que ce soit à redire !

Aussi impressionnant qu’indispensable !

Tracklist :

CD :

1. Cursed be the Rite (8:05)
2. Exsequia Occulta (13:13)
3. Sepulchre of Misfortune (6:51)
4. Hearse (5:56)
5. Borgo Pass (6:36)
6. Creatures from the Grave (5:39)
7. Brides of the Goat (6:28)
8. The Samhain Feast (6:38)
9. Grimorium Verum (6:06)
10. Celebrate what they fear (6:30)
11. Chains of Death (reprise Death SS) (6:09)

Cassette :

Face A :
1. Intro (Instrumental) (0:39)
2. Open Sepulchre (5:09)
3. Ignis Fatuus (6:06)
4. Hearse (5:02)
5. Grimorium Verum (5:36)
Face B :
1. Intro (Instrumental) (0:39)
2. Open Sepulchre (5:09)
3. Ignis Fatuus (6:06)
4. Hearse (5:02)
5. Grimorium Verum (5:36)

Site officiel : http://www.abysmalgrief.com/
Facebook : https://www.facebook.com/abysmal-grief-111740495525876/