Note du Soilchroniqueur (Celtikwar): 7/10

Quand on vous parle de Metal, vous pensez à quoi? Certains imagineront les méchants bonhommes peinturlurés en noir et blanc, qui hurlent et grommellent des phrases incompréhensibles, des amateurs du mal, restés bloqués sur le personnage de Dark Vador quand ils ont vu Star Wars pendant leur jeunesse. D’autres penseront eux aux chanteurs et guitaristes amateurs de tenues multicolores moulantes, de cheveux longs et aimant les tonalités suraiguës.

Mais est il possible de parler de Metal sans voix ? Discuter sans voix est bien sur extrêmement compliqué, mais de quelque chose qui n’en possède pas est lui possible. A l’époque où on peut encore faire un succès avec un film muet, Abysse souhaite aussi faire bouger la scène métallique en proposant une musique sans chanteur. Bien évidement ces nouveautés (bien qu’elles soient plutôt anciennes, rappelant les premiers temps cinématographiques ou musicaux) font débat et divisent les avis. Il faut bien évidement prendre du recul et être capables de se libérer du martèlement quotidien qui nous moule sans cesse, pour accepter cette différence, être capable de passer au travers des premiers préjugés.

Alors oui c’est ensuite un quitte ou double, on ne reste pas indifférent, on adhère ou on déteste, mais dans tous les cas, l’émotion est là.

On ne peut pas couper à la traditionnelle présentation de la formation, Abysse est une jeune formation française qui sort en 2008 son premier Ep deux titres « Le vide est forme », présentant déjà son métal instrumental, joli choix de nom au passage qui laisse présager un manque de voix, mais c’est ce dernier qui façonne la forme musicale. Après quelques scènes de toutes tailles, Abysse passe quand même des bars au Hellfest et Motocultor, revoilà la formation bien décidée à défendre « En(d)Grave » son premier album, publié par le label Blue Wave Recordings.

Nous voici alors partis pour quarante cinq minutes de Metal Instrumental, une bande sonore qui ne s’arrête pas. Des titres assez longs, seuls « Mastodon » et « Sharp And Chrome » ne dépassent pas les quatre minutes. Vous pouvez penser que sans chanteur, on risque de s’ennuyer et d’être lassé. Pas vraiment, bien que vous ne risquiez pas de hurler à tout rompre un refrain, on est souvent amené à secouer la tête sur de gros riffs de guitares, la noirceur de « Sharp And Chrome » ou les tambours de « Light For Wheke ». De multiples changements de tempo, nous permettent aussi de varier les plaisirs. Il est vrai qu’il est bien impossible de placer un chanteur par-dessus, la partie instrumentale est bien assez danse et prenante, que rajouter encore une voix serait alors trop lourd, puis trouver des musiciens capables de suivre de ses cordes vocales, celles métalliques de Vincent ou G. ne serait pas une chose aisée.

Ce En(D)Grave nous berce dans ces mélodies, un premier album très prometteur et changeant, Abysse joue bien sa propre musique et ne copie pas. Difficile du coup de vous donner les influences du groupe, ou les ressemblances avec quelque album culte connu de tous. Dans le Metal Instrumental, il y a bien « Obsession », mais beaucoup plus mélodique et jouant sur la douceur, ou « What Mad Universe » bien qu’on s’en rapprocherait plus, leur musique est plus harmonique et moins agressive.

Pour vous faire une idée, allez par vous-même écouter, un album conseillé aux amateurs de déploiement d’énergie, et à ceux qui sont assez libres et aiment les changements, les aventuriers toujours en quête de nouvelles découvertes. Vous en plus de la chance Abysse remet le couvert à l’édition 2012 du Hellfest, alors allez-y.

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