Alex Cordo – Origami

Le 28 novembre 2016 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Alex Cordo : Guitare / Ludo Chabert : Basse / Mike Pastorelli : Batterie

Style:

Rock / Metal instrumental

Date de sortie:

30 Septembre 2016

Label:

M & O Music

Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8.5/10

 

L’origami est l’art du pliage dans la culture japonaise. Si à une certaine échelle européenne, ça peut être considéré comme un passe-temps de fonctionnaire, qui consiste à faire des cocottes en papier, c’est par-dessus tout un art qui requiert de la patience, de la concentration, du temps… Un peu comme faire un album réussi dont on voudrait faire ressortir la beauté par le truchement du fruit de ce travail, exécuté méthodiquement et savamment. Alex Cordo nous présente donc son propre Origami.

Il y a de tout dans les origamis : on pourrait très bien faire le pliage d’un lapin, d’un dragon, de votre grand-mère, d’une licorne si vous avez vu « les portes de Tannhäuser » et que vous savez que « tous ces moments se perdront dans l’oubli comme des larmes dans la pluie »… Alex Cordo, altiste d’origine, n’est certes pas un shredder dans cet album, ou du moins n’en montre pas cet aspect de sa personnalité musicale. Mais il fort à parier que son expérience a influé sur son travail : la place de l’alto dans un orchestre étant celle de la tranche jambon ou de salade dans le sandwich (qui donne de la saveur au tout mais étant entouré de pain), il est fort probable que cet album, totalement instrumental mais pas orchestral ou symphonique, ait été réfléchi comme dans une écriture orchestrale. Chaque partie est à la place qui lui est dûment réservée, un des plis de la feuille pour le résultat escompté, formant un tout, musical.

Il y a un peu de tout, stylistiquement, dans cet album principalement typé Rock/Metal mélodique – sauf du flamenco puisqu’il n’y a aucun espagnol que Cordo bat – ce qui le rapproche des idées et expérimentations de Satriani dans Flying in a blue Dream, sans être dans une emphase similaire pour autant : ça reste musical avant d’être une démonstration ultra-technique. Mais on sent aussi parfois l’aspect répétitif qu’on peut trouver intrinsèquement à chaque piste chez les divers guitar heroes : on part d’un motif qui servira de support mélodico-rythmico-harmonique en ostinato pour développer l’idée thématique… Et par moments ça passe, grâce au feeling et au caractère dudit morceau, ou ça lasse par sa répétitivité et/ou son caractère gnangnan.

Quand certains morceaux font davantage penser par leur légèreté à un générique de série japanime, d’autres font part d’une plus grande sensibilité et gravité. Ainsi, la troisième piste, « Memories », sonne fataliste, désespérée et paradoxalement sensuelle… Peut-être un hommage à l’ex, corps dos au mur qu’on a déjà tous prise ainsi. Mais on entend aussi la gravité et la froideur dans « Himalaya » quand « Prism » nous envoie dans un Rock/Blues éthéré et onirique alors que ressort la part de ténèbres dans le finale « Time for Redemption »…

Tel est le paradoxe de cet album, à l’instar de ceux de Satriani ou Vai en leur temps : une volonté d’expression de la « blue note » que recherche chaque musicien, tentant de varier les plaisirs, cherchant et fouillant en lui-même pour la trouver, tentant de la retranscrire en étant intègre à ce qu’elle lui raconte dans son for intérieur mais qui restera toujours frustré de ne pas savoir la véhiculer aux autres, comme n’importe quel prof – ce qu’est également Alex Cordo. C’est le lot de beaucoup de musiciens et, ironiquement, c’est logique : chacun à SA note et n’arrivera jamais à faire adhérer tout le monde, voire qui que ce soit à SA note, chacun d’entre nous ayant la sienne, personnelle et intime.

Bref, sorti de cette réflexion philosophique, cet album, crowdfundé, n’en reste pas moins une sorte de témoignage intime d’une véracité musicienne, une forme d’honnêteté à cœur ouvert ne tombant pas dans le pathos du « les gens veulent entendre ça donc je vais le leur donner », à laquelle adhèreront ceux qui sont prêts à y pencher une oreille attentive. Et c’est par conséquent un BON album !

A écouter, tout simplement…

Tracklist:
1. Straight (3:24)
2. Above the Clouds (4:37)
3. Memories (4:32)
4. Hands up (4:33)
5. Himalaya (6:19)
6. Sunny Day for an Opossum (3:09)
7. Prism (5:38)
8. The Crash Test (3:40)
9. Time for Redemption (4:54)

Facebook: https://www.facebook.com/alexcordo/
Site officiel: http://www.alexcordo.com
Spotify: https://play.spotify.com/artist/3v8RXBnygbiMeZJEo9YsLv
Bandcamp: https://alexcordo.bandcamp.com/album/origami-extraits
Youtube: https://www.youtube.com/user/AlexCordoGuitar

 

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