Amon Sethis – Part 0. Nitocris, the Queen with Golden Hair ...
Line-up sur cet Album
- Sébastien Perrad : batterie
- Olivier Billoint : guitare
- Julien Tournoud : chant
- Adrien G. Gzagg : claviers
- Laëtitia Bertrand : basse
Style:
Metal progressif / Oriental metalDate de sortie:
12 décembre 2020Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Il y eut une femme Nitocris qui régna ; elle était plus courageuse que tous les hommes de son temps, et c’était la plus belle de toutes les femmes ; elle avait le physique d’une blonde aux joues roses. » Manéthon
Bienvenue, mesdames et messieurs, en Égypte Antique! Entrez dans l’ère de la sixième dynastie entre -2374 à -2140 avant JC, considérée par ailleurs comme la dernière dynastie de l’Ancien Empire. Véritable tournant dans l’histoire incroyable de l’Égypte Antique, cette époque était celle de la transition entre le pouvoir royal incontestable et des administrations locales, gérées comme des monarchies, qui assoiraient leur pouvoir de plus en plus fermement. C’est aussi l’époque où l’on trouve trace de celle qui fut considérée comme la première femme pharaon de l’histoire, et cette dernière portait le doux nom de Nitocris. Femme semi-légendaire, qui a sa place à part entière dans l’énorme mythologie égyptienne. On connait tous Nefertiti, mais beaucoup moins Nitocris, et je suis ravi de constater qu’un groupe se penche sur cette légende. En même temps, venant des grenoblois d’Amon Sethis, je n’en attendais pas moins! Je suis honoré et heureux de faire leur dernier album en chronique, appelé Part 0 – Nitocris, the Queen with Golden Hair, six après la sortie du dernier bébé! Six années d’attente, boudjiou! Que ce fut long.
Amon Sethis écume l’histoire de l’Égypte Antique depuis l’année 2007, date de sa création. Les grenoblois ont à leur actif trois albums en comptant ce dernier, un EP sorti en 2009 et un prévu en janvier 2021 intitulé Treasures from the Sand. La particularité du sextuor est de proposer un style de metal défini comme progressif, mais autour de mélodies orientales et des orchestrations épiques, nous proposant à chaque album un fabuleux voyage que les grands péplums envieraient. Vous l’aurez deviné, j’aime beaucoup ce groupe, et ce bien avant de devenir grenoblois moi-même. Et je ne boude vraiment pas mon plaisir de devoir faire la chronique de Part 0 – Nitocris, the Queen with Golden Hair, puisqu’en plus de cela je ne devais pas la faire au départ. Le petit enfant qui vient de trouver un cadeau caché sous le sapin jubile ! (NdMetalfreak : merci qui ?)
Et la pochette est absolument splendide! Un vrai concentré symboles égyptiens, une grande recherche d’assemblage de tous ces symboles qui me laissent en totale pâmoison. Autant les premiers artworks étaient assez banals, sinon simples mais efficaces, autant celui-ci a mis la barre très haute. Les couleurs sont vives, la réalisation graphique un peu « cartoonée » est intéressante parce qu’elle se situe dans des couvertures de bandes-dessinées et retranscrit bien les couleurs vives que l’on associe souvent aux tombeaux égyptiens, en or massif avec du bleu-roi ou du rouge éclatant. Rappelant par cette image la grandeur exceptionnelle de ce pays dans son époque avant ce bon vieux Jean-Claude de Nazareth. Amon Sethis a voulu mettre les bouchées doubles et s’est vraiment donné les moyens d’attirer l’oeil de la personne qui chine les CDs quelque part. Après, il aurait fallu, selon moi, peut-être ne pas trop abuser de symboles, peut-être faire un artwork moins concentré, moins chargé. Un artwork plus centré sur Nitocris, et moins sur tous les symboles qui se rapprochent de près de l’Égypte Antique, parce que sans connaître Nitocris, on aurait compris sur quelle branche précise de l’Histoire on se situerait. Là, cela fait trop voyant à mon gout, il y a une volonté de trop montrer à l’auditeur de quoi cause principalement Amon Sethis alors que le groupe en est à trois albums. A moins que ce soit pour accentuer davantage quel personnage historique était Nitocris, c’est fort probable en ce cas d’user d’astuces hyperboliques. Mais comme le design est magnifiquement construit, cela ne me dérange pas plus que cela.
Musicalement parlant, Amon Sethis surfe sur une vague progressive avec des mélodies orientales très marquées. On a des exemples de groupes qui épanchent leur passion pour l’Égypte Antique via des styles totalement différents : Nile et son death metal technique, Maat et son death metal old school, sans oublier certaines inspirations du côté d’Iron Maiden, d’Edguy, de SepticFlesh, d’Odious, etc. Alors, la question demeure : quel style de metal se prête mieux au jeu de l’authenticité? Moi, je penche aisément pour le metal progressif et oriental d’Amon Sethis. D’une part parce que les précédents groupes cités n’amènent pas aussi facilement l’envie de fermer les yeux et se croire au milieu des pyramides (avec du brutal death metal à la Nile, avouez que c’est difficile quand-même!). Et d’autre part parce que l’idée d’incorporer de grosses ambiances aux claviers et arrangements studio est un excellent plus pour contrecarrer le côté linéaire du metal, en général. Le gros point fort de l’album, et d’Amon Sethis plus particulièrement, est de parvenir à rajouter des parties mélodiques aux guitares et batterie, tantôt orientales, tantôt plus épiques, sans se marcher dessus avec les claviers. Un excellent travail de composition qui permet à cet album, après une première écoute, de fonctionner comme une grosse bande-son d’un film et laisse libre cours à l’imagination de l’auditeur.
La production est signée par une personne que l’on connaît bien dans le milieu grenoblois : sieur Eliott Tordo, grand patron de sa Grande Loge de Suntzu Records, et qui a notamment produit très récemment le dernier album de Nightmare. Il serait donc assez euphémisant de dire que la production est excellente, tant le travail de monsieur Tordo est propre. Connaissant bien le gugusse, je le sais très doué pour les arrangements orchestraux et les chants, du coup rien ne m’étonne quant à la qualité de ces deux derniers et la manière dont les placements sont faits, c’est à dire très justement. J’ai été d’autant plus étonné que les instrumentations plus classiques comme les cordes frottées et les percussions, sont aux petits oignons aussi. Je pense que, mettant de côté l’amitié que j’ai pour Eliott Tordo, sa production est à montrer au plus grand nombre pour que l’on puisse distinguer ce qu’est une production digne de ce nom. En tout cas, ce troisième album est vraiment très très bien fait, le son est impeccable et rend l’écoute très harmonieuse et fait véritablement voyager l’auditeur. Une vraie machine à remonter le temps! Pour une production indépendante, c’est juste énorme le boulot qui est fait. A montrer à tous les groupes qui pleurent parce que l’on fustige leur travail en studio et qui s’excuse via l’éternel camouflet du « autoproduit ».
Si vous souhaitez donc passer un bon moment, il vous suffira de prendre votre témérité à deux mains et d’aller vous écouter les quelques quinze morceaux qui constituent cette pyramide mirifique. Alors, d’aucun vous dirait que quinze morceaux, c’est un peu long. Certes. Simplement, il faut se dire que par le côté épique power de la musique, et par la longueur presque jamais excessive des pistes, cet album s’écoute très facilement. Je pense d’ailleurs qu’il y a une sorte de démarche commerciale un peu dissimulée derrière l’accessibilité de la musique d’Amon Sethis qui se veut personnelle à tous les coups, mais aussi pour tous. Du coup, il n’est pas difficile d’écouter en une fois cet album, et d’y revenir dessus autant que nécessaire pour toucher du doigt les innombrables petites subtilités qui le construisent. Pour le reste, je me dis que cette musique typiquement power heavy metal est la marque de fabrique de Grenoble depuis des années maintenant, avec l’avènement de groupes plus récents comme Avantasia ou Hybrid Origin, ou les désormais très connus Rising Steel et Nightmare. C’est un album qui se veut dans cette belle lignée et qui est vraiment très sympa à écouter, une très bonne sortie! Mention spéciale aux nombreuses rythmiques orientales qui donnent envie de se déhancher, au lieu (pour une fois) de se bousculer inutilement. C’est le moment de faire vibrer ces bourrelés!
Maintenant, il en va sans dire que les musiciens sont très bons, en particulier quand il s’agit de faire la composition. Julien Tournoud, seul membre originel du groupe avec le guitariste Olivier Billoint, porte la composition avec brio, s’étant fait aider pour les orchestrations par Eliott Tordo. A en juger par le résultat, il est évident que le talent est là, personne n’en doutait mais il est toujours bon de le dire quand c’est opportun. Ce que j’apprécie surtout c’est la diversité de chaque morceaux sans tomber dans l’exagération. En plus de cela, chaque piste est unique mais se situe dans un même univers, à la fois littéraire et historique, et on devine que cet album fonctionne comme un vrai concept, avec des chapitres, ou des détails de l’histoire qui sont abordés comme des pointillés. Moi qui suis friand des albums concepts et de la complexité immense qui faut pour les composer, je suis doublement servi. En tout cas, cela peut sembler idiot de le dire, mais les musiciens sont excellents, pas étonnant de fait qu’Amon Sethis vit sa réputation grandir et grandir de plus en plus dans la scène française. Cela me donne fortement envie de les voir en concert en tout cas.
Le chant, assuré par ce même Julien Tournoud, n’est d’ordinaire pas ma tasse de thé, moi qui me situe plus sur des vois saturés ou du chant diphonique. Ici, pas de surprise : on a un chant très estampillé power metal, avec des montées dans les octaves qui me semblent être suffisamment impressionnantes pour rendre jaloux n’importe quel amateur. je dis cela par méconnaissance du genre et pratiquement tous les chanteurs de power metal me semblent très bons quand je les écoute. Mais cela ne m’empêche pas d’avoir une admiration certaine pour Andre Matos du groupe Shaman. Mais je m’éloigne du sujet. Il y a une variation bien intéressante des voix avec quelques petits moments de chants saturés, en particulier growl medium et c’est aussi Julien Tournoud qui s’affaire à proposer des chants plus extrêmes. Il y a là encore un gros travail de fait dans l’incorporation des chants, pour ne pas tomber dans un côté assommoir, et ne pas chercher à mettre trop en exergue les instrumentations. Bref, en quelques mots : les chants sont excellents et le placement rythmique des textes itou. Un vrai bonheur pour le parolier et chanteur que je suis.
Et ce qui m’a incontestablement le plus plu dans ce Part 0 – Nitocris, the Queen with Golden Hair, c’est le concept en lui-même. Étant un grand amoureux des mythologies en général et intrinsèquement des civilisations qui en découlent, il allait de soi que ce concept-album, comme toute la discographie d’Amon Sethis, allait me plaire. Mais lorsque j’ai lu les textes, et découvert le fonctionnement sous forme de « chapitres » et de suite logique textuelle, j’ai été doublement enchanté! Bon, les textes en anglais ne sont pas très gênants dans le sens où ils sont écrits avec simplicité sans tomber dans une redondance métaphorique, ajoutant par-là un ingrédient d’accessibilité pour l’auditeur qui confirme mon idée de départ. Mais la très grande force de ce concept-album se situe dans l’intelligence maitresse pour permettre à la fois de centrer l’univers sur Nitocris, mais aussi sur d’autres aspects plus généralistes, mais qui par certains points de vues forgent la personne légendaire qu’est Nitocris, comme son rapport noir avec Osiris, sa foi envers sa famille et certains autres Dieux, son règne, etc. En fait, j’aime beaucoup ce genre de concepts qui s’amusent à nous rappeler qu’outre la partie mythique de la personne, il y a d’abord et surtout un côté très humain. Et cela, véritablement, c’est la grande force de ce troisième album! Je tire donc mon chapeau à Julien Tournoud pour cet incroyable boulot d’effectué pour faire vivre artistiquement ce CD. Monstrueux!
Il était temps me direz-vous! De quoi donc? Eh bien d’une part de faire la chronique d’un album d’Amon Sethis pour moi, depuis le temps que je suis le groupe de près ou de loin. Et d’autre part que cette chronique voit le jour surtout. Une sortie en mi-décembre d’un groupe de chez nous, devrait au minimum passer en release du jour. Mais bon… J’espère que le mal est réparé avec cette chronique en tout cas et que j’ai rendu l’honneur à ce groupe mille fois talentueux qui nous fait l’honneur lui-même de représenter ma ville d’adoption qu’est Grenoble. Il serait évident de dire qu’il faut absolument se procurer ce troisième album des égyptiens cachés d’Amon Sethis. Proposer un tel soin pour nous transporter dans le passé et nous faire revivre cette glorieuse civilisation, avec pour point central cette fois-ci la reine Nitocris, cela mérite tous les louanges. En tout cas, cette sortie, six années après, remplit haut la main le contrat. Ce troisième album est un bijou du genre progressivo-oriental, et pour sûr qu’Amon Sethis représentera un jour sur les sommets le metal égypto-grenoblois! Bravo les gens!
Tracklist :
1. The Legacy from the Past 02:53
2. Nitocris, the Queen with Golden Hair 05:10
3. My Sister, My Love, My Pharaoh 04:21
4. The Conspiracy 07:00
5. The Secret Letter 04:55
6. The Rise of Aoutef’s Army 04:18
7. Lost in the West 04:35
8. Desert Storm 04:24
9. Osiris God of the Dead 04:28
10. Mask of Wrath 04:16
11. By the Torture 05:49
12. Eternal Love 05:11
13. The Blood Red Temple 04:46
14. From Dust to the Stars 09:59
15. And Then Comes The Rain 06:07
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