Line-up sur cet Album
- Joey Belladonna : Chant
- Frank Bello : Basse
- Charlie Benante : Batterie
- Scott Ian : Guitare
- Jonathan Donais : Guitare lead
Style:
Thrash MetalDate de sortie:
26 février 2016Label:
Nuclear BlastNote du SoilChroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 7/10
Bacillus anthracis, ou de son petit nom Anthrax, n’est pas simplement le terme anglo-saxon de la « maladie du charbon » mais aussi celui d’un des pères fondateurs du Thrash US dans les 80’s – avec cette image de « pères fondateurs », j’imagine trop la tronche de Joey Belladona à coté de celles de James Hetfield, Dave Mustaine et Tom Araya sur le mont Rushmore. Contrairement à ses comparses californiens, les newyorkais avaient ce petit plus d’apporter cette touche hip hop et rap émanant de leur ville natale, qui les distinguaient de leur confrères en donnant un coté pas forcément super sérieux et davantage basé sur l’amusement. Ceci ne remettait évidemment pas en cause leur son si particulier et leur créativité, en plus d’être de très bons musiciens. Les va-et-vient, en plus de trente années de carrière, c’est assez prévisible – un peu comme dans un mariage, et pas seulement au lit – et pour reprendre le cas de Belladona, s’il est redevenu chanteur officiel du groupe depuis 2010, a quand même fait des sorties de pistes par deux fois. A noter cependant que celui-là même arborait une mine réjouie pour son retour sur scène et face à leur public au Sonisphere 2011, irradiant de bonheur de jouer de nouveau et avec ses complices de groupe – avec Andreas Kisser de Sepultura en gratteux de tournée, ce qui n’avait pas été sans me déplaire comme petit cadeau bonus – et aussi de courant musical lors du rassemblement sous la forme du Big 4. Le seul membre (fondateur également) à ne pas avoir bougé est Scott Ian, guitariste et compositeur du groupe. Des hauts et des bas, en trente-cinq ans de carrière, y en a forcément, et Anthrax a su nous montrer ses hauts et ses bas – je suis sur que tenir ce genre de conversation au sujet de Crucified Barbara pourrait avoir une toute autre tournure, pas forcément déplaisante pour autant.
Bref, on sait qu’Anthrax est un groupe créatif et avec une image sympathique d’entertainers. Mais en trente-cinq ans, on a eu le temps de dire beaucoup de choses, peut-être même tout, et parfois, ne vaut-il pas mieux tirer sa révérence et laisser une image positive, un bon souvenir, que de s’entêter soit à redonder, soit à tenter de proposer quelque chose qui semble neuf mais n’apporte pas grand-chose à part du radotage éventuellement ?
Evidemment, ce qu’on attend d’Anthrax, c’est du « pas sérieux » mais malgré tout efficace et dynamique, punchy et groovy en somme, et tant qu’à faire inspiré – c’est un peu le principe quand on propose quelque chose de nouveau, à défaut d’être inédit, dans un domaine artistique, non ? Ceci étant posé, parlons maintenant de leur onzième et nouvel opus intitulé For all Kings, même si vous voyez déjà où je veux en venir – quel suspense insoutenable, waouh !
J’aime, et on aime Anthrax de tas de points de vue… Des Spreading the Disease ou des Among the Living, on en voudrait plus souvent… Des State of Euphoria, on aime, d’autant quand on est un brin chauvin et qu’on apprécie la reprise du « Antisocial » de Trust – même quand les fans d’Anthrax sont assez bornés pour croire encore que c’est le quintette newyorkais qui l’a composé, m’enfin bon… Des trips rap metal avec Public Enemy sur « Bring the Noise », en bermuda et casquette retournée, on en veut encore, ne serait-ce que pour se marrer un peu ! Des We’ve come for you all ou des Worship Music, forcément qu’on aime vu qu’ils reviennent aux basiques et redonnent l’espoir d’un retour aux sources – et accessoirement, pour le second, de celui de Belladona au chant – nécessaire au groupe pour ne pas sombrer dans le « sérieusement chiant »… Par conséquent, des Sound of white Noise ou Persistance of Time ou encore Stomp 442, on s’en serait probablement volontiers dispensés… Et c’est là que j’en viens à mon propos concernant For all Kings – oui, c’est un très long avant propos.
Qu’il semble loin, ce temps révolu… Si on sait à quoi s’attendre avec le groupe, tant au niveau du son que des riffs, on ne trouve plus vraiment de quoi se mettre sous la dent : certes, l’album en soi n’est pas déplaisant… mais on s’ennuie sérieusement – encore un truc trop sérieux – et sévèrement ! Pire, on aimerait bien retrouver cette dynamique qui créait l’effervescence dans le Thrash Metal, qui fait que le groupe, même s’il n’est pas cité en premier lieu comme source d’influence de groupes actuels, a eu son impact réel sur les générations suivantes, de par ses textes humoristiques ou son caractère « on ne se prend pas au sérieux »… mais en vain.
La magie semble s’être éteinte à petit feu en quelques années de retour de la flamme… La faute à qui ? Probablement à personne, au temps, à l’usure, à l’impression d’avoir tout dit et désormais peut-être trop dit… Le fait reste que les espoirs déçus ne devraient pas avoir lieu avec un groupe comme celui-ci : une intro orchestrale épique et guerrière avec des samples qui laisse présager d’une idée de matériel nouveau à proposer, mais le leurre se fait repérer dès les premiers riffs de « You gotta believe » qui sonne comme une resucée du précédent album, tout énergique que soit ce morceau. Tout est d’ailleurs dit dans ce titre : vous devez croire, ou du moins le groupe espère que vous y croyiez encore pour éviter que vous ne réalisiez trop vite que vous vous êtes fait blouser… Et cette impression de déjà entendu, pire même de mollesse, de fera ressentir jusqu’à l’arrivée de la fin efficace du dixième – oui, oui, vous avez bien lu – morceau « Defend Avenge » qui relance un peu le groove et l’âme qu’on espérait depuis déjà 8 titres de lassitude… Je ne sais pas si le groupe a choisi sciemment cette organisation d’album pour laisser le meilleur à la fin, mais une fois qu’on a été ragaillardi par ce réveil, enfin on retrouve du « bon » Anthrax, ou du moins du créatif, du catchy, qui donne envie de fredonner et bouger, avec « All of them Thieves », puis la rondeur du mid tempo « This Battle chose us »… le morceau final étant la pépite de l’album, celle qu’on putain d’attendait tout au long de la galette ! Enfin du vrai Thrash ! La fin de l’album qui sauve l’album, un comble…
Même si la production est une fois encore au niveau et les musiciens toujours aussi bons, mon avis sera à l’égal du titre de ce morceau final dont je vous parlais ci-dessus : « Zero Tolerance » ! Cet album est une farce qui sent le sapin, voire son charbon… On aurait été sur un album d’un jeune groupe, j’aurais pu réviser mon opinion et me dire que « bon, ok, c’était l’album à ne pas faire et ils feront mieux la prochaine fois », mais là on parle d’une formation qui a des années de maison, qui connait le chaland et sait comment le prendre, en bon taulier, et surtout qui n’essaierait pas de vous embobiner avec un Diplomatico Anejo en vous le faisant passer pour du Reserva Exclusiva – les amateurs de rhum comprendront.
A écouter en se tapant un shooter de Diplo – si, si, essayez : non seulement vous apprécierez, mais en plus ça aura plus de gout, voire d’arrière gout que ce que vous venez d’écouter.
Tracklist:
1. Impaled (1:31)
2. You gotta believe (6:00)
3. Monster at the End (3:55)
4. For all Kings (5:00)
5. Breathing Lightning (5:37)
6. Breathing out (0:55)
7. Suzerain (4:53)
8. Evil Twin (4:40)
9. Blood Eagle Wings (7:53)
10. Defend Avenge (5:13)
11. All of them Thieves (5:14)
12. This Battle chose us (4:53)
13. Zero Tolerance (3:48)
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Site officiel: www.anthrax.com
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