Note du SoilChroniqueur (Olivier No Limit) : 8/10

Il y a plusieurs façons d’appréhender le black metal quand on est français.
Il y a peu, j’ai fait la chronique du groupe Abduction et de leur album « Toutes Blessent, la Dernière Tue ». Leur chant en français, leur démarche musicale, contribuent à dispenser une musique « éclairée », poétique, romantique.
Et me voilà face au nouveau méfait du groupe français Anthropovore, vous savez, ce combo composé de deux énergumènes, Stéphane Prados (guitares) et Simon Perrin (guitares, basse et chant) qui chantent, eux aussi, dans la langue de Molière, mais qui jouent, eux, d’un black plutôt old school, légèrement teinté de death, violent, mauvais comme une tique qui éructe sa haine de l’humanité.

Par rapport à « Booggeyman » sorti en 2022, je trouve le mixage de ce nouvel opus, qui a pour nom « Parthénogenèse », moins « sale », ce qui lui confère une puissance certaine, un impact plus massif. De plus, il y a, en gueststar, Adsagsona, qui chante dans le groupe Houle ce qui apporte un plus au niveau des vocaux.
Alors pour vous faire pénétrer dans leur monde musical, j’ai pris de-ci de-là quelques impressions au fil des titres. « Notre Père », qui est en deux parties, commence par une voix qui déclame et dépeint notre belle humanité, « en pleine descente au fond du ravin ».
Volée de blast beat au programme, deux voix qui s’affrontent, l’une celle d’une goule, l’autre hargneuse au dernier degré.
On se prend en pleine tête un black dense, aux notes répétitives aux contours harmoniques figés de fiel et de gel.

Quand déboule « Transmigre-Moi » la violence de ce titre agresse vos oreilles. C’est énervé et plein d’un cri qui se vomit ; on y parle de l’éradication de la race humaine. On y souffle le temps d’un tempo lent aux guitares qui entrelacent leurs notes. Arrive « Castigo ». J’adore ce morceau au riffing répétitif jouant sur la dissonance pendant que la voix hurle sa haine et sa souffrance.

Long titre à tiroir pour « Parthénogenèse », entre violence crue et pesanteur noire qui tombe sur vos épaules. Rythmiques grasses, lourdes, ambiances écrasantes pour « Souffrir ». Mélopée insidieuse pleine de noirceur et de désespoir pour « Mal dedans » avec ces mots « tu marches comme un zombie sache que ton cœur est mort » ! J’aime beaucoup aussi « Mangez-Moi » pachydermique, particulièrement anxiogène, accrocheur et dont la supplique est criée par des humains qui préfèrent se faire « bouffer » que torturer par, j’imagine les suppôts de la Bête.
Et puis pour ceux qui se procureront le CD physique, il y a un titre bonus qui dure 30 minutes et qui a pour nom « F(a)I(m)N ».
On y parle des maux de ce siècle à savoir l’explosion démographique, la dictature de l’ignorance, le dérèglement climatique, l’eau devenue précieuse, la sécheresse, la montée des eaux, etc… Un titre qui accompagne bien musicalement le message : c’est la fin d’un monde qui s’enlise. Du coup, leur metal est malsain et sans positivité aucune, nourri d’un riffing qui vous enfonce en enfer.

Voilà !
Une longue chronique, quelques heures d’écoutes pour appréhender la « chose ».
Mon voisin, dirait en écoutant leur metal « comment des gens normaux peuvent faire ce genre de musique ? ».
Mais il n’est pas metalleux et je trouve que leur musique va bien avec ce que l’on vit actuellement !
D’habitude, je suis plus fan de death que de black, mais là, ils ont fait fort !

Tracklist :

CD1 :

1. Notre père 08:12
2. Transmigre-Moi 05:59
3. Castigo 05:50
4. Parthénogenèse 09:06
5. Souffrir 05:22
6. Mangez-Moi 04:48
7. Mal dedans 09:25
8. Ternir 05:09
9. Deconstruit 05:35

CD2 :
F(a)I(m)N 32:26

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