Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

Il m’en aura fallu du temps depuis l’échec cuisant de la dernière tentative d’écoute d’une musique industrielle. Je vous renvoie pour cela à la chronique de Pagan Interface. Le souci avec ce style de musique est qu’il est tellement vaste que sa simple dénomination ne suffit pas à nous assurer d’une bonne écoute, ou non. Dans mon cas, les challenges ne me font pas peur et j’ai moult fois essayé d’explorer des styles de musiques moins familiers pour sortir de ma zone de confort – ce qui, dans ma vie de tous les jours, est ma spécialité. Détestant, en plus de cela, rester sur un constat d’échec sans retenter ma chance, me voilà en selle pour de nouveau me frotter à un groupe de musique industrielle, et c’est Antivote et son dernier album qui va atterrir dans mes enceintes et mon pc portable!

Lorsque j’ai fait mes recherches pour introduire le groupe, j’ai été d’emblée assez rassuré puisqu’il y avait des précisions importantes sur le style de musique proposé. Antivote est en fait composé de quatre musiciens dont les membres fondateurs sont respectivement au synthétiseur/guitare/chant avec Mirko Padubrin et à la programmation avec Ronny Lippold. Le dernier arrivé est le batteur Sebastian Voigtmann et il y a un quatrième larron appelé Ulf Nürnberger mais il n’est pas précisé son rôle dans le groupe (surement bassiste…) En tout cas, Antivote a vu le jour en Allemagne en 2012 et a sorti trois albums entre 2014 et aujourd’hui. Je disais que j’avais été rassuré, et les influences du groupe ont été le premiers facteurs à me conforter que j’avais fait le bon choix puisque l’on retrouve, selon leur Facebook, FIELDS OF THE NEPHILIM, PROJECT PITCHFORK, THE CURE, PAINBASTARD, THE SISTERS OF MERCY.

L’artwork m’a laissé un peu perplexe puisque je trouve qu’il correspond bien avec le style proposé et qui est la Darkwave : ces tons noir et « ultraviolet » font penser aux fêtes nocturnes et donnent une touche très précise sur le type de musique industrielle choisi. J’ai effectivement retrouvé ce genre de pochette dans quelques albums du genre et le logo et le nom de l’album sont dans ce style aussi. En soi, lorsqu’on est initié, on sait tout de suite que l’on va avoir affaire à de la Darkwave, ou de l’électro assez centrée sur des ambiances noires. Je ne comprends en revanche pas l’utilisation de cette femme qui semble ramper à quatre pattes vers nous, descendant ce qui ressemble aux marches d’une vieille maison abandonnée. Honnêtement, non pas qu’elle me déplaise, cette bonne femme, mais je ne vois pas trop pourquoi elle est là… Je subodore qu’elle apporte une touche de sensualité à un style de musique très sombre. Ou tout simplement une touche d’esthétisme. En tout cas, si je me dois d’avouer que j’aime beaucoup la pochette, ce simple détail me laisse dubitatif. D’autant que l’arrière du CD, que j’ai cherché sur Internet, me semble bien plus en corrélation avec le style un peu gothique du groupe. Bon ce n’est qu’un détail, j’ai surtout hâte de passer à la musique !

Je parlais de Darkwave/Electro comme le présente lui-même le quatuor allemand et, dès la première écoute, une réalité me saute aux oreilles : c’est exactement cela ! Et je retrouve surtout ce que j’adore dans ce style que j’ai découvert sur le tard, étant plus fan au départ de Makina, de Trance ou de Folktronica. Ma première expérience en vraie Darkwave a été faite par mon Mamamouchi Metalfreak qui m’a fait écouter, un soir, le projet solo de Richard Lederer de Summoning, qui s’appelle Ice Ages ; depuis, je suis tombé fou amoureux de ce style et l’écoute de Stages to Verity me fait l’effet d’une énorme bouffée d’oxygène !
Ce qui caractérise ce style d’électro, c’est la place qu’il met aux ambiances. Sans tomber dans l’extrême qui pourrait être la Dark ambient et qui gomme souvent la rythmique pour ne laisser qu’une prépondérance exagérée aux ambiances noires, la Darkwave a le mérite de garder une base rythmique importante mais plus lente, plus planante. Antivote fait exactement cette structuration, mêlant rythmiques planantes et ambiances électro. L’utilisation d’une banque son assez vintage est aussi le nec-plus-ultra du genre pour moi qui vénère ces sons limite analogiques ou du moins assez années 70/80. Il me semble d’ailleurs reconnaitre quelques samples du logiciel FL Studio que j’ai naguère usité pour des essais de musiques assistées par ordinateur.

De fait, les onze morceaux de l’album me font beaucoup penser à des ambiances pré-New Wave, et je me rends compte à quel point c’est kiffant ! Je crois que, définitivement, cette époque était une corne d’abondance méconnue (ou pas !) et quand on voit que beaucoup de groupes gardent cette nostalgie intacte pour restituer au grand jour ces ambiances très « gothiques », je me dis carrément qu’il y a du bon dans ce monde ! Bizarrement, je vais trouver mon vivier dans le milieu de l’album ; les morceaux « The four Elements », « So far as your Feets (faaaaaaaaaaaaaaaute !) are carry you » [multi-faute même ! (Hans, le grammarnazi relecteur)], et « Temple of Blood Money » sont indiscutablement mes morceaux préférés car les sons utilisés me parlent énormément : les chœurs, les mélodies sont typiquement celles que je vais préférer, avec des longues nappes de claviers et une boite à rythme (ou batterie) qui donnent envie de danser langoureusement, sans s’énerver, juste en voguant dans d’autres dimensions. Le pied… [ze feets, quoi… (Hans)] Franchement je ne vois pas comment décrire avec des mots précis l’émotion que je ressens en écoutant ce genre de musique : je pense que c’est le pouvoir de l’émotion que d’avoir des voies impénétrables et qui gardent cette part de mystère en chacun de nous. J’ai fait du mieux que j’ai pu en tout cas et c’est très perturbant…

La production est évidemment de toute beauté si l’on est amateur de ce type de son très particulier qui n’encourage pas l’utilisation abusive de basses fréquences mais qui laisse une place de choix, comme je disais, aux ambiances et aux claviers. Amateurs de boom-boom ? Passez votre chemin sur le champ. En revanche, si vous aimez les ambiances dark, je suis prêt à mettre mon pénis au barbecue que vous allez kiffer ! Les mots qui me viennent pour décrire les ambiances de cet album, en association avec la production, sont « nocturne », « planant », « noir » et « spirituel » parce qu’il y a une vraie part de spiritualité dans ce type de musique. Magnifique production donc qui prend aux tripes en même temps qu’elle secoue nos émotions.

J’ai l’impression d’avoir été trop court mais je pense que, pour décrire ce type de musique, il faut être un peu plus initié que moi et avoir pu s’interroger sur les raisons qui font que nous sommes transportés par cette dernière. C’est donc avec un manque total de raison mais une explosion d’émotions que je vais conclure cette chronique et vous laisser écouter avec soin cet album qui est incroyablement beau. Tout est bien fait : la production, les compositions, les ambiances, tout ! Il n’y a rien à jeter, je crois qu’on n’est pas passé loin d’un CD parfait. Deuxième découverte de l’année 2020 qui finira dans mon top 3, deuxième CD à finir dans mon top qui est de l’électro (le premier étant Vaisseau et son Krautrock), je pense qu’il faudra que j’en tire une conclusion à l’avenir : que j’adore définitivement la musique industrielle et/ou électronique. Et que ce n’est pas parce que l’on rencontre un obstacle infranchissable (Pagan Interface) que l’on ne peut pas le passer sans embuche la prochaine fois (comme ici). Belle leçon donc pour moi, je reviendrai !

Tracklist :

1. A stony Way
2. Chemtrail Soldiers
3. Truth or Lie
4. Luna
5. Soulmates
6. The four Elements
7. So far as your Feets are carry you
8. Temples of Blood Money
9. Human Machine
10. New Cold War
11. Is this the Future

Facebook : https://www.facebook.com/Antivote-216225891874363/
Bandcamp : https://echozone.bandcamp.com/album/stages-to-verity
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCwouNd … 3EP3Z0XtSg