Line-up sur cet Album
- NKS : Guitares
- Spellbound : Chant
- K.H. : Batterie
- Wÿntër Ärvn : Guitares, Chant
Style:
Black MetalDate de sortie:
24 septembre 2021Label:
Les Acteurs de l'Ombre ProductionsNote du SoilChroniqueur (Arno) : 10/10
Chaque fois que je vois dans ma boîte aux lettres cette petite enveloppe blanche épaisse, je reconnais l’envoi d’une nouveauté de chez Les Acteurs de l’Ombre et, d’un coup, ma journée s’embellit car je sais que le contenu sera excellent. Et là, c’est le nouvel album d’Aorlhac qui a été remis entre main, Aorlhac qui en 2018 écrivait l’un des meilleurs albums de black metal de ces dernières années : « L’esprit des vents« .
Attardons-nous un instant sur la pochette. Évidemment, elle est superbe, les artworks du label étant systématiquement classieux et parfaitement raccords avec l’esprit et la musique des groupes, mais c’est surtout la rupture avec les teintes bleutées et glacées de l’album précédent qui interpelle. Et il est vrai que ce dernier, de par sa production notamment, inspirait une certaine froideur nocturne. La question sera donc : le réchauffement climatique a-t-il également impacté le black proposé dans « Pierres brûlées » ?
Petite formule rhétorique : je ne parlerai pas du fait que le nom de l’album m’a de suite mis en tête « Terre brûlée au vent », de Michel Sardouille, et que j’ai désormais le plus grand mal à m’en débarrasser. Mais trêve de galéjades, entrons dans le vif du sujet, « vif » étant bel et bien le bon adjectif tant il sied à la musique d’Aorlhac.
Bien entendu, la formation évolue toujours dans un registre black metal que les amateurs de Dissection ou Taake trouveront forcément à leur goût mais les musiciens ont su développer au fil des ans une identité qui leur est propre, l’esprit occitan conférant une particularité langagière, thématique et musicale qui ne saurait être qualifiée de copie des illustres ainés.
Et cette identité culturelle, Aorlhac n’a de cesse de la chanter, de la clamer, empruntant même à l’occasion le « Salut à toi » des Bérurier noir dans « Au travers de nos cris » : « Salut à toi, Puy de Dôme ! Salut à toi, Puy Mary ! » et je pense que l’Auvergne a rarement dû bénéficier d’un aussi bel hommage que tout au long de ces neuf titres absolument parfaits sur tous les plans : musicaux, textuels et sonores. Si l’office du tourisme sature, ce sera bien grâce à Aorlhac ! Pour ma part, j’ai clairement envie d’aller y poser mes guêtres.
Quelque part, si l’on réfléchit en termes d’éléments fondamentaux, il ne faut pas être bien malin pour comprendre que le groupe est passé du vent avec sa trilogie « A la croisée des vents » (2008) – « La cité des vents » (2010) – « L’esprit des vents » (2018) au feu via ses références aux brûlures, au volcan (« La colère du volcan ») et à la lave explicitement mise en avant sur l’illustration du disque.
Mais ce qu’il y a de formidable, au-delà de cette analyse digne d’un Inspecteur Gadget fatigué, c’est que cette lave coule dans les veines des compositions. Les riffs, le chant, tout s’est coloré d’un rouge carmin et explose dans chaque titre, avec notamment l’apparition d’une voix claire qui m’évoque le RMS Hreidmarr de « Sur les falaises de marbre » (Glaciation), notamment sur les chansons « Vingt sièges, cent assauts » ou « Nos hameaux désespérés », cela apportant un surplus émotionnel ponctuel d’autant plus beau qu’il est rare.
Car, encore une fois, c’est bien de black metal qu’il est question et Aorlhac le pratique désormais à un niveau où seuls les intouchables évoluent. Sur des tempos majoritairement rapides, voir hyper rapides, les mecs déroulent une partition sans déchet où rien n’a été laissé au hasard : les riffs et les mélodies guitaristiques ont rarement été aussi épiques, sans compter la technique nécessaire pour les interpréter, le chant est parfait dans son agression audible et articulée pour mettre en exergue une plume littérairement exigeante, le batteur enchaîne des plans versatiles où vitesse, puissance et précision s’entremêlent, même le bassiste n’est pas oublié et a droit à quelques magnifiques lignes notamment sur les passages les plus posées (le final de « La guerre des esclops » par exemple).
Avec « Pierres brûlées« , Aorlhac a d’une part écrit l’un des disques black metal de l’année, le genre de bijou qui revient inlassablement sur la platine mais, surtout, entre selon moi de la plus belle des manières dans le panthéon des groupes extrêmes, avec sincérité, humilité, respect des traditions et du patrimoine. Pour moi, c’est tout simplement parfait et sublime.
Tracklist :
1. La colère du volcan (05:01)
2. Au travers de nos cris (08:48)
3. Vingt sièges, cent assauts (05:21)
4. Nos hameaux désespérés (06:43)
5. Nos âmes aux mornes idées (06:26)
6. Averses sur Peyre-Arse (02:18)
7. Les vésanies d’Aymérigot Marchès (05:29)
8. La guerre des esclops (07:05)
9. Pierres brûlées (05:56)
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