Line-up sur cet Album


Ashcariot : basse sur albums 1 et 2 Necrosis (NKS) : guitare, batterie et composition sur albums 1 et 2, basse sur album 3 Spellbound : chant sur albums 1, 2 et 3 Lonn : guitare lead sur album 3 Ardraos : batterie sur 3

Style:

Black Metal Mélodique

Date de sortie:

20 septembre 2024

Label:

Les Acteurs de l'Ombre Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9,5/10

 

La vie est une bougie dans le vent.” Proverbe japonais

J’entretiens un rapport particulier avec la Nature. Loin de tomber dans des lubies écologistes, ou de faire une danse tout nu au milieu d’une forêt quelque part en Europe, je ne suis pas loin de ressentir des présences divines dans les affres et les bouleversements de la Nature. Si l’on m’interroge, je me décris souvent comme un mec qui se rapproche, d’un point de vue dogmatique, des croyances païennes. Au travers de mes voyages, j’ai toujours été curieux de savoir quel rapport les populations entretiennent avec la Nature qui les entoure. Je veux pour exemple idéal les pays Baltes, qui maintiennent une prépondérance dans leur vie de tous les jours à les croyances ancestrales, par des cérémonies païennes, un respect pour les nombreuses forêts, les nombreux lacs et monts qui les entourent et ce lien indéfectible se perd de nos jours. J’ai été plus récemment à Malte, qui est un pays dont on est loin, très loin d’imaginer un quelconque rapport avec la Nature puisque le pays, qui est une petite île perdue sur la Méditerranée, a une image plus proche de la jet-set et de la fête que des étendues verdoyantes. C’est d’ailleurs un pays très sec, avec presque aucune réserve en eau de pluie, car pour avoir de l’eau « potable », il faut désaliniser la mer. Et pourtant ! Quand vous parlez avec la population, le rapport à la mer, que ce soit d’un point de vue historique ou économique, prend une tournure impressionnante dans leur quotidien. En fin de compte, l’être humain peut avoir un lien avec la Nature et ses changements très fort, peu importe où l’on se situe sur la mappe-monde. De mon côté, même si je ne peux me revendiquer ouvertement comme issu d’un paganisme frénétique, et profond, il n’en demeure pas moins que je tombe en pâmoison devant la Nature dès qu’elle m’ouvre ses portes majestueusement. Avec par ailleurs une fascination folle pour les orages, les tempêtes et les vents. Le fameux qui arrive avant l’orage, qui secoue les arbres en avant-première d’un chaos climatique. Je suis totalement fasciné par les tornades, les ouragans et les vagues. Et tous ont un rapport direct avec le vent. Ne suis-je pas Verseau, signe d’air ? Il était donc naturel que je m’intéresse à la trilogie des vents. Sortie par le groupe Aorlhac, composée par À la Croisée des Vents, La Cité des Vents et L’Esprit des Vents, cette trilogie annonciatrice de la percée formidable d’Aorlhac sur la scène underground française se voit ce jour rééditée par le label Les Acteurs de l’Ombre Productions dans un format qui vaut le détour ! C’est pour cela que votre humble serviteur vous la présente.

Que pourrions-nous dire de plus sur Aorlhac si ce n’est que la formation constitue une des valeurs sûres de la scène black metal française ? Après pourtant une pause de sept années sans aucune sortie, entre le début de la formation en 2007 et la période 2017 à de nos jours, Aorlhac continue de sortir de véritables albums de chevet. Groupe Auvergnat se situant entre Aurillac – qui offre son nom à la formation -, Clermont-Ferrand et Saint-Flour, le frontman Spellbound, accompagné de son acolyte et dernier fondateur encore présent NKS, porte fièrement l’étendard de la dernière ville nommée, et du département du Cantal. Sur la démo La Chronique des Vents, l’EP À la Croisée des Vents (qui commence la trilogie), les deux premiers albums qui complètent l’histoire, puis ce dernier album nommé Pierres Brûlées qui a énormément fait parler de lui, Aorlhac fait la part belle aux contes médiévaux et à l’histoire. Typiquement le style de groupe qui ne pouvait donc que m’intéresser d’autant que je suis un grand admirateur du talent de Spellbound qui officie également dans Jour Pâles, plusieurs fois chroniqué chez nous, et qui officiait dans Asphodèles et d’autres formations plus discrètes comme Hellböözer et Towersound. Un parcours que l’on ne peut que porter aux nues quand on est, nous aussi, de modestes acteurs de la scène française. Aorlhac, c’est parti, pour mon plus grand plaisir !

Trois rééditions, trois pochettes, mais qui se ressemblent énormément. A vrai dire, le style de musique se prête particulièrement bien au jeu du vintage. Paré de magnifiques couleurs que sont le vert pour À la Croisée des Vents, le rouge sang pour La Cité des Vents et le bleu roi pour L’Esprit des Vents. Couleurs qui par ailleurs se rapproche des tonalités que l’on retrouve sur les sorties originales. Le fond est chaque fois entouré par des entrelacs qui rappellent évidemment un style médiéval, et qui poussent le vice jusqu’à être stylisés comme s’ils étaient altérés par le temps. Le tout sur une elle couleur dorée. L’ensemble fait bien entendu penser à ces livres anciens que l’on chine sur les brocantes, ou chez les libraires qui vendent de très vieilles reliures, avec les pages jaunies par le temps, avec même cette odeur caractéristique du vieux papier usé que l’on adore renifler en ouvrant le dit bouquin… Bref ! Je m’évade mais les pochettes s’y prêtent avec facilité. Le logo également très simple à reconnaître du groupe Aorlhac trône à chaque fois au milieu de l’artwork, avec en-dessous le nom de l’EP ou des deux premiers albums. Mais là où le vice est encore plus beau, où la luxure est encore plus excitante, se situe à l’intérieur des sorties physiques que j’ai eu l’honneur de recevoir. L’intérieur reprend donc les codes que l’on connait avec les calligraphies pour le nom des pistes, les représentations graphiques et peintes de figures mythiques et même le support des CDs reprend ce style. Vous l’aurez compris, Aorlhac vend son univers musical en poussant jusqu’au bout la carte médiévale et mythique, et nous offre une belle imitation de ce que donnerait un vieil ouvrage littéraire sur le Moyen-Âge. Cette réédition est d’ores et déjà visuellement superbe, absolument superbe ! A ne pas me faire regretter de ne toujours pas avoir acheté tous les CDs concernés. Magique.

D’ordinaire je ne suis pas très à l’aise avec les rééditions parce que, souvent, on ne va pas se mentir, il n’y a pas de changement. Pas de travail sur le son, pas de morceau bonus, parfois seule la pochette change. J’exagère un peu, mais je n’ai jamais été friand de faire des rééditions en chronique. Mais bon, ce sont les Acteurs de l’Ombre Productions, et je me dois de faire la chronique, et de toute manière, on parle d’Aorlhac. Pas d’un énième groupe de dinosaures qui vendent sans rien changer. L’underground est beau en France ! J’ai décidé de prendre ces rééditions comme si je découvrais le groupe pour la première fois car, même si cela semble pour beaucoup peu probable, il arrive que des auditeurs découvrent les groupes via les rééditions. Il convient de dire que musicalement, Aorlhac propose un black metal très mélodique, pas forcément étiqueté comme tel à mon grand étonnement tant les mélodies sont légion dans la musique proposée. La grande force de ce groupe depuis toujours, y compris lors de cette deuxième existence, se situe donc sur la composition avec des morceaux riches et puissants, sur des thématiques musicales clairement médiévales sinon épiques, et un versant historique qui s’en ressent sur les textes. On retrouve beaucoup de références à la culture et les légendes occitanes, une sorte d’hommage au Cantal ou d’autres histoires auvergnates, et le fait d’aller sur des sujets aussi précis et aussi bien mis en avant me touche forcément beaucoup, moi qui recherche des groupes qui poussent leurs concepts aussi loin. Connaissant très bien l’authenticité artistique de Spellbound au travers notamment de Jour Pâles, je crois ne pas trop m’avancer en disant qu’il donne tout, absolument tout dans son chant, dans ses textes et il accompagne merveilleusement bien son acolyte qui s’occupe, je crois, d’une partie de la composition. Ce black metal ne se contente donc pas de sonner de manière incisive, froide et nasillarde, mais va au-delà en alliant une dimension mélodique extrêmement puissante, qui en plus jouit d’une intelligence remarquable dans la composition sans se perdre dans des palabres et allant sur une logique de composition fort intéressante. D’ailleurs, pour avoir vu Aorlhac au moins deux fois, tout prend davantage de force dans les concerts. Bref ! Je ne suis pas surpris de constater que la musique est sublime, sinon éloquente et râblée. Mais ma satisfaction principale, qui est déjà vous l’avez compris bien entamée, va évidemment continuer en parlant de la réédition en elle-même. Mention spéciale aux morceaux bonus et la reprise de Taake qui est totalement bluffante.

Et le grand intérêt que l’on peut porter aux peaux neuves qui englobent À la Croisée des Vents, La Cité des Vents et L’Esprit des Vents, c’est dans le travail fait sur le son. On a quelque fois des rééditions dont on se demande tout simplement pourquoi, en dehors de la sphère pécuniaire, elles sont d’actualité si c’est pour resservir la même tambouille niveau sonore. J’avais un peu cette crainte, d’autant que si on étudie la discographie d’Aorlhac, on s’aperçoit que Les Acteurs de l’Ombre Productions proposent des rééditions de sorties qui ne sont pas de chez eux, ce qui est déjà un grand gage de confiance et de reconnaissance (méritée) pour nos camarades. Et là où la barre est poussée réside donc dans le fait de retoucher le son. Mais attention ! Pas de manière redondante ni trop discrète. C’est dans un équilibre qui me semble presque parfait, et qui surtout rend hommage à une forme old school du black metal, qui transpire les années 90, les années glorieuses et magnifiques et j’ai tout simplement adoré. Le vice est même amené jusqu’à laisser une évolution sonore transparaitre même dans les rééditions, d’À la Croisée des Vents et ses sonorités limite « garage » à L’Esprit des Vents et son approche plus incisive et un brin plus « propre ». Mais dans tous les cas, le label nous propose des rééditions dignes de ce nom. Non pas pour dénaturer les ouvrages mais bien pour nous montrer que l’on peut remastériser un superbe album intelligemment, proprement, pour rendre hommage à la carrière d’un groupe qui pèse dans le milieu underground français. J’espère que ses deux créateurs en sont fiers. En tout état de cause, les sonorités sont absolument délicieuses quand on aime le black metal old school, et que l’on se rappelle que l’on peut faire dans l’old school justement tout en étant très mélodique. C’est époustouflant.

Petite note de surprise pour moi que ce chant lui aussi bien à l’ancienne si j’ose dire. On a l’habitude de voir notre camarade Spellbound vivre pleinement ce qu’il chante, que ce soit sur scène où j’avais été ébahi par sa capacité à occuper l’espace scénique avec une aisance qui me rendait totalement envieux, et ses émotions qui se laissent contempler corporellement, dans le regard, les crispations, enfin. Tout ce qui fait l’authenticité profonde d’un artiste, la seule vérité qui prévaut. Si vous êtes néanmoins habitués au chant sur Jour Pâles, vous allez être surpris car sur À la Croisée des Vents, La Cité des Vents et L’Esprit des Vents, le chant est beaucoup plus conventionnel si j’ose dire. Sur une technique en high scream typique, je découvre alors avec un peu de légèreté que notre ami Spellbound a eu aussi une jeunesse et qu’il a chanté de manière plus à l’ancienne ! Je plaisante un peu mais c’est pour souligner que ces rééditions sentent bon les années 2000 et même si ce dernier chant, je le tourne un peu en dérision, il n’en demeure pas moins qu’il est très bien maitrisé et qu’il est pleinement raccord avec la musique idoine.

Pour conclure cette chronique, Aorlhac se voit offrir par Les Acteurs de l’Ombre Productions ce qui ressemble à une forme de consécration. La réédition du premier – et seul – EP À la Croisée des Vents, ainsi que La Cité des Vents et L’Esprit des Vents qui sont respectivement le premier et le deuxième album, sortis tous les trois durant la première période d’existence du groupe auvergnat qui, je le rappelle, a connu une pause de sept années. Je ne peux que féliciter le groupe pour cette belle opportunité de mettre en avant leurs premières sorties via ces rééditions qui portent bien leurs noms. Parce que la démarche est brillante d’intelligence. Les différents sons ont été retouchés de manière sublime, laissant la part belle à la nostagie de ces belles années pour le black metal et offrant cette dimension médiévale et légendaire qui fait la renommée grandissante encore d’Aorlhac. Définitivement, si vous découvrez la formation, vous allez être subjugué par les ambiances, la solennité et les émotions qui transpirent dans ces trois CDs. Aorlhac, une formation qui mériterait d’être beaucoup plus valorisée que certaines sorties cette année, en espérant que ces rééditions ne tomberont pas aux oubliettes au détriment de certains groupes injustement plus mis en avant. Mais je dis cela…

 

Tracklist À la Croisée des Vents :

À la croisée des vents (Intro) 00:56
La guillotine est fort expéditive 06:26
La mort prédite 05:19
Le Charroi de Nîmes 04:26
1693-1694: Famine et anthropophagie 05:17
Aorlhac 06:01
Mémoires d’Alleuze 07:41
L’oeil du choucas 02:43
Les charognars et la catin 07:54

Tracklist La Cité des Vents :

À la croisée des vents II 01:06
Le bûcher des Cathares 06:21
Plérion 04:38
Le miroir des péchés 06:17
Sant Flor, la cité des vents 06:10
Vers les honneurs 06:42
La comptine du drac 06:22
Les enfants des limbes 06:41
Over Bjoergvin graater himmerik IV (reprise Taake) 08:49

Tracklist L’Esprit des Vents :

Aldérica 04:49
La révolte des tuchins 06:20
Infâme Saurimonde 08:43
Ode à la croix cléchée 04:33
1802/1869 – Les méfaits de Mornac 06:51
Mandrin, l’enfant perdu 05:16
La procession des trépassés 06:50
Une vie de reclus (Quand les remparts ne protègent plus) 06:05
L’ora es venguda 06:40
L’esprit des vents 01:45

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