Line-up sur cet Album
- JL D. : chant, basse
- Matt D. : chant, guitare, batterie
- Greg D. : chant, guitare
Style:
Death Black MetalDate de sortie:
30 octobre 2018Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Dieu est une sorte de rien abyssal, et pourtant la vérité ne s’abîme pas dans cet abîme, ni ne s’écroule dans ce précipice.” Vladimir Jankélévitch.
Ce qui enrichit ma passion pour la musique metal réside dans les innombrables découvertes que l’on peut faire dans ce milieu, y compris pour des groupes qui ont déjà de la bouteille et qui aurait dû (question de faux fatalisme) faire le bonheur de ma discothèque personnelle depuis longtemps. Surtout dans le domaine du black metal où, plus de doute désormais, la scène française domine de plus en plus les débats et s’impose comme l’une des meilleures qui soient. Alors, vous allez me dire avec ce préambule, quel groupe vais-je vous faire découvrir, ou redécouvrir, qui mérite ce constat pragmatique ? Il s’agit ni plus ni moins du groupe Archenterum.
Eh oui ! Certains d’entre vous crieront au scandale de ne pas connaître Archenterum, d’autres seront comme deux ronds de flan à implorer le pardon à genoux, en disant « désolééééééééééééé ». Mais oui, je ne connaissais pas le groupe qui vient d’Avignon (pas loin de mon pays d’Ardèche en plus…) et qui officie en terres conquises depuis 1997. Oui, vingt-deux ans d’existence vous avez bien lu. Un groupe qui pèse dans la balance des groupes cultes ? Probablement. Mais ce qu’il faut savoir, un peu pour ma défense, c’est que le groupe aura mis tout ce temps pour sortir son premier album. Avant ? Des démos au nombre de quatre, un single et un album live qui date de 2015. Étrange parcours pour un groupe à la longévité aussi importante. Jamais été sous l’étendard d’un label, le groupe pourrait se targuer d’avoir conservé son indépendance et nous offrir un versant plus underground. En tout cas, j’avais écouté le CD avant d’effectuer mes recherches, maintenant que j’ai pêché ces informations, je suis d’autant plus impatient de vous parler de ce premier album donc ! Il revêt une importance plus capitale désormais.
PS : je ne sais pas si le nom du groupe est lié directement à l’archentéron, qui est en fait l’intestin du fœtus qui communique à l’extérieur grâce au blatosphore, mais si c’est le cas, c’est un peu bizarre…
Commençons par décrypter l’artwork de l’album qui, d’entrée de jeu, m’intrigue. C’est quand-même assez rare d’avoir un motif blanc avec quelques apports gris et noir, surtout pour le style de métal que j’imaginais. En tout cas, on devine que tout a été dessiné à la main hormis le logo du groupe avec le fil barbelé en bas. Beaucoup de références à la mort évidemment, avec des cadavres qui jonchent le sol, des squelettes, des corbeaux charognards qui se hissent sur des arbres morts ou volent au-dessus, et surtout un gibet de potence un peu en retrait. Je ne peux m’empêcher de penser que le titre de l’album « ...Ainsi fut Abîme » est directement lié à l’artwork car ce paysage de désolation extrême pourrait être une représentation intéressante de l’abîme. D’autant que les deux routes qui se croisent semblent soit rejoindre un point de non-retour, soit proposer deux directions différentes pour quitter cet abîme. Bon, en tout cas, l’artwork est bien sympa. J’aime bien ce fond blanc qui claque un peu aux yeux et ces gravures noires et grises sont du plus bel effet. C’est très bien dessiné, franchement j’aime beaucoup ! Ce n’est sûrement pas pour rien que le mot « Abîme » est écrit en majuscule : je pense que le groupe a voulu personnifier une forme de violence ou de noirceur par ce prénom intriguant. J’espère que le contenu musical sera à la hauteur de ce sentiment extatique à l’égard du design. Good job les gars !
Avant d’attaquer le contenu musical justement, j’aimerais faire un petit aparté : quand j’ai étudié l’artwork, j’étais persuadé que j’aurais affaire à du black metal à l’ancienne, bien sale, enregistré dans les tréfonds d’une cave, peut-être sous un pont ou en dessous de la cité des papes ! Vous voyez le truc arriver ? Vous avez raison ! Je me suis retrouvé complètement pris de court dès le premier morceau. Car en fin de compte, si black il y a assurément, il est fortement (voir très fortement) teinté de death metal. Et ce n’est pas rien du tout quand on part avec cette certitude d’avoir du bon black old school et de se retrouver avec ce mélange. Donc, Archenterum propose un album black old school mais auquel on peut rajouter du death. Du black death old school, et surtout très bien exécuté !
Un autre point qui m’a surpris mais encore une fois dans un sens délectable : la durée des morceaux. N’excédant que rarement les quatre minutes, et les titres étant au nombre de dix, cela donne un album qui s’écoute facilement d’une traite. Cela fait plaisir d’avoir un groupe qui propose des chansons d’une longueur raisonnable pour que l’on puisse, le temps d’un trajet en voiture, ou simplement chez soi, en apprécier la beauté et la force. Le tout premier morceau dure par exemple deux minutes trente environ, les autres sont plus sur une moyenne de trois minutes trente. Donc, un autre bon point que je tiens à souligner : l’album s’écoute très facilement.
La musique que nous propose Archenterum est à cheval entre la puissance de Marduk et la qualité technique de Triptykon, le son death metal en plus. Oui je sais, ça fait un peu large comme équilibre à trouver. Mais pour plusieurs raisons, j’ai reconnu des accointances directes avec ces deux groupes : d’abord dans les riffs, et cet élément-là est l’un des points les plus positifs de l’album ! Les riffs sont excellents. Accrocheurs, tantôt violents, tantôt un peu « épiques », mélancoliques aussi. On passe par toutes les phases possibles, et c’est ce qui rend ce CD richissime ! Le deuxième morceau « No Light » a une dimension solennelle et dramatique qui donne des frissons. Ou a contrario, « Vortex of Death » a une violence incroyable qui transpire par tous les pores de la Mort. Le seul morceau que je ne trouve pas très représentatif de l’album est finalement le tout premier. Trop court sûrement, trop violent peut-être, mais clairement pas à sa place. Pour une introduction d’album je ne le perçois pas dans ce rôle mais plus comme un interlude. Mais l’ensemble des riffs qui composent les morceaux de l’album sont a minima très bons, a maxima géniaux. J’adore, d’autant plus qu’il y a de légères incorporations de claviers en nappes de fond ou en mélodies qui rajoutent encore plus de puissance épique. Cette richesse de composition me fait plaisir et me procure beaucoup d’émotions.
Le mastering aussi donne cette impression d’avoir un son death metal avec des forts accents black (ou l’inverse, c’est assez trompeur comme rendu final). Je pense qu’on est sur du mastering un peu « maison », mais qui n’est pas dénué de charme du tout. Certains auditeurs diront qu’il y a bien mieux à faire, et que le groupe a encore du boulot là-dessus. D’ordinaire, j’avoue être de ce bord-là d’ailleurs. Néanmoins, je n’ai pas trouvé cela très choquant, comme si ce mixage était volontaire ou avait été trouvé dans ce but bien précis de coller avec l’atmosphère des morceaux. En tout cas, j’ai beaucoup apprécié aussi le son de l’album, qui s’écoute tout aussi bien au casque, en voiture ou sur une bonne chaine hi-fi. Encore une bonne surprise !
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Le chant est tout aussi surprenant, puisqu’il est à dominante death metal aussi mais avec cette teinture un peu à la Tom Warrior qui ne me laisse pas indifférent étant donné que j’adore ce mec. Avec parfois quelques modifications black metal certes, mais ce goût pour le growl me confirme bien que j’ai affaire à un album de death black. J’ai vraiment l’impression de me répéter, et je m’en excuse. Mais cette description rébarbative est due à mon sentiment authentique de surprise qui va m’animer tout au long de l’écoute ! Et le chant n’y déroge pas : je m’attendais à autre chose, de plus bestial ou plus terrifiant ! Comme si c’était le vent de cette fameuse vallée de la désolation sur la pochette qui soufflait un chant glacial ! Mais là, pas du tout. On est plutôt sur des relents profonds, bien haineux, mais pas froids. Plus violents en fin de compte. Et si Archenterum proposait un CD non pas de noirceur comme je le pensais, mais de violence ? De brutalité ?
C’est cette question qui va me servir de conclusion car je vais essayer non pas d’avoir des certitudes absolues sur …Ainsi fut Abîme, mais bien une proposition de réponse. Oui, ce premier album d’Archenterum est bien un concentré de violence et de dramaturgie. Comme un champ de bataille du point de vue du seul survivant. Et ma grosse erreur, non rédhibitoire fort heureusement, fut de partir avec des idées reçues. Mais mon constat final est que, peu importe mon ressenti et mes théories ! C’est un très bon album, qui aura mis vingt-deux ans à venir au monde (gestation longue durée bonjour !) mais qui fait une entrée remarquable ! Remarquée, pas suffisamment à mon goût. Cet album mériterait une plus grande vitrine à la hauteur du travail et de la maturité qui ont été mis dedans, et j’espère que j’y contribuerai de façon prépondérante. En tout cas, c’est une très belle découverte pour moi, je ne me lasse pas de l’écouter et j’espère que vous, qui lisez cette chronique, serez convaincus de l’acquérir ! Et je vous salue bien haut, mes voisins vauclusiens !
Tracklist :
1. Silent 02:28
2. No Light 04:43
3. Point of No Return 04:22
4. Fury of Gods 03:48
5. Vortex of Death 03:25
6. The Outsider 04:42
7. Wrecked 04:08
8. Brainwashed 04:00
9. Poison Tree 05:47
10. Bloodred Ghost 03:41
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Bandcamp : https://archenterum.bandcamp.com/
Site officiel : http://www.archenterum.com/
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