Line-up sur cet Album
Florent Jannier : chant Sarah Layssac : chant Mus El Kamal : guitare Samir Remila : basse Foued Moukid : batterie
Style:
Death-metal orientalDate de sortie:
2011Label:
Season Of MistNote du Soilchroniqueur (Wën) : 08/10
Arkan, en voici une formation qui aura su, par une approche à la fois unique et originale, s’extraire des sentiers battus du simple death-metal. Réellement jetée sous les feux de la rampe suite au départ de Foued Moukid, son batteur, du giron de The Old Dead Tree, c’est lors d’une tournée en première partie de Septicflesh que j’aurai pu pleinement découvrir le potentiel de cette formation parisienne. Hasard du calendrier, c’est ce lundi que sont sorties, chez Season Of Mist, les nouvelles offrandes de ces deux entités.
Avant de se lancer dans la décortication de ce « Salam », il est juste de préciser que la baffe reçue lors de l’exercice live ne fut en aucun cas le fruit du hasard. Le groupe a su travailler dur, se forgeant son propre son, et même si sa première démo ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, avec son « Hilal » (2009), Arkan frappa un grand coup, bousculant les conventions avec son death-oriental de très belle facture. Cet opus fut, et reste encore, l’une des productions, en terme de puissance et d’impact sonore, les plus efficaces qu’il m’ait été donné d’entendre. Autant vous dire que j’attendais donc son successeur de pied ferme.
Coupons court au suspense, nous reconnaîtrons immédiatement cette griffe Arkan dont les bases furent posées avec brio sur « Hilal » : ces gros riffs qui dépotent (‘Origins’, ‘Sweet opium’) entrecoupés d’interludes acoustiques déconcertantes de fluidité (‘Blind devotion’, ‘Amaloun Jadid II‘), ces percussions sachant enrichir la batterie d’un groove ethnique certain (‘Beyond sacred rules’) et, enfin, ce timbre si impressionnant de Florent Jannier, sans retenue, qui défriserait la plus revêche des peaux de chameaux. Tous les éléments qui définissent la musique d’Arkan depuis quelques années sont réunis ici pour que ce « Salam » s’impose en digne successeur de son illustre aîné.
Cependant, même si Arkan conserve une approche ferme et solide, il serait faux de prétendre que le groupe n’évolue pas. La recette reste sensiblement la même, certes, mais en marmiton averti Arkan saura varier la teneur de chaque ingrédient par rapport à la recette originale, sans oublier non plus d’y ajouter quelques nouvelles saveurs qui sauront intelligemment faire revenir son bouillon (de culture). Ainsi en 2011, seul le fol et l’inconscient oseront sciemment prétendre que les parisiens s’en tiennent seulement au death-metal pur et dur. Les guitares restent virulentes, le growl omniprésent, mais plus que jamais le groupe expérimente, s’extirpant du carcan propre au genre en laissant davantage de place aux parties plus ‘atmosphériques‘ (‘Jerusalem – Sufferpolis’), sa musique tendant vers un metal, au sens large du terme, auquel viendrait se greffer des parties plus extrêmes et ces mélodies typiques, toujours en droite provenance du Maghreb.
Mais le changement fondamental, concerne, à mon avis, les vocalises féminines qui gagnent définitivement en importance, Sarah Layssac (ex-The Outburst) jouant maintenant quasiment jeu égal avec son homologue masculin. Je me permettrai juste d’émettre ce petit bémol, que sur ses lignes les plus techniques et les plus ‘arabisantes‘, on sentira parfois la miss atteindre ses limites. En tout cas, voici une démarche qui n’ira pas sans rappeler celle des israéliens de Distorted ou, dans une moindre mesure, celle d’un certain Orphaned Land. Cette dernière comparaison n’est d’ailleurs pas si anodine qu’il n’y parait puisque le duo Florent Jannier/Kobi Farhi (le chanteur de la susnommée formation) sur le titre ‘Deus vult‘ fait assurément parti des moments forts de l’album. Le rapprochement s’arrêtera cependant ici pour qui ne veut pas tomber dans le piège de la comparaison facile et un peu douteuse envers toute formation qui draperait sa musique d’une robe toute orientale : certes, l’auditeur averti pourra y déceler des points communs sur le fond, mais sur la forme, c’est un gouffre stylistique qui sépare ces deux combos. Et il n’est d’ailleurs pas dit que les plus réfractaires au metal-prog d’Orphaned Land ne trouvent pas leur compte dans la musique d’Arkan.
Nul besoin de vous faire un dessin, c’est donc un second album ambitieux, parfois complexe et plutôt bien fourni, que nous présente ici Arkan. Non contents de confirmer les espoirs placés en eux, les parisiens enfoncent le clou et nous prouvent, à l’heure où la scène française semble ne vouloir jouer qu’à qui sera le plus brutal, que puissance, technicité et mélodie ne sont pas indissociables les unes des autres, pouvant même former un tout de qualité et extrêmement cohérent. Comme quoi, même en musique, là où nos politiques s’engluent dans des débats aussi puérils que stériles, il reste possible de démontrer qu’un peu de diversité, bordel, ça fait du bien !
Site officiel : http://www.arkan.fr/
Page myspace : http://www.myspace.com/arkanband
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