Note du SoilChroniqueur (Mitch) : 8/10

Ashed Winter est un groupe qui monte, vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous aura pas prévenus !
Le jeune groupe originaire de Roanne (42) est actif en live depuis fin 2018, avec une bonne trentaine de concerts dans la grande région Auvergne – Rhône-Alpes, dont une ouverture remarquée au Lions Metal Festival en juin 2024, et une date avec Deathawaits, Gorod et Benighted à Saint-Etienne fin 2022.

Mon premier contact live avec le groupe avait été assez surprenant (2021) : une intro thrash 80 frénétique, du chant death super vénère, de gros beatdowns de hardcore ou de slam death, ça partait dans tous les sens et je ne savais plus ce qui m’arrivait !
En 2024, avec ce nouvel album « Papa Legba » (après un EP et un LP), c’est un peu la même réaction, mais pour des raisons différentes ! Les influences et aspirations ont été recentrées et digérées, Ashed Winter propose désormais du « Tribal Death Groove » ébouriffant. Et chacun de ces trois qualificatifs est justifié.
En effet, sur ce « Papa Legba », après quelques instants de bruits de jungle, Ashed Winter nous balance d’entrée le plat de résistance de l’album, avec le titre « Ro’y Pytuna ». Incantations en Nheengatu (langue amazonique), riff tribal à la « Roots Bloody Roots », groove, cassure, riff technique frénétique, refrain mélodique guitare sèche / alliance voix masculine-féminine, breakdown, solo, blast-beat, quelques mesures acoustiques sur feu de camp pour conclure, les cinq nous défoncent la tête d’entrée et nous saturent de notes et d’informations multiples durant plus de six minutes.

Le titre « Papa Legba », premier single, se présente ensuite comme un second moment fort. Des riffs très groovy, des perçus tribales, une basse volubile, des chœurs, des relances toutes les vingt secondes, pas le temps de comprendre ce qui nous arrive, qu’on se reprend la revendication « I request an audience ! » en pleine face ! Louons, à ce stade, le travail vocal de Marie “Taastyicetea”, contraste ambulant entre l’image d’une frêle et sage jeune fille, et des performances vocales sauvages et mémorables : des growls hyper profonds et violents, quelques pig squeals, une capacité à passer d’une voix pure au growl d’outre-tombe en quelques mots, des borborygmes dégueus sur « We Won’t Fall », sa performance est absolument maîtrisée, dignes des meilleurs vocalistes du style.

La suite de l’album fait place à plus de musicalité, avec des sonorités de sitar, des guitares en son clair orientalisant, des refrains assez accrocheurs (« Illusion Of Knowledge »). Mais pour la partie metal, la stupéfaction initiale baisse un peu, après dissipation de l’effet de surprise et de la sidération des premiers titres ! Les constructions sont un peu moins folles, quelques recettes se répètent (beatdown poussé à l’extrême avec un tempo divisé par deux, puis encore par deux, pour une lourdeur extrême, sur « We Won’t Fall »).
Et enfin, pour nous ramener doucement à la vie civile, Ashed Winter nous quitte avec une ballade acoustique folk et très mélodique, « The Wounded Man », laissant le chant aux guitaristes Nicolas (attention à l’accent anglais en début de chanson !) et Lana aux chœurs.

On ne ressort pas indemne de cette écoute, ma première réaction a été « mais ils sont malades ! ». Un maelstrom de sonorités variées, d’informations tantôt agressives, tantôt mélodiques, un sacré melting pot de gros metal qui tache et de tribalités étonnantes, il faut avoir le cœur bien accroché pour garder un esprit sain après cette grosse demi-heure schizophrène, technique et hyperactive !

Tracklist :

1. Ka’a 0 :39
2. Ro’y Pytuna 6 :15
3. Papa Legba 5:38
4. Running Away 5 :48
5. Wild Trials 2:16
6. Illusion Of Knowledge 5:47
7. We Won’t Fall 4:06
8. The Wounded Man 4 :23

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