Depuis sa création en 1996, le combo de Hambourg, Atmosfear, parait avoir une carrière digne de la tortue de la fable de Jean de La Fontaine. Jugez en par vous mêmes, une fois que je vous aurai dit que nos cinq cousins germains ont à leur crédit seulement trois opus en treize ans d’existence, soit une offrande tous les six ans. Une démo éponyme en 1997 –de plus de vingt minutes cependant-, un « Inside The Atmosphere » assez réussi paru en 2003, et enfin en cette fin 2009 ce « Zenith » labélisé comme le précédent par Shawn Gordon et son excellent ProgRock Records. La citation de ce dernier grand spécialiste et dénicheur de talents en matière de Metal Progressif, vous cadrant ainsi d’emblée la musicalité d’Atmosfear.

A ne concocter et n’offrir que si parcimonieusement ses créations, le risque est grand pour un groupe de rester indéfiniment caler dans l’underground. Car le public ayant une fâcheuse tendance à l’oubli ; seules les nouveautés et les piqures de rappels continuelles peuvent assurer une certaine fidélisation à un combo ne manquant pas d’atouts. Et ayant acquis de surcroit une réelle maturité à se « frotter » à des Evergrey, Pain Of Salvation, Poverty’s No Crime, Dreamscape ou autres compatriotes beaucoup plus prolifiques comme Vanden Plas avec lesquels ils sont souvent en tournées. Ajoutez à cela un changement dans le line-up avec l’arrivée derrière les fûts de Tim Schnabel en remplacement d’Olaf Sorgenfrei, et la question posée sera donc de savoir si ce « Zenith » ne constituera pas en fait l’étape ultime et décisive d’une réelle mise à feu, d’un véritable lancement de carrière dans l’atmosphère de la Planète Metal.

Car autant le dire d’emblée, le quintet sait faire ce qu’il faut pour asséner une musicalité agréable et appréciable. Déjà, la production est grandiloquente, sans être assommante, et restitue sur mesure une assise rythmique résolument carrée et parfois plus Metal que Prog comme sur le « Loss Of Hope » inaugural. Parallèlement, l’alchimie mélodique des allemands ne souffrira d’aucuns manques criants ou criards. Les lignes organiques en volutes ou fils rouges ne se départiront jamais de leurs aspects fascinants et assez sombres, la prestation vocale d’Oliver Wulff s’avérera de haute tenue et magnifiant inexorablement la nostalgie et la profondeur des compositions délivrées, et les mélodies se voudront suffisamment ciselées, accrocheuses et captivantes pour emporter l’adhésion. Oscillant entre tempos lents et middles, la recette d’Atmosfear fixe une grande place à l’impression de ressac auditif caractérisé par des alternances de plages calmes et plus soutenues faisant disparaitre toute once de linéarité.

Les « highlights » de la tracklist seront sommes toutes assez nombreux et épars tels un refrain du morceau précédemment cité que vous ne pourrez que vous surprendre à reprendre à tue tête, une intro au piano évanescente et jubilatoire sur « Reawakening », ou encore des plages somptueuses sur le morceau de bravoure épique de clôture « Spiral Of Pain » ne durant pas moins de près de vingt quatre minutes. Cette fresque auditive témoignant si besoin en était encore, de la technique et du savoir faire de nos progueux teutons…

Et finalement, ce sera en fait là que le bât blessera un tant soi peu. Pas de manière rédhibitoire certes, mais suffisamment pour que tout à chacun se risque à comparer ce « Zenith » avec les « pointures » du style délivré. Et à ce petit jeu, Atmosfear risque forcément d’être considérer comme un « sous » Dream Theater, voir une copie de Shadow Gallery. Quoiqu’évitant caciques et poncifs du genre, les hanséatiques restent un bon ton au dessous des monstres sacrés précités, ce qui se révèle déjà être une performance louable. Le progueux « pur et dur » appréciera viscéralement, quand dans le même temps le seulement amateur de cet exercice de style, le fera plus modérément…

Site Internet : http://www.atmosfear.net

Myspace : www.myspace.com/insidetheatmosfear

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