Comme quoi même après 20 ans on est capable de se renouveler dans un style. Le groupe norvégien Atrox montre le bon exemple en sortant son 5eme album intitulé Binocular, mix de musiques électroniques, progressives, atmosphériques et métalliques. Adeptes de l’expérimental et très présents sur la scène avant gardiste, ces messieurs ont poussé le bouchon encore plus loin avec cet opus, donc un des principaux changements est le chant puisqu’il est désormais masculin (le chant sur les 4 premiers skeud était officié par Monika Edvardsen, décrite comme une chanteuse très extravagante).

On démarre sur du sombre avec Retroglazed, petit concentré de métal légèrement gothique avec un clavier qui nous balance des lignes un peu folles. Le chant clair est assez classique, mais c’est déjà une bonne entrée en la matière.
Riffs plus lourd, rythme entraînant, patte electro moins présente, No Coil for Tesla est résolument plus dark métal. Les breaks qui égrainent le morceau font leur effet.
Traces et son intro bourrée de contretemps et de riffs saccadés nous entraîne dans un univers très différent des précédents. Cette structure anarchique n’est pas forcement très accessible mais est très intéressante.
Petite voix télévisée, montée courte et schizoïde, et voici que commence Headrush Helmet, morceau le plus barré de l’album. Dans ce changement de parties avec en arrière plan une atmosphère sombre et industrielle, seule la voix pêche un peu, un peu trop heavy à mon goût.
Avec Filthmonger, on se croirait presque en train d’écouter un morceau de thrash, tant les parties électroniques sont en arrière plan. Tant mieux, ça permet au groupe de ne pas tomber dans l’excès de sons indus.
Ambiance plus calme en apparence, avec en backing des chants ressemblant à des mélopées indiennes (sûrement des eskimos ou quelque chose dans le genre lol). Orgone est plus traditionnelle, avec deux parties séparées par une interlude assez captivante.
Le morceau calme de l’album : Tight Tie débute avec une ballade au piano et aux cordes, pour ensuite s’envenimer un peu dans une ambiance plutôt trip hop. Rassurez-vous, les sons saturés sont loin d’être oubliés.
On se croirait presque dans une usine avec Binocular. Couplet électronique, refrain métallique, savant mélange en l’acier et l’électricité, le chanteur s’essaye même au growl. Encore une atmosphère déjantée, quoi.
Etrangement, Castle for Clowns a un son très doom. Vu le titre, j’aurai vu un truc plus gai lol. En fait, ce morceau alterne passages langoureux et passages plus excentriques, ce qui en fait son originalité.
Transportal clôt cet album bien étrange. Compo aussi triturée que les autres, elle résume bien l’esprit d’Atrox.

C’est difficile de donner un avis, tant cet album est complètement schizophrène. Impossible de savoir s’il va plaire aux connaisseurs du genre, vu qu’il est à ranger dans une case à part. Les fans vont être surpris, et quant à ceux qui souhaitent découvrir ce style, ça me paraît pas évident de commencer par Atrox. Quoi qu’il en soit, c’est un bon album avec une bonne production et une énergie puissante qui ressort bien. A ne pas mettre entre toutes les mains.