Line-up sur cet Album
Carmen Simoes - chantRune Eriksen - guitare, effets sonores, chant secondaireAndré Sobral - guitareJoana Messias - basseJoao Samora - batterie
Style:
Metal-atmo/gothiqueDate de sortie:
2011Label:
Season Of MistNote du soilchroniqueur (Wën) : 08/10
Voici quelques années maintenant que je suis, d’une oreille détachée mais néanmoins intéressée, la carrière d’Ava Inferi. En effet, dès son premier opus, « Burden » (2005), le duo Carmen Simões / Rune Eriksen (ex-Mayhem) avait su nous séduire grâce à son metal-atmosphérique qui n’hésitait pas à faire les yeux doux aux nostalgiques du The Gathering de la grande époque (1995-1997). Sans pour autant transcender les foules, en cette époque de disette pour le metal à voix féminine ou les figures emblématiques du genre se cassaient une à une les dents par des revirements musicaux à peine assumés et mièvres au possible, l’effort méritait tout de même d’être salué. Cependant, deux albums plus tard, malgré quelques innovations intéressantes (ces légères touches de jazz et de fado), force est de constater que le potentiel latent de la formation, tardait à pleinement s’exprimer.
Et nous ne manquions de conclure, peut-être trop hâtivement mais malheureusement, qu’Ava Inferi, devenu groupe, était condamné à fréquenter la seconde division des formations dites ‘à chanteuse’, faute à cette étincelle de génie tardant à mettre le feu aux poudre. C’était compter sans « Onyx« .
Car plus qu’une évolution logique, sur cette œuvre, perle noire taillée à même la roche lusitanienne, une réelle métamorphose de la formation s’opère. De cette chrysalide translucide qui laissait par moment transparaitre l’éclat vacillant d’une flamme, une sombre noctuelle a surgi, éclipsant le soleil de ses larges ailes enfin déployées.
Parmi les divers éléments contribuant concrètement à ce revirement, nous nous devons d’abord de mentionner la qualité sonore du tout. Enregistré par Rune Eriksen (himself) et mixé/masterisé par Dan Swanö (qu’on ne devrait plus présenter), la production renforce les ambiances développées, moites et mornes, sachant insuffler du volume aux guitares lancinantes qui, d’une agonie saturée, sauront savamment supporter le chant de Carmen Simões. Cette dernière, inquiétante et intrigante à la fois, s’impose d’ailleurs tout naturellement dans ce rôle de diva dark-metal qui lui est imparti. Du fado propre à ses racines portugaises, Ava Inferi n’en conserve ici que le chant, plaintif, profond et mélancolique et qui, nous le disions, bénéficiant lui aussi de la qualité sonore globale, va gagner en ampleur, projetant ainsi Carmen Simões (dont l’organe, par le timbre, se rapproche assez de celui de Julie Kiss de To-Mera/ex-Without Face, la touche prog/jazzy en moins) parmi le cercle très select des grandes dames de la nuit. Pour clore ce chapitre, notons enfin la présence, encore timide mais néanmoins utile, de chœurs masculins venant affirmer l’ambiance éplorée de certains refrains (‘The living end’).
Mais cette métamorphose musicale que nous évoquions ne serait pas telle, sans une évolution stylistique du corps même de l’opus, les compositions. Toujours sur une base metal-atmosphérique, le groupe se rapproche progressivement d’un doom-gothique évanescent pas si éloigné de celui développé par Draconian sur son «Turning Season Within » (2008) (les parties de grunts en moins) en en empruntant quelques codes, comme ces arpèges cristallins ou cette facette vaporeuse de certaines structures (‘((Ghostlights))’, ‘The living end’). Les morceaux du trio d’albums précédent manquaient parfois de caractère ainsi que d’une bonne dose d’originalité et de noirceur. L’affront est maintenant lavé, Ava Inferi n’hésitant pas à réhausser ses chansons de légers effets sonores toujours forts à propos, des chuchotements aux rires psychotiques, en passant par des effets d’échos et autres lugubres sifflements, râles et souffles rauques sur fond de fêtes foraines. Immersion garantie ! D’ailleurs la formation ne tergiverse plus lorsqu’il s’agit d’envoyer le bon riff de guitare au moment opportun (‘Majesty’, ‘Onyx’), le break de basse propice (‘The heathen island’), voire quelques soli bien trouvés (‘A portal’, ‘The heathen island’). Le genre d’éléments qui pourra justement faire la différence par rapport à ses congénères.
Mais comme vous vous en doutez, le monde de l’art est bien plus subtil qu’une simple énumération d’atouts. Et même si cet « Onyx » n’en manque pas, d’atouts ni de subtilité, de là à pouvoir clamer haut et fort, que nous tenons là nouvelle figure de proue des scènes metal gothique et atmosphérique, il n’y a qu’un pas mais que je ne saurais franchir. Pas encore. Cependant, tout en parvenant à étancher sa soif d’émancipation, Ava Inferi nous prouve, en faisant preuve de persévérance, qu’il a les capacités créatives et musicales nécessaires à se hisser dans le haut du tableau. Il était temps et le résultat s’avère être de haute volée.
Page myspace : www.myspace.com/avainferi
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