Line-up sur cet Album
- Camille Souffron : basse
- Leo Mouchonnay : batterie
- Lucas Martinez : guitare
- Christophe Feutrier : guitare
- Adrien G. Gzagg : chant
- Guests :
- Zaher Zorgati : chant (2,3,5,10,11)
- Ralf Scheepers : chant (2,11)
- Zak Stevens : chant (4,11)
- Madie : chant (7,10,11)
- Emmanuelson : chant (1,2,8,11)
- Heli Andrea : chant (3,9,11)
- Jeff Kanji : chant (3,5,6,11)
- Stéphan Forté : guitare (solo 2)
- Ricky Marx : guitare (solo 1)
- Virgile : guitare (8)
- Ayman Mokdad : guitare (lead 7)
Style:
Heavy Power Metal SymphoniqueDate de sortie:
02 avril 2021Label:
Rockshots RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Opéras. Ces mélodrames de grande classe pour tempéraments tragiques.” Roger Lemelin
J’ai toujours eu un peu de mal avec le style power metal. Non pas que je le trouve plus mauvais que les autres, loin de là! Mais je lui trouve fréquemment un vrai souci de rafraichissement, comme si ce style était resté figé sur une époque trop désuète. Je m’attendais donc le moment venu à découvrir enfin le groupe qui me permettrait de revoir mon jugement hâtivement sévère. Et puis les années passèrent, sans qu’aucun déclic n’intervienne. Je m’étais fait une sorte de raison, en me disant que je ne trouverais probablement jamais mon compte, que je suis fait pour les styles de metal très (trop) extrêmes, enfin vous voyez. Je m’étonne quelquefois de ne pas trouver mon compte sur un style bien précis, moi qui vante quelque peu mon éclectisme partout, mais concernant le power metal c’est un fait : hormis un ou deux groupes qui me font plaisir, je ne suis pas féru et je me désespérais de le devenir un jour. Et puis, l’occasion de faire une chronique d’une pierre deux coups s’est présentée. Le premier coup était de faire un groupe grenoblois, donc de faire dans l’hyper local on va dire. Et le second coup, de me rabibocher avec le style power, en souhaitant fermement que cette découverte sonne l’heure de mon introspection et mes premiers mea culpa. C’est donc sous vos yeux et oreilles ébahis (on peut toujours espérer) que je vous fais la chronique d’Avaland et son album intitulé Theater of Sorcery.
Avaland est une jeune formation, créée en 2018 à Grenoble donc par Adrien G. Gzagg, qui officie (officiait?) dans Amon Sethis, autre groupe fait en chronique ici et Eyezery, autre formation du coin et de power heavy metal. Pour le reste, la formation signe donc son tout premier album chez Rockshots Records, label italien qui avait notamment sorti des albums de Malamorte que j’ai aussi fait en chronique. Pour l’anecdote, le groupe Avaland devait se produire en première partie de Rhapsody on Fire à l’Ilyade de Seyssinet-Pariset, banlieue de Grenoble avec une superbe salle. Il est enfin important de préciser que pour ce premier album, nos grenoblois se sont entourés d’une flopée d’invités, parmi lesquels Zaher Zorgati le chanteur de Myrath, Madie la chanteuse de Nightmare, Fabrice Emmanuelson chanteur d’Ellipsis et Rising Steel, Heli Andrea chanteuse de Mobius, etc. Bref! Pour un premier album, le quintet a su s’entourer de quelques noms bien connus, et je dois dire que ces invitations m’ont ouvert l’appétit! Pour un premier album, en tout cas, le groupe frappe fort et jouit d’une communication extra. Allons-y!
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les moyens ont été mis pour nous proposer un artwork de grande qualité. Le style est très heroic fantasy avec ces couleurs assez vives qui rappellent rapidement le contexte un peu de magie, de conte. Ce personnage central me fait penser d’ailleurs à un magicien avec son haut-de-forme et son manteau en queue de pie, et qui semble répandre une sorte de sortilège puissant, lumineux en tout cas. Le décor fait d’ailleurs penser à une ambiance un peu nocturne, dans une sorte de forêt. Tout se résume à ce mot « sorte de », parce que le mystère reste entier avec cet artwork fantaisiste et magique. Disons que mon seul petit reproche est que l’on ne sait pas vraiment dans quel contexte précis on met les oreilles, le design est assez bateau, pour ne pas dire intrinsèquement commercial. Je m’imagine donc assez vite que le but de cette pochette est d’attirer un public assez large et doit de fait se montrer accessible au plus grand nombre. Une pochette que je qualifierai donc d’intéressante, très bien faite avec des couleurs qui me plaisent beaucoup, mais que l’ensemble reste un peu trop commun pour que j’y vois un intérêt certain et précis. Disons, pour faire court, que la musique a intérêt à être bonne pour que je puisse m’intéresser pleinement à l’album d’Avaland, parce que la pochette n’aura pas pleinement rempli ce rôle justement.
Par contre, la musique m’a tout de suite fait l’effet d’une bombe dans mon cerveau. Pour du power, on a clairement le sentiment d’avoir ce gros coup de jeune qui me manquait depuis toutes ces années. Vous vous y attendiez surement vu mon introduction, mais la musique d’Avaland m’a plu immédiatement. Le style se rapproche d’un mélange subtil de power heavy metal avec du symphonique, avec des arrangements claviers qui font la part belle à une dimension à la fois épique et romantique, ce qui surprend un peu étant donné le décorum de magie que nous annonçait le groupe en dossier presse et la pochette. La définition par le groupe de metal opéra me semble légèrement présomptueuse, puisqu’il faudrait de l’opéra justement. Or, on se rapproche très nettement d’un genre heavy power avec des parties guitares qui sont classiquement mélodiques, avec quelques soli bien situés et surtout un accompagnement rythmique plus établis quand les orchestrations ont plus un rôle central, typique d’un metal symphonique. La batterie a d’ailleurs un rôle de tempo très frappant, avec des accélérations opportunes et plus une sorte de métronome pour accompagner les ensembles orchestraux, là encore plutôt typique d’un genre de metal symphonique. Tout cela pour dire que les morceaux, onze au total, sont très bons! Il y a un côté assez peu redondant dans la juxtaposition des riffs et l’utilisation des claviers qui me poussent à croire que les compositions sont riches mais sans être dans l’excès, et ça, c’est vraiment bien. Surtout quand on découvre d’autres groupes de metal symphonique qui sont tellement envahissant par les parties orchestrales que la musique en devient indigeste. Chez Avaland, non! Point du tout! La musique est dans son écrasant ensemble très prenante, très bien faite et amène une petite bouffée musicale d’énergie et de magie qui ne me laisse pas indifférent du tout. Bonne découverte en première écoute!
Le plus gros point fort selon moi est la production de l’album. Pas forcément la plus compliquée je pense au vu du schéma typique que propose Avaland, mais il n’en demeure pas moins que le résultat dépasse de loin mes attentes pour un premier album! Le curseur est mis très haut avec un son moderne, entrainant et envoutant, qui joue habilement sur les notes tantôt épiques, tantôt magiques. Il y a même un étonnant hommage à des sphères plus orientales sur certains morceaux et la présence du chanteur de Myrath n’y est pas pour rien. En tout cas, ce que j’apprécie le plus sur cette production est que, comme mentionné plus haut, les ensembles orchestraux ne sont pas trop envahissants. On entend in fine bien les instruments metal, et le chant, sans pour autant tomber dans l’erreur de placement de débutant que l’on a parfois dans une volonté de trop bien faire commercial. Je trouve au contraire que le groupe grenoblois a su trouver un premier son bien rôdé, déjà bien mature, et je suis très agréablement surpris d’avoir ce rendu si propre et si juste pour un premier album. Du très bon travail donc surtout quand on se rappelle que mes attentes sont nombreuses et exigeantes!
Pour les compositions, j’apprécie tout également la richesse des divers univers construits selon les morceaux. Ces derniers ont chacun contexte précis et permet d’ajouter une variété qui peut-être, faisait un peu défaut dans l’ensemble. Je trouve néanmoins un léger défaut dans tout cela, c’est qu’il manque selon moi un fil conducteur plus précis. J’expliquais que l’artwork me semblait être, en plus du titre de l’album, un peu banal. Ou banalisé, c’est selon. Je pense que ce constat un peu triste s’applique aussi dans le fait que les morceaux ne s’enchainent pas à merveille. Ils sont excellents, c’est une évidence! Mais j’aime bien les albums qui suivent un peu plus un fil conducteur qui permet de les relier sans pour autant être contraint de les écouter un par un, en saccadé, sans profiter totalement de l’écoute. C’est un peu le souci que j’ai eu avec Theater of Sorcery, j’ai eu un peu de mal à faire glisser le tout. Mais cela n’empêche absolument pas de dire que chaque composition est productive et fait fonctionner notre imaginaire le plus psychorigide. Mention spéciale d’ailleurs à War of Minds et Holy Kingdom of Fools qui ont un supplément d’âme dans l’intention qui m’ont vraiment plu. Pour résumer : plusieurs écoutes ont permis de mettre en avant l’évidence que les pistes sont toutes excellentes, très bien travaillées et ont chacune cette richesse extraordinaire qui permet tout simplement de jongler sur plusieurs thématiques et atmosphères, et ainsi de trouver un public bien avide de compositions variées comme celles-ci. Néanmoins, selon moi, il manque un fil conducteur pour qualifier ces morceaux de « bien ficelés ». Un prochain album conceptuel serait plus que bienvenu pour pleinement me satisfaire les amis!
Il me serait bien aise de dire que les musiciens sont très bons puisque c’est largement le cas, aucun doute là-dessus possible. Le chant principal est d’ailleurs excellent. Adrien propose une tessiture vocale qui se situe habilement entre le ténor et l’alto avec toutefois ce qui parait être une majorité en contralto. Je suis surtout très content de voir que le chant n’en fait pas des tonnes, qu’il reste humble et permet donc non seulement d’être cohérent sur tous les morceaux, mais en plus de ne pas rajouter l’exagération qui m’avait que trop déçue sur d’autres albums du genre power heavy. Je trouve même que le chant ne sonne pas comme ce qui se fait souvent, il y a une vraie identité vocale qui se dégage ici, comme si Adrien était parvenu à tirer profit de sa technique assurée pour trouver en quelque sorte sa propre voix. Et pour couronner le tout, la multitude d’invités au chant, on en a parlé un peu en haut, donne un vrai souffle à l’ensemble, un vrai supplément de richesse qui va me plaire énormément. Chaque invité, connu ou pas, apporte sa petite note personnelle et donne à ce Theater of Sorcery un intérêt manifeste! Mais encore, ce manque de fil conducteur sonne assez fort, et peut-être qu’à trop avoir voulu mettre d’invités, la musique s’en voit un peu trop éparse. Mais ce n’est que mon avis.
Et pour finir l’analyse, je me suis penché sur les textes. Ces derniers m’ont permis de comprendre que l’album était en fait un vrai concept-album avec un pays, Avaland, des situations complexes et des sortes de péripéties qui sont multiples. Comme si le quintet grenoblois présentait son univers artistique au travers d’une histoire. Après, je me dois d’être honnête : les thèmes abordés d’une manière globalisante ne sont pas ma tasse de thé. L’eau de rose dans le metal, très peu pour moi. Et étant attaché à des textes plus sophistiqués, moins commerciaux et donc moins passe-partout, j’avoue ne pas avoir été spécialement emballé par ceux d’Avaland. C’est sans aucun doute une démarche commerciale donc il faut bien que les textes soient relativement accessibles on va dire! En soi, rien de rédhibitoire ni de choquant. Mais ce sont juste des thématiques qui ne me parlent pas, je m’attendais à plus de sorcellerie mais pas celle que l’on voit banalement partout, étant très attaché au paganisme. Ce n’est pas grave on va dire, les textes ne sont d’ailleurs pas les éléments les plus étudiés par l’auditeur. Je chipote un peu.
Pour conclure cette chronique, Avaland est une jeune formation mais qui démarre en trombe avec ce Theater of Sorcery. Une belle entrée en matière et dans les affaires avec un premier album de très grande qualité, notamment d’un point de vue sonore et dans le travail de composition. L’album souffre selon moi d’un léger abus de démarche commerciale et mériterait un soupçon de logique ou d’authenticité. Il faudrait simplement mettre un peu plus de personnel histoire que les musiciens nous donnent envie de connaître leurs attraits plus profonds, et pas simplement pour vendre des albums au plus grand nombre, et ce sera parfait. Quoiqu’il en soit, malgré cette démarche commerciale un peu trop envahissante et dénaturante, Avaland est assurément un futur très bon groupe qui va peser, avec à sa guise un public bien large. Je ne me fais pas de souci pour eux, au vu de ce premier très bon, il y a de l’avenir à Grenoble. La relève est là et vous tend la main, à vous de la saisir. Theater of Sorcery est clairement un très bon premier album, loin des piétinements de débutants et qui va compter, c’est une certitude.
Tracklist :
1. Theater of Sorcery 05:05
2. Gypsum Flower 08:28
3. Let the Wind Blow 06:46
4. Storyteller 04:22
5. Escape to Paradise 05:53
6. Holy Kingdom of Fools 04:33
7. Never Let Me Walk Alone 06:23
8. Deja-Vu 04:55
9. I’ll Be Ready for Your Love 06:05
10. War of Minds 04:40
11. Rise from the Ashes 05:40
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